Photo-graphies et un peu plus…

L'infaillible stratégie

Vous est-il déjà arrivé d’oublier que vous aviez tel livre ou tel DVD (oui, je suis has been… même cette expression est has been d’ailleurs) ou telle perceuse ou tel appareil à raclette (combien d’entre vous ont salivé en s’imaginant en manger une prochainement ?) ou telle valise (je suis plutôt sac à dos) à rapporter à Bidule que vous voyez justement ce soir alors que vous y avez pensé pendant toute la journée (un peu comme les anniversaires que vous zappez le jour J quand bien même ils ont occupé votre esprit la veille) ? Cela m’arrivait tout le temps jusqu’à ce que je n’instaure une règle anti-oubli quasi infaillible : mettre ledit objet en plein milieu du couloir, de la pièce, du sas, de l’entrée, enfin, de ce point particulier où, dans des conditions normales de vie, tous les pas convergent inévitablement avant de pouvoir s’extraire de chez soi. Evidemment, quand j’ai échafaudé ce plan machiavélique contre l’oubli, j’ai totalement oublié que je pouvais également oublier que j’avais mis tel objet à cet endroit précis (très gênant en général) pour ne pas oublier que je ne devais pas oublier de l’emporter. Agacée par ce qui pourrait s’apparenter à un capharnaüm embryonnaire, il m’est en effet plusieurs fois arrivé de le récupérer pour le ranger. Et donc de l’oublier…

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La sélection naturelle

Il est certains moments dans la vie où j’ai la sensation d’avoir alternativement le bras trop court ou trop long. A moins que ce ne soit mes jambes, trop longues ou trop courtes également. Je ne sais pas vraiment… Quoi qu’il en soit, quelque chose n’a pas la bonne taille, et, à ces moments-là de la vie donc, c’est problématique. J’ai un exemple très précis en tête vous vous en doutez…

Nous sommes vendredi (je sais que nous sommes lundi mais il reste très douloureux pour beaucoup, je préfère de fait nous projeter directement au plus aimé des jours de la semaine, histoire de vous aider à entrer le coeur léger dans ce duo), vous avez prévu quelques courses et en particulier de passer enfin acheter vos cadres pour votre prochaine exposition (ça sent le vécu, vous avez raison, mais ce qui suit est vérifiable dans une multitude de situations). Evidemment, vous n’avez pas pris de sac assez grand pour les transporter. Qu’à cela ne tienne, vous en achèterez un – un réutilisable parce que vous pensez à la planète vous – directement à la boutique. Qui plus est, il aura forcément la bonne taille. C’est évidemment là que le bat blesse.

Vous êtes à la caisse, vous rangez méticuleusement vos cadres dans ledit sac et puis vous vous éloignez naturellement. L’illusion ne dure généralement que quelques minutes : le sac ça va, mais son anse est beaucoup trop longue. En réalité, elle est juste un micro-poil trop longue par rapport à la longueur de vos bras ou de vos jambes, par rapport à votre taille donc, de telle sorte que votre sac bien chargé racle le sol, se prend les racines qui dépassent, heurte les résidus métalliques agrippés au bitume que les services de la voirie n’ont pas encore arrachés… Bref, c’est un vrai carnage que vous pensez limiter en le hissant un peu. Bien sûr, sauf à avoir un abonnement réellement rentabilisé à la salle de sport du coin pour entraîner vos petits biceps, cette solution a une durée assez limitée. Et votre sac de se remettre à traîner à terre au bout d’un temps plus ou moins long proportionnel à votre musculature… « Tout en hauteur, rien dans la tête » avait un jour lancé une vieille dame acariâtre à un jeune ami grand ayant probablement commis un forfait un peu stupide. Maxime qu’il suffit d’inverser pour trouver une solution à cet épineux – et fondamental vous en conviendrez – problème de sac : car si je ne peux, sur commande, allonger mes jambes ou raccourcir mes bras pour que le sac décolle, je peux marcher sur le rebord du trottoir, généralement surélevé, et laisser enfin faire la gravitation grâce aux quelques centimètres gagnés, ceux-là même qui me séparent d’un chemin sans souffrance, a fortiori d’un bonheur simple mais apprécié à sa juste hauteur !

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Nous espérons tous, plus ou moins et différemment, être comblés par notre vie. Les stratégies pour atteindre ce niveau de satisfaction sont nombreuses. Arrêtons-nous sur les deux plus évidentes : la première, croire en sa bonne étoile et attendre que le bonheur ou ce qui est susceptible de le provoquer, se présente à nous comme un bouquet de roses un jour de Saint Valentin ; et la seconde, bonne étoile ou pas, provoquer la chance, les opportunités et, d’une certaine manière, prendre la main sur le hasard, ou le destin, c’est selon les croyances personnelles… N’ayant tous qu’une vie – j’exclus les cas de métempsychose – et n’étant pas doté d’un don d’ubiquité parallèle, nous ne saurons jamais si l’une de ces options est préférable à l’autre. Il faudrait en effet pouvoir les suivre simultanément pour être en mesure de les comparer…

Cette double stratégie fonctionne aussi en photo. Parfois, le projet est très clair, très précis : par exemple, aujourd’hui, l’objectif est de photographier 46 voitures rouges, 23 femmes à chapeau, 12 pigeons sur un arbre et 3 chenilles sur l’herbe. Bon, la tâche n’est certainement pas aisée, mais elle a le mérite d’être définie, de fournir un cadre, et donc de laisser entrevoir une ligne de conduite. Se poster à un carrefour ou chez un concessionnaire Ferrari, aller fureter au rayon chapeau d’un grand magasin ou à la sortie de la messe, faire un tour au Jardin du Luxembourg et enfin, trouver des pêcheurs près d’une pelouse… Parfois, au contraire, il n’y a rien de vraiment arrêté. Comme ce jour-là. Je me suis agenouillée sur les pavés de cette historique rue des Saules sur la Butte Montmartre en espérant, passivement mais le doigt sur le déclencheur malgré tout, que quelque chose se produise. Je ne sais pas quoi exactement, qu’un train sorte de terre, qu’une bande de jeunes déguisés en pois chiche débarque… Evidemment, je ne m’attendais pas à ce qu’un simple canidé dé-laissé et renifleur de pavés entre nonchalamment dans le champ, sans même m’accorder la moindre attention ! Mais, c’est le risque à attendre que les éléments viennent à soi, ce qui s’apparente un peu à la stratégie du confiant-fainéant… Parfois, c’est reposant.

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