Photo-graphies et un peu plus…

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… désolée, j’ai été coupée ! On m’a perquisitionné mon appareil… « Madame ? » La première fois, je n’entends pas… Bien que, en toute logique, le fait d’écrire que je n’entends pas la première fois prouve que j’ai, au contraire, bien entendu… Sinon, je ne saurais pas qu’il y a eu une première fois. Je n’ai simplement pas fait la corrélation entre le « Madame ? » vaguement perçu et ma petite personne. Donc, très bien, j’ai entendu. Vous êtes durs en affaire ! Bref. « Madame ? » pour la deuxième fois. Je me tourne. C’est un type de la sécurité. C’est marqué en gros sur son T-Shirt. Il me parle avec les mains, me désigne mon appareil photo et me fait signe de venir le voir. Je suis coincée dans les gradins mais réussis à me faufiler. Je sais ce qui m’attend.

« C’est interdit les appareils photos. Vous devez le déposer », me dit-il calmement. Et moi, naïvement, voire bêtement, « Ok, j’arrête de faire des photos, je le range ! » Pas convaincu une nanoseconde… « Non, non, suivez-moi ! » Je le suis. Dans l’intervalle, tous ceux qui, dans les parages, avaient encore leur appareil photo en bandoulière le rangent discrètement. Je suis déjà en train d’imaginer toutes les photos que je ne pourrai pas faire… Je souffre en silence. « C’est considéré comme un appareil pro » me dit-il, laconique. « Ah bon ! » dis-je un peu en riant, sachant pertinemment que ce n’est pas le cas, sans vouloir te mettre en boite mon cher compère. Je passe sur les petits appareils si perfectionnés qu’ils font des merveilles ainsi que sur tous ces portables utilisés comme caméra… J’attends simplement mon tour. Trois personnes sont devant moi. Jugées pour le même crime. Derrière des barreaux, un gentil type bedonnant a pour mission de collecter les objets du délit – comme s’il s’agissait de véritables armes -, de les étiqueter soigneusement, de les poser sur une étagère de fortune les uns à côté des autres, et de nous dire : « Surtout, ne perdez pas votre petit papier ; sans lui, vous ne pourrez pas le récupérer ! » en montrant notre précieux prisonnier. Je retourne à mon siège avec l’étrange sensation de me retrouver sur une plage nudiste. Il me manque quelque chose autour du cou, dans mes mains, sur mon œil… mais ça passe, je m’en passe… je repasse en revue les images que j’ai eu le temps de faire, et cela me satisfait. Des images qui, a priori, n’auraient pas inquiété les équipes promotionnelles… Comme si j’allais prendre ce qui se passait sur scène ! Quelle idée !

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– Dis, Lou, c’est quoi cette boîte de sardines ?

Lou (moi donc) ne lève même pas la tête et continue à chercher une photo.

L’autre, un peu plus insistant :

– Dis, Lou ! C’est qu-oi cet-te boî-te de sar-di-nes ?

Lou, toujours plongée dans ses fichiers…

L’autre, malin :

– Lou, comment on devient artiste ?

Lou lâche instantanément sa souris, se redresse et commence :

– Alors, cette boîte de sardines, c’est une métaphore…

Point d’interrogation en face…

– … une image, si tu préfères… une façon de parler de quelque chose en le comparant à autre chose…

Léger éclaircissement dans la mine.

– Comment sont les sardines dans cette boîte ? lui dis-je.

– A l’huile !

– Oui, mais encore ?

– Elles n’ont plus de têtes !

– Effectivement, mais quoi encore ? Regarde bien… Il n’y a pas quelque chose qui te saute aux yeux ?

Le petit, très concentré…

– Elles sont serrées ! lâche-t-il, persuadé d’avoir mis le doigt sur la réponse attendue.

– Oui, c’est ça ! D’où l’expression « être serré comme des sardines ». Donc, cette boîte de sardines, en fait, c’est ce à quoi me fait spontanément penser le métro que je dois prendre le matin  pour aller au travail. Le métro, c’est la boîte ; les sardines, c’est nous… Et je peux t’assurer que la vie de sardine en boîte est loin d’être appréciable. Vois-tu, les retards récurrents, les problèmes techniques à répétition, l’alternance des rames entre les deux directions, font que ces rames sont systématiquement bondées, en particulier en heures de pointe (d’où leur nom d’ailleurs). Mais quand je dis « bondées », c’est presque trop gentil, elles sont surpeuplées. De vraies bétaillères ! Et encore, je suis sûre qu’il existe désormais des lois européennes pour interdire de mettre trop d’animaux dans une surface donnée ! Il faut vraiment le voir pour le croire… Imagine-toi sur le quai. Comme ça, de l’extérieur, le wagon semble plein. Les faces sont plaquées contre les vitres des portes, les mines sont totalement défaites, implorant la pitié : non, ne rentrez pas… De l’intérieur, il l’est, je te l’assure. Sauf que ceux qui attendent impatiemment sur le quai ne sont pas de cet avis, ils n’ont que faire de la compassion, il faut qu’ils pointent à leur poste ! Et là se trouve la magie du métro matinal : pour le voyageur qui a l’impression de revivre chaque jour le même cauchemar et qui n’espère plus avoir une réelle place dans la rame, l’objectif est d’y entrer coûte que coûte. En poussant un peu par ci, un peu par là, entraînant des micro-mouvements de foule à l’intérieur, en laissant à peine ceux qui veulent s’échapper du pressoir de sortir… Tout le monde peste, un peu dans sa barbe. C’est le dépit. C’est horrible ce dépit-là. C’est comme une visite chez le dentiste. Un mauvais moment à passer mais il faut bien le faire… Et puis, sans t’en rendre compte, tu as un pied à gauche, un autre de l’autre côté de la jambe droite de ton voisin que tu pourrais chatouiller sous les bras si tu étais bien disposé (et lui aussi) et le reste du corps vrillé vers le haut de la rame pour capter un peu d’air. Preuve de la plasticité à toute épreuve de notre corps… Heureusement, la densité humaine est telle qu’une position totalement déséquilibrée n’est pas synonyme de chute pour autant. Voilà donc que l’on se « repose » sur des bouts d’êtres, que nous sommes tous là, avec notre bulle de sécurité percée de toutes parts, à vivre une intimité non désirée avec de parfaits inconnus. Qu’un sorte et le mikado s’effondre… Parfois, il est difficile à certains de réfréner certaines poussées belliqueuses. Cela se comprend. Heureusement, les bras étant bloqués en position basse, les agressions sont majoritairement verbales. Le pire entendu : rame bondée, on pousse, on pousse, on pousse… Une jeune femme avec un paquet fragile entre les mains dans le sas principal. Quelle idée aussi, pourrait-on penser, de prendre le métro à cette heure-ci avec un paquet fragile ? Il y a aussi des gens qui partent en vacances avec leur grosse valise ou sac à dos qui prennent le volume de trois personnes, ou des poussettes dépliées avec marmaille inside – 4 personnes… On leur en veut et en même temps, faut bien continuer à vivre ! Bref, la donzelle avec sa boîte fragile… Voilà qu’elle lance un « Ta gueule ! » à une vieille dame qui avait dû manquer sa dernière séance de PNL et n’avait donc pas su capter les micro-signaux que lui envoyait la jeune femme bien sous tous rapports apparents depuis quelques secondes : « Pas le matin ! » « Pas le matin ! » « Pas le matin ! »… Comprendre : « Ne pas me prendre la tête dès le matin ! »… Et la dame, insistante, « Oui, mais, quand même vous pourriez faire attention… » « Ta gueule ! » donc. Effroi dans l’assemblée. Quand même… Oui, quand même… Cette ligne transporte des gens dans des conditions inacceptables, mais quand même, un peu de respect pour les aînés. Oui, moi, je suis comme ça. Bref. Elle finit par s’excuser… Non, pas d’excuse… par se justifier quelques minutes après… le métro est arrêté entre deux stations, ça laisse le temps de penser à ce que l’on vient de dire, à se rappeler du chapitre sur la maîtrise de soi parcouru la veille, à se convaincre que ce n’est pas grave… « Oui, quand même, ça ne se fait pas ! » finissent par dire les gens collés à la jeune-à-la-boîte-fragile-et-aux-joues-rouges… Ce qui ouvre une courte lamentation sur cette ligne maudite qui énerve tout le monde, les salariés, les employeurs, les recteurs d’université aussi, et en premier lieu les passagers, les sardines quoi… Evidemment, face à cette fatalité, je ne peux m’empêcher de me demander si les choses auraient été différentes si cette ligne ne s’était pas appelé 13 mais 15… La RATP aurait dû faire comme dans les compagnies aériennes américaines, supprimer la rangée 13 de leurs avions, forcément capteur de tous les dysfonctionnements connus sur les différentes lignes de son réseau !

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Pourquoi cette manie de vouloir ressortir tous les grands succès passés du cinéma en 3D – Star Wars et Titanic arrivent sur les toiles à grands renforts de sabre laser traversant les écrans et d’iceberg s’échouant dans la salle – ? Et pourquoi essayer, en plus, de nous faire croire que ce sera merveilleux, ou plutôt « comme on ne l’a jamais vu ! » ? Peut-on réellement encore se faire envoûter par de tels arguments ?

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Comme l’aurait dit Magritte, ceci n’est pas une photo. De fait, c’est un dessin. La photo serait d’ailleurs assez difficile à réaliser, d’abord pour des questions de droits à l’image, ensuite pour des raisons purement techniques, la luminosité et le mouvement du métro n’aidant pas à composer des images nettes. Le dessin a donc ses avantages… Ceci dit, celui ci est vieux. Peut-être une décennie. Probablement dix ans exactement même car c’est à cette époque, février 2002, que Métro a été diffusé pour la première fois en France, ouvrant la porte à une nouvelle presse, gratuite pour nous tous car financée totalement par la publicité. A cette époque, comme toute nouveauté, cette presse d’un genre embryonnaire mais plein de promesses s’était attirée les foudres de la « vraie » presse, entendez « sérieuse » car « payante », mais avait rapidement trouvé son public dans les rues ou à l’entrée des bouches de métro.

A cette époque, j’avais écrit ceci : « Drôle d’image que celle que recevrait un parisien ayant hiberné plusieurs mois et refaisant surface dans le métro à l’heure de pointe. Il verrait une foule de « transportés » plongée dans la presse… Mais pas n’importe laquelle… Des feuilles de chou gratuites comme « 20 minutes » ou « Métro ». Du zapping à portée de mains… Pour ou contre, là n’est pas vraiment la question… La gratuité de l’information n’a-t-elle pas ses limites ? Chacun s’arrache son journal avant de s’engouffrer dans l’antre de la ville et, jour après jour, chacun s’imprègne des mêmes informations, des mêmes partis-pris, des mêmes idées… Or, n’est-ce pas confrontés à la diversité des points de vue que nous apprenons à développer notre esprit critique, et par la même occasion, à être moins manipulables ? »

Douze ans après donc, la presse gratuite s’est institutionnalisée, multipliée, spécialisée, parfois équilibrée… Elle est partout, fait partie du paysage et du quotidien de l’hyperactif urbain sur-sollicité qui achève sa mue en pigeon (pas au sens péjoratif du terme), contraint qu’il est de picorer ainsi ça et là de l’information (les grandes lignes suffisent à lui donner une certaine image du monde dans lequel il évolue) mais aussi le reste de sa vie… A tel point que Direct Matin du jour s’offre une pleine page d’auto-congratulation dans son propre journal (le faire dans Métro ou 20 minutes aurait certes été mal accueilli mais auraient-ils refusé un contrat publicitaire ?) pour remercier ses lecteurs car grâce à eux, il est devenu le 1er quotidien de France avec plus d’un million d’exemplaires diffusés chaque jour en 2011. Malgré les réserves que l’on peut avoir à l’égard de ces journaux – en termes de contenu -, je ne peux m’empêcher de me dire, en voyant des jeunes plongés dans le journal le matin pendant leur trajet en métropolitian, qu’ils feraient certainement autre chose s’ils avaient dû le payer. D’où cette question : une information parcellaire ne vaut-elle pas mieux que pas d’information du tout ?

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A première vue, tout semble normal et même plutôt agréable. Cinq amis remontent tranquillement la piazza Beaubourg après s’être donnés rendez-vous au pied d’Horizontal, l’immense mobile de Calder qui a récemment remplacé l’infertile pot de fleur doré de Reynaud, siégeant désormais, le fond dans l’eau, au 6e étage du temple d’art contemporain de la capitale. A priori, comme ça, tout va bien donc. Car vous n’avez que l’image. Oh, ce n’est pas le son des saltimbanques et autres troubadours de tous bords animant la place en journée qui pose problème. Tout est calme. Le problème vient d’ailleurs et dans quelques secondes, en passant à droite des deux mystérieux périscopes, la poignée d’amis va y être violemment confrontée. A l’odeur. A cette répugnante odeur de vieille pisse et d’ammoniaque qui saisit toute narine non bouchée, et même les plus enrhumées, s’avisant d’emprunter naïvement le même chemin.

A croire qu’il est inscrit « urinoir » dans l’entredeux des périscopes ! Le « p’tit coin » de chez soi s’exporte sans complexe à l’extérieur à partir d’une certaine heure et d’un degré plus ou moins avancé d’alcoolémie, et ce, malgré les pissotières gratuites installées par la ville lumière un peu partout. Le but, pour ces mâles impatients, est-il encore de marquer leur territoire ? Le jour, sobre, passent-ils devant leurs p’tits coins en se disant fièrement : « Tiens, j’ai déjà pissé là ! » Au même titre que la ville s’échine à effacer des graffitis ne faisant parfois de mal à personne, n’existe-t-il pas une formule chimique qui permettrait d’annihiler l’odeur d’urine ou un répulsif à pulvériser dans les p’tits coins potentiels pour couper court à toute tentative de relâchement pestilentiel ? Une telle invention remporterait au moins le concours Lépine !

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