Photo-graphies et un peu plus…

Chercher une rue dans une ville que nous ne connaissons pas peut nous conduire à déplier fièrement un plan, plus ou moins pratique, et à tracer, par la pensée, un chemin qui nous mènera du point A, où nous sommes, au point B, où nous désirons aller. Selon l’efficacité de notre sens de l’orientation, l’étape même de repérage des points A et B peut prendre un certain temps. D’autant que le plus souvent, en plongeant notre nez dans une carte, nous réalisons que, dans la pratique, plusieurs routes sont possibles : l’une empruntera des petites rues calmes en retrait mais sera plus longue que l’autre, longeant un boulevard bruyant ; celle-ci passera par un parc où nous serons tentés de nous arrêter quelques minutes alors que celle-là ira droit au but en traversant ruelles et stade de foot. En clair, chercher quelque chose de précis, même avec les outils adéquats, ne garantit pas de le trouver sans tourner un peu en rond. Tout est ensuite affaire de subjectivité : tourner en rond peut faire partie de la recherche, et même en détourner la finalité…

Si c’est vers une carte que je me tourne tout naturellement dans les circonstances précédentes, là, assise derrière mon écran, c’est l’antisèche universelle – le moteur de recherche aux deux o – que je sollicite pour trouver des réponses à mes interrogations, tout du moins, des pistes. Comme tout le monde, j’ai appris à catégoriser mes interrogations par des mots clés. Plus ils sont nombreux (sans trop exagérer non plus) et ciblés, plus j’ai de chance de trouver ce que je cherche avant d’atteindre la page 32 des résultats. Du coup, j’ai fait l’exercice inverse pour voir quels étaient les mots clés via lesquels les internautes arrivaient sur ce site. Même si c’est un peu long, je ne résiste pas à vous les lister tels qu’ils me sont présentés (avec coquilles & co) : Lunchtime atop a skyscraper analyse (3 personnes), daltonisme (3), lou camino (2), représentation de la guerre en bleu et noir (2), cliché sur les suedois (2), femme arbre (1), homme coup de soleil plage, arret nez marche escalier doré, des briques, cliché suédois, métro dessin, tabarka neige, waikiki palmier, tour eiffel noir et blanc silhouette, photo animaux noir et blanc, coupe archi salle pleyel, vision daltonien, map monde cloud, blague sur les blancs, art contemporain humour, building nuit contre plongée, maison hawaiennes, cliché suède, chaussure lolu, mankipiss stature, aquarium et design méduse et lumière noire, beaubourg ciel soleil toits, clichés suédois critique, planisphere noir et blanc fond de carte, poubelle nantes, avion noire et blanc, dessin de femme dans un métro, fireflies on the water by yayoi kusama, photo argentique noir blanc beton, nuées oiseaux, image drole en perspective, coeur briques, danse trocadero lever de soleil, ouest noir et blanc, comment rediger cartel expo photo, vide blanc, tableau de paysage connu avec ligne de fuite, photo de parachutage guerre, graphiques+photos « femmes soumises », ligne de fuite plage, halle du boulingrin reims, projet a tabarka, fer forgé espagnole, rectangle vide, cliché sur les suédois, clichés suédois, image vue pour les daltonien, ville vue en plongée, image noir blanc personnage neige, clichés sur les suédois, équilibre silhouette, comment peindre des immeubles, plan de maison sur pilotis, photo perspective drôle, 72 vierges, clichés suède, fixer le point rouge pendant 10 secondes, policastrese antonella, illusion d’optique yeux rouge, daltonien vue, esprit critique, photos nantes la nuit, reflet essence, la riviere et les 2 troncs d’arbres trigonometrie, canal st martin art photo, baignoire dans le desert, planisphère noir et blanc, photo chien diseur de bonne aventure, vache café au lait, materazzi beaubourg, souliers talons alignés, big ben avec les nuages, illusion optique pour couverture facebook 400 pixels, humour poisson, encablure du rivage, photos noir et blanc ruelle, slogan anglais stress tasse de café, reconversion maison d’arrêt de nantes, beaumont en auge laplace, ciel noir et blanc, fete des lumière 2012 médusa, silhouette floue, flexion dans les immeubles, vancouver palmier neige, paris vu du ciel nuit, maison de namibie !

Au beau milieu de requêtes classiques – ciel noir et blanc, nuées oiseaux… -, il y a quand même quelques étrangetés. A ce propos, je tiens à préciser que ceux qui ont cherché « 72 vierges » ou photos « femmes soumises » sont sortis bredouille de leur passage sur mon site. « La rivière et les 2 troncs d’arbres trigonométrie » ? Cela résonne comme un problème de mathématiques : la solution n’était certainement pas ici, même si, des rivières, des troncs et des arbres, il y en a à foison… La « baignoire dans le désert » me plaît bien aussi : comme ça, spontanément, cette recherche pourrait sembler totalement absurde. Détrompez-vous, il y a bien des baignoires dans le désert ! Et puis, il y a ces histoires de clichés sur les suédois et de daltonisme qui reviennent régulièrement. Je ne pensais pas que les gens s’intéressaient autant à ces thèmes, enfin, surtout le premier avec lequel je me suis effectivement amusée, tandis que j’ai saisi le second pour divaguer un peu avec Dramachromie… Reste à savoir si ceux qui sont arrivés par hasard en ces pages reviendront par choix…

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Il y a 20, 30 ou 40 ans, je ne sais plus trop bien, j’ai, pour la première fois, posé le pied dans une école. J’y ai appris beaucoup, notamment que ce que j’allais faire serait désormais jugé et évalué par des personnes qui en savaient plus que moi et que je devais respecter : mes institutrices/teurs et plus tard, mes professeures/rs (même si, à l’époque, un professeur, même femme, restait au masculin… la grammaire grand-mère). Tout cela se matérialisait par des notes, sur 10, sur 20, sur 50. Des chiffres. Plus le travail fourni était bon, c’est-à-dire en adéquation avec ce qu’en attendaient les sachants, plus la note était élevée, et plus grande était la satisfaction de l’apprenant et de ses parents (sans que je sois réellement certaine de l’ordre dans lequel les citer). Avec une bonne dose de bonnes notes, on avait même des bons points, des images, des tableaux de satisfaction voire d’honneur (la classe ultime !). C’était un peu la consécration, même si, au fond de nous, élèves, nous détestions ce système de notation, stressant, discriminant sur un seul critère (évidemment, j’en avais différemment conscience à 7 ans). Car dès le plus jeune âge, on nous apprenait que le monde était scindé en deux : les bons, avec les bonnes notes essentielles pour avoir une belle vie plus tard, faisant la fierté à la fois des parents (c’est mon enfant !) et des maîtres (c’est mon élève !), et les mauvais, avec les mauvaises notes donc, la risée de la classe parfois, le problème des parents (qu’est-ce qu’on va bien pouvoir en faire ?) et les oubliés des professeurs (je n’ai pas le temps de passer autant de temps avec toi). Autant dire que lorsque tout ce cirque, qui a fini par déteindre sur nous, s’est arrêté, des années plus tard donc, le soulagement était au rendez-vous. Enfin « libéré » des notes, des bulletins et autres appréciations parfois lapidaires…

Et bizarrement, le monde moderne a créé les réseaux sociaux, auxquels des centaines de millions de personnes dans le monde ont adhéré, adoptant, du même coup, son cortège de like, de pouces levés, de « + », de partage et autres, en somme, son propre système de notation, au véritable rôle masqué par une nomenclature amicale. Un système que nous avions pourtant réussi à quitter il y a quelques années. Car, soyons francs, plus de personnes plébiscitent un propos, une image, une vidéo, un statut, un lien, un contenu donc, quel qu’il soit, plus son émetteur est heureux. Un bonheur qui atteint son paroxysme quand la notification s’accompagne d’un commentaire personnel. Comme l’était l’enfant ramenant un 8/10 en mathématiques et son TB de son instit… Les animaux sociaux que nous sommes devenus aiment qu’on aime ce dont ils parlent. En cela, le réseau social m’apparaît comme un milieu régressif. Régression à laquelle je participe moi-même : sous chaque article de ce site, il y a un petit cœur et un « + » juste à côté, invitant les lecteurs ayant aimé ce qui précède à le faire savoir en cliquant dessus et donc, en faisant monter la « note » de l’article en question. Oui, oui, il sert à ça, ce cœur… Et je me surprends à claironner : « Mon mot du jour a 8 « + » ! ». Une vraie fierté, et sincère en plus ! Comme si la communauté virtuelle et partiellement anonyme m’avait accordé une bonne note. Comme à l’école. A ceci près que là où, plus jeunes, seuls nos enseignants, ceux qui savaient donc, étaient habilités à nous estimer, à nous juger, aujourd’hui, tout le monde, au sens propre, peut le faire. Et c’est même nous qui le leur demandons ! Voilà que nous avons érigé en norme ce que nous avons autrefois rejeté… Est-ce du sadomasochisme ou simplement notre nature ?

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C’est absolument fascinant : quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit (même si je ne les ai pas toutes faites, les heures), il y a toujours quelqu’un dans une station de lavage auto en train de nettoyer sa caisse métallique ! Personnellement, bien que je comprenne tout à fait le concept d’ « urgence du moment » pour en être parfois atteinte, cela me dépasse totalement. Enfin, quelqu’un… Je rectifie : Il y a toujours un homme dans une station de lavage auto, patati patata… Et caisse métallique… Je rectifie aussi : une voiture, une beauté, une merveille, un bolide-attention-où-tu-poses-tes-mains ! Un objet qui se respecte Madame, qui mérite une attention sans borne ! C’est beau de les voir traquer et aspirer la moindre poussière abandonnée par leurs passagers avec passion ; puis frapper avec virilité les tapis sur les plots alentour qui n’en demandent pas tant ; c’est admirable de les voir savonner, faire mousser, frotter, rincer, re-frotter puis re-rincer car il reste encore quelques petites traces, là, sur l’aile gauche ; c’est brillant de les surprendre à lustrer la tôle, même froissée, jusqu’à ce qu’elle leur renvoie leur sourire d’auto-satisfait… Mais, d’une certaine manière, cet enchaînement a également (oui, oui, vous sentez bien que je suis un peu ironique dans cette affaire…) quelque chose de très rassurant : les hommes sont bel et bien capables de se concentrer régulièrement sur une tâche ménagère pendant trois quart d’heure ! Et il faut avouer qu’ils sont plutôt doués. Avec leur précieuse auto en tout cas. Faudrait peut-être penser à faire des appartements en forme de voitures… Voilà, voilà, c’était mon quart d’heure misandre !

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J’aime la ville. Pas plus que la nature, mais la ville est mon environnement naturel, en ce sens qu’elle est le lieu où j’ai passé le plus d’années. J’ai appris à aimer l’architecture, en particulier, moderne, et suis, de fait, toujours en quête de constructions remarquables dès lors que je pose le pied dans une nouvelle cité : gares monumentales, bibliothèques de verre, tours détonantes, musées tarabiscotés… Souvent, mais c’est aussi pour les trouver que je choisis de les mettre sur mon parcours, les villes qui m’accueillent ont tout ça à la fois. Les grands noms de l’architecture d’aujourd’hui y ont posé leurs pierres, récemment, faisant jaillir des bâtiments dont la modernité vient trancher avec la tradition centenaire ou moins incarnée par leurs voisins de rue. J’aime cette juxtaposition des époques et des approches, je trouve pertinente et audacieuse cette cohabitation du vieux et du neuf, inscrivant un bâtiment dans une continuité historique.

Là, en fermant les yeux – une chose que j’aime bien faire pour voyager dans mes souvenirs -, je vois la bibliothèque de Seattle, petite merveille biscornue et lumineuse de Rem Koolhaas, je vois le musée Stedelijk de Mels Crouwel à Amsterdam, temple du design en forme de baignoire gigantesque posée sur la ville, ou encore celui du cinéma, The Eye du cabinet d’architectes Delugan Meissel, aux allures de vaisseau spatial ; je vois The Shard, cette tour pointue récemment inaugurée à Londres par son créateur Renzo Piano, ou celle, plus arrondie, de Norman Foster, toujours dans la capitale britannique ; je vois le Jay Pritzker Pavillion de Frank Gehry à Chicago, ses sièges rouges parfaitement alignés et ses courbes métalliques si reconnaissables ; ce qui me renvoie instantanément au Walt Disney Concert Hall commis par le même Gehry à Los Angeles, où Richard Meier a érigé un inoubliable musée, le Getty Center, acceptant de troquer son blanc par un léger crème pour la paix des ménages… C’est vivifiant, c’est euphorisant, ces petites touches de fraîcheur dans ces villes, jeunes ou anciennes ! Mais lorsque je fais le même exercice – fermer les yeux et me concentrer – avec ma propre ville, Paris, je me heurte, sans heurts, à la Tour Eiffel, à l’Arc de Triomphe ou encore à l’Opéra Garnier, puis à l’Arche de la Défense, la bibliothèque François Mitterrand… ah, je trébuche enfin sur le musée du Quai Branly de notre star nationale, Jean Nouvel… Quoi d’autre ? La future canopée de Châtelet-Les Halles ? Et je me dis que je foule chaque jour les trottoirs d’une ville musée, certes magnifique, mais un peu guindée, conservatrice et consensuelle, cultivant sa propre nostalgie comme si elle s’était arrêtée en route et suffisait à faire son charme… Ceci étant écrit, rien n’est perdu et c’est vraisemblablement de la périphérie que viendra l' »original » (les guillemets pour la valeur sûre mais un peu surannée quand même) : il y a quelques jours, je suis tombée nez à nez sur la future Fondation LVMH conçue par Gehry. Cela m’a procurée une vraie joie je dois l’avouer, car je la voyais comme un démenti concret à ce que je ruminais depuis quelques mois et que je viens d’exposer. Bientôt donc, en fermant les yeux, je verrai aussi d’étranges formes en pensant à la ville lumière…

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En arrivant là, après avoir été secouée quelques jours dans un bateau traînant une mauvaise réputation de bouchon, au sommet de cette colline au bout du bout du monde, peut-être au bord de la Baie de Londres ou de celle de Recques au Nord de l’Ile de la Désolation, Kerguelen pour les intimes, je me suis dit que les extraterrestres existaient, et qu’un jour de grand ennui comme il en survenait souvent dans le vide intersidéral, ils s’étaient posés sur Terre, échouant malencontreusement sur cette île déserte à cause des mauvais calculs d’un pilote stagiaire sans pouvoir s’en échapper avant 72 heures, et vexés, s’étaient mis à casser des pierres et des pierres, plates, dans le sens de la longueur puis à les lancer le plus loin possible de telle sorte que l’installation finale, recouvrant la verte colline initiale, apparaisse à la fois chaotique et organisée, se disant, assez fiers d’eux-mêmes que le jour où les habitants de cette planète tomberaient dessus, ils n’en croiraient pas leurs semelles, échafaudant aussitôt et pour quelques années encore mille théories pour tenter de déflorer cet insondable mystère de la nature…

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