Photo-graphies et un peu plus…

Alors ?

– Oui, alors, t’en as pensé quoi ?

Ce n’est encore qu’un murmure mais vous avez bel et bien entendu la question. Et pour cause, elle est systématique. Quasi un réflexe. Comme lorsque votre médecin vous donne un petit coup sur le genou avec son marteau ! Idéalement, celui-ci se relève instantanément sans que vous y soyez réellement pour quoi que ce soit, ce qui ne manque pas de ravir votre docteur, et vous, accessoirement. Encore dans la pénombre, à peine relevé de votre fauteuil moelleux rouge vermillon, vous voyez donc deux yeux inquisiteurs tournés vers vous, en attente d’une réponse, de votre réponse à ladite question, idéalement de votre analyse personnelle (pas celle de votre critique préféré), de votre propre interprétation des faits (avez-vous vraiment compris cette fin somme toute assez sibylline ?), de votre ressenti (finalement, avez-vous aimé ?)… En fait, de tout ce que vous pourriez dire sur ce film qui vient tout juste de s’achever et dont le générique défile encore alors que la moitié des spectateurs est déjà passée à autre chose.

Certes, nous sommes à l’époque de l’immédiateté et cette injonction a la fâcheuse tendance à déteindre sur tout… Mais, pour filer la métaphore culinaire, si, sur le moment – celui de la dégustation -, chacun est en mesure de savoir en son for intérieur s’il aime ou pas un mets, s’il vit une expérience sensorielle extraordinaire ou pas, l’étape de la digestion n’en est pas moins cruciale pour statuer définitivement… Et la digestion, par principe stomacal notamment, prend un certain temps ! Il serait salutaire, il me semble, de s’imposer ce type de moratoire au cinéma – très concrètement, un silence post-représentation -, d’abord pour adoucir la transition entre l’univers fictionnel dans lequel on a été plongés pendant plusieurs dizaines de minutes et le monde réel dans lequel on vit tant bien que mal ; puis pour remettre les compteurs émotionnels à l’équilibre ; enfin, pour se donner le temps de la réflexion, de la pensée, ce qui inclut le fait de s’autoriser à ne rien en penser sans pour autant se sentir ignare !

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Rester concentré

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Je vous ai aux yeux !

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Prenez un quartier désaffecté, abandonné, malfamé, dangereux, oublié, livré à lui-même, en résumé, une petite jungle underground à la surface de la ville où personne n’ose aller volontairement sauf ceux qui y vivent et qui aimeraient probablement en partir s’ils le pouvaient. Conséquence de cette micro fiche d’identité qu’aucune agence immobilière ne mettrait en vitrine : s’y installer ne coûte rien. Ou si peu. Un argument de taille pour une population qui n’a peur de rien, et surtout, pas toujours le choix : les artistes. Les inconnus. Ceux en devenir, en quête de reconnaissance, ou de connaissance tout court. Voilà donc qu’en débarquent quelques uns, sans le sou, en quête d’espace et de liberté dans ces maisons aux vitres cassées ou ces immeubles chancelants. Ils créent en vivotant, se constituent en petits groupes… Le mot circule, et bientôt, d’autres artistes arrivent et s’installent dans ces lieux désertés par tout être sensé. Le temps passe et cette nouvelle population avant-gardiste, cool, visionnaire fait naître de nouveaux besoins : des bars, des cafés, des lieux où se retrouver… Alors, des bars, des cafés, des lieux où se retrouver sortent des décombres et viennent ressusciter des rez-de-chaussée murés… Les artistes s’y retrouvent, mais aussi leurs amis habitant d’autres quartiers et bravant héroïquement le danger…

Puis, les artistes produisant – de l’art -, un autre besoin émerge : celui de montrer ce qu’ils font. Des galeries, des théâtres, des espaces communautaires sortent de terre, avec leur cortège de restaurants, cafés et autres. On en parle dans la presse. Petit à petit, l’extérieur se déplace vers ce nouvel intérieur, ce nouveau quartier branché. Branché car en mouvement, dynamique, créatif. L’antre reprend des couleurs, du bleu, du rouge, du jaune, du vert et aussi celle de l’argent. Les vitres brisées sont remplacées, les portes sont repeintes, les murs sont ravalés, le quartier fait peau neuve. Peu à peu, les artistes ne sont plus les seuls à l’adopter. De nouveaux commerces ouvrent pour satisfaire ces nouveaux arrivants, la circulation reprend, l’obscurité ne fait plus peur. Des promoteurs immobiliers sentent le vent tourner, font des plans sur la comète… Et les comètes, ça fait toujours rêver. Quel qu’en soit le prix. En quelques années, grâce aux artistes pionniers, ce qui était un rebut de la ville s’est transformé en quartier bien plus qu’honorable. Un quartier où il fait bon vivre, légèrement bobo. C’est ainsi que Brooklyn ou SoHo à New York ont gagné leur chic actuel (et leurs prix bientôt inabordables), c’est ainsi que le quartier d’Alberta Street à Portland a totalement changé de visage en 5 ans. Il m’est d’avis qu’une prime devrait être reversée aux artistes pour leur rôle indéniable dans la réhabilitation de ces lieux. Evidemment, l’histoire ne dit pas vraiment ce qui est arrivé à leurs anciens locataires. Certains ont réussi à rester, ravivés par la nouvelle flamme animant les alentours, d’autres ont dû partir, poussés par la nouvelle pression immobilière… La place reste encore accessible, même pour des artistes…

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