Photo-graphies et un peu plus…

Les petites filles ne sont manifestement plus ce qu’elles étaient. Enfin, c’est la conclusion, certes sûrement un peu hâtive, qui vient d’emblée à l’esprit en étudiant ces deux spécimens version 2011. Hautes comme trois pommes toutes les deux, sans avoir aucun lien de parenté avec Tom Sawyer. La première déambulant dans la rue en talons, jupe à froufrou, petite veste cintrée, et se passant nonchalamment la main dans les cheveux. La seconde prenant naturellement quelques photos avec l’appareil numérique de maman : la petite famille assise sur le sable, les gens s’amusant sur la plage, les bateaux à l’horizon… Un trio de photos exécuté promptement, juste le temps de pivoter dans les trois directions visées, et l’appareil est rangé soigneusement dans sa pochette. Une rapidité qui n’empêche pas l’apprentie photographe, qui connaît vraisemblablement ses classiques, de cadrer ses images, à bout de bras, car c’est ainsi que l’on prend des photos désormais. A distance. Heureusement, tous nos repères n’ont pas encore vacillé sous le poids de la modernité et de la tentation de certains parents à faire pousser des mini-eux plutôt que des enfants. Ainsi, certaines valeurs sûres (au grand désespoir de quelques uns) persistent-elles, résistant aux sirènes des nouvelles technologies et aux envies de grandir trop vite : le rose ! Quand les petites filles ne porteront plus de rose, alors, il faudra commencer à s’interroger sur l’équilibre du monde…

Share on Facebook

Share on Facebook

Share on Facebook


Share on Facebook


Share on Facebook

Les habitants de cette planète pas toujours bleue ont besoin de mystères un brin poétiques pour se soulager et oublier, temporairement, les maux, les agressions, les malentendus, enfin, tout ce qui fait que parfois, la vie est grave, du quotidien. Le mystère injecte alors dans leur sang une délicieuse petite dose de rêve et de futilité. Paradoxalement, sitôt confronté à un de ces fameux mystères, le premier réflexe d’homo sapiens sapiens est de vouloir l’élucider, de déterminer où, quoi, comment, pourquoi, par qui ce mystère existe-t-il, en somme, de rompre le charme de l’inconnu, d’interrompre au plus vite le rêve éveillé… N’est-ce pas bizarre ? Sommes-nous à ce point incapable de vivre sans chercher de réponses à nos questions ?

Ce qui est excitant dans un mystère est que tout devient de l’ordre du possible. Le temps de l’enquête, de la rationalisation, de l’explication, des centaines d’hypothèses sont formulées, autant d’histoires inventées par les personnes qui y sont confrontées. Et plus la piste est longue à remonter, plus les théories deviennent farfelues. La vérité, car « on » finit toujours par la trouver, est d’ailleurs souvent moins extravagante que ce que l’imaginaire a fait naître… C’est ce qui s’est passé avec ce vieux piano à queue de 300 kilos retrouvé un matin sur un banc de sable d’une plage de Floride, comme s’il y avait été déposé par une escouade de pélicans. Le plus étonnant est qu’il semblerait que ce ne soit pas la première fois qu’un piano est retrouvé dans un endroit totalement inapproprié. En novembre 2008, un piano droit et sa banquette, neufs, étaient en effet apparus au beau milieu d’un bois de Harwich, Massachusetts. Et quid de celui-ci, là-haut ? Exposé dans ce qui a vraisemblablement été une boutique, désormais abandonnée, flanquée d’un écriteau, invisible mais il faut me croire sur parole, sur lequel est inscrit « Espace à louer ». Une invitation qui pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. « Pianos à vendre » aurait été plus opportun.

Quoi qu’il en soit, l’image du piano aqueux a fait le tour du monde, renvoyant certains aux premières scènes du film de Jane Campion, La leçon de piano. La lumière a rapidement été faite sur cette installation inattendue et l’instrument torturé (il faut dire qu’il a d’abord été entreposé dans un garage pendant des années, gratuitement brûlé le soir du 31 décembre, puis transporté en bateau avant d’être lâchement abandonné, pour des raisons artistiques, sur une langue de sable cernée par l’océan) a même trouvé un nouvel et heureux propriétaire. Happy end oblige. Même les pianos ont droit à une seconde chance ! Y a pas de mystère, quel pays !

Share on Facebook

Que c’est beau ! Prochaine destination de voyage ? Plage de sable blond, mer tranquille, ciel bleu aux nuages inspirés… Vous vous y voyez déjà. La petite silhouette qui se détache à l’horizon, c’est vous. Vous en êtes sûr. Mais, ne vous emballez pas ! En bas sur le côté, en tout petit, si petit que l’on ne le voit pas, une petite astérisque mentionne que la photo n’est pas contractuelle. On nous vend du rêve, on nous offre ce que l’on veut voir. Tant pis si, sur place, la pluie est au rendez-vous, si la plage est recouverte d’algues et de bouteilles plastique en fin de dérive océanique, et si une voie ferrée (obsession passagère, ah ah) passe juste de l’autre côté de la barrière de palmiers, venant régulièrement interrompre votre quête de sérénité. Vous y avez cru à un moment, vous avez acheté votre billet et c’est parfois l’essentiel. Un mauvais pli pris parfois par les musées aussi…

Il serait de bon ton d’exporter ce concept d’astérisque aux conférences et séminaires, qui, d’une autre façon, nous vendent (gratuitement certes) du rêve, à travers des mots, des titres et des formulations susceptibles d’attirer le curieux… Bien caché : programme non contractuel. Un exemple. Octobre 2008. « Le futur a-t-il un avenir ? » séminaire organisé par le Centre Pompidou. Journée réjouissante, sur le papier, avec un parterre de connaisseurs sur la scène, des thèmes promettant des échanges passionnants… Qui, dans la réalité, s’effondre comme un soufflé à la cuisson interrompue par la curiosité du gourmand. La moitié des invités est absente. Ils s’excusent. Conférence annulée. L’autre écourtée. L’autre totalement réorientée faute de combattants. Si le futur a un avenir, par nature, le présent ne semble pas en avoir. La salle est progressivement désertée au fur et à mesure que les heures passent. Comme hier. Dans cette petite salle du département Media de McGill. « The human after the post-humanist critique or, the fantasy of Interspecies Ethics ». Impatience. Evidemment, à lire ce titre, on ne s’attend pas à assister à une conférence portant exclusivement sur les animal studies et à voir des photos de chiens (même pas des robots) parsemer la présentation. Non, on ne s’attend pas à entendre parler des théories, notamment de Derrida, sur les relations entre l’homme et l’animal, sur les droits des animaux… Certes, c’est sûrement intéressant mais le fait est que ce n’est pas ce que laissait entendre l’annonce. Par conséquent, l’attention se dissout totalement (Mayde, Mayde, décrochage imminent ! John, je crois qu’on l’a perdu ! Cerveau inactif sur les radars…), la succession de mots prononcés dans une langue étrangère se muant en une sorte de musique d’ambiance imposée. Evidemment, a posteriori, lorsque l’on relit attentivement la présentation habilement complétée entre le jour où on a mis une croix dans notre agenda et le jour J (et que l’on n’a pas re-regardé malheureusement), on peut comprendre qu’elle risque de prendre une autre tournure que celle instillée par le titre. C’est le danger à assister à une conférence avec des idées précises sur son contenu potentiel. Je vais guetter donc la prochaine série sur la communication grand public, peut-être y parlera-t-on de publicité mensongère ?

Share on Facebook

La marée a trouvé plusieurs fois écho en ces p(l)ages virtuelles (notamment La marée, Coquillages et juste assez, Salmigondis marin, La photographie est un sport de combat). Un sujet qui va, qui vient, au gré des humeurs, du calendrier lunaire et des heures de la journée. La mer aux deux visages… Inlassablement, la marée recouvre et découvre des étendues, offrant un spectacle en perpétuelle métamorphose à ceux qui la suivent. Pas de demie-mesure, de mer à moitié vide ou à moitié pleine. Elle ne s’arrête jamais en route ! Sable fin ou rochers habités de mollusques, d’anémones et autres algues glissantes sont ce que dévoile la marée descendante la plupart du temps…

De fait, cette marée basse-là est particulièrement étonnante, étrange voire inquiétante. Un labyrinthe de pics acérés, résidu d’une mangrove en décomposition, champ de bataille marin… Un véritable piège et une mauvaise surprise pour le nageur attiré par les eaux chaudes et bleutées très accueillantes à marée haute de cet océan Indien et qui se jetterait, pieds nus, dans ses courants. Quand une peau lisse révèle en fait une hostilité pas si profonde… Les apparences sont parfois bien trompeuses.

Share on Facebook

J’ai longtemps cru qu’il s’agissait d’une légende, d’un conte que l’on racontait aux enfants agités pour avoir enfin la paix, tétanisés par cette peur qu’ils recherchent parfois. J’avais d’ailleurs fini par totalement oublier cette histoire ridicule jusqu’à ce que je ne tombe sur cette double empreinte ensablée, lors d’une errance banale sur un bord de lac suisse, un jour comme un autre, avec un « di » dans son nom. L’homme à la patte de chien… Je suis restée en arrêt devant pendant cinq bonnes minutes tout en cherchant, en vain, le mythe du regard.

Voilà ce dont je me souviens. Un jour d’hiver particulièrement rigoureux dans un village de montagne très isolé, un petit garçon, voulant rattraper le chiot que lui avait offert son père quelques mois plus tôt pour son anniversaire de 8 ans, avait glissé sur une plaque de verglas et dévalé un ravin rocailleux. Le choc avait été si violent qu’il en avait perdu connaissance. En se réveillant quelques heures plus tard, il était fiévreux et une affreuse douleur le lançait à sa jambe droite. Cassée en mille morceaux, plaies ouvertes… Un vrai carnage. Tandis que son père était parti chercher le médecin du village d’à côté (deux jours de marche dans la neige…), sa mère tentait de lui rendre l’attente supportable. Malheureusement, sa jambe s’était infectée de façon fulgurante et à l’arrivée du médecin, la seule option envisageable était l’amputation. Le père ne pouvant imaginer son fils unijambiste eut alors une idée un peu folle… Greffer une patte du chiot à son fils. Le médecin n’était-il pas aussi vétérinaire ? Et après tout, il lui en resterait trois, au chiot ! Passée la stupeur et n’ayant pas vraiment le choix – le père tenait une hache au-dessus de sa tête pendant toute l’opération -, le médecin s’était exécuté. Il avait greffé la patte avant droite du chien au petit. Et contre toute attente, la greffe avait pris. Tellement bien que la patte de chien, certes plus poilue, avait grandi au même rythme que la jambe gauche, humaine. Le garçon devenu homme s’était très bien accommodé de ce membre un peu particulier malgré une claudication on ne peut plus logique et son chien avait sautillé à ses côtés, avec ses trois pattes, pendant des années… Ils étaient restés dans la région, inséparables, un peu comme les deux doigts de la main, quand leur histoire l’avait quittée pour parvenir aux oreilles des parents parfois exaspérés… A vrai dire, ils n’y croyaient pas vraiment mais ils racontaient cette mésaventure avec tant de ferveur que les enfants ne bronchaient pas… Moralité : ne pas aller voir une rétrospective d’Otto Dix avant de se pencher sur le duo du jour !

Share on Facebook

C’est souvent écrit en lettres capitales sur les murs carrelés encadrant les piscines. Parfois, il y a aussi « Ne pas sauter ! » Dans les deux cas, une frustration pour les enfants qui y vont pour s’amuser, ce qui inclut courir, sauter, crier, éclabousser, bousculer, plonger, chahuter et crier encore… Du coup, sur les bords des bassins, supposés glissants donc, ils deviennent des adeptes de la marche accélérée sous l’œil bienveillant du maître-nageur du moment. Nous sommes tous passés par là, en nous disant que ces sommations étaient bien superflues…

Parfois, toutefois, l’injonction « Ne pas courir ! » s’impose d’elle-même, qu’elle existe ou pas. Comme autour de cette célèbre piscine naturelle (construite par l’homme malgré tout) d’eau de mer malouine à ciel ouvert, sur les bords de laquelle une couche d’algues luisantes légèrement menaçante, est venue se déposer nonchalamment à la marée descendante… Le parallélépipède est bien rempli d’une eau salée, mécaniquement chauffée par le soleil printanier et d’un calme olympien. Seulement, impossible de l’approcher au risque de mettre le pied sur une véritable patinoire !

Share on Facebook