Photo-graphies et un peu plus…

Le yoyo émotionnel

Ou les montagnes russes, ou l’ascenseur, l’idée sous-jacente étant de passer d’un état à un autre – bas, haut ; côté gauche, côté droit ; tête à l’endroit, tête à l’envers… – en un temps si court que nos émotions passent elles-mêmes de la peur à la joie, de l’excitation à l’horreur, de l’effroi à la jubilation, du rire aux larmes en moins de temps qu’il n’en faut à nos 5 litres de sang pour faire le tour de notre corps – moins d’une minute au repos au cas où vous vous poseriez soudainement la question…

Il se peut même que cela aille si vite que ces mêmes émotions, totalement désorientées, se déploient en décalé, la joie éclatant alors que la situation requérait plutôt la peur par exemple… Selon les circonstances, cela pourrait s’avérer dangereux ou très drôle. Mais il y a bien pire : lasses de tant de versatilité, nos émotions pourraient tout simplement opter pour l’inhibition totale ou partielle. Car ce n’est pas rien, en effet, tant physiquement que psychiquement, que d’être traversé par une émotion, quelle qu’elle soit. Il faut en particulier un temps plus ou moins long pour s’en remettre, et un autre pour, le cas échéant, laisser place à l’analyse. Les enchaîner est a fortiori épuisant, parfois déconcertant.

Je pense à tout cela en parcourant, plusieurs fois par jour et volontairement, des portails d’informations, ou tout simplement mon mur bleuté californien où s’enchaînent, entre autres, les nouvelles du monde relayées par la presse internationale, mais aussi les nouvelles d’une partie de mon monde transmises, quant à elles, par les personnes qui les vivent. Le plus difficile n’est alors pas tant d’être informée, et même sur-informée, que de sauter d’un registre sensoriel à l’autre, parfois diamétralement opposé, sans le moindre avertissement, et bien sûr sans hiérarchisation puisque tout est présenté au même niveau. Le plus difficile est de passer du sordide, du lugubre, de l’insoutenable – et les exemples ne manquent malheureusement pas ces derniers temps, où que l’on porte son regard sur cette planète – au futile, au désinvolte, au léger, voire tout simplement au factuel, sans être tenté de banaliser et de neutraliser le sordide, le lugubre et l’insoutenable, puis de glisser dessus comme sur une patinoire en hiver, avec le sourire, peut-être un petit frisson dans le dos, tout en se disant, qu’au fond, cela n’est pas bien grave ou que cela fait partie du jeu. Sans, finalement, en retenant toute émotion, se déshumaniser soi-même à trop vouloir se protéger des horreurs subies par d’autres sous prétexte, à questionner, que l’on se sent, globalement, désarmé et impuissant. Donc, non concerné. Ce qui est assurément pire encore, même si fondamentalement humain…

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De l'inconvénient des déhanchements

C’est bien tentant de voguer de-ci de-là sur sa planche à roulettes en toute insouciance. Encore faut-il avoir pleinement conscience du risque de dissociation voire de dislocation corporelle, certes temporaire mais tout de même, que fait peser cette activité hautement sautillante et elliptique sur tous ceux qui la pratiquent. Pour garantir leur intégrité, ces derniers se doivent également de maîtriser les différentes figures permettant de recoller les morceaux avant de se lancer officiellement ! Et dans le bon sens, de préférence…

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Cela faisait six mois que j’attendais cet instant, que j’attendais ce 6 septembre 2012, car c’est ce jour-là que devait sortir Ville des anges de Christa Wolf, publié au Seuil. Non que je sois fan de cet écrivain allemand – que je ne connaissais pas il y a sept mois -, ou que je lise systématiquement tous les ouvrages portant sur Los Angeles – mon intérêt n’a pas réellement dépassé la curiosité que suscite une cité aussi mythique -, ou encore que je sois actionnaire de la prestigieuse maison d’édition… C’est en fait beaucoup plus trivial puisque c’est une de mes photos qui a été utilisée pour la couverture de ce livre. La chance de la première fois, que je n’ai pas pu m’empêcher d’immortaliser il y a quelques heures, histoire de faire savoir un peu…

Papillonner, c’est le petit nom que j’avais donné à cette photo lorsque je l’ai postée sur ce site le 26 août 2011. Pour le papillon d’abord, éphémère animal magique et poétique, qui venait de prendre son envol après quelques secondes de repos sur une branche déshydratée sur fond d’Océan pacifique et de ces hauts palmiers si emblématiques de ce littoral photogénique de la côte ouest américaine. Pour la symbolique ensuite : je rentrais tout juste d’une année de vadrouille nord-américaine qui s’était conclue par deux mois à dormir chaque soir dans de nouveaux draps, avec un nouveau paysage de l’autre côté de la fenêtre de la chambre du motel, de l’ouverture de la tente, du hublot ou de la vitre du train… Papillonner, découvrir, goûter, frôler, survoler, c’est ce que j’avais fait avec le plus grand sérieux pendant cette parenthèse hexagonale aussi indispensable que temporaire. J’ai adoré papillonner, ressentir cette légèreté du corps et de l’esprit en prise avec l’ailleurs, penser que seules mes envies d’alors guidaient des choix se résumant souvent à : la route de gauche ou celle de droite ? J’adore toujours papillonner, même ici, pour l’illusion qu’ainsi conditionnée, voire formatée, je suis capable d’ajouter quelques notes imprévues à ce quotidien de papier à musique qui nous agrippe avec une ferveur maline… Contrairement à ce que l’on nous apprend, le papillon a la vie longue… Longue vie aux papillons !

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