Photo-graphies et un peu plus…

Stupeur et tressaillement ! Le Pont des Arts, jadis léger comme l’air, croule désormais sous le poids de l’amour cadenassé. Il aura donc suffi d’une année et un peu plus pour que la mode lancée au Pont de l’Archevêché descende le courant et prenne d’assaut son cousin grillagé, QG reconnu de contemplation des beautés de la ville lumière. Les cadenas de l’amour s’y sont donc multipliés, comme des petits pains, côté promenade et parfois même côté Seine quand la place venait à manquer. Mais, parmi ces preuves de bons sentiments laissant entrevoir un monde rose bonbon, la réalité reprend parfois du terrain, donnant ainsi raison aux Rita et à leur chanson… Car, oui, « les histoires d’amour finissent mal, en général »… Deux mots sur lesquels se cristallisent tous les espoirs des amoureux malgré une introduction décourageante, que reprendra peut-être en chœur ce jeune homme à la barre.

Pour lui, l’amour n’est plus. Les traces de cet amour doivent de fait disparaître. A l’instar de ce cadenas qu’il avait accroché avec sa dulcinée en pleine lune de miel. Mais le bougre avait anticipé la potentielle tempête et, contrairement à beaucoup de couples pétris d’illusions, et avait opté pour un cadenas à combinaison. Ainsi se disait-il que lorsque les mauvais jours annoncés viendraient, il n’aurait pas à se procurer une pince disproportionnée pour briser les fers de l’amour. Quatre petits chiffres lui suffiraient à se libérer de ce qui serait désormais un boulet. Encore fallait-il les retenir… Ce qui n’était visiblement pas le cas au vu des dizaines de tentatives de décodage qu’il venait d’enchaîner… Voilà ce qui arrive lorsque l’on veut rayer un peu trop vite de sa mémoire une partie de son passé…

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Allongée sur le sable, à attendre qu’une masse brune fende l’air et la lumière…

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Et bien, ne faites pas cette tête ! Quoique, pendant 2 microsecondes, je me suis profondément interrogée sur le statut de ce vieux monsieur inanimé, ton sur ton, affalé dans un de ces fauteuils en cuir sombre qui parsèment les six étages du MoMa où défilent, dans un ballet incessant, touristes en quête des Demoiselles d’Avignon et locaux aspirant à un peu plus de retenue… Courte ou longue sieste ? Personne en panique autour de lui, il doit encore respirer. D’ailleurs, un livre, probablement trop lourd pour être porté à bout de bras, est posé sur ses genoux hiboux joujoux poux. Ceci dit, il y a pire que mourir sous le coup de la beauté d’une œuvre en compulsant un livre d’art !

Question de point de vue évidemment et d’interprétation, l’idéal étant quand même de finir le livre, de le refermer, et de se relever, même difficilement, pour s’extraire de cet antre où de vraies natures mortes sont placardées sur les murs blancs. Vous savez, les fruits directement sur la table ou savamment agencés dans des coupes, les lapins morts, les bouquets de fleurs colorées, les pichets de vin, parfois un crâne ou deux pour mieux justifier le style… Mais, lorsque l’on se penche sur le cartel pour découvrir l’auteur de la pièce en question, à côté du nom, ce n’est pas « nature morte » qui est inscrit mais « still-life ». Une traduction, pourtant tri-centenaire, qui transpire ce point de vue culturel sur le trépas et, qui, à la mort, mot tabou, trop sec, trop brutal, trop vrai outre atlantique, préfère l’espoir de la vie, encore là même si silencieuse, immobile… Comme ce vieux monsieur, là, avachi mais toujours en vie… Enfin, il faudrait peut-être aller vérifier quand même.

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… est un photographe solitaire, ou plutôt qui admet que son plaisir est un plaisir solitaire qu’il n’a à imposer à personne. L’accompagner dans ses virées photographiques n’est donc pas forcément un plaisir partagé… Car, le chasseur d’images, comme tout chasseur qui se respecte (ou pas), est à l’affût. Et être à l’affût du détail, de la perspective, de l’inattendu prend du temps. Un temps passant vite pour l’appareillé mais devenant infini pour vous qui avez cru que c’était une bonne idée de répondre par l’affirmative quand l’autre vous a lancé : « je vais me promener sur la plage, tu viens ? ». Premier conseil : ne jamais répondre « oui » quand un photographe vous pose une telle question. Car, la balade sur la plage ou sous un pont, vous savez quand elle commence ; quant à savoir combien de temps elle durera, sachez que c’est une affaire qui vous échappera totalement et sera entièrement dépendante de la pêche iconique du jour. Seul le pêcheur est en effet habilité à décider quand il faut rentrer au port… Cette échappée temporelle peut donner lieu à de poétiques sarcasmes : « je ne pensais pas que l’on pouvait mettre aussi longtemps à parcourir si peu de chemin ! ». Et si ! Car le photographe peut rester une heure perché sur un rocher habité, sous un pont abandonné, ou à tourner autour d’une brindille striant le sable au gré des coups de vent. Le photographe est ainsi.

En plus de piétiner, d’attendre en vous demandant ce que l’autre a bien pu trouver à ce caillou et à cette tige asséchée – attention, je ne sous-entends pas que l’accompagnant du photographe manque d’imagination -, vous devrez répondre au quart de tour à des injections servies plus ou moins aimablement et faire le caddie : « Tu me passes le 50 s’il te plaît ? » (Euh, c’est quoi le 50 ?) « Le flash, vite ! » Il y a ainsi quelques formules dont il faut se méfier. En voici quelques unes : « Je vais sur le rocher là-bas, je reviens. » Phrase très très ambiguë : Terminator l’a aussi prononcée et il n’est revenu qu’au bout de plusieurs années ! Il y a aussi « Tiens, ça a l’air sympa là-bas, on y va ? » C’est « sympa » photographiquement parlant, ce qui peut être sympa objectivement (ah, ah) mais ce n’est pas une garantie ! Sans parler du « La lumière n’est pas bonne, il faudrait attendre un peu… » Et vous de tenter un « Mais le coucher de soleil n’est que dans 3 heures ! » « Oui, je sais ! On peut aller vers ces rochers en attendant, il y a des anémones ! » « Chouette ! »

Parfois, il vous faudra même poser. Un rôle 100% ingrat car, souvent, ce ne sera même pas pour vous prendre en photo vous particulièrement, mais simplement pour avoir une silhouette en contre-jour sur l’image. Non, vraiment, accompagner un photographe n’est pas une partie de plaisir, sauf à être vous-même un accompagnant avisé et à vous équiper d’un livre dont la lecture hachée n’altèrera pas la compréhension de l’histoire…

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