Photo-graphies et un peu plus…

Quelle question ! Couloir, bien sûr ! Mais non, hublot of course ! Je ne comprends pas que l’on puisse demander le couloir, sauf à avoir le vertige – auquel cas, prendre malgré tout l’avion reste un acte de bravoure -, ou des impatiences – il est plus facile de se lever ou de gesticuler en étant côté couloir que côté hublot… Donc, évidemment, lorsque vous arrivez à l’enregistrement à l’aéroport, vous faites de grands sourires à la personne qui réceptionne vos billets, vous vous montrez sympathiques, en vous disant que cela vous permettra peut-être d’avoir le hublot. Car le hublot, c’est un peu comme les dés, parfois on a de la chance et on l’a, parfois, il est pour celui qui vous suit ! Bien sûr, arriver tôt augmente la probabilité de se voir proposer le hublot, et encore. De plus en plus en effet, on nous permet – parfois moyennant finance, tous les moyens sont bons pour augmenter la note pour compenser les coupes sur les prix des billets du fait de la concurrence – de choisir nos sièges à l’achat même du billet. Forcément, les dés sont pipés lorsque vous arrivez à l’enregistrement ! Bref, le hublot est une sorte de récompense à un jeu dont on ne connaît pas toutes les règles. Le hublot est très subjectif. Enfin, son attribution.

Mais partons du principe que vous avez réussi à décrocher le précieux sésame, sans arriver aux aurores pour autant ni choisir vos places au préalable. Votre carte d’embarquement en main, avec votre place côté hublot – le bon, car il y a toujours un côté où c’est moins beau -, vous pensez que tout est gagné, que vous allez pouvoir profiter du paysage, découvrir la Terre vue d’en haut (y a-t-il un copyright ?) pendant tout le trajet. C’est oublier qu’à côté de vous, il y a la place du milieu et qu’à cette place, il y a probablement une personne frustrée. Une personne qui, comme vous, désirait le hublot… La place du milieu, c’est la pire. Non seulement, vous ne voyez rien. Enfin, ce que vous voyez est directement lié aux gesticulations de celui qui est au hublot et qui se tortille de bonheur sur son siège. Et vous ne pouvez pas déplier vos jambes dans le couloir non plus, puisque vous n’y êtes pas ! Non, au milieu, vous devez vous battre pour avoir vos deux accoudoirs. Toutefois, arrive parfois le moment où le milieu réalise qu’il suffit d’une toute petite phrase pour gâcher le plaisir du hublot. « Pouvez-vous baisser le volet s’il vous plaît, la lumière du soleil me gêne ! » Et comme vous êtes poli, vous acceptez de baisser ce ?:;!rgkf de rideau en pestant intérieurement tandis que votre voisin, le milieu, peut finir son vol en paix…

Share on Facebook

Il paraît que c’est un truc de garçon, de vouloir aller jusqu’à la bouée, flottant à quelques encablures du rivage. Avez-vous déjà entendu une fille dire « On va jusqu’à la bouée ? » Non ! La fille, elle, elle s’étonne et demande : « Pourquoi faire ? » « Bah, pour voir, pour y aller, pour pouvoir revenir après y être allé ! » lui répond-on, comme si le but d’une excursion vers la bouée (ça pourrait être, « on fait du feu ? » ou « on monte sur le rocher là ? » aussi) allait de soi… L’objectif est donc d’atteindre un endroit faussement inaccessible et de transformer la traversée en odyssée : « T’as vu, je suis allé jusqu’à la bouée ! » « C’est super ! Et alors, c’était comment ? » « Bah, c’était une bouée ! Une bouée normale. » Hum…

Parfois, la bouée se transforme en rochers, et la mer qui la sépare de vous en rivière à l’eau glaciale venant se jeter dans l’océan. Pacifique. Et là, la théorie vacille… Car c’est vous, moi en l’occurrence, qui au loin, avez repéré ces grosses roches posées sur le sable et l’eau, et vous êtes mis en tête de les atteindre. d’aller les toucher… Vous avez bien vu le filet d’eau séparant la rive sur laquelle vous vous promenez de celle où se trouve votre but, pensant pouvoir le passer facilement, jusqu’à ce que vous n’arriviez au bord et réalisiez que, contrairement aux apparences, cette rivière a son petit rythme et sa profondeur. Cela va très vite dans votre petite tête, vous pensez à la bouée, au feu, au rocher, aux garçons, et à la fille que vous êtes – y a quelque chose qui cloche ? -, vous regardez le tronc en amont, opportunément couché en travers de la rivière, mais imposant ensuite un peu d’escalade pour rejoindre l’autre plage, vous touchez ensuite l’eau de la pointe du gros orteil droit – ouch, c’est froid, très froid -, manquez de vous raviser avant d’enlever vos chaussures, de remonter les jambes de votre pantalon et d’y aller ! Quand même, ce n’est pas de l’eau à 10°C et un petit courant qui vont vous arrêter ! Et non, effectivement… l’eau mouille et glace, le courant déstabilise, les galets massent mais l’ensemble n’arrête pas. Et maintenant, de l’autre côté, vous vous dites que puisque vous y êtes, autant aller au bout. Autant vous approcher. Pour voir… Et alors, vous vous dites finalement que ça a du sens d’aller à la bouée. Ceci dit, il y a quand même quelque chose : le garçon a préféré le chemin le plus long, grimper sur l’arbre coincé en travers de la rivière et faire un peu d’escalade…

Share on Facebook

Share on Facebook

Share on Facebook

– A quelle heure est le lever du jour demain ?

– 5h39 !

– C’est tôt… (La motivation prend un coup, mais le désir de le voir se lever sur l’océan l’emporte.) Bon, tu mets ton réveil ?

– Ok.

5h39, 5h39, 5h39, 5h39… je me répète cette heure comme une poésie au vers unique et m’endors… Pour me réveiller à 5h39. Normal vous dites-vous, le réveil a sonné tout simplement. Et bien non. J’ai ouvert les yeux naturellement, me suis redressée promptement sur mon lit comme si je devais prendre mon quart sur le pont dans 3 minutes et ai regardé l’heure. 5h39. Le réveil n’a pas encore sonné. Il ne le fera pas. C’est étonnant comme parfois, notre corps se transforme en horloge, comme il nous sort simplement des bras de Morphée quelques minutes avant l’heure alors qu’il nous sait effrayé à l’idée de ne pas entendre le réveil et ainsi de rater tel entretien, examen ou vol…

Dehors, c’est l’aurore. C’est calme. C’est frais. J’emporte ma veste, empoigne mon appareil et je sors. Car la contrainte est un peu photographique aussi. Une partie de moi se dit qu’il est facile de faire de belles photos lorsque l’on est dans un cadre naturellement splendide. Il suffit d’être là. Alors je m’impose un effort, comme pour mériter de pouvoir assister à ce spectacle magnifique. De cette heure où le soleil a rendez-vous avec la lune, l’un et l’autre séparé par un monde, que dis-je, une terre… Quand notre satellite tire sa révérence derrière l’horizon dans des couleurs pastels, l’astre brillant monte lentement, sortant les grands moyens, des rayons ardents mais pas encore suffisamment pour réellement chauffer cet espace refroidi par la nuit. Chaque minute qui passe met en lumière un nouvel élément du décor, comme s’il était soudainement l’élu des dieux. Ainsi en est-il de ce rocher, bien connu des mouettes locales qui, recroquevillées sur elles-mêmes, attendent cet instant où le soleil daignera leur accorder quelque attention, leur redonnant vie pour la journée par la même occasion. Sur la plage, le cœur est déjà chaud.

Share on Facebook

Vancouver me fait parfois penser à un enfant ou un animal (de compagnie) – non, je ne mets pas les deux au même niveau – qui ferait une bêtise digne de mériter une sévère punition, qui en serait conscient et qui, suffisamment intelligent, saurait aussi, d’une élégante pirouette – une moue adorable, une parole incongrue, un câlin irrésistible – renvoyer toute tentative d’autorité du dit adulte ou maître aux oubliettes.

Mais quelle bêtise a bien pu faire Vancouver ? La ville a volé la pluie des autres, convoqué un gigantesque pow-wow de nuages de tous horizons au dessus de sa tête, et leur a intimé l’ordre de se presser un peu. Alors que certains paradent sous 30°C depuis des mois pour le meilleur (le plein de vitamine D pour des années) et pour le pire (la sécheresse fatale aux agriculteurs) invoquant les faiseurs de pluie les plus reconnus, projetant d’utiliser quelques pétards pour donner une telle frousse aux cumulonimbus qu’ils en fassent pluie-pluie, nous devons supporter les abus de pouvoir de cette ville.

Elle sait que quiconque en foule le sol en tombe littéralement amoureux, que la pluie – un peu trop récurrente – fait douter ses habitants quant à leur capacité à la supporter à long terme, alors, quand, elle nous sert un crachin dès le petit déjeuner ou, des trombes d’eau au dessert agrémenté d’une sauce de grêle pendant deux bonnes heures, elle sait qu’il suffit de quelques rayons de soleil bien sentis pour réconcilier tout le monde et provoquer une amnésie générale.

Evidemment, le tort, en ces circonstances chaleureuses, serait de croire que la chose est acquise. Que c’en est fini de la pluie pour la journée. Et c’est d’ailleurs sur l’un de ces troncs bancs disséminés régulièrement sur les plages que j’ai écrit les mots qui précèdent. Et pourtant, après deux heures de répit, des gros nuages gris sont venus assombrir le ciel, et le doute s’est à nouveau emparé des esprits. Cela a commencé gentiment par de grosses gouttes de pluie entre lesquelles il était possible de passer, et puis, petit à petit, le rythme s’est accéléré, la taille des gouttes s’est réduite et la pluie a mouillé tous ceux qui étaient sortis pour profiter du soleil. Et à nouveau, Vancouver s’en sort à merveille : le spectacle de ces gouttes jouant au tam tam sur la surface de l’eau, de la montagne disparaissant dans le grain, de ces rayons de soleil réussissant à percer et de ces amateurs de paddle surpris par l’assaut aqueux est magnifique… Et la ville, en pleine forme, pousse même le vice jusqu’à tenter quelques notes d’humour : sur le chemin du séchoir, alors que je dégouline de partout, je tombe nez à nez sur une affiche de concert : des places à vendre pour Supertramp !! Et, pour parfaire le tableau, je n’ai plus de batterie et ne peux donc capturer ce qui aurait pu être l’image de fin. Et hop, une « petite » PPF… Allez, Vancouver est vraiment une ville très très agréable à vivre !

Share on Facebook

Sourire volontairement à un(e) inconnu(e) arrive parfois, en dehors de tout contexte de séduction. Je précise « volontairement » car parfois, perdus dans nos pensées, nous nous mettons à sourire sans nous en rendre compte, ce qui peut être source de malentendu pour toute personne croisée à ce moment précis. Cette dernière peut en effet prendre la marque de sympathie pour elle, et, selon son humeur, y répondre de la même manière en pensant – « ils sont sympas dans cette ville ! » – ou l’ignorer en se disant – « mais pourquoi est-ce qu’il me sourit ? c’est à moi qu’il sourit ? j’ai un bout de salade coincé entre les dents ? ». Dans ce cas, il s’agit d’un sourire involontaire dont le porteur est bien incapable de mesurer les conséquences.

Revenons au sourire volontaire que l’on peut interpréter comme un témoignage de soudaine et éphémère complicité. Les circonstances dans lesquels il peut survenir sont très particulières. Par exemple, lorsque deux personnes, chacune de leur côté, viennent d’assister à un spectacle naturel à couper le souffle – au hasard, un intense arc-en-ciel sur une ville éclairée par la lumière dorée rasante d’un soleil faisant sa révérence, le tout sur un fond d’atmosphère électrique, alors que, de l’autre côté, un grain saisit l’horizon lumineux -, et que, une fois le rideau baissé, repues de bonheur et de satisfaction, elles reprennent leur route, redescendant progressivement sur Terre, et se croisent. A cet instant précis, les yeux encore pétillants et le cœur tambourinant, elles sont incapables de ne pas s’échanger d’abord un regard, puis un sourire. Ce sourire béat de celui qui a conscience de sa chance et qui murmure : « C’était magique, n’est-ce-pas ? » « Oui ! » répond l’autre dans sa tête comme si l’une pouvait entendre… Comme le miel sur les doigts, ce sourire reste accroché au visage pendant plusieurs minutes encore, alors que vous êtes déjà loin de la scène. Et c’est alors que vous remarquez qu’une personne arrivant en face de vous, vous regarde étrangement. En fait, elle vous sourit… Mais pourquoi donc ?

Share on Facebook

Share on Facebook

Il est des questions que l’on se pose chaque jour – hum, quelle cravate pourrait bien aller avec cette chemise ? (même si, soit dit en passant, ni l’une ni l’autre n’est nouvelle) – et d’autres que l’on ne se pose jamais (et qui, par principe, n’ont pas de réponse au moment où on se la pose). Si je donnais un exemple, je me contredirais puisque j’évoque cette famille de questions que l’on ne se pose jamais… Et le mot s’arrêterait là. Trop facile. Donc, un exemple. Prenons ce beau poisson aux reflets argentés. Raide mort sur une couche de glace que l’on devine épaisse, qui a aussi capturé quelques bulles  alors même qu’elles tentaient désespérément de remonter à la surface. De l’air ! Il y a même un sac en papier ! La glace est impitoyable. On ne le voit pas ici, mais il faut me faire confiance : cette portion de glace fait partie du lac Michigan. Il est là, tout autour, partiellement gelé.

Et sur les bords du lac, près de la marina, quelques poissons, surgelés, jonchent mystérieusement le sol. Comme surpris par la glace alors qu’ils faisaient un triple salto arrière. Le temps d’imiter leur ami Flipper (ils ont vu la série dans le bocal), la surface de l’eau gelait et les voilà qui tombaient à pic (à glace, ah ah ah) sur une masse fraîchement solidifiée, incapables alors de regagner les eaux encore liquides du lac. Congélation lente et sans douleur (poisson assommé au moment de sa chute) pour ces vertébrés aquatiques dont ne veulent même pas les mouettes. Elles savent bien qu’il ne faut pas consommer de produits  déjà congelés… D’où la question que l’on ne se pose jamais : comment font les poissons pour (sur)vivre sous une épaisse couche de glace, sans eau (en tout cas, moins), sans chauffage (aucun échange avec l’extérieur), sans électricité (le soleil ne peut plus passer à travers) et forcément moins de vivres ? Car c’est sûr, ils peuplent toujours le fond des lacs figés puisque certains les pêchent… Alors ? Des idées ?

Share on Facebook

Share on Facebook