Photo-graphies et un peu plus…

La sélection naturelle

Il est certains moments dans la vie où j’ai la sensation d’avoir alternativement le bras trop court ou trop long. A moins que ce ne soit mes jambes, trop longues ou trop courtes également. Je ne sais pas vraiment… Quoi qu’il en soit, quelque chose n’a pas la bonne taille, et, à ces moments-là de la vie donc, c’est problématique. J’ai un exemple très précis en tête vous vous en doutez…

Nous sommes vendredi (je sais que nous sommes lundi mais il reste très douloureux pour beaucoup, je préfère de fait nous projeter directement au plus aimé des jours de la semaine, histoire de vous aider à entrer le coeur léger dans ce duo), vous avez prévu quelques courses et en particulier de passer enfin acheter vos cadres pour votre prochaine exposition (ça sent le vécu, vous avez raison, mais ce qui suit est vérifiable dans une multitude de situations). Evidemment, vous n’avez pas pris de sac assez grand pour les transporter. Qu’à cela ne tienne, vous en achèterez un – un réutilisable parce que vous pensez à la planète vous – directement à la boutique. Qui plus est, il aura forcément la bonne taille. C’est évidemment là que le bat blesse.

Vous êtes à la caisse, vous rangez méticuleusement vos cadres dans ledit sac et puis vous vous éloignez naturellement. L’illusion ne dure généralement que quelques minutes : le sac ça va, mais son anse est beaucoup trop longue. En réalité, elle est juste un micro-poil trop longue par rapport à la longueur de vos bras ou de vos jambes, par rapport à votre taille donc, de telle sorte que votre sac bien chargé racle le sol, se prend les racines qui dépassent, heurte les résidus métalliques agrippés au bitume que les services de la voirie n’ont pas encore arrachés… Bref, c’est un vrai carnage que vous pensez limiter en le hissant un peu. Bien sûr, sauf à avoir un abonnement réellement rentabilisé à la salle de sport du coin pour entraîner vos petits biceps, cette solution a une durée assez limitée. Et votre sac de se remettre à traîner à terre au bout d’un temps plus ou moins long proportionnel à votre musculature… « Tout en hauteur, rien dans la tête » avait un jour lancé une vieille dame acariâtre à un jeune ami grand ayant probablement commis un forfait un peu stupide. Maxime qu’il suffit d’inverser pour trouver une solution à cet épineux – et fondamental vous en conviendrez – problème de sac : car si je ne peux, sur commande, allonger mes jambes ou raccourcir mes bras pour que le sac décolle, je peux marcher sur le rebord du trottoir, généralement surélevé, et laisser enfin faire la gravitation grâce aux quelques centimètres gagnés, ceux-là même qui me séparent d’un chemin sans souffrance, a fortiori d’un bonheur simple mais apprécié à sa juste hauteur !

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Le point de rupture

C’est, par exemple, ce moment très particulier et finalement très soudain où ce qui nous amusait, nous faisait sourire, nous attendrissait, nous charmait – un daim tout mignonnet chatouillant nos pieds découverts, fouinant dans nos sacs alimentaires ou léchant notre main en l’air – nous agace, nous fatigue, nous énerve, nous révulse, et, en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire, nous transforme en un affreux personnage aigri, impatient, sans humour ni autodérision. Ce moment très particulier où, en somme, la dernière goutte fait déborder le vase parce que nous n’avons pas tous les mêmes limites ni toujours conscience de celles des autres. Et bien, observé à une distance raisonnable, ce point de bascule est plutôt drôle !

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Pensée ferroviaire

Les abords des gares sont des livres ouverts : ils débordent de messages et de témoignages en tous genres, plus ou moins pérennes, dont certains appellent de réels développements. A l’instar de celui-ci, « Bienvenue o’ zoo ! », que le passager très attentif peut découvrir en s’approchant de la Gare Saint-Lazare à Paris. D’emblée, ce statut public édité sur ce mur lui-même public – encore faut-il être ami avec le transilien ou le train pour le voir – fait sourire et même glousser. On en lèverait presque le pouce ! Sauf que l’assertion pose plusieurs questions auxquelles l’auteur, désirant manifestement être concis et efficace, en plus d’être déjà un fervent défenseur de la réforme de l’orthographe, ne répond pas. Car de quel zoo s’agit-il au juste ? Et qu’a-t-il voulu dire exactement ?

De fait, la première fois que je l’ai lue, cette équation très simple s’est affichée sur mon prompteur interne : zoo = sauvage. C’était déjà le fruit d’une interprétation voire d’une pico-analyse : Paris est une ville agressive, les parisiens ne sont pas les citadins les plus hospitaliers, Paris et ses habitants sont des sauvages et il faut être bien armé pour y survivre. Sauf qu’il n’y a pas que des animaux sauvages dans les zoos… En revanche, il n’y a que des animaux. Est-ce donc cela que l’auteur a voulu partager ? Que les parisiens sont tous des animaux ? Biologiquement parlant, l’homme est en effet un animal presque comme les autres. Mais alors, son message ne serait pas spécifiquement destiné aux parisiens, et peut-être existe-t-il d’autres « Bienvenue o’ zoo ! » aux portes d’autres villes, petites ou grandes, en France ou ailleurs. Peut-être existe-t-il même un avion à moteur traînant derrière lui un drapeau de 10 mètres sur 6 avec ce slogan et enchaînant, sans interruption, les tours du monde, pour nous rappeler qui nous sommes et prévenir d’éventuels visiteurs de ce qui les attend s’ils posent le pied à terre et sur Terre ?

Il y a une troisième piste de réflexion : toutes les espèces animales vivant dans un zoo sont enfermées, dans des cages, des boites, des abris, des forteresses, des ménageries, des habitacles, des espaces, grillagés, vitrés, murés, plus ou moins grands, plus moins que plus d’ailleurs. Alors, s’agirait-il d’une forme aiguë d’empathie immobilière face à la taille – ridicule – des appartements parisiens et de la quantité réduite d’espaces verts dans lesquels ces habitants peuvent s’ébattre et se débattre ? Ou ne serait-ce pas plutôt une métaphore, avec cette idée que nous sommes tous enfermés et que nous vivons un simulacre de liberté ? Physiquement – à passer d’une case à l’autre : métro, boulot, dodo – et psychiquement – notre incapacité, volontaire ou pas, à nous extraire de nos schémas de pensée, des rails qui nous mènent d’un point A à un point B chaque matin, de nos modes de vie, de nos habitudes, ce qui, peu à peu, réduit notre champ de vision et nous fait voir l’altérité comme un danger potentiel.

Reste que pour ces trois hypothèses, je suis partie du principe que le train allait dans le sens Banlieue – Paris. Or, il serait un peu trop hâtif de rejeter celle selon laquelle ce message s’adresse en fait à ceux qui quittent la capitale, la banlieue devenant alors ce zoo tant annoncé, et Paris cette ville qui la scrute comme une bête curieuse…

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Collectionneur par procuration

A en croire mes étagères, l’éléphant est mon animal préféré. En tout cas, il semble se passer quelque chose entre lui et moi. Enfin, entendons-nous bien, si je suis unique, il n’en est rien de l’éléphant, ce qui rend assez puérile cette annonce selon laquelle l’éléphant serait mon animal préféré. Car, d’une part, je ne suis pas familière avec tous les animaux peuplant cette planète – et il serait donc plus correct d’indiquer que l’éléphant est mon animal préféré parmi ceux que j’ai déjà eu l’opportunité de croiser -, et d’autre part, je ne connais pas tous les éléphants sur Terre, même si leur nombre a dramatiquement baissé, permettant alors une telle généralisation.

A en croire mes étagères, je collectionne les éléphants. Les petits, les moyens, les grands – toutes proportions immobilières parisiennes gardées -, les éléphants d’Asie – à petites oreilles -, les éléphants d’Afrique – à grandes oreilles -, les éléphants en bois, en pierre, en tissu, en terre, et même en métal, les éléphants unis, les éléphants peints, les éléphants gris et les roses aussi. Je ne sais plus trop comment j’en suis arrivée là. En réalité, je le sais parfaitement. Un jour, je suis allée au Sri Lanka, j’ai visité une nurserie d’éléphants, j’ai acheté une petite sculpture d’éléphant que j’ai, en rentrant, posée sur une étagère. Plus tard, je suis allée au Kenya et j’ai fait de même. Et puis, j’ai reçu des amis chez moi. Ils ont remarqué les deux éléphants sur l’étagère et ont décrété que c’était une collection. Et qu’il fallait l’alimenter. Ils m’en ont donc ramené un de leur propre voyage aux antipodes. Que j’ai mis à côté des autres, sur l’étagère. Cela partait d’une bonne intention. Je ne leur en veux plus. Puis, d’autres amis sont venus. Et ont vu les trois éléphants sur l’étagère, et ont pensé, intérieurement, que je les collectionnais. Et le jour où il leur a fallu me trouver un cadeau, ils ont repensé aux trois éléphants – une image furtive, comme une bulle de BD, est apparue au-dessus de leur tête et ils se sont crus sauvés -. Ils m’en ont offert un quatrième. Et ainsi de suite, jusqu’au 18e… Avez-vous remarqué que ce sont souvent les autres qui font de vous un collectionneur alors que cela n’était pas dans vos intentions ?

Bref. Un jour, je suis allée en Namibie, et comme il y avait des éléphants et que j’avais fini par croire que je collectionnais les éléphants, j’ai fait des photos d’éléphants. Pour diversifier les supports. En tant que collectionneuse d’éléphants, cela me semblait totalement logique et sensé. Je ne me suis même pas posée la question. J’ai foncé tête baissée. Mais aujourd’hui, je lance un appel : quelqu’un aurait-il la bonté de m’offrir un éléphant de mer pour semer la zizanie dans ma réserve et rompre le cycle pachydermique ?

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