Photo-graphies et un peu plus…

Zikéchairdepoule

Les mécanismes « réflexe » de notre corps ont toujours quelque chose d’un peu bouleversant car, d’une certaine manière, ils outrepassent notre conscience. Même si, a posteriori, on peut comprendre les raisons pour lesquelles ils se sont déclenchés, à l’instant t, ils demeurent inattendus. Ainsi en est-il de la très classe « chair de poule », réaction – réflexe donc – du corps face à certains stimuli, classiquement le froid – comme ici -, ou une émotion forte – la peur, le plaisir, la jouissance… Face à de telles situations, une batterie de muscles horripilateurs reliant poils et peau se contractent, entraînant, dans la foulée, trois réactions en chaîne : des micro-bosses à la surface de la peau, des poils dressés et une fine couche d’air isolante destinée, originellement, à réguler la température de notre corps très attaché à ses 37°C (quelle sophistication au passage !). Il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’avoir froid pour avoir la chair de poule, une émotion forte ressentie alors que la température extérieure est de 39°C pouvant également déclencher un épisode de piloérection. La faute à notre cerveau et à notre hypothalamus, stimulés de façon similaire dans les deux cas !

Oh, le long et strident crissement de craie sur un tableau en ardoise ! Le simple fait d’y penser – quelle complexité à nouveau ! – provoque une décharge rayonnant le long de ma colonne vertébrale jusqu’à titiller les muscles horripilateurs de mes bras (j’adore découvrir de nouveaux mots impossibles à placer dans une conversation !). Une émotion forte ? J’en doute ! Même écho cutané face aux émotions collectives : quand, tout d’un coup, de parfaits inconnus partageant un même événement se retrouvent dans un geste unique, qui en devient extrêmement puissant. Là, c’est une émotion forte positive. Voire euphorique.

Cela peut se produire à l’occasion d’un concert par exemple, quand le public se met à chanter en chœur, ou quand arrive enfin le tour de notre chanson préférée et qu’on la reconnaît dès les premières mesures. Se produit alors le même phénomène qu’avec la craie crissant lentement sur le tableau noir (oui, je le fais exprès : craie, craie, craie !) : l’émotion – ici, de plaisir – est anticipée. Et rebelote pour nos muscles horripilateurs, décidément très sollicités ce soir. C’est là le fruit d’une délicate et subtile mécanique interne mise au jour par une équipe de chercheurs canadiens et convoquant, pêle-mêle, décharge de dopamine – un neurotransmetteur impliqué, entre autres, dans l’humeur et jouant un rôle central dans la dépendance (à la drogue oui, mais aussi au chocolat) et le renforcement positif (schématiquement : reproduire ce qui nous fait plaisir) -, circuit de la récompense  (désir – action – satisfaction) et neurones du striatum (en mode reconnaissance).

Pour aboutir à cette conclusion – l’anticipation d’un intense plaisir produit par la musique déclenche une décharge de dopamine, laquelle est elle-même liée à la dépendance donc, ce qui expliquerait peut-être pourquoi nous sommes capables d’écouter des heures, et des jours, et des semaines, la même musique sans nous lasser pour autant -, les chercheurs ont fait écouter à leurs cobayes PETscannés et IRMf-isés des titres qu’ils avaient eux-mêmes choisis pour leur donner la chair de poule. J’ai testé pour vous (j’espère que vous louerez mon degré d’investissement pour ce duo) et ai donc écouté tous les morceaux proposés dont je connaissais la plupart. Malheureusement, pas de sursaut émotionnel pileux… Et voilà qu’hier matin, j’ai écouté ça

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Souffle au coeur

Rien de plus banal, en apparence, que des ballons de baudruche… Quel drôle de nom d’ailleurs, quand on y pense, non ? A voix haute, c’est même pire : « bal-lon de bau-dru-che »… A en douter de l’exactitude de l’expression ! La baudruche étant originellement une membrane fine du gros intestin de boeuf ou de mouton, on comprend mieux son extension au ballon en caoutchouc. Mot à la musicalité singulière sur lequel je pourrais également m’étendre, à défaut de me détendre.

Revenons à nos moutons… Un ballon de baudruche donc. La banalité très finement incarnée soit. Belle et festive qui plus est. Ce qui n’est déjà plus si banal. En réalité, contrairement aux apparences donc, un ballon de baudruche, c’est extrêmement sérieux. J’en veux pour preuve la récente étude que leur ont consacré deux chercheurs du CNRS (si, si), qui se sont plus particulièrement penchés – mais de loin tout de même – sur leurs mécanismes d’explosion : il n’y en aurait d’ailleurs que deux, mais je vous laisse lire l’article pour que vous les découvriez par vous même. J’imagine parfaitement les journées d’expérience de ces deux-là : d’abord se faire livrer des centaines de ballons de baudruche, puis les gonfler (on espère, avec une mini-pompe), puis les faire éclater les uns après les autres soit en ne s’arrêtant pas de les gonfler soit en plantant une aiguille à leur surface. Le tout, bien sûr, devant des dizaines d’enfants retranchés dans une salle dotée d’une vitre teintée pensant, à tort, que tous ces ballons leur sont destinés. Ces derniers sont bien évidemment filmés pour les besoins d’une expérience sociologique portant sur l’attente forcée, le phénomène d’anticipation d’une joie et la gestion de la déception face à un objet convoité qui s’envole sous nos yeux chez les moins de 7 ans n’ayant ni frère ni soeur et idéalement monolingues francophones. Je suis d’accord avec vous, quel monde cruel que celui de la recherche ! Au bout de la 247e explosion, leurs collègues, fatigués de sursauter à chaque bang, leur ont aussi demandé d’emménager dans une chambre sourde. Ce qu’ils ont fini par faire (même si c’était quand même bien moins drôle…).

Mais revenons à nos boeufs… Un ballon de baudruche donc. Enfin, juste ceux-là, accrochés à cette maison en adobe hybride. On sent bien qu’ils sont fatigués et qu’ils ne pourront plus exploser dignement. Ce que l’on ne sent absolument pas en revanche, c’est l’effort qu’il a fallu pour les gonfler. Car, et c’est là où je voulais en venir, nous sommes à plus de 4 000 mètres d’altitude… Et à cette hauteur, souffler dans un ballon de baudruche est tout sauf un acte insignifiant…

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Tête à cartes

Certains m’appellent Mappy. Certains m’appellent tout court, pour savoir où il sont exactement voire où ils doivent aller sachant qu’ils sont à tel endroit et qu’ils cherchent ci ou veulent se rendre là. Si, si, encore aujourd’hui, même avec nos technologies modernes de géolocalisation. Certains m’arrêtent aussi dans la rue avec les mêmes requêtes…

L’appel le plus saugrenu que j’aie reçu en la matière concernait des anges. Mon téléphone a sonné et la voix a dit : « Lou, tu ne saurais où  trouver une boutique vendant des angelots par hasard ? » « A Paris », précise-t-elle rapidement. « Et même dans le coin de Montmartre si possible. » Et finalement, le plus étrange n’est pas tant la nature de la demande – toutes sont légitimes – que le fait que j’aie été en mesure de lui apporter une réponse en moins d’une minute. Car oui, quand cette personne – une amie bien sûr, je n’ai pas encore ouvert de service à la demande – a eu fini sa phrase, alors même qu’elle se disait peut-être que c’était un peu vain, je lui ai dit : « Oui, je sais. Où es-tu que je t’indique le chemin pour y arriver ? ». Stupéfaction au bout du fil – expression totalement obsolète de nos jours -, j’adapte : stupéfaction au bout des ondes ! Puis, sourire entendu. Puis une réflexion pour le moins paradoxale de la part d’une personne qui demande quelque chose à quelqu’un tout en s’étonnant qu’elle la satisfasse – un grand classique ceci dit mais tout de même ! – : « Mais comment sais-tu ça ? ».

La question est pertinente ! Comment, en effet, se fait-il que, alors que je ne suis ni pieuse ni bibelot pour un sou, je sache précisément où trouver ce genre d’échoppe et dans un temps si court ? J’ai tendance à attribuer cette double compétence que, évidemment je fais figurer en tête de mon CV, à une mémoire photographique suffisante – les plus cultivés disent eidétique quand les plus sceptiques nient jusqu’à son existence – pour retenir les détails visuels de mes vagabondages pédestres où mes yeux jouent au flipper sur les façades, les nuages, les badauds, les sols, a fortiori, les vitrines, mémoire photographique donc subtilement combinée à un indéniable sens de l’orientation – en dépit  de mon genre, mais juste en ville, je précise car dans les parcs, enfin, à Central Park à New York, je me perds lamentablement.

Aussi, quand je vois l’état chaotique de mon bureau, tel que l’on peut le percevoir dans le monde visible, impossible de ne pas être fascinée, et fière, par l’ordre qui semble régner dans ce monde invisible qu’est mon cerveau – avec qui je vis pourtant en bonne intelligence 24h/24 -, tout du moins mon hippocampe, où tout semble se jouer en matière de navigation, et encore plus finement, ma matière grise, que j’aurais – au même titre que toutes les personnes préférant les cartes aux GPS – en plus grande quantité.

Mais je vois bien que vous ne me suivez plus et que, depuis le 2e paragraphe, vous retournez la même question dans tous les sens : « Comment puis-je avoir des amis cherchant des angelots ? ». Et bien, sachez que je suis comme ça, j’ai toutes sortes d’amis et les idées larges !

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C'est la jungle !

Finalement, nous avons tous quelque chose en nous de…, non, pas de Tennessee !, de Johnny… Weissmuller, aka Tarzan, lorsque nous lançons une recherche sur Internet. Et que, sans pour autant pousser le moindre cri (le sien – un yodel autrichien inversé passé en accéléré pour les uns, un montage incroyable de voix humaine, d’aboiement de chien, de rugissement de hyène, de blatèrement de chameau et de son de violon pour les autres – a marqué des générations entières de tympans et je suis quasi sûre que vous l’avez déjà mentalement reproduit depuis que vous avez commencé à lire ce texte), donc de lien en lien, comme lui de liane en liane, nous nous éloignons petit à petit, non seulement de notre point de départ, mais parfois même, souvent pour être tout à fait honnête, de notre quête initiale jusqu’à ne plus savoir réellement où nous sommes ni comment ni pourquoi nous sommes arrivés là, passant, en quelques clics, d’une simple vérification sur ce cri primal du premier autrichien célébré à Hollywood au top 10 des labyrinthes en France (cri > oreille > pathologie > labyrinthite > labyrinthe…). Fort heureusement, comme l’a dit en son temps Christophe Colomb, qui s’y connaissait fort bien en détours : « On ne va jamais aussi loin que lorsque l’on ne sait pas où l’on va ». Voilà qui devrait réjouir les vagabonds numériques que nous sommes devenus. Mais, pour boucler la boucle for et rassurer les moins aventureux d’entre vous, je serais tentée de combiner cette pensée d’explorateur à un proverbe sénégalais : « Quand tu ne sais pas où tu vas, retourne toi et regarde d’où tu viens »… Dans la jungle dense, ce peut être confus, même pour Tarzan. En revanche, en langage informatique, c’est déjà plus facile : reculer d’une, de deux, de trois, de six pages, ou consulter directement l’historique pour revenir au point de départ !

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Il y a quelques années, une blague courait dans le milieu des étoiles et de l’univers que je convoitais, proclamant en substance et sans peur des répétitions : « Pour devenir astrophysicien, il faut attendre qu’un astrophysicien meure ! ». L’espérance de vie augmentant, même chez les hommes (plus nombreux que les femmes dans ce domaine), cette petite phrase rappelait aux jeunes qui rêvaient d’une aventure cosmique qu’ils allaient devoir s’armer de patience (éventuellement de cyanure), et qu’après tout, cela n’était pas totalement incompatible avec les temps immémoriaux qu’ils allaient chercher à explorer, remontant à des millions voire milliards d’années. Car si, dans notre vie quotidienne, nous devons nous satisfaire du présent et de l’instant d’après, en astro, le voyage dans le temps existe. C’est magique ! Mais c’est lent… En plus d’attendre la mort du vieil astrophysicien, l’apprenti étoilé comprend ainsi assez vite qu’il va devoir se montrer humble, les mystères de l’univers ne se laissant pas approcher facilement. Et donc potentiellement attendre 10, 15, 22, 36 ans pour obtenir un embryon de réponse à la question qu’il se pose. Et là, c’est l’hypothèse optimiste.

C’est précisément à ce moment que je suis définitivement sortie de mon orbite céleste pour aller rêver sur la terre ferme. Si chercher est une chose, ne pas trouver en est une autre. Pire, pour le jeune pressé plein d’espérance, ne pas trouver relève de l’échec. Cela évolue avec le temps… Voilà donc que la mort de John Mainstone il y a quelques semaines, dont j’ai appris l’existence à cette funeste occasion, m’a plongée dans une sorte d’admiration dubitative et de colère visqueuse. Le chercheur était le dernier responsable de la fameuse « expérience de la goutte de poix », présentée partout comme la plus longue au monde puisqu’elle a commencé en 1927. L’hypothèse : des substances a priori solides sont en fait des liquides à la viscosité très élevée. La matière test : la poix. L’expérience : en verser dans un entonnoir en verre et observer son « écoulement », ce qui devient possible dès 1930. Indéniablement excitant ! Car comme les étoiles aux confins de l’univers, la poix se fait désirer. Il faut ainsi 8 ans à la première goutte pour qu’elle daigne se désolidariser du bloc dont elle était issu. La suite est du même tonneau : la 2e choit en 47, la 3e en 54, la 4e en 62, la 5e en 70, la 6e en 79, la 7e en 88 et la 8e en 2000… Mainstone, mort à 78 ans (l’espérance de vie des australiens mâles est de 79 ans…), faisait la vigie depuis 1961. Le temps de cinq gouttes. Et pourtant, celui qui a prédit la 9e avant la fin de l’année n’en a jamais vu aucune faire le grand saut ! Je trouve cela affreusement ironique, terriblement machiavélique et cruel de la part des gouttes de poix ! Elles auraient pu avoir la décence de s’effondrer au moins une fois devant lui. Un étudiant aurait fait résonner Ainsi parlait Zarathoustra de Richard Strauss et la goutte serait tombée au ralenti. Cela aurait été beau, puissant ; Mainstone aurait pleuré à grosses gouttes (c’est plus rentable, elles coulent plus vite !), puis pensé qu’il n’avait pas attendu toutes ces années pour rien ; le soir, il aurait ramené un bouquet de pétunias mauves à sa femme qui n’y croyait plus et le lendemain, il serait retourné au labo en osant rêver d’autre chose…

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Ce que j’apprécie particulièrement avec Internet et ses moteurs de recherche, c’est leur capacité à fournir, en une fraction de seconde, une réponse à n’importe quelle question. L’équipe n’est jamais prise au dépourvu, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. Même lorsque vous tapez « jslfjhq », ce que je viens de faire sans regarder mon clavier (wouah !) car je n’aime pas écrire des choses non vérifiées, vous avez 1 résultat (je vous laisse essayer). C’est dire ! Cette omniscience est rassurante, et, d’une certaine manière, devrait nous permettre de libérer un peu d’espace dans notre disque dur interne pour qu’il tourne plus vite et donc mieux. A quoi bon, en effet, apprendre quand il suffit de se connecter au monde binaire et de quelques mots clés pour tout savoir, et même plus encore ?

Ce que je déteste particulièrement avec Internet et ses moteurs de recherche, c’est leur capacité à fournir, en une fraction de seconde, une réponse à n’importe quelle question. L’équipe n’est jamais prise au dépourvu, quelle que soit l’heure du jour et de la nuit. Oui, c’est un peu comme dans la vie de couple, au bout de quelques années de vie commune, ce qui vous a attiré au départ est exactement ce qui vous fait fuir ensuite… Ainsi, sans s’en rendre compte, en une milliseconde donc, cette équipe diabolique peut vous saborder vos illusions et vos espoirs d’originalité. Je parle d’idées notamment, qu’auparavant, chacun pouvait développer dans son coin, tout en se persuadant qu’il était le « seul » à l’avoir eue… C’est une pensée suffisamment gratifiante pour devenir un vrai catalyseur et amorcer des réalisations. Mais du fait de la puissance de frappe du duo ténébreux sus-mentionné, nous avons désormais ce – stupide – réflexe de vérifier si « ça » existe déjà, si « ça » a déjà été fait, si « ça » a déjà été pensé… Malheureusement, la réponse est souvent « oui », ce qui donne la fausse impression que tout existe déjà. En réalité, les idées vraiment originales ne courent pas les rues, même bordées de lampadaires.

Que faire alors ? Abandonner son idée et creuser encore pour trouver la perle rare (ce qui est assez présomptueux), ou, s’accrocher à l’idée que sa réalisation sera malgré tout différente de ce qu’en a fait l’autre – plus raisonnablement, de ce qu’en ont fait les autres (ce qui est vrai, mais aussi une façon de se réconforter…) ? Deux exemples concrets – car je vois bien que vous cherchez le rapport entre ces mots et l’image ci-dessus – avec des idées photographiques. Il y a deux ans, j’ai écrit sur un carnet : faire une série de photos de personnes qui éternuent (sans mouchoir) ; déclencher juste avant l’explosion… Oui, exactement au moment où nous ne maîtrisons absolument pas ce que nous faisons de notre visage, ce qui est assez rare… Potentiellement complexe à réaliser mais certainement très drôle à voir. Il y a quelques jours, en surfant sur la Toile, je suis tombée par hasard sur un photographe qui présentait une série dans cet esprit… Je l’ai détesté (et moi aussi), j’ai fermé la page, je n’ai pas retenu son nom et maintenant que je souhaite le retrouver, je n’y arrive plus ! Même chose avec cette plongée new-yorkaise, dans un registre nettement plus proche de ce que triture habituellement : la ville, son tumulte, son mouvement incessant, son fourmillement, ses multi-couches qui font qu’on s’y perd, qu’on s’y noie, qu’on y a le tournis… Voilà qu’en prenant ces impressions au pied de la lettre, j’obtiens ce genre d’image. Reflet de ce que je cherchais à obtenir, qui, après vérification donc, a de nombreuses grandes sœurs inconnues dans le monde. Et comme il m’est désormais impossible de poursuivre ce travail en sachant cela, je me dis qu’il est parfois préférable de rester dans sa bulle et les illusions qu’elle protège pour pouvoir aller, sans complexe, au bout de ses idées…

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Chercher une rue dans une ville que nous ne connaissons pas peut nous conduire à déplier fièrement un plan, plus ou moins pratique, et à tracer, par la pensée, un chemin qui nous mènera du point A, où nous sommes, au point B, où nous désirons aller. Selon l’efficacité de notre sens de l’orientation, l’étape même de repérage des points A et B peut prendre un certain temps. D’autant que le plus souvent, en plongeant notre nez dans une carte, nous réalisons que, dans la pratique, plusieurs routes sont possibles : l’une empruntera des petites rues calmes en retrait mais sera plus longue que l’autre, longeant un boulevard bruyant ; celle-ci passera par un parc où nous serons tentés de nous arrêter quelques minutes alors que celle-là ira droit au but en traversant ruelles et stade de foot. En clair, chercher quelque chose de précis, même avec les outils adéquats, ne garantit pas de le trouver sans tourner un peu en rond. Tout est ensuite affaire de subjectivité : tourner en rond peut faire partie de la recherche, et même en détourner la finalité…

Si c’est vers une carte que je me tourne tout naturellement dans les circonstances précédentes, là, assise derrière mon écran, c’est l’antisèche universelle – le moteur de recherche aux deux o – que je sollicite pour trouver des réponses à mes interrogations, tout du moins, des pistes. Comme tout le monde, j’ai appris à catégoriser mes interrogations par des mots clés. Plus ils sont nombreux (sans trop exagérer non plus) et ciblés, plus j’ai de chance de trouver ce que je cherche avant d’atteindre la page 32 des résultats. Du coup, j’ai fait l’exercice inverse pour voir quels étaient les mots clés via lesquels les internautes arrivaient sur ce site. Même si c’est un peu long, je ne résiste pas à vous les lister tels qu’ils me sont présentés (avec coquilles & co) : Lunchtime atop a skyscraper analyse (3 personnes), daltonisme (3), lou camino (2), représentation de la guerre en bleu et noir (2), cliché sur les suedois (2), femme arbre (1), homme coup de soleil plage, arret nez marche escalier doré, des briques, cliché suédois, métro dessin, tabarka neige, waikiki palmier, tour eiffel noir et blanc silhouette, photo animaux noir et blanc, coupe archi salle pleyel, vision daltonien, map monde cloud, blague sur les blancs, art contemporain humour, building nuit contre plongée, maison hawaiennes, cliché suède, chaussure lolu, mankipiss stature, aquarium et design méduse et lumière noire, beaubourg ciel soleil toits, clichés suédois critique, planisphere noir et blanc fond de carte, poubelle nantes, avion noire et blanc, dessin de femme dans un métro, fireflies on the water by yayoi kusama, photo argentique noir blanc beton, nuées oiseaux, image drole en perspective, coeur briques, danse trocadero lever de soleil, ouest noir et blanc, comment rediger cartel expo photo, vide blanc, tableau de paysage connu avec ligne de fuite, photo de parachutage guerre, graphiques+photos « femmes soumises », ligne de fuite plage, halle du boulingrin reims, projet a tabarka, fer forgé espagnole, rectangle vide, cliché sur les suédois, clichés suédois, image vue pour les daltonien, ville vue en plongée, image noir blanc personnage neige, clichés sur les suédois, équilibre silhouette, comment peindre des immeubles, plan de maison sur pilotis, photo perspective drôle, 72 vierges, clichés suède, fixer le point rouge pendant 10 secondes, policastrese antonella, illusion d’optique yeux rouge, daltonien vue, esprit critique, photos nantes la nuit, reflet essence, la riviere et les 2 troncs d’arbres trigonometrie, canal st martin art photo, baignoire dans le desert, planisphère noir et blanc, photo chien diseur de bonne aventure, vache café au lait, materazzi beaubourg, souliers talons alignés, big ben avec les nuages, illusion optique pour couverture facebook 400 pixels, humour poisson, encablure du rivage, photos noir et blanc ruelle, slogan anglais stress tasse de café, reconversion maison d’arrêt de nantes, beaumont en auge laplace, ciel noir et blanc, fete des lumière 2012 médusa, silhouette floue, flexion dans les immeubles, vancouver palmier neige, paris vu du ciel nuit, maison de namibie !

Au beau milieu de requêtes classiques – ciel noir et blanc, nuées oiseaux… -, il y a quand même quelques étrangetés. A ce propos, je tiens à préciser que ceux qui ont cherché « 72 vierges » ou photos « femmes soumises » sont sortis bredouille de leur passage sur mon site. « La rivière et les 2 troncs d’arbres trigonométrie » ? Cela résonne comme un problème de mathématiques : la solution n’était certainement pas ici, même si, des rivières, des troncs et des arbres, il y en a à foison… La « baignoire dans le désert » me plaît bien aussi : comme ça, spontanément, cette recherche pourrait sembler totalement absurde. Détrompez-vous, il y a bien des baignoires dans le désert ! Et puis, il y a ces histoires de clichés sur les suédois et de daltonisme qui reviennent régulièrement. Je ne pensais pas que les gens s’intéressaient autant à ces thèmes, enfin, surtout le premier avec lequel je me suis effectivement amusée, tandis que j’ai saisi le second pour divaguer un peu avec Dramachromie… Reste à savoir si ceux qui sont arrivés par hasard en ces pages reviendront par choix…

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Commençons par le début… Le Bouc sur le Toit ? Une compagnie un peu particulière pour du théâtre un peu particulier. Engagée et engagé. La Résidence ? Un moment de recherche privilégié où les membres de la troupe, à laquelle se sont greffés quelques camarades grecs, ont planché sur une pièce de Shakespeare, Henry V, pour lui donner une vie nouvelle, toujours politique mais plus contemporaine, et baptisée, pour l’occasion, Here & there, o’er times… Avec des morceaux d’hier et des bouts d’aujourd’hui donc. Trois semaines – la durée de la Résidence – de marathon où une pièce singulière et complexe d’1h30 est littéralement née sous mes yeux… Complexe tant par son propos – la question de l’identité et de la représentation de l’étranger au cœur d’une Europe, actuellement en crise – que par l’ampleur du projet lui-même impliquant, par moments, des anglais, des irlandais, des grecs et des français…

Mon rôle dans tout cela ? Observatrice profane. Observatrice d’un monde que je ne connaissais pas – le théâtre – ; d’une façon de phosphorer – collectivement – que je ne pouvais qu’imaginer, moi qui entretient une relation quasi-exclusive avec mon objectif d’une part et mon clavier d’autre part ; d’un bouillonnement, d’une vie, d’une énergie qui m’a fascinée du début à la fin. Voilà donc que j’ai débarqué ce jour-là à l’Avant-Rue, le lieu où la compagnie a planté sa tente, et que j’ai commencé à déclencher, à poser quelques questions. Jour après jour, les images et les impressions se sont accumulées. J’en présente ici le premier acte : une sélection de photographies prises pendant cette période très dense qui permettra, je l’espère, de sentir l’ambiance, les émotions, la verve… Les mots s’inviteront dans le deuxième acte, qui arrivera un peu plus tard sous la forme d’une nouvelle histoire photographique, qui fera la lumière sur ce qui, là, doit paraître obscur…

Le portrait, ceux qui ont l’habitude de vadrouiller sur ce site le savent bien, n’est pas ma spécialité. Une question de distance sûrement. De crainte d’entrer dans une zone dans laquelle je ne serais pas conviée. Une montagne, un océan, une ville, même s’ils sont vivants, ne réagissent pas face à l’obturateur. Ils sont dociles, se laissent prendre. L’homme, c’est autre chose. C’est donc un peu en tête brûlée, et un brin stressée je dois l’avouer, que je me suis lancée dans cette aventure : naviguer, pendant un intervalle de temps relativement long, aux côtés d’un groupe de 16 personnes avec pour espoir de réussir à capter leurs mouvements, leurs humeurs, leurs joies, leurs pensées, leurs évasions, leurs corps, leurs visages… Leur accueil chaleureux m’a grandement facilité la tâche voire l’attache… Je tenais à nouveau à les remercier pour cela et me permettrais un peu de name dropping en les citant tous : les fondateurs du Bouc sur le Toit – Virginie Berthier, Claire Dufour, Bastien Gérard, Xavier Guerlain, Luc Guiol, Fabienne Labarthe, Peggy Lecaudé – et ceux qui les ont rejoints pour l’occasion – Jean-Marie Clairambault, Caroline Dumas de Rauly, Philippos Frangoulis, Juliette Morel, Laura Tirandaz, Constantina Theodorou, Constantina Mihailidi, Aurélie Cohen et Zita Cochet.

Pour découvrir cette sélection : deux solutions, cliquer sur « premier acte » ou cliquer !

J’oubliais : Le Bouc sur le Toit & Zita Cochet sont dans Médyn, le magazine de création contemporaine que je co-dirige avec Kristophe Noël et dont le premier numéro, virtuel, vient de sortir. Près de 1 000 personnes ont déjà tourné ses pages. N’hésitez pas à aller y jeter un œil ou deux !

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Comme il est parfois difficile de savoir si certaines découvertes scientifiques sont réellement des progrès pour l’homme ou pas. L’information circule, il serait « bientôt » possible, via une technique bien particulière, de détecter un cancer grâce à la simple analyse d’une goutte de sang ou d’urine qui renfermerait de l’ADN tumoral… Evidemment, c’est une excellente nouvelle car cela permettrait, notamment, d’initier des traitements de façon plus précoce, d’augmenter les chances de succès des thérapies et donc de sauver de nombreuses vies.

Mais une partie de moi ne peut s’empêcher de penser aux dérives que pourrait engendrer cette petite révolution. Une partie de moi est immédiatement propulsée dans une salle obscure, bercée par une lancinante et répétitive composition de Michael Nyman, et totalement absorbée par des peaux mortes, des cheveux, des cils venant s’échouer avec fracas sur le sol carrelé de la maison du « dégénéré » Vincent Freeman. Bienvenue à Gattaca ou bienvenue dans un monde eugénique, où l’analyse d’une simple goutte de sang donc détermine votre avenir… Fiction, fiction… Pas si sûre quand on sait, par exemple, que plusieurs sociétés proposent déjà des tests ADN, bien sûr controversés et mis en doute, « prédisant » l’espérance de vie de ceux qui s’y prêtent. Et si, dans un futur proche, avant toute embauche ou toute souscription à une assurance, on nous demandait de passer par l’infirmerie pour faire une anodine petite prise de sang ? Question indépendante d’une autre, qui touche à la définition même de l’homme : comment vivre en sachant quand on va mourir ?

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