Photo-graphies et un peu plus…

Collectionneur par procuration

A en croire mes étagères, l’éléphant est mon animal préféré. En tout cas, il semble se passer quelque chose entre lui et moi. Enfin, entendons-nous bien, si je suis unique, il n’en est rien de l’éléphant, ce qui rend assez puérile cette annonce selon laquelle l’éléphant serait mon animal préféré. Car, d’une part, je ne suis pas familière avec tous les animaux peuplant cette planète – et il serait donc plus correct d’indiquer que l’éléphant est mon animal préféré parmi ceux que j’ai déjà eu l’opportunité de croiser -, et d’autre part, je ne connais pas tous les éléphants sur Terre, même si leur nombre a dramatiquement baissé, permettant alors une telle généralisation.

A en croire mes étagères, je collectionne les éléphants. Les petits, les moyens, les grands – toutes proportions immobilières parisiennes gardées -, les éléphants d’Asie – à petites oreilles -, les éléphants d’Afrique – à grandes oreilles -, les éléphants en bois, en pierre, en tissu, en terre, et même en métal, les éléphants unis, les éléphants peints, les éléphants gris et les roses aussi. Je ne sais plus trop comment j’en suis arrivée là. En réalité, je le sais parfaitement. Un jour, je suis allée au Sri Lanka, j’ai visité une nurserie d’éléphants, j’ai acheté une petite sculpture d’éléphant que j’ai, en rentrant, posée sur une étagère. Plus tard, je suis allée au Kenya et j’ai fait de même. Et puis, j’ai reçu des amis chez moi. Ils ont remarqué les deux éléphants sur l’étagère et ont décrété que c’était une collection. Et qu’il fallait l’alimenter. Ils m’en ont donc ramené un de leur propre voyage aux antipodes. Que j’ai mis à côté des autres, sur l’étagère. Cela partait d’une bonne intention. Je ne leur en veux plus. Puis, d’autres amis sont venus. Et ont vu les trois éléphants sur l’étagère, et ont pensé, intérieurement, que je les collectionnais. Et le jour où il leur a fallu me trouver un cadeau, ils ont repensé aux trois éléphants – une image furtive, comme une bulle de BD, est apparue au-dessus de leur tête et ils se sont crus sauvés -. Ils m’en ont offert un quatrième. Et ainsi de suite, jusqu’au 18e… Avez-vous remarqué que ce sont souvent les autres qui font de vous un collectionneur alors que cela n’était pas dans vos intentions ?

Bref. Un jour, je suis allée en Namibie, et comme il y avait des éléphants et que j’avais fini par croire que je collectionnais les éléphants, j’ai fait des photos d’éléphants. Pour diversifier les supports. En tant que collectionneuse d’éléphants, cela me semblait totalement logique et sensé. Je ne me suis même pas posée la question. J’ai foncé tête baissée. Mais aujourd’hui, je lance un appel : quelqu’un aurait-il la bonté de m’offrir un éléphant de mer pour semer la zizanie dans ma réserve et rompre le cycle pachydermique ?

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Défaut de conception

Comme moi, vous avez sûrement entendu, dans votre prime jeunesse, qu’il était méchant de se moquer du physique de vos petits camarades d’école ou de jeu. Car ce n’était pas la faute de Pierre si la nature l’avait doté de grandes oreilles (et peut-être un peu son père aussi, qui devenait indirectement la cible collatérale de la moquerie) ni celle de Nora si elle louchait un peu (ce qui la faisait immanquablement ressembler à votre chat complètement fêlé). A l’époque, vous n’étiez qu’un enfant et vous appreniez juste le pouvoir des mots. Or, pour apprendre, il fallait tester donc se moquer. Vous aviez ensuite appris à tourner sept fois votre langue dans votre bouche avant de lancer des sentences susceptibles de blesser vos interlocuteurs et aviez tranquillement poursuivi votre vie sans subir ni créer de traumatisme inoubliable…

Jusqu’à ce que vous ne tombiez sur cet éléphant à la réserve d’Etosha en Namibie. Franchement, c’est quoi cette trompe ? Vous en avez déjà vu, vous, des trompes qui traînent à ce point par terre ? C’est comme si vos bras touchaient le sol ! Je vous assure, c’est loin d’être pratique au quotidien (est-ce de cette éventualité que vient l’expression « avoir le bras long » ?) Et cela nécessite une logistique que l’on a peine à imaginer. Combien de fois, dans la précipitation, cet éléphant a-t-il marché dessus, puis trébuché, devenant la risée du plan d’eau de récréation dès son plus jeune âge ? Et à quoi est-ce dû : un problème de coordination de la croissance de la trompe et de celle du reste du corps ? « Ach, zut, elle a poussé trop vite » remarque l’ingénieur en chef du rayon éléphant. « Trop tard ! Et puis, on peut bien vivre avec un petit défaut » lui répond laconiquement le sous-chef en sortant néanmoins la bête de la chaîne pour lui éviter la sauvage élimination par l’intraitable responsable du contrôle qualité qu’ils entendent d’ici : « combien de fois devrais-je vous répéter d’arrêter la trompe à 30 centimètres du sol ? Ça vous plairait, à vous, d’avoir les bras qui ratissent le sol ? (Vous voyez !) Et en plus, vous l’avez fait sur le petit aussi ! Allez, aux lions ! » En fait, là, spontanément, vous lui trouvez quand même un avantage à cette trompe anormalement longue : celui de pouvoir l’enrouler autour du cou en hiver, telle une écharpe intégrée ! Oui, je sais, ce n’est pas gentil de se moquer…

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De la poudre aux yeux !

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