Photo-graphies et un peu plus…

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On a l’habitude de dire « Qui se ressemble, s’assemble ! » (c’est même prouvé scientifiquement, c’est dire !) mais je ne pensais pas que cet adage était aussi un critère de choix, inconscient a priori, du banc sur lequel s’asseoir pour sa pause déjeuner. Cela ne vous échappera pas – en tout cas, cela m’a sauté aux yeux quand ils ont dérivé dans leur direction -, ces deux femmes portent des vêtements aux couleurs strictement identiques, chaussures comprises. Elles seraient en jean des pieds à la tête, comme beaucoup de gens aujourd’hui, je n’aurais même pas sorti mon appareil photo. Mais là, avouez que cette association bleu marine / vert empire n’est pas des plus fréquentes et méritait donc son déclenchement ! Le fait qu’elles se soient assises chacune à une extrémité du banc me fait penser, d’une part, qu’elles ne se connaissent pas – si c’était le cas, elles seraient plus proches l’une de l’autre et en train de disserter sur leur télépathie vestimentaire à grands coups d’éclats de rire -, et, d’autre part, qu’elles ne se sont pas regardées du tout avant de s’asseoir – sinon, l’une au moins aurait opté pour un autre siège en remarquant cette étrangeté… Il s’agit donc là d’une extraordinaire coïncidence comme on en croise peu, de celles qui chatouillent toujours un peu l’imaginaire…

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C’est souvent quelque chose qui se produit aux changements de saison… Prenons l’hiver par exemple. Lorsque l’on ressort les manteaux, les pulls, les pantalons épais, tous ces fichus tissus chaleureux que nous avions soigneusement rangés quelques mois auparavant dans des boites quasi hermétiques en leur souhaitant la plus longue hibernation possible… Les rouvrir, même si cela signe l’arrivée du froid, s’accompagne souvent de deux bonnes surprises. La première : celle d’avoir l’impression de retrouver de vieux amis après une longue et involontaire séparation. Ce bon gilet à grosse maille que nous étions bien contents de camoufler, et bien, on lui fait la fête désormais. La seconde, c’est un peu un tour de magie comme le montrent, à leur manière, ces tas de mégots de cigarettes réapparaissant à la fonte des neiges et faisant repenser à toutes ces soirées fraîches enfumées passées sur la terrasse de ce bar d’angle….

Il arrive parfois que nous dénichions de ces poches dans lesquelles nos mains ne se sont pas enfouies pendant des mois, des petites bribes de vie : pièces jaunes, ticket d’entrée de musée ou de ciné tout froissé, mouchoir utilisé recroquevillé sur lui-même, liste de courses d’un dîner vraisemblablement à thématique orange, petit mot doux gardé précieusement sur soi puis perdu, enchaînement de formules totalement alambiquées et désormais incompréhensibles… Des face-à-face souvent inattendus alors que nous sommes justement en train de charger nos poches de nouvelles listes, nouveaux tickets, nouveaux mots… C’est en effet en y replongeant les mains que nous réalisons que la place est déjà prise. Nous exhumons alors ce que nous prenons pour un intrus avant de nous réjouir du trésor retrouvé et du petit voyage dans le temps qu’il va bientôt faire naître en nous. Comme si c’était hier…

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Un déménagement est le moment idéal pour réellement faire un tri dans ses affaires. Plier, emballer, encartonner, ranger, empiler… Personne n’aime vraiment ça. Car, après plusieurs années de vie entre les mêmes murs, ce nouveau départ vous fait réaliser à quel point vous avez pu entasser d’inutiles petits objets. Vous savez, ces revues que vous n’avez pas eu le temps de lire au moment où vous les avez reçues, que vous avez soigneusement posées sur une table basse en reportant leur découverte à un moment ultérieur, quoique indéfini. Petit apparté : en réalité, ce moment de répit n’arrive jamais. Il serait donc objectivement plus judicieux d’envoyer ces feuilles de chou au recyclage, au moins serviraient-elles à quelque chose. Sauf, qu’évidemment, en s’en séparant sans les avoir compulsées, vous avez la désagréable sensation de jeter votre argent par la fenêtre, de perdre le combat contre l’horloge infatigable et de manquer quelque chose : il y avait quand même des articles intéressants dans ces numéros.

Cette indécision argumentée vous pousse à les placer dans un coin, puis, finalement, à les oublier… jusqu’à ce qu’un déménagement vous conduise donc à faire réapparaître tout ce que vous avez voulu cacher et à vous reposer la question de leur destinée… Même type de raisonnement avec les vêtements que vous avez accumulés année après année en vous disant que la mode était cyclique et qu’un jour, votre pantalon à petits carreaux serait autour de toutes les jambes ; ou des bibelots dont vous avez couvert vos étagères à une époque où vous étiez adepte du plein et de ces objets attrape-poussières, alors qu’aujourd’hui, vous préférez nettement le vide, notamment car vous n’avez plus le temps de faire la poussière. Bref, les exemples ne manquent pas et chacun a ses petits tas dans un coin de chez lui.

Malheureusement, nombreux sont les déménagements qui s’organisent au dernier moment, même s’il est difficile de parler « d’organisation » dans ce cas. Dans l’urgence, vous n’avez alors plus le temps de trier et vous vous retrouvez à tout empaqueter par défaut, en sachant que ces petites choses mises à l’écart seront tout autant abandonnées à leur triste sort dans votre nouveau chez-vous. Voilà comment, faute de trancher impitoyablement à un moment précis, vous vous chargez de l’inutile à vie.

C’est un peu comme avec ces duos. Je constitue des dossiers hebdomadaires dans lesquels je glisse les photos sur lesquelles j’aimerais m’étendre. Le jour dit, en fonction de l’humeur, je pioche dans la masse ou pars en quête d’une autre image à raconter. En fin de semaine, je bascule alors toutes les photos non utilisées dans le dossier de la semaine à venir. Certaines photos n’y transitent que quelques heures, quelques jours ; d’autres y restent des semaines voire des mois. Or, dans le dossier du 21 novembre, nombreuses sont les photographies à migrer ainsi en attendant des jours meilleurs pour elles, autrement dit, une certaine inspiration. Et comme avec les monticules de revues faussement rangées sous les meubles, arrive parfois l’heure où l’on se lasse de voir chaque jour la même chose, le même bazar… Moment décisif à saisir et à transformer en acte concret. Bref, il est grand temps de déménager ! Ces images, collées les unes aux autres dans un joyeux n’importe-quoi décontextualisé, sont donc les orphelines du 21 novembre. A voir comme des instantanés auxquels j’ai tenté de donner un écho à un moment et qui ont fini par en trouver un à quelques encablures de l’instant ultime : l’oubli.

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Les petites filles ne sont manifestement plus ce qu’elles étaient. Enfin, c’est la conclusion, certes sûrement un peu hâtive, qui vient d’emblée à l’esprit en étudiant ces deux spécimens version 2011. Hautes comme trois pommes toutes les deux, sans avoir aucun lien de parenté avec Tom Sawyer. La première déambulant dans la rue en talons, jupe à froufrou, petite veste cintrée, et se passant nonchalamment la main dans les cheveux. La seconde prenant naturellement quelques photos avec l’appareil numérique de maman : la petite famille assise sur le sable, les gens s’amusant sur la plage, les bateaux à l’horizon… Un trio de photos exécuté promptement, juste le temps de pivoter dans les trois directions visées, et l’appareil est rangé soigneusement dans sa pochette. Une rapidité qui n’empêche pas l’apprentie photographe, qui connaît vraisemblablement ses classiques, de cadrer ses images, à bout de bras, car c’est ainsi que l’on prend des photos désormais. A distance. Heureusement, tous nos repères n’ont pas encore vacillé sous le poids de la modernité et de la tentation de certains parents à faire pousser des mini-eux plutôt que des enfants. Ainsi, certaines valeurs sûres (au grand désespoir de quelques uns) persistent-elles, résistant aux sirènes des nouvelles technologies et aux envies de grandir trop vite : le rose ! Quand les petites filles ne porteront plus de rose, alors, il faudra commencer à s’interroger sur l’équilibre du monde…

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Normalement, cet espace devait être consacré à la Bourse. Un événement imprévu m’a poussée à changer mon sujet d’épaule : j’ai bloqué la fermeture Eclair de mon manteau. Une situation totalement absurde lorsqu’il fait -10°C. J’ai dû manquer une étape dans mes apprentissages étant enfant car j’ai indéniablement un problème avec ce mode de fermeture. Je devais regarder ailleurs lorsque l’on m’a montré ! Résultat, une fois sur trois, c’est une catastrophe : soit je m’y prends à huit fois avant de réussir à faire entrer le curseur dans la bande à dents, soit la navette monte d’un côté et pas de l’autre et je me retrouve avec la tirette au milieu du manteau, ouvert ; soit, et c’était l’imprévu vespéral, dans l’empressement, je coince un bout de la doublure dans cette mécanique de pointe, ce qui, selon ma patience, me pousse parfois à la déchirer…

Dans tous les cas, j’ai la désagréable sensation d’être inadaptée à cet outil qui a facilité le quotidien de générations d’êtres humains depuis plus d’un siècle. Car, une fermeture Eclair, ou fermeture à glissière pour son inventeur officiel, Whitcomb Judson, – Elias Howe a eu cette brillante idée au mitan du 19e siècle, soit 40 ans auparavant, mais, pas convaincu, il a zappé -, ce n’est pas bien compliqué ! Ni plus ni moins que des rails miniatures sur lesquels navigue une locomotive toute aussi lilliputienne activée par la main de Gulliver. Evidemment, le premier réflexe est de tenir les fabricants responsables de ces dysfonctionnements. Il est toujours plus facile d’accuser les autres plutôt que d’admettre ses propres incompétences, aussi ridicules soient-elles. Je l’admets sans honte : je suis une bille en matière d’engrenage. C’est le nom qui ne va pas. Certes, fermeture Eclair, du nom de la société éponyme qui l’a commercialisée dans les années 1910 après qu’un suédois a donné un coup de jeune à la version approximative  de 1891, c’est joli. Certains penseront à Buzz quand d’autres verront, plus sobrement, un (ou plusieurs) éclair(s) fendre le ciel. Comprendre que la dite fermeture se ferme aussi vite que l’éclair, c’est-à-dire à 300 000 km/s… On ne peut pas faire plus rapide ! Zip, zap ! Il faudra que l’on m’explique comment ne pas faire dérailler la machine à cette allure. Il est décidément beaucoup question de train ces derniers jours… Prochaine station : Bourse donc !

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Par réflexe, on aurait envie d’approcher sa main de l’écran et d’essuyer la buée qui a pris d’assaut le miroir sous l’effet de la chaleur, histoire d’y voir un peu plus clair. Le geste est presque instinctif…

C’est le même qui nous anime lorsque l’on croise une personne dont l’étiquette du T-Shirt, par exemple, est retournée et dépasse, laissant apparaître taille, marque et lieu de fabrication. Une image si insupportable pour certains qu’ils ne peuvent s’empêcher, même s’ils ne connaissent pas bien le porteur du dit T-Shirt, de le faire remarquer (après avoir bouillonné pendant quelques minutes malgré tout), voire de remettre eux-même l’étiquette bien en place. Le calme revient alors et ils sont à nouveau attentif à l’histoire de crocodile ayant dévoré trois poules et retrouvé près d’une rivière du Cantal que vous êtes en train de lui conter. Il y a des choses comme ça qui nous dépassent…

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