Photo-graphies et un peu plus…

La première fois que j’ai été confrontée à ce panneau, j’ai bien cru avoir changé de continent sans m’en être rendue compte. Littéralement. PED XING dans les rues new-yorkaises ou angelena (je viens juste d’apprendre l’existence de ce mot, donc pour ceux qui seraient aussi dans mon cas, je précise que c’est ainsi que l’on parle des habitants de Los Angeles et, par extension, de ce qui est relatif à cette ville). PED XING par ci, PED XING par là et pas de quartier chinois à l’horizon, malgré la correspondance sonore. PED XING en gros, comme si c’était une évidence pour tout le monde. C’est seulement après une analyse fine des sites où étaient installés ces mystérieuses signalétiques que j’en ai compris le sens. En travers des rues. PED XING ou la contraction naturelle de Pedestrian Crossing. Le X incarnant avec brio la croix, cross en anglais. Evidemment !

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Pardonnez le tremblement et le cadrage approximatif, mais il fallait être rapide sur ce coup-là… En voyant monsieur faire un long plan serré sur cette télévision, montrant une coulée de lave grignotant mètre après mètre la pente du volcan hawaiien Mauna Loa, je me suis demandée s’il allait tenter de faire croire aux siens, en rentrant chez lui et en organisant une séance photo-vidéo pour leur montrer ce qu’il avait vu et surtout vécu pendant ses fabuleuses vacances aux îles, qu’il avait été témoin de cette éruption et avait bravé tous les dangers pour pouvoir recueillir ces images héroïques, en réalité capturées dans le visitor center du site… C’est étrange, ce que les gens filment ou prennent en photo, parfois.

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Au départ, en prenant cette photo, il y a une envie : celle d’écrire sur le succès à la fois enthousiasmant et enrageant des manifestations artistiques publiques et en plein air, à l’instar de la Fête de la Musique, des Journées du Patrimoine, ou, comme ici, de la Nuit Blanche à Paris. Ceci est donc la Rue des Francs Bourgeois. Noire de monde. Pas 1 mètre carré de libre. On y joue des coudes, on se faufile, on se hisse, on se laisse porter, pire, on est emporté, on y hallucine, on se marre, on s’y énerve… C’est quand même un comble de se retrouver bloqué, de cette façon, dans ces circonstances, à cette heure tardive de la journée. Face à ce paysage à horizon bouché, l’arrivée de ce landau, vide, tenu à bout de bras, fendant l’air et la foule, ferait presque office de performance artistique improvisée, à défaut de pouvoir accéder à ce qui se passe dans l’antre violacé…

Mais, ça, c’était au départ. L’arrivée, c’était ce matin, à une station de métro. Une jeune femme est devant moi, en haut d’un escalier de 27 marches, avec un landau. Chargé cette fois-ci de ce qu’il y a habituellement au creux. Un bébé, bien arnaché, en prévision d’imminentes secousses. Quelques braves gars bien bâtis autour d’elle. Oh, pas des centaines, mais bien 5 ou 6. Et pourtant, pas un seul ne lui propose son aide pour lui faire passer cet obstacle en cascade. A vrai dire, elle ne l’espère même pas et descend seule les marches qui la séparent du quai. Tout d’un coup, l’image du landau flottant, l’air de rien, au-dessus d’un magma humain imperturbable et embourbé dans son aveuglement, me saute aux yeux, comme un écho malheureux…

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Parfois, on me demande :

– Tiens, toi qui fais de la photo, tu connais sûrement le dernier appareil de chez biiiiiiiipppp !

Souvent, la réponse est :

– Non, je ne suis absolument pas l’actualité matérielle. J’utilise les mêmes appareils depuis des années et ça me suffit.

Suivi d’un :

– Désolée…

Auto-justification instantanée car j’ai l’impression que ma réponse décevra mon interlocuteur… Comme si un cuisinier vous disait qu’il se moquait du matériel avec lequel il mitonnait ses petits plats. Ce qui n’est pas tout à fait la même chose.

– Ah ! Mais, tu as quand même peut-être une petite idée ?

– …

De fait, en déambulant dans les allées de ce Salon de la photo presque essentiellement consacré à la technique, je m’interroge à plusieurs reprises sur les raisons qui ont déclenché ma présence en ces lieux. A tel point qu’en voyant ces dizaines, voire ces centaines, de visiteurs paradant fièrement avec leurs appareils tous équipés de zooms plus longs – donc lourds et encombrants – les uns que les autres, mon premier réflexe est-il d’extraire de sa housse mon petit Lumix. Léger, discret et efficace, idéal pour capter l’excès. Celui de la performance, du « plus » ceci ou cela. Au fur et à mesure que je me faufile entre les enfilades de lentilles, une autre question se pointe : la photographie se résume-t-elle à cela ? A du matériel ? N’est-ce pas là une manière de ne pas aller à l’essentiel ? A l’image et ce qui, en soi, conduit à la créer. Les images exposées ne le sont que pour prouver une nouvelle fois la maîtrise technique : celle de l’imprimante, du laboratoire et de ses machines puissantes et rapides… A bien y réfléchir, et cela me saute aux yeux maintenant, c’est comme si les deux étaient déconnectés : ce salon ne laisse que peu de place à l’image, qui est pourtant la finalité de ce dont il fait la promotion. A contrario, un salon comme Paris Photo ne laisse que peu de place au matériel, outil pourtant indispensable à l’existence des œuvres qu’il présente. Comme si c’était vulgaire. Comme si l’image allait au-delà. Comme si elle voyait plus loin… Une classique histoire d’amour impossible, en quelque sorte, entre l’art et la technique…

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