Photo-graphies et un peu plus…

La vitrine attire d’abord le regard par le bazar qui y règne… Un bric-à-brac de vieilleries qui n’en ont pas les stigmates. Tout est rutilant, propre, comme neuf. A tel point que l’on pourrait douter de leur âge… Les rééditions, chirurgie esthétique du vintage ? Les propriétaires du lieu ont probablement fait le même raisonnement. Et affichent la couleur sur la vitre elle-même, en lettres capitales blanches : « Not made in China. »

Le message est clair. Emprunt d’une certaine violence même, même si le « Made in China » a réussi à se faire beaucoup d’ennemis en très peu de temps… A tel point que lorsque l’on commence à taper « produits chinois » sur Google, ce qui est immédiatement proposé pour poursuivre la quête est : « produits chinois dangereux ». S’en suivent des listes noires de produits, des articles effrayants, des blogs émus… Tout semble s’accélérer depuis trois, quatre ans, suite aux problèmes de santé (voire décès) provoqués par certains objets ou aliments issus de l’empire du milieu comme on peut le lire, faisant naître une réelle méfiance chez les consommateurs occidentaux. En tout cas, ceux qui ont les moyens. Car, c’est bien de cela dont il s’agit avec cette inscription : à la fois de dire qu’il ne s’agit pas de contrefaçon, mais de vrais objets ayant traversé les années… Et comme chacun sait, le temps, c’est de l’argent !

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Ceci est la Tour Montparnasse. Evidemment, sous cet angle, cela peut être difficile à croire. En y regardant de plus près, on distingue ses petites fenêtres éclairées. On pourrait même les compter. C’était un peu agité ce soir-là. Bref.

Je suis en bien mauvaise position pour me plaindre du fait que les lumières de la Tour et consorts soient allumées le soir, mais, les promenades nocturnes  dans quelque grande ville que ce soit peuvent faire douter de la motivation réelle des décideurs à sauver notre planète ! Il est certain que c’est plus esthétique qu’un black out urbain (et encore), mais que de watts gaspillés pour montrer que l’on existe… Une goutte d’eau, pourrait-on penser… mais une goutte plus une goutte etc. Comme cela est déjà proposé pour les voyages en avion, des petits guichets seront bientôt installés au bas de ces immeubles (La Défense en est remplie) illuminés le soir comme des sapins à Noël, pour racheter les émissions de CO2 consécutives à notre utilisation de l’ascenseur. Et dans quelques années, lorsque nous serons presque 9 milliards sur la planète, ce sont les naissances qui seront taxées…

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Terrain de jeu photographique par excellence, la plage. La plage, un temps de pause comme de pose. Ses silhouettes inconnues, ses grains colorés, ses amoureux romantiques, ses cieux cyclothymiques, ses enfants chamailleurs, ses coquillages amassés, tout y est photogénie… Le temps semble filer différemment, sur une plage. Le pas y est plus lent, plus nonchalant. On laisse traîner les pieds dans le sable mouillé s’affaissant légèrement sous notre poids. Grand classique, on laisse traîner son regard vers l’horizon, en s’imaginant le franchir bientôt. On scrute le sol en espérant y trouver un bijou égaré. Ou un coquillage bigarré.

Enfin, un… Je connaissais le mythe du cimetière des éléphants, mais celui des coquillages ne m’était pas familier… Etrange rassemblement en effet que celui du premier plan. Ils sont là par milliers, en miettes pour certains, entiers pour d’autres, soigneusement épargnés par les marcheurs du dimanche quel que soit le jour en tout cas…  La marée a-t-elle pu, à ce point, jouer un rôle de tamis ? Un père et ses deux enfants quelques pas devant. Chacun pris dans ses pensées. Un peu plus loin, un couple. Quelques secondes auparavant (j’étais là, je cherchais mon cadrage), ils se prenaient par la main, par l’épaule, par le bras, par… Quand le trio familial est entré dans le cadre, j’ai pensé que l’instant p approchait, qu’il ne fallait pas le manquer. Harmonie des couleurs, silhouettes isolées, perspective respectée. Le regard file naturellement vers cette petite masse noire, au fond à gauche, des enlacés. Trois groupes de personnes, trois émotions mais une sensation. Par ce temps-là, la plage est l’endroit idéal où faire échouer sa mélancolie.

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Est-ce que la fin du monde ressemble à ça ? Si oui, force est de constater qu’elle revêt des atours terriblement attirants… D’aucuns crieront au trucage, à la colorisation maladroite. J’avoue un traitement croisé à l’origine (sur de la vraie pellicule) : des contrastes accentués, des couleurs plus fortes, mais pas de modifications de tonalités ! L’embrasement du ciel était bien réel sur cette plage mordorée puis rougie de la rive sud du Sri Lanka… Le sentiment de petitesse qu’il a fait naître encore plus. Des photos presque oubliées, stockées, comme beaucoup d’autres, dans une quelconque boîte à chaussures, ou peut-être de papier Ilford (le summum du luxe), exhumées et scannées à l’occasion d’un départ.

Quelques années ont passé. Et pendant cet intervalle, ce qui était un spectacle à la beauté à couper le souffle s’est mu en fureur océanique. Un tsunami. Le tsunami. Celui du 26 décembre 2004. Provoqué par le 4e plus fort séisme enregistré dans l’histoire de l’humanité et atteignant jusqu’à l’Afrique du Sud. Sortir ces images de leur cachette ne ravive alors pas seulement les souvenirs vécus, cela soulève aussi une foule de questions sur ce qui ne l’a pas été : cette plage-là a été touchée, c’est certain ; les palmiers joliment balayés par un vent bienveillant ici probablement arrachés… Mais que sont devenues les personnes rencontrées, celles-là dont la maison donnait directement sur la plage ? Ces interrogations sont désormais attachées à ces images comme une abeille sur du miel. Et l’impression initiale de fin du monde prend alors une toute autre tournure…

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Un spectacle quotidien qui ne se lasse pas de lui-même et dont on ne se lasse pas nous-mêmes… Coefficient : 109. Autrement dit, assez élevé. Une journée à suivre les sautes d’humeur de la mer… Projet lointain, voire cyclique. Rendez-vous pris toutes les deux heures. Je m’y tiens. Même endroit, même position. Tout le reste change. A voir…

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La curiosité ? Celle qui pousse à laisser traîner ses yeux du côté des fenêtres de rez-de-chaussée ou des portes lorsqu’elles sont entre-ouvertes. On y découvre des bribes de vie. Des bouts d’existence dont on ne connaît ni l’avant ni l’après. Parfois, c’est simple : une télévision allumée sur un jeu de fortune, une personne hachant des carottes, une autre faisant un somme sur le canapé, des enfants en train de chahuter dans leur chambre.

Le spectacle est parfois plus énigmatique. Comme dans ce garage pris au détour d’une balade maltaise en fin de journée, fortement éclairé par une lumière hors champ… On cherche des indices qui pourraient nous aider à deviner ce qui s’y trame. Deux balais, une corde enroulée à terre, un cintre poussiéreux, des câbles électriques fixés au mur, un casque de protection auditive, un tablier plastifié pas trop sali, et juste à côté, une vieille photo en noir et blanc penchée et accrochée à l’un des tubes d’alimentation.

Après énumération, l’ensemble reste une énigme. Un garage ? Oui, mais pourquoi un tablier en plastique blanc, qui laisse supposer que ce qui est susceptible de se retrouver dessus peut s’effacer avec un peu d’eau. En fait, on dirait un tablier de boucher. Ce qu’il n’est pas. De la peinture ? Le port n’est pas loin. Mais il n’y a aucune tâche au sol, qu’il s’agisse d’huile ou de peinture. Ce qui attire le plus le regard a posteriori, c’est cette photo – absolument pas repérée dans le feu de l’action – sur laquelle on peut plus ou moins distinguer cinq personnes. Comme la trace d’un bonheur passé, d’un moment de gloire, d’une fine équipe précieusement conservée depuis et vers laquelle le propriétaire des lieux peut se tourner, au présent, comme pour mieux se souvenir.

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38°12’42 » N 119°00’46 » O. Ou, plus rapidement, Bodie. Une ville sans vie. Sans corps donc, hormis ceux des visiteurs du temps. Une ville fantôme, érigée à l’heure de la ruée vers l’or et que l’on découvre, un peu perdue, à flancs de collines californiennes. Naissance au milieu du 19ème siècle, quelque chose comme ça. Au plus fort de la ruée, 10 000 âmes vivaient à Bodie. Une vraie mégapole pour l’époque ! Un coupe-gorge aussi, paraît-il… Aujourd’hui, il ne reste pas grand chose de cette cité de western. Deux incendies sont passés par là, dont un fatal dans les années 30, qui marque le départ définitif des derniers habitants.

Aujourd’hui, la vie s’y est presque totalement arrêtée. Seules les herbes folles poussent encore autour des rares bâtisses rescapées religieusement protégées par une équipe de rangers… Des générations de particules de poussière viennent finir leur vie sur les tables en bois, les verres au bord épais, les rocking-chair rognés par la vermine, les matelas déchiquetés, les conserves gonflées, la station service rouillée… On se promène entre les maisons jouant  aux équilibristes en tentant d’imaginer l’agitation d’alors… La diligence arrivant tranquillement devant l’un des 75 saloons de la ville ; le shérif posé sur sa chaise, les santiags reposant sur la balustrade de sa cahute, et regardant les uns et les autres passer ; les chercheurs d’or au visage buriné arrivant là dans l’espoir d’en trouver, de l’or ; puis l’arrivée de la première traction achetée par le magnat de la cité (il y en a toujours un)… Vestiges du passé. De l’histoire même. A la place, une petite croix indiquant, comme une épitaphe, ce qui devait être une grosse artère, Union Street.

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« Des bruits répétés. Des bruits répétés et très forts. Sur la porte. Quelqu’un frappe violemment sur la porte. Insiste. Les coups ne s’arrêtent pas. La cuisine est balayée par une lampe torche. Police. » (…)

Reportage fortuit à Montréal, une courte nuit de samedi à dimanche…

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… ma bonne dame ! 26 août et le vert des arbres se mue en un camaïeu d’orange… D’autres arbres sont déjà à l’étape de l’indécent effeuillage. Au sol se joue la symphonie des feuilles desséchées et craquant sous les pieds. On dirait qu’on marche sur des gâteaux secs. Réminiscence d’un bon Indiana Jones, les gâteaux secs étant, dans ce cas précis, des insectes. Les insectes, parlons-en ! Cela pourrait être le titre d’une manifestation nationale du Syndicat national des fabricants d’insectes, qui, évidemment, se tiendrait, dans plusieurs villes de France, à l’automne.

Sinon, aucun lien avec l’image… Qui, de toute manière, n’en a pas vraiment avec le propos puisque cette photographie a réellement été prise à la fin de l’automne. Donc, dans le passé, l’automne 2010 n’ayant pas encore débuté. Enfin, si l’on se réfère (et encore pour quelques siècles je pense malgré le dérèglement manifeste des saisons) aux équinoxes, car dans les faits, comme je le relevais précédemment, si. Bref. On fait dire ce que l’on veut aux images. C’est à la fois une richesse et la porte ouverte à toutes les manipulations. Reste que cette construction iconographique est à nouveau un de ces plans génériques qui hantent régulièrement mon inconscient… Ce qui n’a pas forcément de rapport avec le reste, sauf si l’on admet que cette prise de vue étant inconsciente, son choix pour ce duo l’est tout autant…

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Se promener dans certaines rues de Lisbonne, en particulier son labyrinthesque quartier historique, l’Alfama, suppose de ne pas être trop claustrophobe… Y habiter a fortiori. Car, entre ces deux immeubles – oui, oui, les deux  là, en bas de l’image -, se faufile bel et bien une venelle. Un « beco », on dit là-bas. On doit aussi s’y faire des bisous, mais il ne s’agit pas du même. Les deux bâtisses ont beau tenter de s’éloigner légèrement l’une de l’autre au bout de quelques mètres, où que l’on soit, il suffit d’écarter les bras pour en toucher les deux côtés ! Cela a un certain charme…

Evidemment, cela a aussi ses inconvénients : un manque évident de lumière, une potentielle promiscuité avec le voisin d’en face, que dis-je ?, d’à côté, une impossibilité de passer avec les poussettes modernes, en voiture n’en parlons pas (ce qui est un avantage)… Imaginez un déménagement dans un de ces Beco. Tout doit arriver en pièces détachées. Après le labyrinthe, le jeu de Légo au beau milieu de l’appartement. Mieux vaut ne pas s’être équipé chez les Suédois : ça se démonte, mais ça ne se remonte plus !

C’est comme certaines montres… L’autre jour, en face de moi, dans le train, une dame avait une montre bijou. Une grande première pour mes yeux ! J’ai donc vérifié à plusieurs reprises. L’idée d’avoir un bijou représentant une montre à l’heure figée à 10h10’24 » me paraissant en effet légèrement étrange… Rien à voir avec la tour de l’horloge bloquée à 8h15 un certain 6 août 1945 à Hiroshima ! Pour quelle(s) raison(s) pourrait-on vouloir porter une montre dont la mission n’est pas de donner l’heure mais de faire croire qu’elle la donne ? Le temps est décidément bien blagueur. Et voilà, je parle, je parle, et je suis perdue dans un de ces fichus Becos !

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