Photo-graphies et un peu plus…

La métamorphose du billet d'avion

Je me souviens de mes premiers billets d’avion – non pas des premiers au sens strict, j’avais à peine quelques mois pour mon baptême de l’air et je ne m’aventurerais d’ailleurs pas à calculer l’empreinte carbone liée à mes déplacements aériens depuis ma naissance -. A cette époque, on pouvait encore fumer dans les aéronefs commerciaux dont l’interdiction n’a été recommandée par l’OMS qu’en 1996 et globalement adoptée par toutes les compagnies à l’aube du 21e siècle seulement, après une période transitoire d’espaces fumeurs forcément saturés ou de vols non fumeurs. Avec le recul, tout cela paraît insensé et tellement lointain tant les interdictions se sont multipliées depuis, et pas uniquement dans les carlingues de l’air.

A cette époque aussi, on pouvait prendre l’avion avec une valise sans avoir à payer de supplément… Ce à quoi on pourrait me répondre : à cette époque – sans savoir pour autant à quand elle remonte -, les billets d’avion coûtaient plus cher. Mais il y avait moins de compagnies. Et la pression sur les prix était inférieure alors même que le nombre de passagers ne cesse de croître : 3,3 milliards en 2014 soit 2 de plus qu’en 1996 et 3,7 de moins qu’en 2034 selon les prévisions de l’IATA. Mais je m’égare…

Les premiers billets d’avion dont je me fais l’écho bravo alpha charlie delta sont donc les premiers dont je me souvienne. Acheter un billet d’avion n’était pas encore cet acte quasi insignifiant et banal qu’il est devenu. Acheter un billet d’avion, c’était en soi le début de l’aventure. Il fallait se rendre dans une agence de voyages, interagir avec un être humain, éventuellement une première fois pour se renseigner sur les prix, les dates de départ et les horaires, auxquels nous, simples voyageurs, n’avions pas accès. Le prix n’avait d’ailleurs pas particulièrement augmenté lorsque nous venions confirmer notre achat une semaine voire dix jours plus tard après une longue réflexion. On en ressortissait avec une enveloppe contenant le précieux sésame imprimé : un billet d’avion en papier, épais, que l’on chérissait avant, pendant et après le voyage. Il faisait partie intégrante du rêve, puis ensuite, de sa réactivation… Mais c’est bel et bien fini. Aujourd’hui, on s’achète un billet d’avion en 3 clics après avoir, au préalable, consulté des sites comparatifs, dégoté le vol au meilleur rapport qualité/prix et masqué son adresse IP, puis on débarque ainsi à l’aéroport avec carte d’identité ou passeport car nous sommes déjà fichés et attendus pour notre vol, hublot ou couloir ? Ce qui me fait penser que la généralisation du billet d’avion électronique dématérialisé participe, à sa manière et depuis 6 ans maintenant, au triste désenchantement du monde !

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Les échappés du bocal

L’achatine foulque est manifestement passé par là. Un exploit inattendu pour cet escargot géant venu d’Afrique entré récemment – et illégalement – sur les terres de l’oncle Sam – où on l’élimine méthodiquement – et qui n’avait, jusqu’à présent, pas réussi à franchir les frontières de la Floride. En revanche, ramper plus de 4 000 kilomètres pour se rendre en plein cœur de la Vallée de la Mort, qui détient toujours le suant record de la température la plus élevée enregistrée sur notre chère planète – 56,7 °C le 10 juillet 1913, le jour des 25 ans de Giorgio de Chirico qui préparait sa seconde exposition de peinture au Salon d’automne de Paris mais aussi de la publication d’un décret imposant des normes d’hygiène, de sécurité et de prévention des incendies dans les locaux de travail – n’était pas forcément une brillante idée ! Notre gastéropode va certainement en baver encore un peu avant de pouvoir prendre l’air…

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Voeux 2016

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Plongée vespérale

Se hisser au sommet de l’Empire State Building à l’heure du goûter – c’est mon côté régressif -. Penser aux nuits blanches de Sam Baldwin et d’Annie Reed – c’est mon côté fleur bleue -. Se pencher vers le monde d’en bas – c’est mon côté casse-cou – dont l’écho s’arrête heureusement en chemin – c’est mon côté sensible -. Vérifier que tout y est, les taxis jaunes, les embouteillages, les piétons affairés, les toits chargés de toutes sortes de machineries – c’est mon côté inspectrice des travaux finis -. Suivre, pas à pas, l’inéluctable descente du soleil et ses retentissements sur la ville : d’abord, les ombres qui gagnent du terrain et plongent précipitamment les rues dans une nuit avant l’heure, puis la lumière jaune et chaleureuse qui se dépose sur les hautes façades comme de fines feuilles d’or et vient aussi miraculeusement arroser les bas fonds, là où la vie trépigne d’impatience, dès lors que ceux-ci ont le bon goût d’être bien lunés ! C’est mon côté contemplatif… Puis se laisser « transe-porter » par l’arrivée progressive des lumières du soir dans la cité, chargées d’accueillir sereinement la nuit, la vraie, scintillante, crépitante, cosmique. C’est mon coté rêveuse…

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Le rêve postmonitoire

Oui, je sais, généralement, nous faisons plutôt des rêves prémonitoires : un phénomène toutefois très inhabituel, souvent dérangeant pour ceux qui les font car rarement positif, encore difficilement compréhensible scientifiquement et suggérant presque que le voyage dans le temps existe… Mais il ne s’agit pas de cela. Aujourd’hui, j’ai bien fait un rêve postmonitoire. Qui plus est, en plein jour. Là, je marchais tranquillement en pleine campagne quand, tout d’un coup, flash ! Je vous vois cogiter…

Si un rêve prémonitoire consiste à rêver de quelque chose qui va réellement se produire dans le futur sans que cela puisse être le fruit d’une quelconque anticipation, un rêve postmonitoire porte, en toute logique, sur un événement du passé – comme la grande majorité des rêves me lancerez-vous, et à raison – dont nous n’avions, jusqu’à lors, absolument aucune connaissance.

Bref, j’ai donc rêvé que la femme avait déjà posé le pied sur Mars il y a 39 ans, seulement une poignée d’années après les premiers pas de l’homme sur la Lune (petits joueurs…), et que cela ne s’était jamais ébruité pour plusieurs raisons, dont la concomitance semble tout bonnement invraisemblable : compte tenu du coût de l’opération et des énormes risques encourus – que d’aucuns auraient jugé inutiles -, tout avait été organisé dans le plus grand secret ; l’entièreté de l’équipe impliquée avait ensuite été victime d’un étrange virus, un microbe de charbon probablement, avant même de pouvoir annoncer au monde, forcément entier, l’exploit intragalactique fraîchement accompli ; enfin, un incendie – combustion spontanée manifestement – avait mystérieusement ravagé leurs locaux ne laissant aucune trace de cette aventure, assurément la plus extraordinaire de l’humanité depuis la nuit des temps ! Il ne me reste plus qu’à le prouver maintenant !

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A l'aveugle

Parfois, il est de bon ton d’avancer les yeux fermés et de se faire confiance…

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Ph(o/au)tocensure

Ph(o/au)tocensure 2

Ph(o/au)tocensure 3

Ph(o/au)tocensure 4

Conformément à cette vérité iconographique selon laquelle 1 + 1 = 3, la juxtaposition de ces quatre photographies prises en quatre lieux très éloignés les uns des autres – Berlin en Allemagne, Thuan An au Vietnam, Doha au Qatar et Quinault aux Etats-Unis – pourrait suggérer que je cherche à faire passer un message. Je vous laisserai pourtant seuls maîtres de vos propres associations d’idées pour me concentrer sur chaque image indépendamment des autres. Ce qui ne les empêche pas d’être toutes unies par une même réflexion, ou pensée, ou impression : celle, partagée, qu’il peut être difficile de faire de l’humour, ou tout simplement d’être léger, sur certains sujets dans le monde actuel, la capacité de distanciation de certains s’étant réduite comme peau de chagrin ces derniers temps. Ou encore celle que certaines images renvoient inévitablement à des événements passés dans l’inconscient collectif alors qu’elles ne s’en font absolument pas l’écho, notamment car elles ont été prises avant qu’ils ne se produisent.

« Le clou du spectacle ». C’est le titre que je serais tentée de donner à la première photographie prise au coeur de l’Eglise du Souvenir, reconstruite sur les ruines de l’ancienne, et devenue symbole de paix et de réconciliation post 2e guerre mondiale. Limite, limite, me soufflent certains.

Direction le cimetière de Thuan An coincé sur une langue de terre donnant sur la Mer de Chine, où les sépultures, posées de façon chaotique sur des dunes mouvantes, se fissurent, s’éventrent voire se font engloutir comme si elles étaient prises dans des sables mouvants. En errant entre les tombes, je découvre des bouts d’un mannequin en résine, démembré, d’abord une tête, et un peu plus loin, une jambe, et puis encore un peu plus loin, des bras, une poitrine. Et puis tout le reste dans un coin. Je recompose le corps en trois-quatre images dans ce lieu de culte où les corps se décomposent, mais différemment. Aujourd’hui, impossible de les regarder avec la neutralité voire l’amusement qui étaient miens en déclenchant : ce faux corps déchiqueté et immaculé me renvoie désormais, et certainement pour longtemps, au tragique vendredi 13 novembre.

« Pyjama party ». C’est le titre que je serais tentée de donner à cette procession blanche en dish-dash et keffieh déambulant sur le tarmac de l’aéroport de Doha le pas alerte et le coeur léger.

Et enfin, la bannière étoilée. Quiconque a déjà eu l’occasion de voyager aux Etats-Unis – à défaut, de visionner des films ou des séries américaines – sait à quel point elle est omniprésente – en toutes tailles et dans les moindres recoins du pays – et les Américains lui vouent un culte sans borne, que nous jugerions, nous Français peu friands de cette forme d’exhibition patriotique, excessif voire ringard. Oui, mais là encore, c’était avant… Car depuis quelques semaines, le drapeau tricolore, avec lequel la majorité des hexagonaux gardait une certaine distance de sécurité, n’a jamais été aussi présent – de mémoire de vivante – aux fenêtres, sur les murs (les vrais, en brique, les faux en 0 et 1), dans la rue, sur les bâtiments et partout… Un hommage, un symbole de rassemblement et d’unité certes, mais aujourd’hui, difficile de ne pas se demander, parmi ceux flottant encore au vent, combien sont ceux liés à un sentiment nationaliste et sclérosant légitimé par les dernières élections, plutôt que patriotique et ouvert sur les autres…

Ces quatre exemples me montrent à quel point l’interprétation que l’on peut faire d’une photographie est fluctuante, fugace, temporaire et varie en fonction des éléments contextuels survenus entre le temps de la prise de vue et celui du commentaire, qui, de fait, doit lui-même être idéalement daté. Ils me confirment aussi que, dans ce monde terriblement sérieux, il m’est primordial de cultiver et de partager, sans manquer de respect à qui que ce soit pour autant, ce décalage et cette dérision face aux choses de la vie, étranges ou pas…

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CQFD

Nous pouvons, sans prendre trop de risque, déduire de l’existence de cette image, que les parents de ce petit gars, qui en est à son troisième tour consécutif de ce double tunnel de métal érigé par le maître en la matière, ne sont pas dans les environs. Car, aujourd’hui, il semblerait que les enfants n’aient plus le droit de se rouler dans le sable – ça incruste des grains dans les vêtements pour plusieurs générations et c’est gênant -, ou de courir dans l’eau – ça mouille les bottes et c’est gênant -, a fortiori, de sauter dans les flaques, qui plus est trois fois de suite ! En fait, aujourd’hui, il semblerait que les enfants n’aient plus le droit d’en être. Ce qui tombe plutôt mal car, devenus grands, ils en ont encore moins l’opportunité… Et ça, c’est vraiment gênant !

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Verres progressifs

C’est parfois ainsi que naît une photographie, d’une rencontre fortuite entre deux éléments qui se télescopent en faisant des étincelles…

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La guirlande humaine vous souhaite un joyeux Noël

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