Photo-graphies et un peu plus…

L'ouverture de tropCela aurait pu être la balance des blancs – car c’est souvent elle qui génère mes ires photographiques matinales en donnant une teinte exagérément bleutée à mes premières images du jour après une sortie nocturne virant au jaune, compensé à base de degrés kelvin, et à l’issue de laquelle j’ai oublié de rétablir les réglages neutres de ma boite à images numériques -, mais, cette fois-ci, c’est bel et bien d’ouverture dont il s’agit !

Je viens tout juste de photographier le couloir assez sombre d’un restaurant abandonné s’avançant sur l’eau dans lequel erre un gardien du cru quand ces jeunes ont déboulé. J’ai filé, concentrée sur leurs dos destinés à intégrer ma série en cours à en oublier que j’avais ouvert mon diaphragme de plusieurs stops pour capter les plantes survivantes restées dans l’obscurité dudit couloir. Et a fortiori, que ces caractéristiques techniques n’avaient plus lieu d’être dans des conditions de lumière normales. Il m’est plusieurs fois arrivé d’aborder le sujet ambigu de la photo « ratée » dans ces pages. Ambigu car tout étant subjectif, le  « raté » en devient relatif lui aussi. Cette image-là est ratée dans le sens où cette surexposition absorbeuse de détails et d’informations n’était pas volontaire, mais le fruit d’une faute d’inattention, bref, de ma précipitation. Et pourtant, cette image ratée me plaît comme ça, partielle, incroyablement blanche comme la peinture des maisons alentour, comme cette page sur laquelle tout reste à écrire, comme cette jeunesse joyeuse qui a l’avenir devant elle, et avec lui, beaucoup de responsabilités…

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Une ou deux bosses

Certaines questions se posent plus facilement selon que l’on se trouve dans telle ou telle zone géographique. Les Belges ont-ils réellement inventé les frites devant une assiette de moules à Bruxelles, les Italiens parlent-ils tous avec leurs mains alors que l’on s’égare à Florence, le tourbillon d’eau qui s’écoule d’un lavabo tourne-t-il dans l’autre sens en Australie par rapport à l’hémisphère nord tandis que l’on observe un kangourou faire des bonds, le Made in Taiwan a-t-il encore du sens quand on se désaltère avec un bubble tea à Taipei, les chameaux ont-ils une ou deux bosse(s) alors que l’on chemine en Afrique du Nord ?

Cette dernière interrogation fait écho au duo stalactite / stalagmite à propos duquel on finit toujours, surtout au fin fond d’une grotte, par se demander laquelle des deux part du sol ou du plafond. Fort heureusement, nos ancêtres les Gaulois ont trouvé un moyen mnémotechnique quasi universel pour s’en souvenir – j’écris quasi car je n’ai pas interrogé tout le monde, ce serait trop long et surtout inutile – : les stalagMites Montent et les stalacTites Tombent… Rien de plus facile !

Je croyais qu’une maxime équivalente existait pour les chameaux et les dromadaires, mais un rapide sondage de proximité m’a fait comprendre que cela n’était pas le cas, et que c’était même mieux puisque chacun avait mis au point sa propre stratégie ! Certains apprennent, tout simplement. Ceux-là existeront toujours, même si ce ne sont pas vraiment les plus drôles d’entre nous. D’autres se font un dialogue en totale autonomie : « Qu’est-ce qu’un chalumeau ? » « C’est un dromaludaire à deux bosses ! ». Jeu de question réponse qui permet à celle ou celui qui se la pose de se rappeler que le dromaludaire n’a qu’une bosse. (Entre nous, je cherche toujours le lien…) Il y a aussi ceux qui ont mémorisé que c’était l’inverse de l’ordre alphabétique : le plus près de A – le chameau – a donc 2 bosses (savoir réciter son alphabet sans erreur est un plus). Quant à moi, je me rappelle juste que « dromadaire » commence par un D comme Deux, mais que ce n’est pas un indice mais un piège… A fortiori, le dromadaire n’a qu’une bosse ! Logique non ?

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La bonne excuse

Malheureusement, et même si je m’améliore, je fais partie de ce groupe de personnes plus souvent en retard aux rendez-vous qu’on lui a donnés – voire à ceux que j’ai moi-même fixés – qu’à l’heure. Bien sûr, je suis ponctuelle dès lors qu’il s’agit d’un rendez-vous professionnel ou d’une séance de cinéma. Les retards, je les réserve aux personnes qui me sont proches. Ce qui, au même titre que la dualité onde-corpuscule en mécanique quantique, est à la fois logique et illogique, même si compréhensible. Le retardataire – jamais plus d’un quart d’heure me concernant, certains en parlent même comme du quart d’heure de politesse, ce qui me pousse à m’interroger sur l’intérêt de mon aveu liminaire – compte en effet inconsciemment sur la tolérance des seconds à l’égard de son forfait, ce qui ne signifie pas qu’elle les respecte moins que les premiers. Cela se joue à un autre niveau et ce n’est pas l’objet de ce duo. En revanche, tolérance ou pas, le retardataire de mauvaise foi cherchera toujours à se justifier et il trouvera toujours quelqu’un d’autre à incriminer. Car, par principe, le retardataire de mauvaise foi n’admettra pas qu’il est parti trop tard de chez lui, et, en tout cas, qu’il est le seul responsable de son décalage horaire. Il est plutôt drôle en fait car personne n’est dupe.

Ceci étant dit, les retardataires le sont parfois par erreur ou malgré eux. J’entends par là qu’ils mettent toutes les chances de leur côté pour partir à l’heure, ce qu’ils font en effet, mais, sur le chemin, ils tombent sur un hic qui contrecarre leurs bonnes intentions. Comme une photo par exemple. Il m’arrive régulièrement de tomber sur des photos lors de mes déplacements. Je ne croise pas littéralement le chemin de bouts de papier avec des images. A ce stade, elles n’existent même pas. Je ne fais que les visualiser, les imaginer et me projeter suffisamment sur ce qu’elles pourraient être pour décider de m’arrêter quelques instants et de les attendre malgré la forte contrainte temporelle. Comme ici, au pays du soleil levant, dans cet axe du soleil couchant, à coup sûr, quelqu’un allait passer et singulièrement donner vie à ce pan de mur banal. Oui, mais quand ? Cela, j’avais déjà oublié que c’était important…

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Introspection inopinée

La lumière était blanche, et même éclatante. Il y avait un escalier au milieu de mon champ visuel, un très long escalier étroit s’enfonçant à l’infini que je découvrais depuis la plus haute marche. Au bout de quelques secondes, mes yeux s’étaient acclimatés à cette vive luminosité et j’avais fini par voir une silhouette monter tranquillement les marches. Elle était si petite que j’ai cru qu’elle n’arriverait jamais au sommet. Et plus elle montait, plus j’avais l’impression qu’il s’agissait là de mon double. J’aurais même presque pu penser que c’était moi, ce que je n’ai pas tout de suite admis puisque j’étais déjà ailleurs. A observer toute la scène. L’intuition n’était pas mauvaise pourtant…

Sans m’être jamais vue de l’extérieur, a fortiori monter un escalier, je reconnaissais cette silhouette. Au pire, ce visage. C’était bien le mien. C’était donc bien moi qui revenais des profondeurs. J’étais d’un calme olympien. Il ne me restait plus qu’une poignée de marches à franchir pour atteindre le sommet quand j’ai amorcé une sorte de travelling arrière. Je suis à nouveau redevenue petite et là, alors même que j’étais sur la toute première marche de l’escalier, j’ai vu mon oeil droit apparaître. Je venais en fait d’arriver au bord de ma propre pupille…

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Les risques du métier

Applaudir, comme cela s’entend parfois quand l’avion dans lequel on se trouve pose les roues sur le tarmac après quelques heures à filer à haute altitude sans filet laisse planer un doute quant aux sombres pensées qui ont traversé les esprits des plus enthousiastes alors même que le vol s’est déroulé sans encombre… Car enfin, applaudit-on un chef qui ne nous cuisine pas un plat cramé, applaudit-on un commerçant qui ne se trompe pas en nous rendant la monnaie, applaudit-on un chauffeur de bus qui ne nous emmène pas à un autre terminus ? Non ! Alors, pourquoi applaudir un pilote d’avion qui ne fait « que » son métier – métier à très haute responsabilité j’entends bien et que je ne minimise évidemment pas ?

N’est-ce pas vexant voire insultant pour ses 12 000 heures de vol ? Car ces applaudissements-là n’ont rien à voir avec ceux que d’autres émettent à l’issue d’un film alors qu’aucun de ses créateurs n’est là pour les recevoir ; ils n’ont rien à voir non plus avec ceux que l’on offre à des artistes en fin de concert quand bien même ceux-ci sont bien présents, ni avec ceux émis pour encourager des sportifs ou encore pour saluer le passage d’une personne admirée… Les applaudissements d’atterrissage sont uniques en leur genre : ils semblent conjurer une peur inconsciente de la catastrophe ou de l’incompétence – ce qui, dans ce contexte, revient presque au même – et ainsi être le fruit spontané et donc un brin mécanique d’un profond soulagement…

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Rouler, traverser la campagne tunisienne en voiture, admirer le paysage fleuri, vert et printanier, se dire que ce pays est beau, et tout d’un coup, retomber sur ces deux yeux noirs encadrés de terre qui me regardent passer et se dire qu’ils l’ont déjà fait, dans le passé, 547 jours auparavant pour être précise. Je n’aurais jamais oublié ce regard. Exiger de s’arrêter pour en avoir le coeur net, s’extraire de la caisse métallique, faire 56 pas en arrière, 57 en fait, prendre une photo, recourir vers la voiture et se dire qu’on cherchera la première en arrivant… La retrouver. Louer sa mémoire. Automne Printemps. La vie défile…

547 jours

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Le club

Ne trouvez-vous pas étonnant que l’on puisse être réveillé par un tout petit bruit ridicule s’excusant presque d’exister et que l’on soit capable, à l’opposé, de s’endormir dans une boîte de nuit où le volume sonore atteint les 110 dB et les murs vibrent à l’unisson tout en étant la même personne ?

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La face cachée de la Luna

Je m’imagine parfaitement me dire, au moment où j’ai pris cette photo : « je suis sûre que dans 4 ans, quand tu prendras enfin le temps de regarder ces photos, tu auras totalement oublié comment tu as réussi à capturer cette insaisissable et énigmatique face cachée de la Lune colonisée par une nature gourmande et envahissante mais ce n’est pas grave, je ne veux pas passer à côté. Tu réfléchiras et avec un peu de chance, ça reviendra. » Mon moi d’il y a 4 ans avait manifestement raison. Reste à savoir sur quoi. Sur le fait d’anticiper l’oubli, ou, au contraire, de me souvenir ?

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Le souffle court

En effet, il s’agit d’un terrain de basket doublé d’un terrain de hand ball, sur lequel on joue certainement au foot également même si la discipline a son propre stade de taille réglementaire un peu plus haut dans le village. Bref, c’est un banal terrain de sport comme il en existe des dizaines de milliers, sûrement même des centaines de milliers dans le monde (statistique totalement inventée mais revue à la hausse en découvrant que la France à elle seule comptait déjà 18 000 clubs de foot…). Sauf que, si le terrain est effectivement classique, le site où il a été construit l’est nettement moins.

Socaire, petit hameau dont le dernier recensement datant de 2002 relevait la présence de 843 âmes, en plein coeur du désert d’Atacama, plus connue pour son église et sa porte en bois de cactus que pour son terrain de sport, est surtout située à 3 500 mètres d’altitude. « ¡3.500 metros sobre el nivel del mar! » s’exclamerait l’alter ego chilien de Doc en s’arrachant les cheveux ! Et oui ! Certes, il y a plus haut (mais pas de beaucoup puisque le stade olympique Hernando Siles à La Paz, la porte à côté, n’est qu’à 137 mètres de haut en plus) et certes bis, on s’acclimate, mais imaginer des gens courir dans tous les sens après un ballon alors que la teneur en oxygène de l’air diminue et que, par réaction, le rythme cardiaque s’emballe, me coupe le souffle par avance ! Bon, évidemment, je n’ai vu personne s’y aventurer et peut-être le terrain n’a-t-il jamais vraiment servi mais son existence (et la blancheur des buts et paniers) suffit à me faire penser que ce n’est simplement pas la bonne heure…

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L'égalité homme femme en rando

… on en parle ? Quand ils n’ont qu’à prêter attention au sens du vent, nous autres, partons en quête d’un endroit qui soit non seulement à l’abri des regards – ce qui peut nous conduire bien loin de notre point de départ (ne jamais oublier de semer des petits morceaux de pain sur le chemin !) – mais aussi dont le sol ne soit pas jonché d’herbes trop hautes et urticantes ni habitées par toutes sortes d’insectes évidemment sautillants et extrêmement dangereux… Vous rigolez mais un jour au Sri Lanka, une camarade de voyage a découvert une sangsue dans ses dessous ! Autant vous dire qu’elle était sang dessus dessous et que la gent féminine a préféré croiser les jambes, ce qui a nettement compliqué la fin de la rando il faut l’admettre. A posteriori, je trouve quand même étonnant (d’avoir pris cette photo, oui, certes, mais pas que…) que ces trois-là reproduisent la proximité des urinoirs collectifs pour se soulager alors qu’ils ont tout l’univers devant eux. On se croirait presque à la plage !

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