Photo-graphies et un peu plus…

Exode récréative

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Lorsque j’ai aperçu ces minuscules billes de poussière révélées et colorisées par une lumière du soleil passe-muraille ayant réussi à se faufiler dans l’interstice de cette sacrée façade de pierres, j’ai immédiatement pensé à mes lectures de jeunesse. A une phrase en particulier. « Nous sommes tous des poussières d’étoiles. » L’accent québécois d’Hubert Reeves en prime, l’astrophysicien qui a sûrement le plus contribué à démocratiser une matière autant complexe que point de départ des plus belles histoires… En pleine phase « D’où venons-nous ? », j’ai tout de suite adopté cette assertion scientifico-poétique qui nous annonçait, en substance, que nous, êtres humains, combinaison fantastique d’atomes crochus, étions à la fois tout et rien, infiniment grands et ridiculement petits, les résidus éparpillés puis réordonnés de ces étoiles gigantesques ayant peuplé un univers déjà incommensurable il y a des milliards d’années. Un pedigree mythique qui nous unit tous alors que nous sommes tous différents et séparés. Qui force à l’humilité aussi tout en nous couvrant d’une certaine aura…

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38°12’42 » N 119°00’46 » O. Ou, plus rapidement, Bodie. Une ville sans vie. Sans corps donc, hormis ceux des visiteurs du temps. Une ville fantôme, érigée à l’heure de la ruée vers l’or et que l’on découvre, un peu perdue, à flancs de collines californiennes. Naissance au milieu du 19ème siècle, quelque chose comme ça. Au plus fort de la ruée, 10 000 âmes vivaient à Bodie. Une vraie mégapole pour l’époque ! Un coupe-gorge aussi, paraît-il… Aujourd’hui, il ne reste pas grand chose de cette cité de western. Deux incendies sont passés par là, dont un fatal dans les années 30, qui marque le départ définitif des derniers habitants.

Aujourd’hui, la vie s’y est presque totalement arrêtée. Seules les herbes folles poussent encore autour des rares bâtisses rescapées religieusement protégées par une équipe de rangers… Des générations de particules de poussière viennent finir leur vie sur les tables en bois, les verres au bord épais, les rocking-chair rognés par la vermine, les matelas déchiquetés, les conserves gonflées, la station service rouillée… On se promène entre les maisons jouant  aux équilibristes en tentant d’imaginer l’agitation d’alors… La diligence arrivant tranquillement devant l’un des 75 saloons de la ville ; le shérif posé sur sa chaise, les santiags reposant sur la balustrade de sa cahute, et regardant les uns et les autres passer ; les chercheurs d’or au visage buriné arrivant là dans l’espoir d’en trouver, de l’or ; puis l’arrivée de la première traction achetée par le magnat de la cité (il y en a toujours un)… Vestiges du passé. De l’histoire même. A la place, une petite croix indiquant, comme une épitaphe, ce qui devait être une grosse artère, Union Street.

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