Photo-graphies et un peu plus…

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… je ne lui avais pas attrapé le bras, que se serait-il passé ? Comment savoir quel aurait été le cours des choses si on n’était pas intervenu pour le réorienter ? Et pourquoi se poser des questions auxquelles il est impossible d’avoir de réponses ? Car si un fait n’a pas eu lieu, alors, tout simplement, il n’existe pas. Ce qui n’est pas tout à fait exact car notre intervention a justement été motivée par la potentielle conséquence de ce fait si on le laissait évoluer naturellement et donc, si on n’agissait pas. En d’autres termes, la situation a existé, de façon abstraite et purement intellectuelle, mais elle n’a pas eu lieu.

Maintenant, si j’adopte un raisonnement contrefactuel, souvent invoqué en mécanique quantique, alors, des événements qui auraient dû se produire mais qui ne se sont pas produits influent sur les résultats de l’expérience – l’une des sept merveilles du monde quantique selon le magazine New Scientist -. Evidemment, ce raisonnement ne s’applique pas réellement à l’échelle de notre petit quotidien, mais il n’en est pas à rejeter pour autant. Dans ce cas, quelle serait l’expérience ? D’étudier les réactions spontanées face à un danger imminent auquel est confronté un.e inconnu.e ? Ou les suites de cette réaction ?

Une femme allait traverser la route alors qu’une voiture arrivait à pleine vitesse, je lui ai attrapé le bras très calmement pour la stopper dans son mouvement, le temps qu’elle tourne la tête à droite et réalise qu’elle se mettait inutilement en grand danger. Elle s’est figée. Je me suis excusée – étrangement, cela a en effet été ma première réaction – de l’avoir agrippée ainsi même si ce n’est même pas ma tête qui lui a pris le bras, c’est ma main, c’est mon corps… Ils ont été plus rapides. Elle m’a répondu : « vous aviez raison, j’allais faire une bêtise. » Puis « Merci ! ». Nous avons continué nos routes. Cela a duré 2 secondes. Deux secondes, c’est rien. Un, deux. C’est fini. C’est fou tout ce qui se passe en deux secondes. C’est fou tout ce qui aurait pu se passer en deux secondes. C’est fou toutes les questions que l’on se pose après ces deux secondes. Si je n’avais pas tendu le bras, aurait-elle été renversée ? Si je n’avais pas été là, quelqu’un d’autre l’aurait-il fait ? Si je n’avais pas été là, aurait-elle cherché à traverser aussi imprudemment ?  Si je n’avais pas été là, aurait-elle été là, elle ?

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Question de point de vueGénéralement, lorsque je décide de m’appuyer à une rambarde pour discuter nonchalamment avec des amis de la dernière carpe miroir pêchée, de la production de riz aux Philippines ou encore de la rencontre étonnamment bicolore des Rio Negro et Rio Solimões au Brésil, je veille à me poster face à la vue la plus ouverte sur le monde, pour que chacun puisse librement s’y ressourcer, s’y plonger et s’y évader entre chaque question. En aucun cas, un haut mur de briques rouges, quelle que soit mon attirance avérée pour ces parallélépipèdes rectangles ocres, ne fera l’affaire.

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Une petite mise à jour de la rubrique « Photographie » et l’occasion d’une nouvelle visite ou d’une découverte…

Au programme, Montréal, quelques clichés suédois, l’exposition Viva Cités, des briques, des bulles, des feux d’artifice, des trains, des arbres, la mer, et tout et tout…

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« Vous avez acheté là ou vous aimez les briques ? » me demande un monsieur en me voyant affairée autour de cet amas de terre rouge cerclée depuis quelques minutes. Je souris. « J’aime les briques, c’est ça ! ». « Ah ! » rétorque-t-il tout en continuant de marcher. Certes, même si elle était proposée (peut-être ironiquement), cette réponse n’était visiblement pas celle qu’il attendait. En même temps, photographier des briques parce que l’on aime leur forme, leur couleur, leur texture, leur assemblage et tout le potentiel qu’elles couvent en elles, me semble bien moins étrange que photographier des briques qui vont potentiellement constituer les murs de son futur appartement. Comme un inspecteur des travaux pas finis en quête d’un vice de forme. Genre : « il est hors de question que cette brique fasse partie de ma cuisine ! » Mais, j’avoue, je n’en suis pas à ma première tentative avec les briques. Je crois même que quelque chose est en train de se construire entre nous…

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