Photo-graphies et un peu plus…

Et bien oui, la trêve n’aura pas été bien longue… Mais ne nous méprenons pas sur ce qui suit pour autant…

Imaginez un peu la patience qu’il a fallu à ces gouttes d’eau pour réussir à squatter durablement ces rochers et poteaux posés là comme une digue embryonnaire, et bâtir cette épaisse couche de glace boursouflée de partout, à la fois totalement inhospitalière et véritablement subjuguante. Il a d’abord fallu que la température extérieure baisse sensiblement, non pas pendant un jour comme ça au hasard, mais durant plusieurs jours, collés les uns aux autres. Puis que celle du lac suive la même tendance descendante. En parallèle, il a fallu que ce dernier continue à danser et à donner de petites impulsions propres à créer quelques vagues, au moins, vaguelettes, et que celles-ci soient suffisamment motivées pour passer par dessus les dits rochers et poteaux, ou au moins, les éclabousser.

Cette submersion peut être très rapide. Aussi a-t-il fallu, pour arriver à ce résultat saisissant, qu’à chaque allée et venue, des gouttes résistent à l’appel du fond et du large, et réussissent à s’accrocher de toutes leurs forces aux aspérités de la roche. Et que, de son côté, complice, l’air fonde aussi vite sur elles pour les figer sur place. Et ainsi, de vaguelette en vaguelette, de dixième de millimètres en dixième de millimètres, les rochers ont finalement disparu sous un manteau glacé qui leur a apporté tout sauf de la chaleur. Un acharnement quasi pathologique, quand on y pense. Mais qui peut bien avoir eu la patience d’achever une telle œuvre ? Le temps, comme d’habitude…

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L’autre jour, dans le métro, j’ai eu l’impression de reconnaître quelqu’un. Quand on prend tous les jours la même ligne, à peu près aux mêmes heures, il n’y a rien d’étonnant à cela. C’est même logique. Sauf que je ne prends pas le métro tous les jours et que j’ai croisé cette personne, j’en suis sûre maintenant, à des heures et sur des lignes différentes. Elle aurait donc pu passer totalement inaperçue, ce qui est le cas de la grande majorité des personnes à côté desquelles nous marchons dans notre vie. Mais, elle, on ne pouvait que la remarquer. A chaque fois, ce petit bout de femme d’une quarantaine d’années était assise dans un sas à 4 places et en occupait deux. Non qu’elle en imposait, mais parce qu’elle transportait toujours avec elle une pile de livres, une boîte de biscuits ou gâteaux et un thermos avec du thé. Je n’ai d’ailleurs jamais vu ses yeux, toujours rivés sur les lignes d’un livre. On l’entendait simplement rire parfois, on la voyait aussi se tamponner les yeux avec son mouchoir en tissu… Tout le monde respectait cela et personne ne lui a jamais demandé de débarrasser ses affaires. Bien évidemment, elle avait la présence d’esprit – même si cette attitude la faisait souvent passer pour une douce illuminée (il m’était déjà arrivé plusieurs fois d’en parler avec d’autres voyageurs et chacun y allait de son hypothèse) – de ne pas prendre le métro aux heures de pointe. Mais la raison du rituel continuait à m’échapper.

Aussi, après une bonne vingtaine de rencontres fortuites, je me suis décidée à lui poser la question. Pour comprendre. Je fais partie de ces personnes qui croient qu’il y a toujours des raisons aux choses, et qu’il existe peut-être même des raisons aux raisons…

– Excusez-moi ? (quelle étrange habitude que de s’excuser avant d’engager toute conversation avec un inconnu !)

Je suis obligée de répéter ma question deux fois en m’approchant à chaque fois un peu plus d’elle car elle est totalement absorbée par sa lecture et n’est sûrement que très rarement, si ce n’est jamais, importunée lors de ses voyages. Elle lève enfin les yeux, mais pas la tête, déjà prête à retourner dans son livre… Hum… « A la recherche du temps perdu » aujourd’hui. Rien que cela.

– Puis-je vous poser une question? je tente.

Sitôt, un léger sourire apparaît sur son visage. Elle prend machinalement un marque-page attendant son heure sur le siège à côté, le place à la page 232 du tome 2 en prenant soin de le faire légèrement dépasser pour retrouver rapidement sa page une fois l’intermède fini.

– Oui ! lâche-t-elle comme si elle s’apprêtait à faire un 100 mètres.

– Que faites-vous ? Je veux dire… Je bafouille. Tout d’un coup, le ridicule de la situation me saute aux yeux, mais il est déjà trop tard… Je reprends. Cela fait plusieurs fois que je vous vois dans le métro, à lire…

– Tout le monde lit dans le métro, m’interrompt-elle, sachant bien que cette réponse ne me satisferait pas.

– Certes. Mais, il y a lire et lire, lui dis-je en montrant son thermos, ses livres et ses gâteaux du regard.

– Il y a quelques années, j’ai choisi de travailler chez moi. Du jour au lendemain, je n’avais plus à prendre les transports ! Un vrai bonheur ! Sauf qu’au bout de quelques mois, j’ai réalisé que je n’avais pas ouvert un seul livre depuis ce changement et que ça me manquait… Parce que, comme beaucoup justement, je lisais essentiellement dans les transports ! Et j’adorais lire dans le métro. J’ai retourné le problème dans tous les sens et ai fini par me dire que la seule façon de reprendre la lecture était de prendre à nouveau les transports. Pas avec le but d’aller quelque part cette fois-ci, mais d’y faire quelque chose : lire. Je conçois que cela soit étrange, mais j’y ai trouvé mon équilibre. Je continue à travailler de chez moi, donc suis libre d’organiser mes journées comme je le souhaite. Alors, voilà, chaque jour, je me pose dans un wagon pour lire…

Je ne m’attendais pas à ce que l’explication, quelle qu’elle soit, sorte aussi facilement et aimablement. Je suis presque déçue.

– Et vous restez dans la même rame ?

– Oui, oui ! Les chauffeurs ont l’habitude de me voir maintenant et ils ne m’obligent plus à sortir au terminus. Les pauses sont parfois longues au garage d’ailleurs avant que le métro ne reparte dans l’autre direction… C’est assez étrange. Au bout de deux, trois allers-retours, je range mes affaires et je sors, rassasiée !

– Mais, pourquoi ne pas vous installer dans votre canapé, chez vous, ou dans un café ? C’est plus confortable que le métro !

– J’ai essayé. Il n’y a pas assez de bruit, ou alors, pas les bons, pas assez de mouvement. J’aime bien être ballotée. Cela rythme la lecture… Vous savez, quand on prend l’habitude de faire quelque chose dans un certain environnement, il devient très difficile de le faire ailleurs. Cela fait 4 ans que je fais cela et je n’ai jamais aussi bien et autant lu…

Sur ces derniers mots, elle m’a regardée avec le même sourire qu’au début de notre échange, clignant rapidement des yeux, puis a plongé sa main gauche dans un sachet marron opaque et en a sorti deux petites madeleines maison desquelles s’échappait une douce odeur de vanille.

– Vous en voulez une ?

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A quelques jours d’achever une année complète de duos quotidiens (que se passera-t-il après ?), je réalise qu’aucun ne porte sur la Tour Eiffel. Cela ne pourrait être qu’un constat sans suite. Je n’en ai pas fait non plus sur la pyramide de Gizeh ni sur la Place Rouge à Moscou. Une raison simple à cela : mon corps ne m’y a pas encore traînée. Mais, en parisienne, même lointaine que je suis – la distance étant peut-être liée à cette urgence soudaine, de la nostalgie ? non… – je ressens le besoin, de fait, pressant, de réparer ce presque oubli. Et de consacrer un peu d’espace et de temps à cette figure symbolique dupliquée à des millions d’exemplaires sur des cartes postales, des photos de visiteurs d’un jour ou de toujours.

De mon côté, il faudrait probablement aller fouiller dans les cartons, donc, remonter quelques années en arrière, pour trouver une photo-reproduction de cette tour de fer puddlé montée en 2 ans, 2 mois et 5 jours, et qui a dû patienter 70 années avant de connaître une gloire internationale. Et ce n’est pas lui manquer de respect, il me semble, que de la faire apparaître sous un nouveau jour. En l’occurrence, nuit. Une de ces nuits irréelles et inspirées d’où émanent des images à la fois vraies – pas de post-manipulation – et fausses – ce n’est pas ce que l’on voit en regardant dans cette direction. Une passerelle Debilly désarticulée, un doublé métallique éclairé… La Tour aux 1665 marches s’évade de ce champ où elle est ancrée depuis bien longtemps déjà, traînant son double spectral comme un boulet. Faire trembler l’immuable, un beau dessein photographique, non ?

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A l’heure où beaucoup sont à dénicher des cœurs dans des choux-fleurs, des nuages de lait ou même des miches de pain, c’est une tête de mort qui me saute aux yeux au cœur de ce tronc scié de dépit… N’est-ce pas là un fait bien étrange, qu’un arbre, qui n’est plus, fasse ainsi apparaître la tête d’un humain, qu’il n’a jamais été, mais a fait qu’il n’est plus, sur ses plus jeunes cernes ? Peut-être un clin d’arbre pour nous rappeler que, quoi qu’il en soit, nous finirons tous entre quatre planches de son bois…

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Contrairement aux apparences, souvent trompeuses, ces images n’ont pas été volées au Musée des métiers d’antan, si jamais il existe, mais bien au présent. Pourtant, il y a à parier que rien n’a changé en ces lieux – en haut et en bas – depuis plusieurs décades. Comme si le temps s’y était posé. Du tableau accroché au mur faisant office de catalogue des coupes de cheveux officielles au vieux transistor posé sur l’étagère en coin, en passant par ces magnifiques fauteuils en fer forgé et cuir bombé et cette vieille photo du salon bien encadrée, tout respire le passé. Mais pas un passé poussiéreux, un passé heureux. Empli d’anecdotes d’un quartier autrefois ouvrier au nom tout droit sorti d’un livre d’anticipation, le Mile End. On imagine sans peine que, Tommy, celui qui taille aujourd’hui les barbes et coupe les cheveux, est l’apprenti qui, il y a 53 ans, mettait pour la première fois, les pieds dans ce Barber shop typique qui perdure en Amérique du Nord.

Signe distinctif ? Ce poteau strié aux bandes bleu-blanc-rouge qui tournoie, comme une illusion d’optique. La tradition remonterait au Moyen Age, à l’époque où la chirurgie, la coiffure, la dentisterie, c’était un peu du pareil au même… Il suffisait de savoir manier quelques objets tranchants ! Ainsi, en 1666 par exemple, lorsque vous poussiez la porte d’une de ces échoppes, le barbier chirurgien en chef pouvait vous faire une coupe bien proprette, vous raser de près, mais aussi vous faire une petite saignée et vous arracher cette dent de sagesse qui vous fait affreusement mal. Tout cela car la chirurgie a été condamnée par l’Eglise, à cause du sang répandu, et que les médecins, de mèche, ont, de fait, arrêté, de la pratiquer.

Comme souvent, les hypothèses se multiplient pour expliquer l’origine de certaines traditions. L’enseigne tricolore du barbier n’échappe pas à la règle : l’une de ces hypothèses stipule que les barbiers chirurgiens s’occupaient aussi de couper le cordon ombilical des nouveaux nés et que le poteau de barbier n’est autre que la représentation (très extrapolée) du cordon. Donc, rouge pour l’artère, bleue pour la veine et blanc pour la couleur du cordon, le tout inextricablement emmêlé… Une autre ? Le poteau bleu symboliserait le bâton à serrer par les visiteurs pour que leurs veines ressortent, le blanc, les bandages propres et le rouge, le sang évidemment. Quoiqu’il en soit, messieurs, aujourd’hui, vous pouvez aller chez Tommy sans crainte, la chirurgie a gagné ses lettres de noblesse – séparation  réussie de l’Eglise et de la science -, et les barbiers chirurgiens sont retournés à leurs premières amours : le poil !

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… cet endroit est fascinant ! N’allons pas pour autant dire qu’il est perdu au milieu du désert, même si c’est un peu le cas ; ni qu’il n’est pas très connu, même si Kolmanskop remporte certainement moins d’écho que Tataouine… Ce village fantôme est situé à quelques encablures ensablées de Lüderitz. Le point d’interrogation est toujours là ? Windhoek est la capitale de ce pays où, autrefois, on allait à la pêche au diamant. Certains mineurs croient d’ailleurs toujours au miracle à Kolmanskop, officiellement abandonnée au mitan des années 50 après 42 ans de vie plus ou moins intense, ou plus précisément, après 10 ans de rêve éveillé et 32 années de désenchantement continu. A l’époque faste, la ville a même été la première de l’hémisphère sud à équiper son hôpital d’une machine à rayon X et la première d’Afrique à se doter d’un tram.

Passé ultra moderne. Solitude présente. Entre les deux, le Namib a fait son chemin. Et quand le désert avance, c’est la vie qui s’en va. (!) Et qui revient, parfois, des années après, sous une autre forme, avec d’autres rêves. Non pas celui de trouver une de ces précieuses pierres mais de pouvoir découvrir avec ses propres pieds, avec ses propres yeux, avec son propre cœur curieux cet univers qui s’effrite, s’effondre, se craquelle de tous côtés, se fait engloutir, avaler par le sable, et même transpercer par les rayons du soleil, qui, lui, comme demain, ne meurt jamais. Contrairement aux diamants, faussement éternels…

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Je ne parle pas de la pluie, qui, à n’en pas douter, s’abat sur cette détonante ville de La Valette, bien que nous ne la voyions pas. La pluie. Mais de l’action. La précipitation. Cet enchaînement qui consiste à extraire son appareil de sa protection, à l’allumer (sans oublier d’ôter le cache, ce qui arrive souvent dans ces situations), à faire ses réglages à qui mieux mieux, à cadrer un minimum (sinon, la précipitation s’avère totalement inutile) pour réussir à capter ce qui est déjà en train de fuir et qui est, sur le moment, absolument indispensable à immortaliser.

En l’occurrence, l’ensemble formé par ce duo protégé par ce pavillon maltais et la cabine téléphonique anglaise rouge vif, la vraie, dans ce méandre d’escaliers, de pont et de doubles niveaux. Une sorte de déclaration de double nationalité impromptue et décalée. La cabine est effectivement un résidu de la présence britannique sur ce petit caillou à mi-chemin entre l’Europe et l’Afrique du Nord, où l’on continue aussi à rouler à gauche comme au pays de sa majesté, mais un peu plus à la manière du sud, approximative, avec envolées, embardées et coups de klaxon… Une cabine, figée comme le passé, immuable, qui résiste au changement. Et un parapluie arborant fièrement la Croix de Malte et paradant dans la ville, comme le sceau du présent.

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Comme ça, sans prévenir, au 21e siècle, des jeunes n’ayant pas connu la guerre se retrouvent, tel un jeu, chaque dimanche, sur la clairière bercée par le soleil tombant, pour se livrer des batailles d’une autre époque.

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Drôle de métier que celui de Monsieur Léger… Depuis 47 ans, il parcourt les villes et villages de France et de Navarre pour leur voler quelques centimètres cubes d’air qu’il emprisonne méticuleusement dans d’antiques et magnifiques bouteilles de la pluricentenaire brasserie Mapataud dont déborde son estafette bleue claire.

Chaque fois, c’est le même rituel : il se rend préférentiellement dans un parc, le poumon de la ville comme on dit, inspire un grand coup pour tester l’air, regarde autour de lui, puis décapsule la bouteille… Il la tend alors vers le ciel et au bout de 14 secondes exactement – il a toujours sur lui le vieux chronomètre, une authentique copie du premier chronomètre qui fut, celui de John Harrisson, et que lui a offert son grand-père le jour de ses 14 ans, qui lui-même le tenait de son grand-père – il referme la bouteille d’un coup sec. Il ouvre alors son modeste cartable de cuir adouci par les années et en extrait une petite étiquette sur laquelle il note le nom de la ville à qui appartient cet air captif, et qu’il colle sur la bouteille. Il range alors celle-ci dans un casier aux côtés de ses congénères.

Monsieur Léger n’a qu’une règle : ne remplir qu’une seule bouteille par ville. Le jour où il a réussi à engranger 67 bouteilles, il s’arrête en plein milieu d’un champ, sort sa carte de France  parsemée de trous puis un compas, qu’il plante exactement à l’endroit où il se trouve. Il l’ouvre de 4,8 centimètres et trace un cercle. Monsieur Léger ne voit plus tout à fait bien maintenant, aussi se sert-il d’une loupe pour trouver la ville la plus grande qu’englobe cette surface. Elle marque la dernière étape de sa tournée. Le dimanche, à 5h42 du matin, quel que soit le temps, il est le premier sur la place du marché à installer son stand et à aligner ses bouteilles les unes derrière les autres. Il a bien conscience de vendre quelque chose de différent par rapport à ses voisins maraîchers ou fromagers, mais il sait aussi d’expérience que ses bouteilles étiquetées intriguent. Alors, il attend, sur son petit fauteuil en osier, que quelqu’un ose lui poser une question. Et il y a toujours un moment où une personne lève l’index et dit :

– Excusez-moi ? Qu’y a-t-il dans ces bouteilles ?

– De l’air ! s’empresse-t-il alors de répondre, anticipant déjà ce qui va suivre…

– Juste de l’air ?

– Oui, mais de l’air de La Rochelle, de Cahors, d’Agen… Voyez, c’est écrit sur les étiquettes…

– Ah oui, lui répond l’autre, dubitatif… Mais, il a vraiment une autre odeur l’air de Cahors par rapport à celui de Colmar ?

– Evidemment, mon ami ! Sinon, pourquoi passerais-je ma vie à le récolter ?

Le curieux, pensif, se met alors à regarder les bouteilles plus précisément.

– Peut-on ouvrir celle-là ? finit-il par demander en montrant la bouteille de Biarritz (toujours avec son index). J’ai toujours rêvé d’aller à Biarritz.

– Malheureux ! Mais si vous ouvrez la bouteille, son air va se mélanger avec celui d’ici et vous ne pourrez jamais savoir en quoi il était différent !

En général, dépité, le curieux s’en retourne et l’air de rien, Monsieur Léger, est heureux.

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Voilà ce qui arrive lorsque l’on cherche une image en particulier et que l’on ne la retrouve pas… J’ai à l’esprit, depuis plusieurs jours, une photo que je pourrais décrire dans ses moindres détails et qui, a priori, serait idéale pour illustrer un propos que je m’empêche de développer depuis, n’ayant pas mis la main virtuelle sur cette photographie. Je pourrais en chercher une autre qui cadre tout aussi bien avec le dit sujet, mais cela ne règlerait pas le problème : cette image, si présente dans ma mémoire, resterait cachée parmi ses nombreuses semblables… Ce n’est évidemment pas la première fois que cela survient, et deux fois sur trois, la photo pensée initialement se présente, comme une fleur, sous mes yeux, à l’issue d’une recherche totalement différente, deux ou trois jours après avoir déclaré forfait ! Comme si c’était un jeu ! L’image a-t-elle une conscience d’elle-même et du pouvoir qu’elle exerce sur nous ?

Il est certain que chercher une photo précise dans un portfolio en contenant plus de 20 000, même en rationalisant au maximum (lieu, période approximative…), c’est un peu comme tenter de retrouver quelqu’un dans une foule en mouvement (il y a une heure, il était là) ! On fait des tours et des tours, dans un sens puis dans l’autre, rapidement puis lentement, on retourne tout, en vain. La photo échappe à notre vigilance pourtant à son paroxysme. Car le portfolio est mouvant… Les images sont parfois déplacées et réorganisées dans un souci d’optimisation. Certaines sont parfois même supprimées, plusieurs mois ou années après avoir été prises. D’où un problème potentiel de mise à jour de notre mémoire interne : peut-être ai-je tout simplement oublié que j’avais effacé cette image ? Auquel cas, ma quête n’aboutira jamais. Je me souviens en effet que cette photo prise dans une salle de cinéma en attendant les bandes annonces était floue. Un état qui est loin de me déranger, mais, parfois, certains jours de grand ménage photographique (on parle de « Printemps de la photographie » dans les chaumières), on se prend à éliminer des images chéries la veille. Comme ça, sans prévenir. Mais avec de bons arguments. Et pas de négatif pour rattraper l’affaire si le lendemain, on change d’avis. Dans ce cas, mieux vaut savoir oublier les images que l’on a en tête, et qui, d’une certaine manière, se rapprochent de La photo pa(s/r)faite. Cela permet de voir plus loin…

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