Photo-graphies et un peu plus…

Qui ne s’est jamais posté derrière sa fenêtre pour regarder choir la pluie, laissant couler le temps avec ? Qui ne s’est jamais étonné d’apercevoir le monde renversé par l’entremise des  gouttes-loupes ? Ou émerveillé en observant l’astre brillant à travers elles ? Qui n’a jamais suivi du regard ces gouttes s’écrasant sur une vitre, imaginant qu’elles faisaient la course dès lors qu’elles atteignaient la dite surface lisse, alors transformée en piste « eautomobile » ? Qui n’en a jamais alors choisi une en plaçant un espoir sérieux dans sa capacité à atteindre la ligne d’arrivée en premier, emportée par son poids, le vent ou toute autre force mystérieuse ? Qui n’a jamais tenté d’anticiper la route qu’allaient emprunter ces petites boules d’eau, les croisements de sillons, les fusions ou au contraire, les scissions, se laissant aller à un parallèle assez trivial avec sa propre vie et les rencontres qui la ponctuent… Là, on dirait une fracture. Fenêtre scindée en deux par cette faille sans faille, tracée par une lourde goutte suffisamment chargée en énergie pour aller droit au but.

Mélancolique assurément, réjouissante aussi, la pluie inspire. Pour tous ces petits détails et bien d’autres encore, la pluie glissant sur une fenêtre attire comme un aimant. Et justifie une nouvelle série de photographies. Irisation, décomposition, éclatement, pénombre… C’était cet après-midi. Il y avait des gouttes de pluie sur La fenêtre. Bonne pluie !

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Comme je l’ai déjà évoqué dans La croisée des chemins, j’aime aborder une ville en me laissant guider par le hasard et la surprise que me réserve le bout de chaque rue ou une perspective lointaine. Avec un plan, la route est déjà toute tracée. On suit le chemin optimal pour voir tel ou tel monument connu, bâtisse remarquable, musée incontournable. Choisir l’option hasardeuse impose, soit d’avoir du temps, soit de faire l’impasse sur ce qu’il y a « vraiment à voir » dans la ville visitée si le voyage est de courte durée. Même si cette notion de « vraiment à voir » mériterait d’être discutée.

Toujours est-il que cette option hasardeuse m’a un jour conduite face à ce mastodonte énigmatique. Au détour d’une rue donc, il n’y avait plus que lui pour occuper mon champ visuel. Tout, dans ce bloc, en impose. La hauteur d’abord, la largeur ensuite, puis l’architecture. Et puis, surtout, une chose intrigue rapidement : où sont les fenêtres ? Les gros blocs sombres situés à mi-hauteur et au sommet sont vraisemblablement destinés au système d’aération intérieur… Aucune ouverture sur le flanc Est. Je fais le tour, ce qui prend un temps certain, persuadée que les ouvertures – les fenêtres essentiellement – sont toutes de l’autre côté… Mais, après avoir bien observé les quatre faces du building, je dois me rendre à l’évidence : la lumière naturelle n’entre pas dans ce bâtiment. Sauf si elle est zénithale et dans ce cas, je préférerais ne pas travailler dans les bas étages. Seule ouverture notée : une double porte de taille normale avec deux petites caméras sur les côtés. Pas un nom, pas une enseigne. Un bâtiment neutre. Pas discret étant donné sa taille, mais ne laissant rien transparaître de ce qui s’y trame. Tout ce mystère fait naître une autre question : qu’hébergent donc ces murs apparemment impénétrables ? Le bâtiment de Men in black me revient à l’esprit. De la science-fiction ! Evidemment, m’étant laissée guider par le fameux hasard, je ne sais pas où je suis. Et lorsque je me retrouve face à un plan, je réussis à me persuader que ce bâtiment n’est pas indiqué sur la carte. Cela épaissit un peu plus le mystère, ce qui me va plutôt bien…

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La curiosité ? Celle qui pousse à laisser traîner ses yeux du côté des fenêtres de rez-de-chaussée ou des portes lorsqu’elles sont entre-ouvertes. On y découvre des bribes de vie. Des bouts d’existence dont on ne connaît ni l’avant ni l’après. Parfois, c’est simple : une télévision allumée sur un jeu de fortune, une personne hachant des carottes, une autre faisant un somme sur le canapé, des enfants en train de chahuter dans leur chambre.

Le spectacle est parfois plus énigmatique. Comme dans ce garage pris au détour d’une balade maltaise en fin de journée, fortement éclairé par une lumière hors champ… On cherche des indices qui pourraient nous aider à deviner ce qui s’y trame. Deux balais, une corde enroulée à terre, un cintre poussiéreux, des câbles électriques fixés au mur, un casque de protection auditive, un tablier plastifié pas trop sali, et juste à côté, une vieille photo en noir et blanc penchée et accrochée à l’un des tubes d’alimentation.

Après énumération, l’ensemble reste une énigme. Un garage ? Oui, mais pourquoi un tablier en plastique blanc, qui laisse supposer que ce qui est susceptible de se retrouver dessus peut s’effacer avec un peu d’eau. En fait, on dirait un tablier de boucher. Ce qu’il n’est pas. De la peinture ? Le port n’est pas loin. Mais il n’y a aucune tâche au sol, qu’il s’agisse d’huile ou de peinture. Ce qui attire le plus le regard a posteriori, c’est cette photo – absolument pas repérée dans le feu de l’action – sur laquelle on peut plus ou moins distinguer cinq personnes. Comme la trace d’un bonheur passé, d’un moment de gloire, d’une fine équipe précieusement conservée depuis et vers laquelle le propriétaire des lieux peut se tourner, au présent, comme pour mieux se souvenir.

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Toute absorbée par l’originalité de la forme de la fenêtre de droite – mais peut-on décemment encore parler de fenêtre dans ce cas ? -, j’ai totalement zappé le vieux monsieur qui était derrière la fenêtre de gauche. Il ne s’est révélé qu’au visionnage des photos du jour. Il me regarde. Le sourire n’y est pas vraiment… Je ne suis certainement pas la première à m’extasier devant cette percée murale, ni la première à la photographier. Il se dit peut-être : « Encore une qui croit avoir découvert quelque chose ! ». Lui, c’est l’éternel voisin, derrière sa banale fenêtre rectangulaire, c’est celui que l’on oublie, ou que l’on ne voit qu’après. A posteriori, je ne sais plus quel regard est le plus intéressant : celui, épieur, du monsieur, ou celui, plus mécanique, de la fenêtre à l’allure d’onomatopée ?

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Un œil de bœuf emprisonné qui donne sur un mur, un escalier torsadé qui commence à la huitième marche et qui n’en compte que six, c’est totalement surréaliste…  Mais n’est-ce pas normal quand, soi-même, on se trouve dans une annexe du Musée Dali de Figueras ?

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Un ours en peluche jouant à cache-cache en pleine rue, avouons-le, ce n’est pas très courant. Et je ne parle pas du film d’animation qui sévit actuellement dans les salles obscures et fait pleurer, de rire aussi, les grands enfants nostalgiques. Ainsi blotti derrière un volet replié de fenêtre de rez-de-chaussée, j’ai d’ailleurs bien failli ne pas le voir, ce petit ours attendant patiemment que l’on vienne le chercher. Comme s’il était au coin… Peut-être est-il puni ? Ou alors, il monte la garde !

Reste que sa présence à cet endroit intrigue, encore aujourd’hui… L’hypothèse anthropomorphique rapidement abandonnée, les questions arrivent : comment est-il arrivé là ? A-t-il été abandonné, lâché par mégarde par un enfant en poussette, puis ramassé par un badaud, passant par là aussi, mais un peu plus tard, pour être posé sur le rebord de la fenêtre au cas où parent et enfant retraceraient leur chemin en sens inverse ? Si tel est le cas, pourquoi l’avoir mis derrière le volet, à l’abri des regards ? Et était-il déjà installé lorsque les propriétaires du volet l’ont replié sur lui-même ? Probablement, puisque ce dernier n’est pas totalement ouvert. En le dépliant, ils ont bien dû se rendre compte que quelque chose bloquait.  En tendant la main, ils ont touché quelque chose de doux et de triste. Mais, dans ce cas, comment expliquer qu’ils l’aient laissé là au lieu de le faire trôner au milieu de leur fenêtre, pour qu’il soit repéré de loin par son jeune propriétaire désespéré ? Après réflexion, la partie de cache-cache me semble bien plus simple et logique !

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Se promener dans les rues de Berkeley, comme dans beaucoup d’autres rues de villes américaines peut-être, peut réserver quelques surprises. De la lecture accrochée aux portes, aux fenêtres, plantée dans le jardin ou encore fixée aux grilles… Une lecture citoyenne où les habitants, par ailleurs invisibles, affichent leurs convictions politiques, morales, religieuses… En somme, leurs avis, quels qu’ils soient : « La lecture est sexy », « J’ai voté Obama », « On l’a fait » (qui est aussi le slogan de l’Armée des 12 singes mais pas ici), « Pour la proposition 8 », « Pour un système de santé équitable pour tous  » (ceux-la ont peut-être retiré leur panneau depuis cet été…), « Contre la guerre en Irak », en Afghanistan, la guerre tout court. Comme en atteste ce dessin vraisemblablement réalisé par une petite fille bien éduquée. En France, sur les portes, on trouve plutôt : « Attention, chien dangereux ! »… Oui, c’est facile… Non, en France, les opinions se clament lors de manifestations, en public, en groupe, avec force, sur des rails, devant des ministères, dans des champs, aux portes des écoles… En revanche, sur les fenêtres, rien, ou si peu. L’union fait la force… C’est, en tout cas, une manière totalement différente d’affirmer son existence et sa liberté de pensée, et de le dire !

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… ton d’hier.

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Face à cette incommensurable masse de métal et de verre parfaitement équilibrée, on a peine à imaginer la vie s’y épanouir et les idées jaillir… Et pourtant, tous les jours, des milliers de personnes s’engouffrent dans ces antres de la modernité, qui, de l’extérieur, fascinent l’amateur de lignes et de perspectives, mais qui, de l’intérieur, s’apparentent probablement à un non sens humain. La danse de la Terre autour du Soleil plonge ses habitants temporaires dans une incessante bataille entre l’ombre et la lumière, comme si, chaque jour, ils étaient les témoins passifs d’une éclipse artificielle…

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Robert en dit : « changement de forme, de nature ou de structure, si considérable que l’être ou la chose qui en est l’objet n’est plus reconnaissable ». D’où cette question : l’avenir du pétale est-il dans le papillon ?

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