Photo-graphies et un peu plus…

Question récurrente en ville lorsque l’objectif est de mettre en exergue la géométrie d’un espace et de jouer avec les lignes et les formes : avec ou sans personnes dans l’image ? Sans, n’est-ce pas un peu trop froid ? Et avec, un peu gênant ? Telles de petites figurines figées dans leur mouvement et collées sur une maquette d’architecte, ce trio de mère-filles arrivé sans prévenir dans l’angle droit du cadre, venant habillement l’habiller et humaniser la composition me pousse à répondre à cette question par un assuré « avec évidemment ! ».

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C’est un constat que chacun a pu faire : un parapluie ne pare pas toujours efficacement la pluie. J’entends, un parapluie classique, de diamètre normal, pas ces parachutes qui occupent la largeur d’un trottoir, dont les propriétaires, de véritables pachas ambulants, ne semblent avoir aucun scrupule à éborgner les badauds qui oseraient fouler le même sol qu’eux. Quels que soient le sens du vent, l’angle avec lequel tombe la pluie, l’inclinaison donnée au parapluie, il y a toujours un moment où l’on sent les gouttes tomber à un rythme régulier sur les mollets. Et arriver ainsi, petit à petit, par une capillarité aussi méthodique que sans répit, à imbiber la moitié basse du pantalon, se collant immanquablement et durablement à la peau. Un désagrément que ne connaît sans doute pas le monsieur là-bas, au fond. Son parapluie – un exemplaire unique ? – est en effet doté d’une petite extension, telle une visière de casquette, envoyant valser au loin l’eau qui voudrait se jeter avec avidité sur ses petits mollets !

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… sauf en cuisine ! Ne vous êtes-vous jamais entendu dire à un camarade de cuisine, avec un ton presque catastrophé : « Mais, ce n’est pas comme ça que l’on coupe les tomates ! » (ou les concombres ou les pommes de terre, enfin, un aliment qui ne s’ingurgite pas entièrement !) ? Vous êtes malheureusement totalement sincère et imaginez déjà la petite salade de saison dont vous avez soigneusement choisi tous les ingrédients au marché le matin même ratée car ces fameuses tomates sont coupées de façon aléatoire et non pas en de belles rondelles ou des cubes réguliers comme vous l’auriez fait, vous, si vous vous en étiez occupé. Mais non, vous, on vous a confié le maïs… La belle affaire ! Vous êtes en effet persuadé que la façon dont on coupe une tomate, un concombre, une pomme de terre a un impact non négligeable sur son goût final. Oui, évidemment, c’est ridicule.

Mais, pour une raison totalement obscure, vous le croyez fermement. Le plus terrible est que ce genre de détail totalement insignifiant peut être prétexte à dispute. Pas une grosse, bien sûr, sauf si il y a des précédents en matière de divergences culinaires… Et là, ça passe pour une faute de goût. Ce qui est beaucoup plus grave ! Le fait est que celui qui  aime faire  la cuisine croit toujours (allez, souvent) que sa méthode est non seulement la bonne, mais aussi la meilleure. Cela explique notamment qu’après quelques tentatives de collaboration, il se retrouve seul à la faire, la cuisine (qui n’est plus un plaisir mais un examen de conduite)… Le chef étant rigide, mais pas bête, comprend, au bout de quelques mois et après avoir fait des essais de salade composée avec des ingrédients coupés de façon totalement différente de ce qu’il ferait naturellement, et constaté, avec dépit, qu’elles avaient toutes le même goût, qu’il doit revoir sa copie. Evidemment, il pense toujours que sa méthode est la meilleure, mais il se contente de lancer un : « Tiens, tu coupes tes tomates comme ça, toi ! ». « Oui ! ça te pose un problème ? » « Non, non… En rondelle ou coupé n’importe comment, au final, dans la bouche, ça a le même goût, hein ? » « Bah oui ! » « Bah oui… »

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C’est une lapalissade, mais prendre un peu de hauteur nous permet souvent de voir les choses de la vie d’une autre manière. Au sens strict, comme au figuré. D’en bas, perdus dans d’étroites ruelles au charme pittoresque, on ne réalise pas vraiment à quel point les toits strasbourgeois sont pentus et percés d’autant de lucarnes, ni comment ces immeubles réussissent à s’enchevêtrer les uns dans les autres. D’en haut, cette fois-ci, d’étranges phénomènes se dessinent et se détachent de l’horizon. Ainsi en est-il de cette procession impromptue d’une colonie de fourmis noires, les phéromones en effervescence,  bouchant quasiment cette grosse artère centrale. Quelqu’un a dû faire tomber le pot de miel !

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On en a tous croisés, des êtres humains déguisés en statue de la liberté, en tour Eiffel, en Charlot ou autre, faisant le pied de grue, parfois sur leurs deux pattes, en des lieux de passage prisés des touristes. Même si je conçois que c’est une façon comme une autre de boucler sa journée, je ne peux m’empêcher de me demander ce qui pousse ces personnes à se figer dans des positions parfois inconfortables, dans des costumes souvent encombrants, sous des couches de maquillage assez épaisses. En somme, à se torturer volontairement des heures durant.

Ce spécimen madrilène n’échappe pas à la règle. S’il a décidé de s’assoir, et donc de se préserver quelque peu, il a aussi choisi de s’enduire de terre mouillée et de se mettre en plein soleil. Le défi : ne pas craquer, même si la terre finit par le faire pour lui sous l’effet de la chaleur, même si, minute après minute, elle lui tire la peau un peu plus. Les badauds s’arrêtent et puis repartent, finalement peu impressionnés par cette performance terrestre. Il y en a d’autres à quelques pas de là… Entre ces deux instants, de solitude et de show, le terrien n’a pas cillé. Même sérénité en sommeil sur le visage, même écart entre le pouce, l’index et le majeur de la main droite à peine posée sur le genou, même relâchement des épaules… C’en est presque effrayant. Mais qu’espère-t-il voir récompensé en fait ? Sa ténacité face à la douleur croissante (est-ce vraiment un signe de bonne santé mentale ?), son appel à l’immobilisation (dans un monde qui n’a de cesse de bouger), son imagination (je n’avais jamais vu de bonhomme de terre auparavant) ? Les questions restent en suspens…

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Certains se cachent, des heures durant, derrière des buissons en espérant qu’un cerf traverse majestueusement la plaine verdoyante arrosée par le soleil. Et souvent, au moment où ils renoncent et plient bagage, alors même qu’ils ont démonté leur matériel, le cerf apparaît et les toise, comme s’il avait lui-même patienté derrière un buisson jusqu’à ce que ses pacifiques observateurs ne se lassent… Il est des endroits où, à quelque heure de la journée que ce soit, le spectacle se joue devant nous, sans facétie. Comme là, à la sortie des arrivées d’un aéroport !

Côté extérieur, il y a ceux qui viennent avec un bouquet de fleurs, une fleur unique ou une grappe de ballons colorés ; il y a les fébriles, près des barrières, qui lancent leur regard le plus loin possible dans le couloir pour apercevoir les leurs un peu plus tôt, ; il y a ceux qui tapotent leur téléphone toutes les 10 secondes en espérant un signe de vie avant le signe de vue ; il y a ceux qui ne connaissent pas ceux qu’ils vont chercher et qui brandissent une petite affiche devant eux ; il y a ceux qui  ne peuvent attendre dans le silence et s’interrogent sur la tenue, les bagages, l’humeur de ceux qu’ils vont accueillir ; il y a ceux qui vont d’une sortie à l’autre et qui se disent qu’ils auraient dû se donner un rendez-vous plus précis… Côté intérieur, il y a ceux qui n’espèrent personne et qui filent droit sans jeter un œil à toutes ces âmes en attente ; et puis il y a ceux qui se savent attendus et qui cherchent, dans le magma humain impatient, un visage amical, amoureux, familial…

Le plus beau est évidemment quand les regards se croisent enfin, que les sourires illuminent les visages, que les petits sautent de joie et se mettent à courir en direction de leur père, mère, oncle, tante, que les bras se tendent et s’ouvrent à l’autre, que des petits cris de bonheur s’échappent de certains, que les premiers baisers et/ou mots s’échangent, que quelques larmes perlent sur les joues… Un bonheur simple, euphorisant et universel d’une forte intensité qui dure de quelques secondes à quelques minutes. Le petit groupe, discrètement observé par ceux qui attendent leur tour, abandonne alors la scène pour des échanges moins publics. Et à peine sorti du champ, il est remplacé par d’autres accolades, instillant à nouveau dans l’assemblée une telle plénitude que cela devrait être prescrit à tout être qui bat de l’aile…

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Comme ça, sans prévenir, au 21e siècle, des jeunes n’ayant pas connu la guerre se retrouvent, tel un jeu, chaque dimanche, sur la clairière bercée par le soleil tombant, pour se livrer des batailles d’une autre époque.

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Le globe-trotter ramène souvent beaucoup de clichés dans ses valises… Autant d’images des paysages admirés, des villes traversées, des musées visités, des forêts arpentées, des objets collectionnés, mais aussi, des personnes croisées. Les autochtones. Les locaux. Les vrais ! Des portraits volés au téléobjectif ou au grand angle, à la va-vite. Des portraits consentis aussi. Parfois moyennant quelques pièces. Le moins glorieux pour le preneur d’image à mon sens. Mais, finalement, une démarche compréhensible de la part des photographiés, qui, d’une certaine manière, poussent le vice à son paroxysme : si les visiteurs se croient au musée ou au zoo, il est normal qu’ils s’acquittent d’un droit d’entrée, même symbolique !

Nous sommes évidemment tous l’autre de quelqu’un et c’est aussi cet exotisme, cette différence que nous allons chercher en voyageant. Et que nous avons la tentation d’enfermer dans nos boîtes à images. Cela a quelque chose d’un peu dérangeant. D’ailleurs, j’ai toujours le réflexe de tourner la tête lorsque je vois un appareil braqué sur moi. Hors de question que je sois l’exotique de service ! Car nous ne sommes « jamais » exotique chez nous, sur nos propres terres !

Pour rester cohérente, je prône donc l’éthique de réciprocité, même si, dans les faits, je ne l’applique pas toujours. Une parade consiste donc à faire de l’anti-portrait. C’est-à-dire, à prendre des photos de ces personnes tout en prenant soin de ne pas montrer leur visage. Ce qui peut s’avérer compliqué lorsqu’ils sont plusieurs à entrer dans le champ… Une tête coupée, une tête tournée, une tête cachée par une manche, une autre prise dans l’ombre… L’image continue à avoir sa vie malgré tout et surtout, à montrer la vie qui s’y trame. Ainsi, mais peut-être est-ce un leurre ?, ai-je la sensation de « plus » respecter ces autres qui défilent devant moi comme des pays sages.

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« Après les avoir tant attendus – le soleil et son corolaire, la chaleur -, et à peine une semaine après les avoir enfin eus, nous en sommes tous là ! A vouloir mettre les pieds dans l’eau pour faire un tant soi peu diminuer la température de notre corps absorbant… Peu importe le costume ou le tailleur, la chaleur bannit les réserves sociales ! Pour ceux qui n’ont pas la mer à portée de pieds, les villes regorgent de canaux, bassins et de fontaines publics, pris d’assaut dès les premières heures de la journée ! En dépit de toute règle élémentaire d’hygiène, on s’y jette, on s’y noie, on y boit la tasse, on s’y asperge dans une allégresse quasi juvénile, avant de s’allonger sur une serviette de plage comme si on y était… De doux moments de légèreté pour compenser la lourdeur atmosphérique ! »

Ceci est une expérience de vérification de la reproductibilité d’un phénomène singulier. Ce duo aura peut-être d’ailleurs un air de déjà-vu pour les plus attentifs. Et ils auront raison. Je l’ai publié le 26 juin dernier. Et la raison qui me pousse à le remettre au goût du jour est purement statistique. Toute personne créant un site ou diffusant des informations sur un réseau quelconque attend forcément une manifestation concrète de ses invisibles visiteurs. Jeter ses mots, ses vidéos, ses images ou toute autre chose en pâture dans cette jungle tentaculaire où l’on peut aisément se perdre si l’on ne s’y aventure pas avec un but précis, trouve, à mon sens, sa justification dans cet espoir, un peu fou et un brin mégalomaniaque, que quelqu’un les attrape au vol, s’y accroche et réagisse. Des commentaires dans le meilleur des cas, des petits pouces levés ou des « plus » actionnés parfois, rien souvent. Ce qui n’est pas totalement déstabilisant. Car le transmetteur a un mouchard. Des tableaux lui délivrant des quantités de chiffres qu’il ne comprend pas toujours. Et ce n’est pas grave non plus car celui qui l’intéresse est bien mis en avant : le nombre de visiteurs par période choisie. En l’occurrence, www.loucamino.com peut se féliciter d’un nombre croissant de visiteurs quotidiens. Un chiffre passé de 22 personnes en février dernier à 120 aujourd’hui (dont mon plus grand fan peut-être, le géantissime robot de Mountain View…). Donc merci à vous, chers zieuteurs, les vrais ! Lire ces statistiques revient cependant un peu à interpréter l’électrocardiogramme d’un patient au pouls souvent régulier, mais souffrant d’une légère arythmie, faisant ainsi apparaître, de temps à autres, des pics très élevés. Indépendamment du fait que cela biaise les statistiques, ces artefacts posent surtout des questions : pourquoi cette affluence en août où la Terre tourne plutôt au ralenti ? Et quel est ce duo qui a suscité une telle convergence des internautes vers lui ? 510 visiteurs en une seule journée (le record, à battre, de ce présent site). Je pense aux rares duos où le mot sexe est apparu, notamment à L’un des sens de la libellule où, au final, le mot n’est même pas utilisé. En fait, ce record a été atteint le 26 juin dernier, avec, vous vous en doutez probablement maintenant, le duo ressuscité ci-dessus (j’ai remis les mêmes mots clés aussi, une recherche sur la juxtaposition des deux mots en « f » ayant pu aussi, en pleine chaleur estivale, conduire à ce post…). Ce qui suscite une nouvelle interrogation. Pourquoi celui-ci plutôt qu’un autre ? D’où cette réédition, afin de vérifier si ce chiffre est vraiment lié à ce duo. Je serais d’ailleurs reconnaissante à ses adorateurs de m’expliquer en quoi elle se démarque tant des autres. Evidemment, si tel n’est pas le cas, cela fera naître une autre question : comment s’explique l’inexpliquable ?

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C’est un peu comme le jeu « 1, 2, 3 Soleil ». Une personne compte, face contre un mur, tandis que les joueurs, dans son dos, tentent de s’en approcher par petits ou grands pas. Quand ils entendent le mot « soleil », ils s’arrêtent machinalement et deviennent de véritables statues. Enfin, c’est l’objectif. Un mouvement et ils sont éliminés par le compteur qui vient les titiller.

Et bien, là, c’est à peu de choses près les mêmes règles… C’est la fête, tout le monde s’agite, on parle, on boit, on se détend, on profite du soleil, on se relâche… Tout d’un coup, l’orchestre entame un hymne national. Instantanément, les guerriers du pays chanté se mettent au garde à vous. Même au beau milieu de rien. Même avec une bière à la main. Comme un signal qui indiquerait la fin d’un rêve… Ils sont alors seuls au monde, entourés de gens qui continuent à vivre comme si de rien était, comme s’ils n’entendaient pas la même chose.

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