Photo-graphies et un peu plus…

Le pied !

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Femme de parole

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Une chose est certaine : vous aurez beau lire, relire, re-relire, re-re-relire et même re-re-re-relire un article, un journal, une lettre, un mail, un cartel, un texte lambda que vous avez rédigé et qui est destiné à être diffusé, il restera toujours au moins une couille timide. Une coquille si vous préférez. C’est comme ça ! Au bout d’un certain nombre de relectures, certaines lettres en trop ou en moins, certains espaces oubliés ou ajoutés, certaines fautes grossières ou totalement innocentes, deviennent irrémédiablement invisibles. Ce que vous savez parfaitement car ce n’est pas la première fois que vous écrivez un article, un journal, une lettre, un mail, un cartel, un texte lambda destiné à être diffusé. D’où l’intérêt, à un moment d’épuisement visuel absolument normal, de poser le papier en question sur un bureau qui n’est pas le vôtre, mais idéalement celui d’une personne douée avec les lettres, pour qu’elle puisse y jeter un regard neuf, celui-là même qui vous a quitté après la 6e relecture… Pourtant, malgré cette ultime précaution, il arrive que de vulgaires erreurs survivent au quintuple passage du peigne fin orthogrammairiphique… Heureusement, une fois l’article, le journal, la lettre, le mail, le cartel aux yeux de tous, il y a toujours une bonne âme pour vous annoncer, avec un grand sourire ou avec dépit, que vous en avez oublié une voire, quand c’est possible, pour vous corriger plus ou moins élégamment et discrètement… Maintenant, le but est de savoir où se trouve la coquille de ce texte !

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Comme l’aurait dit Magritte, ceci n’est pas une photo. De fait, c’est un dessin. La photo serait d’ailleurs assez difficile à réaliser, d’abord pour des questions de droits à l’image, ensuite pour des raisons purement techniques, la luminosité et le mouvement du métro n’aidant pas à composer des images nettes. Le dessin a donc ses avantages… Ceci dit, celui ci est vieux. Peut-être une décennie. Probablement dix ans exactement même car c’est à cette époque, février 2002, que Métro a été diffusé pour la première fois en France, ouvrant la porte à une nouvelle presse, gratuite pour nous tous car financée totalement par la publicité. A cette époque, comme toute nouveauté, cette presse d’un genre embryonnaire mais plein de promesses s’était attirée les foudres de la « vraie » presse, entendez « sérieuse » car « payante », mais avait rapidement trouvé son public dans les rues ou à l’entrée des bouches de métro.

A cette époque, j’avais écrit ceci : « Drôle d’image que celle que recevrait un parisien ayant hiberné plusieurs mois et refaisant surface dans le métro à l’heure de pointe. Il verrait une foule de « transportés » plongée dans la presse… Mais pas n’importe laquelle… Des feuilles de chou gratuites comme « 20 minutes » ou « Métro ». Du zapping à portée de mains… Pour ou contre, là n’est pas vraiment la question… La gratuité de l’information n’a-t-elle pas ses limites ? Chacun s’arrache son journal avant de s’engouffrer dans l’antre de la ville et, jour après jour, chacun s’imprègne des mêmes informations, des mêmes partis-pris, des mêmes idées… Or, n’est-ce pas confrontés à la diversité des points de vue que nous apprenons à développer notre esprit critique, et par la même occasion, à être moins manipulables ? »

Douze ans après donc, la presse gratuite s’est institutionnalisée, multipliée, spécialisée, parfois équilibrée… Elle est partout, fait partie du paysage et du quotidien de l’hyperactif urbain sur-sollicité qui achève sa mue en pigeon (pas au sens péjoratif du terme), contraint qu’il est de picorer ainsi ça et là de l’information (les grandes lignes suffisent à lui donner une certaine image du monde dans lequel il évolue) mais aussi le reste de sa vie… A tel point que Direct Matin du jour s’offre une pleine page d’auto-congratulation dans son propre journal (le faire dans Métro ou 20 minutes aurait certes été mal accueilli mais auraient-ils refusé un contrat publicitaire ?) pour remercier ses lecteurs car grâce à eux, il est devenu le 1er quotidien de France avec plus d’un million d’exemplaires diffusés chaque jour en 2011. Malgré les réserves que l’on peut avoir à l’égard de ces journaux – en termes de contenu -, je ne peux m’empêcher de me dire, en voyant des jeunes plongés dans le journal le matin pendant leur trajet en métropolitian, qu’ils feraient certainement autre chose s’ils avaient dû le payer. D’où cette question : une information parcellaire ne vaut-elle pas mieux que pas d’information du tout ?

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Le Capitaine se redresse et lance, à la volée, en pleine rue : « Mais c’est pas vrai ! » Il s’offusque. Colère instantanée, surprenante car rare. Devant un panneau publicitaire. « Fukushima quand même ! » Face à un slogan surtout. « Ce ne sont pas quelques gouttes qui vont nous arrêter. » Une côte bretonne, une grosse vague passant au dessus de la digue, une estafette bleu électrique venant apporter la lumière à une maison en retrait. Dernière publicité d’ERDF. Le Capitaine a raison. C’est indécent. C’est même pire.

Comment ont-ils pu oser une telle suite de mots quelques mois seulement après le séisme, suivi du tsunami meurtrier, dévastateur et de la catastrophe nucléaire, encore sur les braises, qui ont touché les côtes Pacifique du Japon ? Il faut relire la phrase maintenant, à la lumière de cette brève recontextualisation. « Ce ne sont pas quelques gouttes qui vont nous arrêter. » Faut-il voir plus loin qu’une affligeante erreur de jugement de communicants ne voyant pas plus loin que le bout de leurs cils, donc vraiment pas très loin ? Y a-t-il, derrière cette insolente affirmation, un sous-texte provocateur, un message politico-économique proche du : « Ce n’est pas parce que tout le monde nous tombe dessus en ce moment, que des pays reviennent sur leur parc nucléaire, que la population et les politiques se divisent plus que d’accoutumé sur les questions énergétiques que nous allons baisser les bras, que nous allons réviser notre stratégie. Nous passerons entre les gouttes. La tempête finira bien pas passer. Et nous serons là. Partout sur le territoire. » La juxtaposition avec Eva Joly, dans ce journal ramassé dans une rame de métro hoquetant, n’en est que plus ironique… Et d’une certaine manière, aussi à double sens, compte tenu de sa posture actuelle…

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Lorsque vous faites la queue à la caisse d’un super/hyper/méga-marché, où que vous soyez dans le monde, on continue à essayer de vous vendre des choses… La queue, c’est du temps, le temps, c’est de l’argent. CQFD. Donc, selon l’endroit, on vous met des friandises, des livres, des bons d’achats, des médicaments, des cigarettes, des revues sous les yeux et surtout, à portée de main… Il suffit de la tendre et hop, c’est dans le caddy, ni vu ni connu… Des magazines donc que certains ouvrent le samedi matin pour lire leur horoscope de la semaine suivante avant de les reposer aussitôt sur le présentoir. Vous n’y trouverez jamais Le Monde Diplomatique, Polka Magazine ou le National Geographic. En revanche, pour les derniers potins, la file d’attente est the place to be.

Vous voilà donc au premier rang d’un one mag’ show improvisé et jouissif où le ridicule ne tue pas. A l’instar de ces deux couvertures se faisant face de part et d’autre de la queue-salle de spectacle. Vous regardez à droite : « oulala, ça va mal entre Brad et Angie ! Ah bon, elle l’a trompé avec des filles ? de toute manière, un couple comme ça, ça ne peut pas durer éternellement, il n’y a que les étoiles qui ont ce privilège et encore, certaines implosent, d’autres explosent et puis, l’éternité, c’est long à la fin » et là, subrepticement, un ricanement vous incite à regarder à gauche : « Brad et Angie se marient secrètement en France, tout va bien alors, et puis, ils sourient sur la photo, c’est dire s’ils sont heureux, mais, quand même, qu’est-ce que c’est que cette histoire, je croyais qu’ils se séparaient ! ils le disent là, juste de l’autre côté… »

Là, le spectateur en train de faire la queue – n’oublions pas que c’est pour cette unique raison qu’il se trouve entre ces deux allées de magazines – ne sait plus où donner de la tête – il balaye à gauche à droite comme s’il assistait à un Match de tennis -, il ne sait plus qui croire – est-ce vraiment important ? -, il est perdu et se réconforte en attrapant une petite barre chocolatée sur le côté… Tout devient alors très subjectif et dépendant de l’humeur du jour. C’est un peu comme le verre à moitié vide ou à moitié plein. Au final, il y a la même quantité de liquide, mais tout est toujours une question de Point de vue… « Si vous préférez la version romantique, tapez 1 ; si vous préférez la version trash, tapez 2 ; sinon, avancez d’un mètre, des caissières attendent ! » Bon, évidemment, là, la presse people, ses énormités et ses paradoxes, ça saute aux yeux, car tout et son contraire existent dans le même temps, rappelant que la vérité importe bien moins que le divertissement que l’imagination ou la surinterprétation peuvent faire naître chez le lecteur-voyeur.

Mais il suffirait de se plonger dans des magazines un peu plus sérieux et de recenser, par exemple, les articles sur une période de 3, 4 ans parlant de vin – alternativement bon et mauvais pour la santé -, de régimes – manger des fruits, arrêtez les fruits ! -, des téléphones portables – dangereux, mais non pas du tout… ! – pour réaliser que les contradictions ne sont pas l’apanage de la presse à 4 sous. La comparaison est excessive, mais le résultat est le même : comment se faire une opinion juste sur les choses de la vie quand tout fluctue en permanence pour des raisons obscures ? Moralité, ne jamais tourner la tête quand vous faites la queue à la caisse ! Cela conduit beaucoup trop loin !

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Etre loin de chez soi ne dispense pas de s’intéresser à ce qui s’y passe. A suivre les nouvelles, comme on dit. La disponibilité de la presse sur Internet – celle qui existe d’abord pour le papier et celle qui n’existe que sur la Toile – rend même cette veille informationnelle plutôt facile de nos jours. Et finalement, on se prend à se tenir au courant de ce qui secoue notre monde temporairement écarté peut-être plus que de nature. La succession d’événements révolutionnaires qui ont fait basculer plusieurs pays arabes dans un nouveau monde, quel qu’il soit, a sûrement joué.

Mais que reste-t-il de ces nouvelles de l’autre côté de l’Atlantique ? La question vaut dans les deux sens… Quelles sont les informations jugées importantes d’un côté comme de l’autre ? Quelles sont celles, propres à tel ou tel pays, reprises par le lointain voisin ou cousin ? Quels sont les points totalement divergents qui viennent conforter l’idée d’une grande différence culturelle ? Un petit exercice consiste par exemple à ouvrir une fenêtre de Google News Canada et une autre de Google News France, et à s’atteler à un comparatif en bonne et due forme. Il est 01:52 GMT. Côté infos à la Une, il n’y en a aucune en commun. Sur les 11 mises en avant sur la version française, trois concernent l’international (problèmes en Arabie Saoudite, problèmes en Lybie, problèmes en Côte d’Ivoire), contre une sur la version canadienne (la révolution tranquille marocaine) et c’est une reprise du Monde, journal français donc. Le reste est de l’information à portée locale. Que le Canada soit légèrement auto-centré dans sa conception des nouvelles est une chose que j’ai entendue de la bouche même de québécois. Il faut dire que le pays est grand, mais il ne compte que 35 millions d’habitants… et beaucoup de fans de hockey (l’intégralité de la rubrique Sports lui sera consacrée, jusqu’à ce que la saison de base ball ne reprenne).

En fait, comme souvent, au quotidien, ce qui est le mieux partagé dans le monde, ce sont les mauvaises nouvelles : les guerres, les révolutions (et il y a donc le choix en ce moment), les catastrophes naturelles, les pandémies, les crises financières… Il est définitivement difficile de partager une bonne nouvelle. Tout comme il semble difficile de faire un film sur le bonheur. Le bonheur, est-ce si rébarbatif que cela ? Et si oui, pourquoi autant de personnes cherchent-elles à l’atteindre ? Revenons à nos informations et partons donc en quête d’une nouvelle réellement positive. Evidemment, tout cela est très subjectif. La rupture entre Christian et Adriana Karembeu illuminera peut-être la journée de certains. Côté France, il n’y a aucune bonne nouvelle universelle (ne parlons pas des records de vente de la XBox qui ne ravissent que Microsoft et ses actionnaires ou du déblocage du port de Marseille). Côté Canada, je repère une petite nouvelle scientifique sur des nanodiamants qui augmenteraient l’efficacité de traitements contre le cancer… Mauvaise nouvelle, cela risque de coûter très cher ! Maigre butin dans les deux cas donc.

Que pourrait d’ailleurs être la nature d’une bonne nouvelle universelle ? La fin de la faim dans le monde (non pas parce que l’on produira assez – actuellement, 9 milliards de personnes pourraient être nourries – mais parce que l’on produirait ce qu’il faut où il faut, sans excès) ? Un remède simple et bon marché contre le paludisme ? Il en faudrait un troisième car les exemples arrivent souvent par trois. Bon, en fait, le tabac, actif, passif, fait cinq fois plus de morts chaque année (5 millions en 2010) que le paludisme. Sauf, qu’a priori, on choisit de fumer, pas de contracter cette maladie. Et le réchauffement climatique, qui touche absolument tout le monde, n’en fait que 300 000 par an pour le moment… Il y a donc d’autres priorités pour une bonne nouvelle universelle. Ceci dit, cela devrait aller en augmentant… Alors, un troisième exemple pertinent serait de généraliser l’accès à l’eau potable qui, avec ses 8 millions de morts chaque année, est la première cause de mortalité dans le monde (ex-aequo avec le cancer). Peut-être faut-il faire preuve d’un peu plus de modestie et de réalisme pour cette quête de bonne nouvelle universelle… En fait, le bonheur comme la bonne nouvelle, semble parfois avoir le goût de l’indécence, de la futilité, de l’illusion alors que « tant de choses sérieuses surviennent dans ce bas-monde ». La bonne nouvelle ne s’affiche pas, ne se partage pas. Elle se savoure, dans son coin, comme une sucette à la menthe rafraîchissante, loin du cynisme qui nous envahit assez facilement lorsque l’on y pense un peu trop.

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