Photo-graphies et un peu plus…

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Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de passer un peu de temps à Berkeley, en Californie. La ville est connue pour sa prestigieuse université, la deuxième plus ancienne du pays après Harvard, dont le campus à lui seul donne envie d’être étudiant à vie. Génies et autres esprits libres y convergent depuis des décennies – 65 prix Nobel dans ses rangs, des Pulitzer, des Oscars… -, avant de faire rayonner leurs idées dans le reste du monde. Haut lieu historique de la contre-culture américaine, pacifiste – les premières manifestations contre la guerre du Vietnam sont nées dans ses artères -, Berkeley a vu s’épanouir, dans les révolutionnaires années 60, le Free Speech Movement, prônant notamment la liberté d’expression politique des étudiants, et, dans la foulée, fleurir les hippies par milliers.

Auréolée de cette tradition libertaire et de cet esprit contestataire incarnés par la chair en mouvement, même un demi-siècle plus tard, on imagine donc la ville grouillante, palpitante, active sur tous les fronts, revendicative, engagée. J’avoue avoir donc été assez surprise, en errant plusieurs jours d’affilée dans les rues adjacentes du campus, certes assez cossues, de ne croiser quasiment personne. Physiquement j’entends. Point de regroupement ni de manifestations non plus. En revanche, assez rapidement, j’ai rencontré des pancartes plantées dans des jardins, des affiches glissées derrière des stores, des calendriers politiquement étiquetés placardés aux vitres, des dessins fixés aux fenêtres, des banderoles accrochées aux perrons et façades des maisons. Autant d’appels à la paix, au dépôt des armes, au vote Obama (avant sa première élection : Berkeley est la ville la plus démocrate au monde…), à la tolérance… Absents des rues, les habitants de Berkeley annoncent la couleur malgré tout. Défiler dans ses paisibles avenues devient un festival de revendications silencieuses en tous genres.

Le contraste avec la façon dont chacun exprime ses idées et ses convictions en France me saute alors aux yeux, et illustre la différence de conception entre ce qui relève des sphères publique et privée de part et d’autre de l’océan, voire d’un monde à l’autre. Car avez-vous souvent vu ce type d’expressions aux fenêtres de vos voisins ? Connaissez-vous leurs idées politiques, leurs combats, leurs engagements ? Là où, là-bas, et sans vouloir faire de généralités, on semble s’exprimer individuellement, solitairement, sans se montrer, ici, nous nous montrons collectivement, solidairement pour nous exprimer avant de tout ranger et de regagner nos antres, d’où, a priori, rien ne s’échappe…

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Voilà, vous l’avez trouvé ! L’endroit où vous allez vous poster pour savourer sereinement le coucher du soleil au sommet de ce lac unique lové dans un cratère. L’axe est parfait, il n’y a plus qu’à ouvrir les yeux pour assister à l’éclipse quotidienne de notre naine jaune (tout est relatif dans l’espace…). Un pur moment de communion avec les éléments qu’aucun son ne vient souiller. Enfin, si, juste un. Un bzzzzzzzzz que vous ne reconnaissez que trop bien malheureusement… Et pour cause, c’est le même qui vous a gâché votre nuit passée !

Petit retour en arrière… Vous venez juste d’éteindre la lumière après avoir lu trois fois la même phrase de votre livre et sentez vos muscles se relâcher totalement, un lâcher prise qui vous surprend toujours. Vos paupières sont lourdes, c’est pour bientôt, vous le savez, vous attendez, vous espérez. Là, plus qu’une ou deux secondes et c’est parti pour 7h32 de sommeil non stop. Mais alors même  que Morphée vous tend généreusement les bras, quelque chose d’inattendu arrive à votre conscience. Un bzzzzzzzzz plus ou moins fort, effet Doppler oblige, vous tourne méchamment autour, faisant un bruit de Boeing A380 lorsque celui qui l’émet fait du rase-motte au-dessus de vos oreilles. Ce son, vous ne le reconnaissez que trop bien, malheureusement. Et pour cause, c’est le même qui vous a gâché votre nuit passée !

Remontons donc un peu plus le temps et reprenons là où nous nous sommes arrêtés avec ce bzzzzzzzzz qui vous tourne autour. Un moustique, tout simplement. Qui a attendu que vous ayez éteint la lumière, fermé les yeux et cru que vous alliez enfin pouvoir vous endormir pour sortir, ni vu ni connu, de sa cachette et, armé de son radar infra-rouge, partir en repérage au-dessus de vous pour déterminer où il allait bien pouvoir atterrir cette fois-ci afin de vous ponctionner quelques globules ! Une attaque d’une grande lâcheté, douloureuse et vous laissant surtout avec de petites boursouflures rouges dispersées ça et là sur votre corps, absolument malvenues en cette période de l’année où vous avez troqué votre doudoune-pantalon contre un aérien ensemble short-débardeur. Mais n’allons pas trop vite en besogne : le bzzzzzzzzz résonne tout près de vous… Vous n’ouvrez même pas les yeux, vous agitez simplement un ou deux bras autour de vous pour éloigner le vampire, croyant naïvement que cela suffira à le décourager. Le silence se refait quelques secondes voire minutes, vous croyez avoir gagné quand vous entendez à nouveau ce bzzzzzzzzz que vous détestez. Il s’approche, il est là, cette fois-ci, vous en êtes sûr, vous allez l’avoir : vous avez ouvert les yeux (mais pas encore allumé la lumière) et vous claquez des mains là où vous pensez que la bête se trouve. Raté ! Le moustique esquive formidablement bien ! Le ventre vide, il est encore véloce ! Vous vous recouchez, remontant le drap au maximum pour ne laisser que votre visage à l’air libre alors qu’il fait une chaleur à crever, et croisez les doigts. Il va bien se lasser, hein… Mais non… Le moustique ne se lasse pas et revient à la charge. En furie, vous allumez la lumière et cherchez ce co?!x;rd avec vos yeux cracheurs de feu. Trop facile, il s’est juste mis là, sur le mur. Vous vous baissez pour récupérer votre tong, votre chaussure, que sais-je, un objet plat et vous approchez doucement du mur où il traîne toujours. Et paf, de toutes vos forces, vous frappez dans sa direction, persuadé qu’il n’aura pas survécu à un tel crochet du droit. Eh bien si ! Les sens en éveil, le moustique s’est envolé juste à temps. Mais vous êtes déjà dans un état second où la pitié glisse sur vous comme Brian Joubert sur la glace. Vous lâchez les tatanes et optez pour un combat à mains nues ! Des applaudissements résonnent soudainement dans la chambre. Pif paf dans ta face ! Et c’est l’hécatombe ! Vous l’avez eu ! Vous levez les bras au ciel, jouissez seul de votre victoire contre cet impitoyable adversaire et vous vous replongez dans le lit, le drap bien en bas des pieds… Non, mais ! C’est fou la colère dans laquelle des êtres si insignifiants peuvent nous mettre… D’autant qu’en vous réveillant le matin, vous réalisez que vous avez de nouvelles petites pastilles rouges sur les bras, jambes et même sur un lobe, histoire de bien montrer qui est le chef ici… 

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Etre loin de chez soi ne dispense pas de s’intéresser à ce qui s’y passe. A suivre les nouvelles, comme on dit. La disponibilité de la presse sur Internet – celle qui existe d’abord pour le papier et celle qui n’existe que sur la Toile – rend même cette veille informationnelle plutôt facile de nos jours. Et finalement, on se prend à se tenir au courant de ce qui secoue notre monde temporairement écarté peut-être plus que de nature. La succession d’événements révolutionnaires qui ont fait basculer plusieurs pays arabes dans un nouveau monde, quel qu’il soit, a sûrement joué.

Mais que reste-t-il de ces nouvelles de l’autre côté de l’Atlantique ? La question vaut dans les deux sens… Quelles sont les informations jugées importantes d’un côté comme de l’autre ? Quelles sont celles, propres à tel ou tel pays, reprises par le lointain voisin ou cousin ? Quels sont les points totalement divergents qui viennent conforter l’idée d’une grande différence culturelle ? Un petit exercice consiste par exemple à ouvrir une fenêtre de Google News Canada et une autre de Google News France, et à s’atteler à un comparatif en bonne et due forme. Il est 01:52 GMT. Côté infos à la Une, il n’y en a aucune en commun. Sur les 11 mises en avant sur la version française, trois concernent l’international (problèmes en Arabie Saoudite, problèmes en Lybie, problèmes en Côte d’Ivoire), contre une sur la version canadienne (la révolution tranquille marocaine) et c’est une reprise du Monde, journal français donc. Le reste est de l’information à portée locale. Que le Canada soit légèrement auto-centré dans sa conception des nouvelles est une chose que j’ai entendue de la bouche même de québécois. Il faut dire que le pays est grand, mais il ne compte que 35 millions d’habitants… et beaucoup de fans de hockey (l’intégralité de la rubrique Sports lui sera consacrée, jusqu’à ce que la saison de base ball ne reprenne).

En fait, comme souvent, au quotidien, ce qui est le mieux partagé dans le monde, ce sont les mauvaises nouvelles : les guerres, les révolutions (et il y a donc le choix en ce moment), les catastrophes naturelles, les pandémies, les crises financières… Il est définitivement difficile de partager une bonne nouvelle. Tout comme il semble difficile de faire un film sur le bonheur. Le bonheur, est-ce si rébarbatif que cela ? Et si oui, pourquoi autant de personnes cherchent-elles à l’atteindre ? Revenons à nos informations et partons donc en quête d’une nouvelle réellement positive. Evidemment, tout cela est très subjectif. La rupture entre Christian et Adriana Karembeu illuminera peut-être la journée de certains. Côté France, il n’y a aucune bonne nouvelle universelle (ne parlons pas des records de vente de la XBox qui ne ravissent que Microsoft et ses actionnaires ou du déblocage du port de Marseille). Côté Canada, je repère une petite nouvelle scientifique sur des nanodiamants qui augmenteraient l’efficacité de traitements contre le cancer… Mauvaise nouvelle, cela risque de coûter très cher ! Maigre butin dans les deux cas donc.

Que pourrait d’ailleurs être la nature d’une bonne nouvelle universelle ? La fin de la faim dans le monde (non pas parce que l’on produira assez – actuellement, 9 milliards de personnes pourraient être nourries – mais parce que l’on produirait ce qu’il faut où il faut, sans excès) ? Un remède simple et bon marché contre le paludisme ? Il en faudrait un troisième car les exemples arrivent souvent par trois. Bon, en fait, le tabac, actif, passif, fait cinq fois plus de morts chaque année (5 millions en 2010) que le paludisme. Sauf, qu’a priori, on choisit de fumer, pas de contracter cette maladie. Et le réchauffement climatique, qui touche absolument tout le monde, n’en fait que 300 000 par an pour le moment… Il y a donc d’autres priorités pour une bonne nouvelle universelle. Ceci dit, cela devrait aller en augmentant… Alors, un troisième exemple pertinent serait de généraliser l’accès à l’eau potable qui, avec ses 8 millions de morts chaque année, est la première cause de mortalité dans le monde (ex-aequo avec le cancer). Peut-être faut-il faire preuve d’un peu plus de modestie et de réalisme pour cette quête de bonne nouvelle universelle… En fait, le bonheur comme la bonne nouvelle, semble parfois avoir le goût de l’indécence, de la futilité, de l’illusion alors que « tant de choses sérieuses surviennent dans ce bas-monde ». La bonne nouvelle ne s’affiche pas, ne se partage pas. Elle se savoure, dans son coin, comme une sucette à la menthe rafraîchissante, loin du cynisme qui nous envahit assez facilement lorsque l’on y pense un peu trop.

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Il n’y a pas si longtemps, j’ai appris que, depuis quelques années, les écoles de piratage informatique poussaient comme des grains de riz en Chine. Cette institutionnalisation de la violation de territoire, même virtuel, m’a laissée un peu pantoise, mais m’a aussi arraché un large sourire. Quel monde étrange que celui dans lequel nous vivons. Cela pourrait donner lieu à une nouvelle version de l’Ecole des fans : « Et tu veux faire quoi quand tu seras grand ? », « Hacker » répond le petit en regardant l’invité du jour, Robert Morris, celui qui a créé, avec de bonnes intentions précisons-le, le premier ver sur Internet en 1988, paralysant plusieurs milliers d’ordinateurs, et qui, depuis, porte son nom. « Cela tombe bien » répondrait une version geek de Jacques Martin, « Robert Morris vient d’ouvrir une école de pirates ! ».

C’est comme les langues, plus tôt on commence à les apprendre, plus vite on les maîtrise… Si à 5 ans, le piratage consiste surtout à accrocher un drapeau noir avec une tête de mort à l’arbre du jardin, à se fabriquer un crochet, à mettre un bandeau sur l’œil, un faux perroquet sur l’épaule et à crier « A l’abordage ! » à chaque fois que quelqu’un passe la porte d’entrée, à sept ans, le grand jeu est de changer le mot de passe d’accès à la messagerie pro de papa pour le voir s’énerver sur sa machine en marmonnant dans sa barbe : « Mais je suis sûr que c’est ça ce pu!?x!?? de mot de passe ! Je ne vais pas oublier la date de naissance de mon fils, quand même ! ». Les chères têtes blondes ont bien changé… Ce qui se vérifie aussi aisément en lisant les journaux. Un jeune de 15 ans arrêté.  Il aurait participé à la cyberattaque mondiale liée à Wikileaks et il est français. C’est presque une fierté. Aujourd’hui, un autre titre attire mon attention : « Des hackers veulent imposer la démocratie ». L’accroche m’intrigue, je clique.

L’article évoque un mouvement, qui se fait subtilement appeler « Anonymous » et annonce défendre les libertés sur Internet. Composé d’internautes (15-25 ans) disséminés un peu partout dans le monde, le groupe part à l’assaut de certains sites Internet ciblés contre lesquels ils lancent une attaque toute simple : le déni de service. Autrement dit, provoquer de nombreuses connexions simultanées sur un site ciblé, ce qui le rend temporairement inaccessible, un statu quo ayant de réels impacts. L’Eglise de scientologie fut leur première victime il y a 3 ans. Une blague. Mais, depuis quelques mois, leurs actions prennent un tour plus politique : blocage de sites gouvernementaux au Zimbabwe, en Tunisie et maintenant en Egypte… La fiction toujours un peu à l’esprit, je ne peux m’empêcher de penser à deux trois films au fil de ma lecture. Le fait que ces anonymes se présentent avec le masque de V (personnage principal du comic adapté au cinéma, V for Vendetta), même si c’est symbolique, vient appuyer le statut un peu ambigu de ce groupe : la fiction comme repère ? Les films ? 8th Wonderland de Nicolas Alberny et Jean Mach (2010 mais réalisé en 2008) ou encore le film d’animation Summer Wars de Mamoru Hosoda (2009). Les similitudes avec le premier sont particulièrement étonnantes et mériteraient quelque approfondissement. Evidemment, ceux qui se frottent déjà les mains, ce sont les éditeurs de logiciel de sécurité au sein desquels opère une nouvelle espèce de chercheur, le « chercheur de menace »… Presque aussi beau, mais nettement moins poétique, que le casteur d’arbre. Bref, du pain béni pour eux puisque cette nouvelle forme de guerre des étoiles justifiera, à l’avenir, le développement de solutions de sécurité toujours plus coûteuses… De quoi entretenir la machine encore longtemps !

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Comme ça, sans prévenir, au 21e siècle, des jeunes n’ayant pas connu la guerre se retrouvent, tel un jeu, chaque dimanche, sur la clairière bercée par le soleil tombant, pour se livrer des batailles d’une autre époque.

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… où l’on sent que l’on pourrait partir en guerre contre n’importe qui et réagir au quart de tour contre n’importe quoi ! Ces matins-là, on a la gâchette facile… Tout nous énerve avant même que la journée n’ait réellement commencé ! On a un vague souvenir d’avoir eu le sommeil perturbé par des pensées et problématiques de jour, et cette seule incursion du professionnel – autant le dire – dans ce moment à soi agace… C’est comme si on avait fait des heures sup’, non payées évidemment !

On aimerait pourtant parfois que chaque chose soit classée dans une case bien hermétique, pour passer de l’une à l’autre sans qu’il y ait contamination. Malheureusement (ou pas ; cela dépend des jours !), nous sommes des êtres poreux, au sein desquels nos pensées et émotions se baladent et parfois nous baladent. Une question se pose alors avant même de poser le pied gauche au sol : avoir conscience d’être « légèrement » irritable peut-il suffire à nous faire relativiser et à atténuer cette irritabilité, ou celle-ci doit-elle s’exprimer pleinement pour disparaître ? Et sur qui, sur quoi va-t-elle s’abattre ? La réponse dans la journée ! Allez, cheese ! Ce soir, les Bleus jouent !

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14h pétantes ! Le coup d’envoi est donné. Le vrombissement des avions résonne dans l’air sec. Le silence se fait dans les rangs. A l’approche de la zone dite, de petites flammèches noires se jettent dans le vide deux par deux. Rapidement, leur sauveur s’ouvre. Le vide céleste se peuple de centaines de méduses que l’on aurait changé d’élément. J’essaye de bien viser, je mitraille… et réussis à en avoir quelques-uns.  Clic-clac, clic-clac, clic-clac… C’est dans la boîte. Cette soudaine affluence dans le ciel, cet égarement de parachutistes en goguette n’est pas dénué de poésie. Ce parachutage d’égarés portés par la bise ne met pas à l’abri de faire jaillir une certaine émotion, même chez les potentiels anti-militaristes qui auraient atterri par hasard sur cette aire marécageuse mais historique du débarquement de Sainte-Mère Eglise. A l’époque, 13 000 paras avaient été largués en pleine nuit. Personne pour les applaudir, contrairement à ce jour de commémoration charriant une foule de passionnés costumés, de galonnés officiels, de vrais vétérans héroïques et de faux héros vétérans, d’ennemis d’hier aujourd’hui unis pour le maintien de la paix dans le monde… si, si…

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