Photo-graphies et un peu plus…

Retranscrire un bruit en lettres n’est pas évident… Enfin, si j’écris : gggrrrrr ggrrrr, rrronnnpschiiittt, cratch cratch, rrronnnpschit, rrronnnpschiiitttttttt, cratch cratch cratch, vous comprenez tout de suite que j’évoque un chien qui grogne tout en ronflant et en mangeant des chips ! Mais ce n’est toujours aussi simple comme vous allez bientôt pouvoir le constater. Un exemple précis : « pffft », un son sec donc, bref, s’arrêtant net, un peu comme comme ces pétards-fusées que la marmaille lance vers les étoiles du 13 au 15 juillet (tolérance légale de fête nationale modulo un jour). Mon pffft venait d’ailleurs, de beaucoup plus haut, de bien plus loin encore même. Mon pffft était 100% naturel garanti sans paraben sans phtalate sans conservateur sans silicone sans éthoxylation et non testé sur animaux ! Toutefois, même en l’ayant réellement entendu, j’ai du mal à croire en son existence. Car mon pffft a été émis par une étoile filante… Là, j’en vois certains qui sourient… Une étoile filante qui ferait du bruit, ce serait bien une première. Sachez que je suis tout aussi incrédule, mais j’ai bien entendu.

Allez, je vous y emmène. Imaginez-vous allongé sur un transat, les yeux rivés vers un ciel étoilé si pur qu’il vous laisse admirer notre galaxie, la bien-nommée voie lactée (parce qu’elle ressemble à un nuage de lait dans un café noir céleste ?). Vous regardez un peu partout, élargissez votre zone d’observation au-delà de la constellation de Persée d’où doit provenir la pluie d’étoiles filantes promises… Poète comme vous pouvez le devenir en vacances, vous imaginez que le ciel va être strié par une myriade de météorites enflammées se dirigeant vers vous, un peu comme dans les publicités avant un film en 3D où on vous envoie des fraises Tagada au visage et que tout le monde s’esclaffe, ou bien, quand vous levez les yeux alors qu’il pleut et que vous observez la pluie filer. J’entends par là, qu’il pleut beaucoup, des cordes presque. Dans la pratique, cette seconde comparaison ne tient pas très longtemps : il est en effet extrêmement difficile de garder les yeux ouverts alors que de l’eau tombe dedans ou dessus (mais comment font les oiseaux ?). J’ai essayé récemment avec un jet d’eau dans une piscine et ai pu constater que mes yeux n’étaient définitivement pas amphibie !

Scruter le ciel avec assiduité finit par payer : une première étoile filante passe dans votre champ visuel. « Là ! Tu vois ? » lancez-vous instantanément en montrant du doigt la traînée en feu et déjà disparue. La première est toujours la plus délicate. On ne sait pas combien de temps on va l’attendre ni combien de temps on est prêt à l’attendre. Mais une fois celle-ci passée, l’espoir domine. D’en voir deux, trois, dix… Après tout, c’est la nuit des étoiles filantes ! Alors, vous vous recalez correctement sur votre transat car vous avez glissé en dix minutes et reprenez votre guet. Quelques minutes passent et la deuxième étoile filante fait son entrée : en haut, là, à gauche, juste au dessus des arbres… Sauf que cette fois-ci, et d’ailleurs pour la première fois dans votre vie, alors que vous n’êtes tout de même pas né de la dernière pluie (même d’étoiles filantes !), elle est accompagnée d’un son assez discret, bref et sec, une sorte de pffft, comme ces pétards-fusées que la marmaille lance vers les étoiles du 13 au 15 juillet (tolérance légale de fête nationale modulo un jour)… Evidemment, comme vous ne savez pas que les étoiles filantes peuvent émettre des sons, vous n’associez pas ces deux événements pourtant quasi simultanés – le filet de lumière rayant le ciel noir, le pffft venant de la même direction – jusqu’à ce qu’un :

– T’as entendu ? vous arrive à l’oreille.

– Euh, oui, j’ai entendu un pffft, bref et sec, comme ces pétards-fusées que la marmaille… Je vous épargne la suite que vous vous êtes déjà dite intérieurement…

– C’était l’étoile filante !

– Cela ne fait pas de bruit une étoile filante ! lâchez-vous un peu, sale môme.

Vous avez pourtant bien entendu, mais votre raison travaille pour vous (qui êtes en vacances, sur un transat, ne l’oubliez pas). La météoroïde entre dans l’atmosphère, très très haut donc ; elle se consume au contact de ce mélange d’azote, d’oxygène et de gaz rares qui nous permet de vivre ; c’est beau, vous êtes émerveillé mais vous ne pensez pas une seconde pouvoir l’entendre car si c’était le cas, vous entendriez aussi le vol du moustique (bbzzzzz) au bord de l’oreille droite d’une petite fille vivant à 5 km d’ici qui dormira bien malgré tout car à cet âge – elle vient d’avoir 6 ans – on ne se laisse pas réveiller par une simple bestiole ou même la musique répétitive du club de vacances voisin (non, ils n’écoutent pas du Steve Reich, mais le même CD matin, midi et soir depuis 10 jours ; et d’ailleurs, celle-là, vous l’entendez). Bref, le pffft de l’étoile filante, vous n’y croyez pas vraiment. Mais un voyage intersidéral sur la Toile vous confirmera que oui, les étoiles filantes peuvent émettre des sons, que c’est un phénomène rare et surtout mal compris (pour ne pas dire, inexpliqué)… La vérité est donc ailleurs mais ce pffft n’était pas une hallucination auditive… Alors, vous me croyez maintenant ?

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Voilà, vous l’avez trouvé ! L’endroit où vous allez vous poster pour savourer sereinement le coucher du soleil au sommet de ce lac unique lové dans un cratère. L’axe est parfait, il n’y a plus qu’à ouvrir les yeux pour assister à l’éclipse quotidienne de notre naine jaune (tout est relatif dans l’espace…). Un pur moment de communion avec les éléments qu’aucun son ne vient souiller. Enfin, si, juste un. Un bzzzzzzzzz que vous ne reconnaissez que trop bien malheureusement… Et pour cause, c’est le même qui vous a gâché votre nuit passée !

Petit retour en arrière… Vous venez juste d’éteindre la lumière après avoir lu trois fois la même phrase de votre livre et sentez vos muscles se relâcher totalement, un lâcher prise qui vous surprend toujours. Vos paupières sont lourdes, c’est pour bientôt, vous le savez, vous attendez, vous espérez. Là, plus qu’une ou deux secondes et c’est parti pour 7h32 de sommeil non stop. Mais alors même  que Morphée vous tend généreusement les bras, quelque chose d’inattendu arrive à votre conscience. Un bzzzzzzzzz plus ou moins fort, effet Doppler oblige, vous tourne méchamment autour, faisant un bruit de Boeing A380 lorsque celui qui l’émet fait du rase-motte au-dessus de vos oreilles. Ce son, vous ne le reconnaissez que trop bien, malheureusement. Et pour cause, c’est le même qui vous a gâché votre nuit passée !

Remontons donc un peu plus le temps et reprenons là où nous nous sommes arrêtés avec ce bzzzzzzzzz qui vous tourne autour. Un moustique, tout simplement. Qui a attendu que vous ayez éteint la lumière, fermé les yeux et cru que vous alliez enfin pouvoir vous endormir pour sortir, ni vu ni connu, de sa cachette et, armé de son radar infra-rouge, partir en repérage au-dessus de vous pour déterminer où il allait bien pouvoir atterrir cette fois-ci afin de vous ponctionner quelques globules ! Une attaque d’une grande lâcheté, douloureuse et vous laissant surtout avec de petites boursouflures rouges dispersées ça et là sur votre corps, absolument malvenues en cette période de l’année où vous avez troqué votre doudoune-pantalon contre un aérien ensemble short-débardeur. Mais n’allons pas trop vite en besogne : le bzzzzzzzzz résonne tout près de vous… Vous n’ouvrez même pas les yeux, vous agitez simplement un ou deux bras autour de vous pour éloigner le vampire, croyant naïvement que cela suffira à le décourager. Le silence se refait quelques secondes voire minutes, vous croyez avoir gagné quand vous entendez à nouveau ce bzzzzzzzzz que vous détestez. Il s’approche, il est là, cette fois-ci, vous en êtes sûr, vous allez l’avoir : vous avez ouvert les yeux (mais pas encore allumé la lumière) et vous claquez des mains là où vous pensez que la bête se trouve. Raté ! Le moustique esquive formidablement bien ! Le ventre vide, il est encore véloce ! Vous vous recouchez, remontant le drap au maximum pour ne laisser que votre visage à l’air libre alors qu’il fait une chaleur à crever, et croisez les doigts. Il va bien se lasser, hein… Mais non… Le moustique ne se lasse pas et revient à la charge. En furie, vous allumez la lumière et cherchez ce co?!x;rd avec vos yeux cracheurs de feu. Trop facile, il s’est juste mis là, sur le mur. Vous vous baissez pour récupérer votre tong, votre chaussure, que sais-je, un objet plat et vous approchez doucement du mur où il traîne toujours. Et paf, de toutes vos forces, vous frappez dans sa direction, persuadé qu’il n’aura pas survécu à un tel crochet du droit. Eh bien si ! Les sens en éveil, le moustique s’est envolé juste à temps. Mais vous êtes déjà dans un état second où la pitié glisse sur vous comme Brian Joubert sur la glace. Vous lâchez les tatanes et optez pour un combat à mains nues ! Des applaudissements résonnent soudainement dans la chambre. Pif paf dans ta face ! Et c’est l’hécatombe ! Vous l’avez eu ! Vous levez les bras au ciel, jouissez seul de votre victoire contre cet impitoyable adversaire et vous vous replongez dans le lit, le drap bien en bas des pieds… Non, mais ! C’est fou la colère dans laquelle des êtres si insignifiants peuvent nous mettre… D’autant qu’en vous réveillant le matin, vous réalisez que vous avez de nouvelles petites pastilles rouges sur les bras, jambes et même sur un lobe, histoire de bien montrer qui est le chef ici… 

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… quand on fait de la route et/ou du camping car l’on est conduit à tuer – involontairement le plus souvent, volontairement parfois – une quantité inavouable d’êtres vivants. On s’entend : des insectes volant, rampant, papillonnant, crapahutant, traversant, piquant… Vous en voyez ou en entendez certains – lorsqu’ils heurtent le pare-brise -, vous en évitez quelques-uns – comme ce chipmunk, qui n’est pas un insecte, qui a choisi de traverser juste au moment où ma carcasse métallique déboulait et qui m’a poussée à donner un stupide mais réflexe double coup de volant, mais, la plupart du temps, vous n’êtes même pas témoin du massacre que vous causez à l’échelle microscopique. La route, pour les insectes et certains mammifères, c’est un peu une roulette russe interminable !

Combien de temps peut effectivement mettre une fourmi pour traverser une simple deux voies ? Avançant à une vitesse moyenne variable selon l’espèce comprise entre 1 mètre en une minute et 1 mètre en 42 minutes, sur une distance de 6 mètres, si l’on intègre une partie des bas côtés sur lesquels les exterminateurs à roues débordent souvent, cela fait un calvaire durant de 6 minutes à 4h12 ! Un temps pendant lequel la fourmi voyageuse a le cœur battant à toute vitesse – ce qui ouvre une double question : la fourmi a-t-elle un cœur d’une part, et est-elle consciente du danger d’autre part ?. Heureusement pour elle, le macadam, même d’apparence très lisse quand on le foule en voiture, fourmille d’anfractuosités dans lesquelles la fourmi peut se réfugier lorsque ses antennes perçoivent les vibrations du danger en approche. L’exercice demeure périlleux et d’une manière générale, une fourmi ne traverse une route que lorsque c’est vraiment nécessaire, c’est-à-dire, lorsque le danger à rester d’un côté de la route dépasse celui qu’il y a à la traverser ! L’alternative existe : passer sous la route. Une colonie s’y est essayé il y a peu mais a dû rebrousser chemin après 32 jours de forage incessant pour des raisons logistiques notamment. Sans plan et menée par une fourmi en chef dépourvue de sens de l’orientation, la colonie a en effet refait surface du même côté de la route ! Et puis, chaque passage de voiture engendrait des affaissements de terrain dans les tunnels qu’elle avait fraîchement dégagés…

A côté de ces fourmis aventurières, il y a les moustiques. De fidèles compagnons de bords de lacs. Le moustique n’a pas bonne réputation car il pique. Ensuite, ses piqûres démangent, vous vous grattez, vous arrachez la peau, la douleur vous réveille en pleine nuit, vous vous maudissez d’avoir voulu faire du camping… le cycle infernal… Bref. Le moustique seul se gère. En revanche, lorsqu’ils débarquent en escadron par dizaines dès lors que vous plantez votre tente, qu’ils vous tournent autour tels des vautours affamés, et se posent alternativement sur votre épaule droite, votre cheville gauche, votre oreille droite et votre joue gauche, votre pacifisme en prend un coup ! Tant qu’ils n’ont pas réussi à vous piquer, vous résistez en vous agitant pour les éloigner une micro-seconde. Vous continuez à vous dire « non, non, moi, je ne tue pas d’animaux, même des insectes ! ils ne m’ont rien fait ! » Autant dire que le discours change radicalement dès qu’un premier moustique puis un deuxième réussissent à déjouer votre attention et à planter leur dard dans votre fragile épiderme, vous faisant sursauter et faire un mouvement brusque pour les déloger de leur point de contact – geste vain, la piqûre étant effective puisque vous en avez senti la douleur -. Vous êtes alors sans pitié envers les moustiques qui oseraient s’approcher de vous, qu’ils aient ou pas, l’intention de vous pomper votre sang ! Au bout de quelques minutes, c’est l’hécatombe. Les cadavres d’anophèles jonchent le sol, vous avez mal aux mains d’avoir tant applaudi, quelques ailes collées sur la paume, et vous êtes désespéré car il n’y en a pas moins autour de vous pour autant ! C’est ainsi qu’ils finissent par vous avoir, les moustiques, par épuisement !

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