Photo-graphies et un peu plus…

Les mondes parallèles

Parfois, il suffit de peu pour se dire que le monde n’est pas aussi sombre qu’il n’y parait et que sa poésie se niche parfois là où on ne l’attend pas. En l’occurrence, dans des ballons de baudruche. Direction Hué, au Vietnam, sur cette esplanade stratégiquement située entre la Rivière des Parfums et la Cité Impériale. La nuit venue, familles et amis s’y retrouvent pour pique-niquer, jouer aux cartes, écouter de la musique, faire du vélo, du roller ou du tricycle. D’autres leur préfèrent donc les ballons de baudruche… Il m’a fallu un certain temps pour comprendre que ces jeunes en file indienne et agrégés par binôme  n’étaient pas fous mais apprenaient en fait à danser. Ainsi coincé entre deux fronts d’apprentis danseurs, le ballon n’était qu’un outil, simple, efficace et à potentiel drolatique non négligeable pour s’obliger à maintenir une posture droite mais également à respecter une distance certaine avec un partenaire étrangement coloré et déformé. Il n’était en effet pas interdit de se regarder à travers la fine pellicule de latex. Etait-ce une métaphore ? Quoi qu’il en soit, à l’heure où les slows disparaissent inexorablement des pistes de danse, j’avais soudainement eu envie d’aller dispenser quelques coups d’aiguille, au risque de générer quelques bosses et pourquoi pas, quelques étincelles… Met you by surprise, I didn’t realize, that my life would change forever, Saw you standing there, I didn’t know I care, there was something special in the air ; Dreams are my reality, the only kind of real fantasy ; Illusions are a common thing ; I try to live in dreams It seems as if it’s meant to be…

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Souffle au coeur

Rien de plus banal, en apparence, que des ballons de baudruche… Quel drôle de nom d’ailleurs, quand on y pense, non ? A voix haute, c’est même pire : « bal-lon de bau-dru-che »… A en douter de l’exactitude de l’expression ! La baudruche étant originellement une membrane fine du gros intestin de boeuf ou de mouton, on comprend mieux son extension au ballon en caoutchouc. Mot à la musicalité singulière sur lequel je pourrais également m’étendre, à défaut de me détendre.

Revenons à nos moutons… Un ballon de baudruche donc. La banalité très finement incarnée soit. Belle et festive qui plus est. Ce qui n’est déjà plus si banal. En réalité, contrairement aux apparences donc, un ballon de baudruche, c’est extrêmement sérieux. J’en veux pour preuve la récente étude que leur ont consacré deux chercheurs du CNRS (si, si), qui se sont plus particulièrement penchés – mais de loin tout de même – sur leurs mécanismes d’explosion : il n’y en aurait d’ailleurs que deux, mais je vous laisse lire l’article pour que vous les découvriez par vous même. J’imagine parfaitement les journées d’expérience de ces deux-là : d’abord se faire livrer des centaines de ballons de baudruche, puis les gonfler (on espère, avec une mini-pompe), puis les faire éclater les uns après les autres soit en ne s’arrêtant pas de les gonfler soit en plantant une aiguille à leur surface. Le tout, bien sûr, devant des dizaines d’enfants retranchés dans une salle dotée d’une vitre teintée pensant, à tort, que tous ces ballons leur sont destinés. Ces derniers sont bien évidemment filmés pour les besoins d’une expérience sociologique portant sur l’attente forcée, le phénomène d’anticipation d’une joie et la gestion de la déception face à un objet convoité qui s’envole sous nos yeux chez les moins de 7 ans n’ayant ni frère ni soeur et idéalement monolingues francophones. Je suis d’accord avec vous, quel monde cruel que celui de la recherche ! Au bout de la 247e explosion, leurs collègues, fatigués de sursauter à chaque bang, leur ont aussi demandé d’emménager dans une chambre sourde. Ce qu’ils ont fini par faire (même si c’était quand même bien moins drôle…).

Mais revenons à nos boeufs… Un ballon de baudruche donc. Enfin, juste ceux-là, accrochés à cette maison en adobe hybride. On sent bien qu’ils sont fatigués et qu’ils ne pourront plus exploser dignement. Ce que l’on ne sent absolument pas en revanche, c’est l’effort qu’il a fallu pour les gonfler. Car, et c’est là où je voulais en venir, nous sommes à plus de 4 000 mètres d’altitude… Et à cette hauteur, souffler dans un ballon de baudruche est tout sauf un acte insignifiant…

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