C’est souvent écrit en lettres capitales sur les murs carrelés encadrant les piscines. Parfois, il y a aussi « Ne pas sauter ! » Dans les deux cas, une frustration pour les enfants qui y vont pour s’amuser, ce qui inclut courir, sauter, crier, éclabousser, bousculer, plonger, chahuter et crier encore… Du coup, sur les bords des bassins, supposés glissants donc, ils deviennent des adeptes de la marche accélérée sous l’œil bienveillant du maître-nageur du moment. Nous sommes tous passés par là, en nous disant que ces sommations étaient bien superflues…
Parfois, toutefois, l’injonction « Ne pas courir ! » s’impose d’elle-même, qu’elle existe ou pas. Comme autour de cette célèbre piscine naturelle (construite par l’homme malgré tout) d’eau de mer malouine à ciel ouvert, sur les bords de laquelle une couche d’algues luisantes légèrement menaçante, est venue se déposer nonchalamment à la marée descendante… Le parallélépipède est bien rempli d’une eau salée, mécaniquement chauffée par le soleil printanier et d’un calme olympien. Seulement, impossible de l’approcher au risque de mettre le pied sur une véritable patinoire !
« Après les avoir tant attendus – le soleil et son corolaire, la chaleur -, et à peine une semaine après les avoir enfin eus, nous en sommes tous là ! A vouloir mettre les pieds dans l’eau pour faire un tant soi peu diminuer la température de notre corps absorbant… Peu importe le costume ou le tailleur, la chaleur bannit les réserves sociales ! Pour ceux qui n’ont pas la mer à portée de pieds, les villes regorgent de canaux, bassins et de fontaines publics, pris d’assaut dès les premières heures de la journée ! En dépit de toute règle élémentaire d’hygiène, on s’y jette, on s’y noie, on y boit la tasse, on s’y asperge dans une allégresse quasi juvénile, avant de s’allonger sur une serviette de plage comme si on y était… De doux moments de légèreté pour compenser la lourdeur atmosphérique ! »
Ceci est une expérience de vérification de la reproductibilité d’un phénomène singulier. Ce duo aura peut-être d’ailleurs un air de déjà-vu pour les plus attentifs. Et ils auront raison. Je l’ai publié le 26 juin dernier. Et la raison qui me pousse à le remettre au goût du jour est purement statistique. Toute personne créant un site ou diffusant des informations sur un réseau quelconque attend forcément une manifestation concrète de ses invisibles visiteurs. Jeter ses mots, ses vidéos, ses images ou toute autre chose en pâture dans cette jungle tentaculaire où l’on peut aisément se perdre si l’on ne s’y aventure pas avec un but précis, trouve, à mon sens, sa justification dans cet espoir, un peu fou et un brin mégalomaniaque, que quelqu’un les attrape au vol, s’y accroche et réagisse. Des commentaires dans le meilleur des cas, des petits pouces levés ou des « plus » actionnés parfois, rien souvent. Ce qui n’est pas totalement déstabilisant. Car le transmetteur a un mouchard. Des tableaux lui délivrant des quantités de chiffres qu’il ne comprend pas toujours. Et ce n’est pas grave non plus car celui qui l’intéresse est bien mis en avant : le nombre de visiteurs par période choisie. En l’occurrence, www.loucamino.com peut se féliciter d’un nombre croissant de visiteurs quotidiens. Un chiffre passé de 22 personnes en février dernier à 120 aujourd’hui (dont mon plus grand fan peut-être, le géantissime robot de Mountain View…). Donc merci à vous, chers zieuteurs, les vrais ! Lire ces statistiques revient cependant un peu à interpréter l’électrocardiogramme d’un patient au pouls souvent régulier, mais souffrant d’une légère arythmie, faisant ainsi apparaître, de temps à autres, des pics très élevés. Indépendamment du fait que cela biaise les statistiques, ces artefacts posent surtout des questions : pourquoi cette affluence en août où la Terre tourne plutôt au ralenti ? Et quel est ce duo qui a suscité une telle convergence des internautes vers lui ? 510 visiteurs en une seule journée (le record, à battre, de ce présent site). Je pense aux rares duos où le mot sexe est apparu, notamment à L’un des sens de la libellule où, au final, le mot n’est même pas utilisé. En fait, ce record a été atteint le 26 juin dernier, avec, vous vous en doutez probablement maintenant, le duo ressuscité ci-dessus (j’ai remis les mêmes mots clés aussi, une recherche sur la juxtaposition des deux mots en « f » ayant pu aussi, en pleine chaleur estivale, conduire à ce post…). Ce qui suscite une nouvelle interrogation. Pourquoi celui-ci plutôt qu’un autre ? D’où cette réédition, afin de vérifier si ce chiffre est vraiment lié à ce duo. Je serais d’ailleurs reconnaissante à ses adorateurs de m’expliquer en quoi elle se démarque tant des autres. Evidemment, si tel n’est pas le cas, cela fera naître une autre question : comment s’explique l’inexpliquable ?
A peine perceptible, dans cet entre-deux où les couleurs ont disparu, le spectre d’une jeunesse inconsciente, mais courageuse, se jetant dans le vide juste avant que la vague ne vienne se casser dans un fracas assourdissant sur la digue abrupte et menaçante. Et ainsi être certaine, à peu de choses près, d’avoir un minimum de fond sous les pieds lorsque ceux-ci, puis tout ce qui suit, viendront heurter l’eau. Le cœur tambourinant, silencieuse par la peur qui, malgré tout, est là, elle mesure à peine le risque qu’elle court en courant de la sorte… Derrière, dans l’ombre, hors champ, la jeunesse accompagnatrice vocifère, encourage, crie à la poule mouillée, quand, tétanisés, ceux qui l’ont déjà quittée depuis quelques années se demandent ce qui peut bien lui passer par la tête, tout en étant bien incapable de ne pas la regarder faire ces sauts de lange…
Une petite mise à jour de la rubrique « Photographie » et l’occasion d’une nouvelle visite ou d’une découverte…
Au programme, Montréal, quelques clichés suédois, l’exposition Viva Cités, des briques, des bulles, des feux d’artifice, des trains, des arbres, la mer, et tout et tout…
La mer vient de se retirer pour la deuxième et dernière fois de la journée. Le sable en est encore tout émoustillé. Quant aux promeneurs, ils n’ont pas voulu attendre plus longtemps pour y laisser leur empreinte. Des centaines de pas alignés, côte à côte, filant dans un sens, dans un autre, se croisant et se décroisant, presque à équidistance les uns des autres. Comme si un préposé aux pas était venu les apposer avec la régularité d’un métronome, comme des timbres sur une enveloppe… Donnant ainsi l’impression d’une marche commune et partagée, un poil fantomatique, laissant même imaginer des échanges chaleureux et enjoués. Illusion. Seules les traces des hommes se sont rencontrées sur cette immense salle des pas perdus à ciel ouvert. Curieux nom d’ailleurs que celui-ci… Légèrement bisémique. A la fois espace clos, transitoire, où l’on est tenté de faire les cent pas en attendant l’annonce d’une décision, d’une nouvelle importante ; mais aussi point de rendez-vous de ceux qui ne sont pas perdus, justement, puisqu’ils s’y retrouvent…
« Petite bourgade côtière classe et paisible. (…) En contrebas du phare, jolie plage avec des bancs de sable blanc. (…) C’est là que Mary Higgins-Clark situe son roman Souviens-toi. » Je l’ai lu, ne me souviens plus vraiment de l’intrigue, mais j’ai conservé intacte l’envie de venir voir à quoi ressemblait ce fameux bras de mer, et en lequel on pourrait presque voir un bras d’honneur fait à l’Amérique… Cape Cod donc. Présente, de façon très agitée dans nombre de films et romans noirs. Dernier en date, même si c’est une illusion, The Ghost Writer de Roman Polanski. Interdit de présence sur le territoire américain, le réalisateur a tourné son film, dont l’intrigue se déroulait originellement sur Cape Cod et l’île de Martha Vineyard, en Mer du nord, sur les côtes allemandes. Pour celui qui n’y est jamais allé autrement que par la fiction, la supercherie est parfaite.
Bref, égarement en vue. Retour aux premières lignes de ce texte. Une citation. Recopiée d’un guide, indispensable outil du touriste au temps compté. Leur existence est un vrai gain de temps. Le guide dit : « arrêtez vous à ce marché, achetez quelques copieux sandwichs et allez les manger sur la plage de Nauset à quelques kilomètres de là ! ». Et vous le faites ! Le guide vous liste les hôtels où dormir, les restaurants où manger, les sites les plus remarquables, les petits coins de paradis perdu… Parfois, allez, souvent, le guide a raison. Mais parfois, le guide est un peu léger. Sur Chatham donc. La petite bourgade perdue au niveau du coude de Cape Cod, côté océan Atlantique. A en croire le guide, plage jolie mais sans plus, la plus belle (d’Amérique du Nord presque) étant située plus au nord. La beauté est évidemment un concept très relatif. En l’occurrence, dans mon échelle de beauté, la plage de Chatham, sinueuse, balayée par le vent, est bien plus belle que sa voisine, longiligne. Combien de voyageurs suppriment le détour par Chatham – parce qu’il y en a un – pour cette mention peu enthousiaste de « jolie plage » ? Combien de sites écartés à suivre les critères de beauté et d’intérêt d’un(e) autre ? Ceci dit, le guide est futé (mais ce n’est pas lui) : il a compris qu’il fallait laisser croire au touriste qu’il avait lui-même trouvé quelque chose d’exceptionnel. Et puis, une ville trop encensée amène du monde. Un monde qui vient inévitablement rompre la tranquillité locale, et donc, contredire mes premières lignes. « Petite bourgade côtière classe et paisible. » Une chose est sûre, désormais, je me souviendrai de Chatham.
Le monde est fait d’interdictions. La vie est faite d’interdictions. Interdiction de tourner à gauche, interdiction de siffler à table, interdiction de fumer dans des lieux publics, interdiction de rêver tout haut, interdiction d’arroser son jardin, interdiction de parler la bouche pleine, interdiction de pêcher la nuit… Au quotidien, nous jonglons avec ces interdits, que nous ingérons puis intégrons, pour la plupart. Au bout de quelques années de pratique, il n’y a même plus d’autocensure. Ne pas faire ci ou ça, et s’offusquer de voir quelqu’un faire ci ou ça, est devenu naturel. Cette question de l’interdiction n’en est pas moins à géométrie variable selon l’endroit où elle est posée.
Exemple léger avec ces deux images prises sur deux plages distantes de très exactement 10 776 km. Pour une même typologie de lieu, on pourrait naïvement imaginer que les interdictions sont similaires. Il n’en est rien. Sur cette plage de station balnéaire touristique de Malte, le seul interdit concerne les femmes. « Sein nus interdit ». Fautes d’orthographe comprises. C’est écrit en six langues, maltais, italien, français, allemand, anglais et même russe (c’est l’occasion d’apprendre que « topless » est un mot quasi universel – petit doute sur le russe cependant…). Un choix vraisemblablement lié à l’origine géographique de la majorité des visiteurs de l’île. La présence récurrente de méduses, annoncée par le panneau du dessous, n’est sûrement pas la cause de cette interdiction. Les cnidaires se moquent bien des tissus ! C’est donc probablement culturel. A 10 776 km de là donc, sur une plage californienne d’une ville historiquement connue pour sa participation massive au mouvement hippie – Santa Cruz, à ne pas confondre avec Santa Claus -, il y a autant d’inscriptions que sur le panneau maltais, mais réunissant six interdictions différentes. C’est dire si les temps ont changé… Curieusement, le « No topless bathing » n’y figure pas. Et puis, ces sommations lapidaires ne sont pas traduites. Tout le monde sait parler anglais, c’est bien connu. Question d’image de soi probablement !
Cette nuit-là, il avait neigé. Cela arrive, en hiver. Même à Saint-Malo. Rarement, mais parfois quand même. Une fois dehors, une seule question se pose : la neige est-elle toujours posée sur le sable ? Cristaux d’eau contre cristaux de silice. Blanc contre ocre, sur fond bleu. J’anticipe une jolie rencontre visuelle. En fait, bien plus que cela. La neige a fondu au soleil, matinal. Mais, encore bas, il n’a pas réussi à venir à bout de celle qui s’est nichée dans l’ombre des hautes bâtisses du Sillon. Entre et sur les brises-lames de la cité corsaire, les vrais, les vieux, faits de chêne noueux. Ceux-là même qui tendent à disparaître aujourd’hui. L’image est étonnante. La neige, on la visualise plus facilement au sommet des montagnes. Quelques pieds plus bas, c’est autre chose. Une véritable expérience sensorielle… On ferme les yeux. Les vagues de la mer viennent claquer doucement sur la plage, les mouettes crient juste au dessus, et sous les pas, crisse la neige. Un trio de sonorités qui n’ont, a priori, que peu de chance de se rencontrer naturellement. Et pourtant…
Terrain de jeu photographique par excellence, la plage. La plage, un temps de pause comme de pose. Ses silhouettes inconnues, ses grains colorés, ses amoureux romantiques, ses cieux cyclothymiques, ses enfants chamailleurs, ses coquillages amassés, tout y est photogénie… Le temps semble filer différemment, sur une plage. Le pas y est plus lent, plus nonchalant. On laisse traîner les pieds dans le sable mouillé s’affaissant légèrement sous notre poids. Grand classique, on laisse traîner son regard vers l’horizon, en s’imaginant le franchir bientôt. On scrute le sol en espérant y trouver un bijou égaré. Ou un coquillage bigarré.
Enfin, un… Je connaissais le mythe du cimetière des éléphants, mais celui des coquillages ne m’était pas familier… Etrange rassemblement en effet que celui du premier plan. Ils sont là par milliers, en miettes pour certains, entiers pour d’autres, soigneusement épargnés par les marcheurs du dimanche quel que soit le jour en tout cas… La marée a-t-elle pu, à ce point, jouer un rôle de tamis ? Un père et ses deux enfants quelques pas devant. Chacun pris dans ses pensées. Un peu plus loin, un couple. Quelques secondes auparavant (j’étais là, je cherchais mon cadrage), ils se prenaient par la main, par l’épaule, par le bras, par… Quand le trio familial est entré dans le cadre, j’ai pensé que l’instant p approchait, qu’il ne fallait pas le manquer. Harmonie des couleurs, silhouettes isolées, perspective respectée. Le regard file naturellement vers cette petite masse noire, au fond à gauche, des enlacés. Trois groupes de personnes, trois émotions mais une sensation. Par ce temps-là, la plage est l’endroit idéal où faire échouer sa mélancolie.
Est-ce que la fin du monde ressemble à ça ? Si oui, force est de constater qu’elle revêt des atours terriblement attirants… D’aucuns crieront au trucage, à la colorisation maladroite. J’avoue un traitement croisé à l’origine (sur de la vraie pellicule) : des contrastes accentués, des couleurs plus fortes, mais pas de modifications de tonalités ! L’embrasement du ciel était bien réel sur cette plage mordorée puis rougie de la rive sud du Sri Lanka… Le sentiment de petitesse qu’il a fait naître encore plus. Des photos presque oubliées, stockées, comme beaucoup d’autres, dans une quelconque boîte à chaussures, ou peut-être de papier Ilford (le summum du luxe), exhumées et scannées à l’occasion d’un départ.
Quelques années ont passé. Et pendant cet intervalle, ce qui était un spectacle à la beauté à couper le souffle s’est mu en fureur océanique. Un tsunami. Le tsunami. Celui du 26 décembre 2004. Provoqué par le 4e plus fort séisme enregistré dans l’histoire de l’humanité et atteignant jusqu’à l’Afrique du Sud. Sortir ces images de leur cachette ne ravive alors pas seulement les souvenirs vécus, cela soulève aussi une foule de questions sur ce qui ne l’a pas été : cette plage-là a été touchée, c’est certain ; les palmiers joliment balayés par un vent bienveillant ici probablement arrachés… Mais que sont devenues les personnes rencontrées, celles-là dont la maison donnait directement sur la plage ? Ces interrogations sont désormais attachées à ces images comme une abeille sur du miel. Et l’impression initiale de fin du monde prend alors une toute autre tournure…
En pratique, toutes les photos figurant sur ce site sont en vente. N'hésitez pas à me contacter pour plus de renseignements !
Un tour du Soleil en duos : 6e année en cours
Pour (re)découvrir en un clin d’œil et sur une seule page les micro-histoires photographiques publiées en ces lieux virtuels :
- entre le 22/02/2010 et le 22/02/2011, voici Un tour du Soleil en duos…
Trois photo-graphismes extraits de Viva Cités ont la chance de donner une suite à leur aventure « martienne ». Ils seront en effet exposés du 28 septembre au 17 octobre lors de l’exposition collective ArtCité 2009, 8ème du nom. Thématique de l’année : Fragments Où ? 4 lieux phares de Fontenay-Sous-Bois, le hall et le parc de […]
En creusant ne serait-ce qu’un tout petit peu, nous devrions rapidement voir affleurer le reste du corps de ce cerf aux dimensions manifestement exceptionnelles statufié par le temps… 6 Share on Facebook
Ces derniers jours, j’ai fait un voyage un peu inhabituel en Tatatalité ! La Tatatalité est un drôle de pays que je connais plus par temps vacancier que scolaire. C’est nettement moins contraignant. J’ai de fait été confrontée à des situations totalement inédites, certainement très banales en réalité. Par exemple, ce matin, à 8h22 exactement, […]