Photo-graphies et un peu plus…

La face cachée de la Luna

Je m’imagine parfaitement me dire, au moment où j’ai pris cette photo : « je suis sûre que dans 4 ans, quand tu prendras enfin le temps de regarder ces photos, tu auras totalement oublié comment tu as réussi à capturer cette insaisissable et énigmatique face cachée de la Lune colonisée par une nature gourmande et envahissante mais ce n’est pas grave, je ne veux pas passer à côté. Tu réfléchiras et avec un peu de chance, ça reviendra. » Mon moi d’il y a 4 ans avait manifestement raison. Reste à savoir sur quoi. Sur le fait d’anticiper l’oubli, ou, au contraire, de me souvenir ?

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L'infaillible stratégie

Vous est-il déjà arrivé d’oublier que vous aviez tel livre ou tel DVD (oui, je suis has been… même cette expression est has been d’ailleurs) ou telle perceuse ou tel appareil à raclette (combien d’entre vous ont salivé en s’imaginant en manger une prochainement ?) ou telle valise (je suis plutôt sac à dos) à rapporter à Bidule que vous voyez justement ce soir alors que vous y avez pensé pendant toute la journée (un peu comme les anniversaires que vous zappez le jour J quand bien même ils ont occupé votre esprit la veille) ? Cela m’arrivait tout le temps jusqu’à ce que je n’instaure une règle anti-oubli quasi infaillible : mettre ledit objet en plein milieu du couloir, de la pièce, du sas, de l’entrée, enfin, de ce point particulier où, dans des conditions normales de vie, tous les pas convergent inévitablement avant de pouvoir s’extraire de chez soi. Evidemment, quand j’ai échafaudé ce plan machiavélique contre l’oubli, j’ai totalement oublié que je pouvais également oublier que j’avais mis tel objet à cet endroit précis (très gênant en général) pour ne pas oublier que je ne devais pas oublier de l’emporter. Agacée par ce qui pourrait s’apparenter à un capharnaüm embryonnaire, il m’est en effet plusieurs fois arrivé de le récupérer pour le ranger. Et donc de l’oublier…

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Fichier introuvable 2

Comment ça, « zéro élément » ? Il n’est pas censé y avoir « zéro élément » dans ce dossier ! Dans ce dossier, je devrais trouver au moins 150 éléments. Où sont-ils ? Recherche. Rien. Recherche. Rien à nouveau. Recherche de plus en plus agitée. Rien, toujours. Je retourne encore tout dans tous les sens. Rien, définitivement. Le dossier est vide. 150 photos fraîchement prises, envolées. Comme ça. Enfin, comme ça, je ne sais pas comment justement. Il est 23h37, c’est le retour de la PPF puissance 1000. J’essaye de réfléchir efficacement, de comprendre ce qui a pu se passer, de trouver une solution avant que les images perdues, ces petits cailloux semés sur mon chemin, ne me reviennent de façon intempestive à l’esprit, car à partir de ce moment-là, je ne verrai plus qu’elles, je ne verrai plus que ces images que j’ai faites, que j’ai gardées, que j’ai aimées et qui se sont évanouies.

Forums. Récupération de fichiers supprimés. Panique. Oh, les photos d’ombre… Ne plus toucher à rien. Trop tard. J’ai refait des photos depuis. Zut, et il y avait celles des enfants aussi ! Logiciels, opérations, test… Et le pont bon sang !! Le pont, le soleil, les silhouettes ! Attention, pas de miracle. Elles sont toutes là, à me narguer, juste derrière mes yeux, elles défilent numéro par numéro. N’existe-t-il pas une machine, parmi toutes celles créées de nos jours, qui soit capable d’aller les chercher dans mon hippocampe – elles datent d’à peine trois jours, je suis sûre qu’elles y sont encore ! – et de les reconstituer dans le monde réel ? Mais que fait la science !?

Je commence à comprendre ce qui s’est passé, et aussi que j’en suis l’unique responsable. J’aurais préféré une erreur technique plutôt qu’une erreur humaine… C’est d’un banal ! Je sais maintenant que je ne reverrai plus ces photos, je relativise : elles n’ont pas été prises à l’autre bout du monde, je les referai ! Mais une petite voix de mauvaise foi me lance : oui, mais ce ne sera pas la même lumière, les mêmes couleurs, les mêmes mouvements, la même heure, les mêmes rires, les mêmes âges, les mêmes… Et pourquoi la prochaine fois serait-elle moins bien au juste ? Malgré cet élan d’optimisme, je n’arrête pas de me repasser le film probable des événements : après avoir introduit la carte mémoire dans l’ordinateur et avoir fait, contrairement à d’habitude, le tri directement sur la carte, j’ai omis, pour une raison qui m’échappe, de copier les images sur le disque dur. Et j’ai effacé le contenu de la carte… Et j’ai réécrit dessus…

Je me pose alors une question très étrange dont l’origine me semble cinématographique (enfin, j’espère) : « quelqu’un » a-t-il vu ce que je faisais au moment où je le faisais, à ce moment crucial où j’ai confirmé la suppression des fichiers, et puis, deux jours plus tard, quand j’ai refait des photos, réduisant à néant toute possibilité de récupération ? « Quelqu’un » ou « quelque chose » a-il vu ça en se disant : « Oups ! Tu vas être triste quand tu vas en prendre conscience ? » Et aucun livre n’est tombé de ma bibliothèque (et j’attends les suggestions quant au film auquel je fais écho…) pour me faire comprendre qu’il y avait danger… Remarquez, dans ledit film, ça n’a pas suffi. J’ai donc continué sur ma lancée moi aussi, et voilà.

Maintenant que je sais leur sort scellé, je repense à ces images différemment. Plus intensément je dirais. Non pas de façon mélancolique mais en veillant à en redessiner le maximum de détails pour les ancrer dans ma mémoire à long terme et pouvoir les allumer, à tout moment, dans la nuit à laquelle l’oubli les destine.

Zéro élément

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Litanie… Je suis arrivée sur cette feuille avec ce mot à l’esprit. Aucune association d’idée envisageable… « énumération monotone, souvent de griefs, de plaintes. » Tout à l’heure, il y avait primesautier. Qui signifie : « qui agit de son premier mouvement, sans réflexion préalable ». Synonyme : spontané. Et puis, tout de suite, il y a « pantomime ». Soit « un mime » ou « un art d’exprimer des sentiments, des idées par des attitudes, des gestes sans parole ». En fait, je cherchais « palinodie », employé dans le sens d’une rétractation, d’un changement d’opinion. Que de mots inusités ! Jouer avec les mots, leurs sens, leur consonance, leur histoire ou celle à laquelle ils font penser… Maîtriser le maniement des lettres comme d’autres les épées…

Fascination réelle pour ces assemblages de lettres alors que j’ai parfois l’impression de tourner en rond avec un vocabulaire inscrit dans le marbre… Quelle serait-elle, cette fascination, si les pages du dictionnaire n’avaient plus de secret pour moi ? Une condition demeure. Rien ne sert de connaître les mots, encore faut-il les utiliser. Et donc avoir l’occasion de ne pas les oublier. Mais le temps est-il le seul moteur de l’oubli ? Un moteur tourne, ce qui signifie que ce qui est oublié finit toujours par revenir à l’esprit. Tout est une question d’exercice. Des stimuli ! Circulation sanguine. J’ai pensé « apoxie ». Pourquoi ? Ce mot n’existe pas. En revanche, il y a « apoplexie ». Curieusement – ou pas – c’est « une perte brutale de la connaissance et de la mobilité volontaire, due le plus souvent à une hémorragie cérébrale. » Etrange. Je terminerai sur ces mots « être ange », pour mieux partir aux royaumes des rêves. Sphère tout aussi mystérieuse…

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