Photo-graphies et un peu plus…

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… je ne lui avais pas attrapé le bras, que se serait-il passé ? Comment savoir quel aurait été le cours des choses si on n’était pas intervenu pour le réorienter ? Et pourquoi se poser des questions auxquelles il est impossible d’avoir de réponses ? Car si un fait n’a pas eu lieu, alors, tout simplement, il n’existe pas. Ce qui n’est pas tout à fait exact car notre intervention a justement été motivée par la potentielle conséquence de ce fait si on le laissait évoluer naturellement et donc, si on n’agissait pas. En d’autres termes, la situation a existé, de façon abstraite et purement intellectuelle, mais elle n’a pas eu lieu.

Maintenant, si j’adopte un raisonnement contrefactuel, souvent invoqué en mécanique quantique, alors, des événements qui auraient dû se produire mais qui ne se sont pas produits influent sur les résultats de l’expérience – l’une des sept merveilles du monde quantique selon le magazine New Scientist -. Evidemment, ce raisonnement ne s’applique pas réellement à l’échelle de notre petit quotidien, mais il n’en est pas à rejeter pour autant. Dans ce cas, quelle serait l’expérience ? D’étudier les réactions spontanées face à un danger imminent auquel est confronté un.e inconnu.e ? Ou les suites de cette réaction ?

Une femme allait traverser la route alors qu’une voiture arrivait à pleine vitesse, je lui ai attrapé le bras très calmement pour la stopper dans son mouvement, le temps qu’elle tourne la tête à droite et réalise qu’elle se mettait inutilement en grand danger. Elle s’est figée. Je me suis excusée – étrangement, cela a en effet été ma première réaction – de l’avoir agrippée ainsi même si ce n’est même pas ma tête qui lui a pris le bras, c’est ma main, c’est mon corps… Ils ont été plus rapides. Elle m’a répondu : « vous aviez raison, j’allais faire une bêtise. » Puis « Merci ! ». Nous avons continué nos routes. Cela a duré 2 secondes. Deux secondes, c’est rien. Un, deux. C’est fini. C’est fou tout ce qui se passe en deux secondes. C’est fou tout ce qui aurait pu se passer en deux secondes. C’est fou toutes les questions que l’on se pose après ces deux secondes. Si je n’avais pas tendu le bras, aurait-elle été renversée ? Si je n’avais pas été là, quelqu’un d’autre l’aurait-il fait ? Si je n’avais pas été là, aurait-elle cherché à traverser aussi imprudemment ?  Si je n’avais pas été là, aurait-elle été là, elle ?

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Oui

… oui, la ville a été reconstruite.

Hiroshima.

Je dis cela simplement, mais c’est sans doute la question que l’on m’a le plus posé suite à mon séjour en août dernier dans cette ville marquée par l’Histoire. Il m’est même arrivé d’y répondre avant que l’on ne me pose la question tant elle se lisait sur les visages. J’avoue avoir été stupéfaite que l’on puisse penser qu’une ville soit restée pétrifiée voire fossilisée dans son drame majuscule depuis 74 ans. Qu’il est étrange, ce rapport que nous entretenons avec cette mémoire collective lointaine dans l’espace et distante dans le temps… Comme si, vu d’ici, le temps s’était arrêté avec nos leçons d’histoire de la deuxième guerre mondiale apprises au collège. Comme si notre imaginaire d’alors ne pouvait dépasser les photographies d’archive que l’on nous avait montrées, de ville rasée, en flammes ; de corps en lambeaux, mutilés ; de néant insondable, insurmontable…

Je les aime, manifestement, ces villes meurtries et ravagées hier, ces villes données pour mortes et pourtant bel et bien vivantes aujourd’hui, ces cités d’illusions, complexes, insaisissables et magnétiques… Là, spontanément et sans, évidemment, être tentée par la comparaison, je repense à Detroit où je mettais les pieds il y a 5 ans, deux ou trois semaines après que la dernière banqueroute soit prononcée. Dans les deux cas, aller voir, aller au-delà des idées préconçues, capter l’étincelle ou la banalité derrière l’obscurité latente ou le passif extrême. La vie qui résiste. Bien plus que cela en fait. La vie.

******

Je retrace cette rencontre physique avec Hiroshima dans mon livret « Je n’ai rien vu à Hiroshima » dont je partage une version numérique dans la foulée de mes deux récentes expositions où certains ont eu l’occasion de le découvrir en papier et en colle. Ce livret est édité en 50 exemplaires (format A5, 60 pages, 12 euros). N’hésitez pas à me contacter si vous souhaitez l’avoir dans votre bibliothèque pour prolonger le plaisir que j’espère vous aurez en le découvrant ici…

 

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Je m’baladais sur la 7e avenue le cœur ouvert to the unknown
J’avais envie de dire hello à n’importe qui
N’importe qui et ce fut you, je t’ai dit n’importe what
Il suffisait de te regarder, pour bien se marrer
A New York City, à New York City
Au soleil, under the snow, à midi ou à midnight
Il y a tout ce que vous voulez à New York City
Des beaux pompiers, une grande échelle, des blousons noirs et des dollars
Et même une very surprising Minnie tout en rouge
Qui fait comme si, tout allait bien
Comme si tout ça, était normal
Car à New York City, la vie n’est pas comme ici !
Et je m’demande si, dans votre coin,
Vous vous êtes mis
A fredonner
Cette chanson de Joe Dassin délocalisée
Quoi qu’il en soit, j’espère que vous
N’m’en voudrez pas
Car elle va vous rester
En tête un bon p’tit moment !
A New York City, à New York City
Au soleil, under the snow, à midi ou à midnight
Il y a tout ce que vous voulez à New York City

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(Pas) vu, (pas) pris

Si je ne vais pas naturellement vers le face à face lorsque je suis à l’étranger (j’ai toujours tendance à me mettre dans la peau de l’autre : apprécierais-je, moi, qu’un inconnu se poste devant moi et me tire le portrait comme si j’étais une espèce en voie de disparition ? Pas du tout, alors pourquoi l’imposer aux autres ?), les locaux, les autochtones, les hôtes, les visités, n’en sont pas moins présents dans les images que j’emporte avec moi. Des tranches de vies. Parfois, certains s’imposent plus que d’autres, involontairement et sans que je ne m’en rende forcément compte sur le moment, car cachée derrière mon viseur et concentrée sur l’ensemble. Un peu comme une autruche

Ce qui ne me rend pas invisible pour autant. Et, subséquemment, fait donc de moi une entité visible. Par-delà, ce que je suis en train de faire. En l’occurrence, des photos de Kyotoïtes traversant un passage piétons abrités sous des parapluies. Je dois en effet confesser une tendresse particulière pour les parapluies ainsi que pour les passages piétons. Imaginez donc la combinaison des deux ! De fait, au même titre que j’observe ce groupe de personnes, rien n’empêche chacune de me regarder en retour. A fortiori, que nos regards se croisent. Même si c’est à retardement. De fait, ces rencontres inattendues, pensée finalement assez naïve, me donnent parfois l’impression d’être prise la main dans le pot de miel de châtaignier, impression proportionnelle au sentiment que j’arrive à déchiffrer sur le visage de ces regardés regardant. Dans le cas présent, le léger agacement qu’affiche la dame à droite est largement compensé par le sourire franc que m’offre celle au centre !

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En bandes

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En sécurité

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Se rencontrer

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