Photo-graphies et un peu plus…

La bonne excuse

Malheureusement, et même si je m’améliore, je fais partie de ce groupe de personnes plus souvent en retard aux rendez-vous qu’on lui a donnés – voire à ceux que j’ai moi-même fixés – qu’à l’heure. Bien sûr, je suis ponctuelle dès lors qu’il s’agit d’un rendez-vous professionnel ou d’une séance de cinéma. Les retards, je les réserve aux personnes qui me sont proches. Ce qui, au même titre que la dualité onde-corpuscule en mécanique quantique, est à la fois logique et illogique, même si compréhensible. Le retardataire – jamais plus d’un quart d’heure me concernant, certains en parlent même comme du quart d’heure de politesse, ce qui me pousse à m’interroger sur l’intérêt de mon aveu liminaire – compte en effet inconsciemment sur la tolérance des seconds à l’égard de son forfait, ce qui ne signifie pas qu’elle les respecte moins que les premiers. Cela se joue à un autre niveau et ce n’est pas l’objet de ce duo. En revanche, tolérance ou pas, le retardataire de mauvaise foi cherchera toujours à se justifier et il trouvera toujours quelqu’un d’autre à incriminer. Car, par principe, le retardataire de mauvaise foi n’admettra pas qu’il est parti trop tard de chez lui, et, en tout cas, qu’il est le seul responsable de son décalage horaire. Il est plutôt drôle en fait car personne n’est dupe.

Ceci étant dit, les retardataires le sont parfois par erreur ou malgré eux. J’entends par là qu’ils mettent toutes les chances de leur côté pour partir à l’heure, ce qu’ils font en effet, mais, sur le chemin, ils tombent sur un hic qui contrecarre leurs bonnes intentions. Comme une photo par exemple. Il m’arrive régulièrement de tomber sur des photos lors de mes déplacements. Je ne croise pas littéralement le chemin de bouts de papier avec des images. A ce stade, elles n’existent même pas. Je ne fais que les visualiser, les imaginer et me projeter suffisamment sur ce qu’elles pourraient être pour décider de m’arrêter quelques instants et de les attendre malgré la forte contrainte temporelle. Comme ici, au pays du soleil levant, dans cet axe du soleil couchant, à coup sûr, quelqu’un allait passer et singulièrement donner vie à ce pan de mur banal. Oui, mais quand ? Cela, j’avais déjà oublié que c’était important…

Share on Facebook

Le point de rupture

C’est, par exemple, ce moment très particulier et finalement très soudain où ce qui nous amusait, nous faisait sourire, nous attendrissait, nous charmait – un daim tout mignonnet chatouillant nos pieds découverts, fouinant dans nos sacs alimentaires ou léchant notre main en l’air – nous agace, nous fatigue, nous énerve, nous révulse, et, en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, nous transforme en un affreux personnage aigri, impatient, sans humour ni autodérision. Ce moment très particulier où, en somme, la dernière goutte fait déborder le vase parce que nous n’avons pas tous les mêmes limites ni toujours conscience de celles des autres. Et bien, observé à une distance raisonnable, ce point de bascule est plutôt drôle !

Share on Facebook

Le refuge

En foulant le sol de Puuhonua o Honaunau, en tournoyant entre ses hauts palmiers tout droit sortis d’une carte postale envoyée du paradis commun, en glissant les pieds dans le sable blanc et fin de sa plage, difficile d’imaginer que se jouaient là, au 17e siècle, des drames à répétition. Là, donc, un ancien refuge pour délinquants de l’époque ayant, volontairement ou pas, transgressé les lois sacrées locales ou « kapu ». Les tabous des anciennes lois hawaïennes.

Qu’un homme du peuple regarde ou touche un noble était par exemple interdit, a fortiori qu’il marche dans ses pas voire laisse malencontreusement traîner son ombre sur un sol sacré ; qu’un homme et une femme mangent ensemble n’était pas plus autorisé : et pas de chichi en ce temps-là, enfreindre ces tabous était passible de mort. Elle seule était en effet en mesure d’éviter la redoutable ire des dieux, se traduisant potentiellement par des éruptions volcaniques, des tsunamis, des tempêtes ou des séismes, le tout étant géologiquement fort probable dans cette zone tectoniquement active de cet océan Pacifique au nom bien trompeur (quand bien même Alfred Wegener n’allait naître que deux siècles plus tard)…

Le seul moyen de réchapper à la vindicte populaire – sans avoir tué de lion pour autant – était d’atteindre un de ces refuges sacrés, à temps, c’est-à-dire avant les chasseurs survoltés (alors même que l’électricité n’existait pas encore). A l’issue d’une période de durée variable de pénitence, le pécheur recevait, par l’entremise d’un kahuna (ou prêtre), le pardon des dieux qui renonçaient alors, merci à eux, à leur déchaînement destructeur et (sur)naturel digne des pires scénari de notre dérèglement climatique contemporain. Il pouvait alors rentrer chez lui, totalement blanchi, et reprendre une vie sociale normale, comme si de rien était…

Share on Facebook

Un jour sans fin

J’aime cette heure de la journée où les hommes, tous âges et tous genres – au sens large – confondus, mettent fin à leurs occupations et, tels des zombies contemplatifs reprogrammés, convergent prestement vers des aires dégagées ; s’y dégotent un petit coin de paradis, celui-là même où ils pourront se poser, puis, les yeux rivés au ciel, perdre paradoxalement toute notion du temps alors même qu’ils l’observent passer au fur et à mesure que s’éclipse l’étoile aux quatorze branches, destinée, chaque jour, à disparaître derrière l’horizon pour en illuminer d’autres. Alors, ils se relèvent, presque en chœur, se dispersent, nonchalamment, dans la pénombre devenant nuit, et s’oublient, les uns les autres. Jusqu’au lendemain, même heure environ, à quelques minutes près, où le même rituel magnétique se reproduit sans qu’ils s’en lassent…

Share on Facebook

Question de point de vueGénéralement, lorsque je décide de m’appuyer à une rambarde pour discuter nonchalamment avec des amis de la dernière carpe miroir pêchée, de la production de riz aux Philippines ou encore de la rencontre étonnamment bicolore des Rio Negro et Rio Solimões au Brésil, je veille à me poster face à la vue la plus ouverte sur le monde, pour que chacun puisse librement s’y ressourcer, s’y plonger et s’y évader entre chaque question. En aucun cas, un haut mur de briques rouges, quelle que soit mon attirance avérée pour ces parallélépipèdes rectangles ocres, ne fera l’affaire.

Share on Facebook

Les nuages

A l’heure où le soleil se couche, comme les étourneaux avec leurs étourdissantes et magiques murmurations vespérales, les nuages se rassemblent avant de s’effilocher en silence derrière les hauts plateaux tabulaires de cette île, injustement dite de la désolation, où l’on a parfois l’étrange et fascinante sensation d’être seul sur Terre.

Share on Facebook

Pardonnés 1

Parfois, comme aujourd’hui, ils nous gâchent le spectacle, alors même que nous sommes fin prêts, que nous avons appris par coeur la trajectoire de l’éclipse partiellement totale, tout retourné pour retrouver, in extremis, les lunettes opaques de celle de 1999 et que, pour couronner le tout, nous avons décidé de braver courageusement les mentions « usage unique » et « à ne pas utiliser après l’an 2000 » malicieusement apposées dessus. Et parfois, ce sont eux qui assurent un spectacle dont il est difficile de décrocher. Alors, sans racune les nuages, et à la prochaine !

Share on Facebook

Silicium Valley

Share on Facebook

Gardiens de nuit

Share on Facebook

Le crépuscule des épicuriens

Share on Facebook