Photo-graphies et un peu plus…

Sourire volontairement à un(e) inconnu(e) arrive parfois, en dehors de tout contexte de séduction. Je précise « volontairement » car parfois, perdus dans nos pensées, nous nous mettons à sourire sans nous en rendre compte, ce qui peut être source de malentendu pour toute personne croisée à ce moment précis. Cette dernière peut en effet prendre la marque de sympathie pour elle, et, selon son humeur, y répondre de la même manière en pensant – « ils sont sympas dans cette ville ! » – ou l’ignorer en se disant – « mais pourquoi est-ce qu’il me sourit ? c’est à moi qu’il sourit ? j’ai un bout de salade coincé entre les dents ? ». Dans ce cas, il s’agit d’un sourire involontaire dont le porteur est bien incapable de mesurer les conséquences.

Revenons au sourire volontaire que l’on peut interpréter comme un témoignage de soudaine et éphémère complicité. Les circonstances dans lesquels il peut survenir sont très particulières. Par exemple, lorsque deux personnes, chacune de leur côté, viennent d’assister à un spectacle naturel à couper le souffle – au hasard, un intense arc-en-ciel sur une ville éclairée par la lumière dorée rasante d’un soleil faisant sa révérence, le tout sur un fond d’atmosphère électrique, alors que, de l’autre côté, un grain saisit l’horizon lumineux -, et que, une fois le rideau baissé, repues de bonheur et de satisfaction, elles reprennent leur route, redescendant progressivement sur Terre, et se croisent. A cet instant précis, les yeux encore pétillants et le cœur tambourinant, elles sont incapables de ne pas s’échanger d’abord un regard, puis un sourire. Ce sourire béat de celui qui a conscience de sa chance et qui murmure : « C’était magique, n’est-ce-pas ? » « Oui ! » répond l’autre dans sa tête comme si l’une pouvait entendre… Comme le miel sur les doigts, ce sourire reste accroché au visage pendant plusieurs minutes encore, alors que vous êtes déjà loin de la scène. Et c’est alors que vous remarquez qu’une personne arrivant en face de vous, vous regarde étrangement. En fait, elle vous sourit… Mais pourquoi donc ?

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Comment ces deux-là ont-ils réussi à s’échapper de la couverture cotonneuse dont ils faisaient, sans aucun doute, partie, et ainsi accéder à leur rêve le plus fou de voler de leurs propres ailes ? A moins que cela ne soit l’inverse… Peut-être ces petits nuages plats navigant en parallèle, comme un couple d’inséparables, se sont-ils égarés, cherchant, depuis des milliers de kilomètres, un endroit où se reposer, une ouverture dans un sol ouaté ne laissant même pas passer la lumière, pour ainsi refaire partie de ce tout… Qui est à la fois rien. Rien qu’une mer de nuages à la houle légère et s’étendant à l’infini, comme si rien n’existait, en-dessous.

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Tout comme certaines cartes et plans nous indiquent où nous sommes par un divinatoire « Vous êtes ici ! », je me permets de vous signaler, au sens propre, l’élément de cette image qui, à mes yeux, est essentiel. Là, donc. Un demi arc-en-ciel ayant la stupéfiante idée de commencer au bout de mon index. L’événement est relativement exceptionnel pour être montré du doigt en effet, mais je tiens à préciser que, contrairement aux apparences, je ne suis pour rien dans l’existence de ce phénomène céleste suffisamment discret et rare pour être remarquable à chacune de ses éphémères sorties.

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De quoi a-t-on réellement besoin pour vivre ? D’un toit au-dessus de la tête qui saura nous rassurer dans les moments de doute, d’une fenêtre sur l’océan qui ouvrira à l’infini le champ des possibles ? Faut-il vraiment choisir entre l’un ou l’autre ?

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Que c’est beau ! Prochaine destination de voyage ? Plage de sable blond, mer tranquille, ciel bleu aux nuages inspirés… Vous vous y voyez déjà. La petite silhouette qui se détache à l’horizon, c’est vous. Vous en êtes sûr. Mais, ne vous emballez pas ! En bas sur le côté, en tout petit, si petit que l’on ne le voit pas, une petite astérisque mentionne que la photo n’est pas contractuelle. On nous vend du rêve, on nous offre ce que l’on veut voir. Tant pis si, sur place, la pluie est au rendez-vous, si la plage est recouverte d’algues et de bouteilles plastique en fin de dérive océanique, et si une voie ferrée (obsession passagère, ah ah) passe juste de l’autre côté de la barrière de palmiers, venant régulièrement interrompre votre quête de sérénité. Vous y avez cru à un moment, vous avez acheté votre billet et c’est parfois l’essentiel. Un mauvais pli pris parfois par les musées aussi…

Il serait de bon ton d’exporter ce concept d’astérisque aux conférences et séminaires, qui, d’une autre façon, nous vendent (gratuitement certes) du rêve, à travers des mots, des titres et des formulations susceptibles d’attirer le curieux… Bien caché : programme non contractuel. Un exemple. Octobre 2008. « Le futur a-t-il un avenir ? » séminaire organisé par le Centre Pompidou. Journée réjouissante, sur le papier, avec un parterre de connaisseurs sur la scène, des thèmes promettant des échanges passionnants… Qui, dans la réalité, s’effondre comme un soufflé à la cuisson interrompue par la curiosité du gourmand. La moitié des invités est absente. Ils s’excusent. Conférence annulée. L’autre écourtée. L’autre totalement réorientée faute de combattants. Si le futur a un avenir, par nature, le présent ne semble pas en avoir. La salle est progressivement désertée au fur et à mesure que les heures passent. Comme hier. Dans cette petite salle du département Media de McGill. « The human after the post-humanist critique or, the fantasy of Interspecies Ethics ». Impatience. Evidemment, à lire ce titre, on ne s’attend pas à assister à une conférence portant exclusivement sur les animal studies et à voir des photos de chiens (même pas des robots) parsemer la présentation. Non, on ne s’attend pas à entendre parler des théories, notamment de Derrida, sur les relations entre l’homme et l’animal, sur les droits des animaux… Certes, c’est sûrement intéressant mais le fait est que ce n’est pas ce que laissait entendre l’annonce. Par conséquent, l’attention se dissout totalement (Mayde, Mayde, décrochage imminent ! John, je crois qu’on l’a perdu ! Cerveau inactif sur les radars…), la succession de mots prononcés dans une langue étrangère se muant en une sorte de musique d’ambiance imposée. Evidemment, a posteriori, lorsque l’on relit attentivement la présentation habilement complétée entre le jour où on a mis une croix dans notre agenda et le jour J (et que l’on n’a pas re-regardé malheureusement), on peut comprendre qu’elle risque de prendre une autre tournure que celle instillée par le titre. C’est le danger à assister à une conférence avec des idées précises sur son contenu potentiel. Je vais guetter donc la prochaine série sur la communication grand public, peut-être y parlera-t-on de publicité mensongère ?

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La marée a trouvé plusieurs fois écho en ces p(l)ages virtuelles (notamment La marée, Coquillages et juste assez, Salmigondis marin, La photographie est un sport de combat). Un sujet qui va, qui vient, au gré des humeurs, du calendrier lunaire et des heures de la journée. La mer aux deux visages… Inlassablement, la marée recouvre et découvre des étendues, offrant un spectacle en perpétuelle métamorphose à ceux qui la suivent. Pas de demie-mesure, de mer à moitié vide ou à moitié pleine. Elle ne s’arrête jamais en route ! Sable fin ou rochers habités de mollusques, d’anémones et autres algues glissantes sont ce que dévoile la marée descendante la plupart du temps…

De fait, cette marée basse-là est particulièrement étonnante, étrange voire inquiétante. Un labyrinthe de pics acérés, résidu d’une mangrove en décomposition, champ de bataille marin… Un véritable piège et une mauvaise surprise pour le nageur attiré par les eaux chaudes et bleutées très accueillantes à marée haute de cet océan Indien et qui se jetterait, pieds nus, dans ses courants. Quand une peau lisse révèle en fait une hostilité pas si profonde… Les apparences sont parfois bien trompeuses.

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Le luxe est un pays donnant sur une mer calme, où il fait toujours un temps splendide, où il y a toujours un yacht immense pour passer innocemment à l’horizon, où l’eau des piscines couleur bleu azur ne fait ni bulles ni remous, où les tables sont toujours parfaitement dressées, où les chaises longues suivent l’orientation du soleil et où même les plus insignifiantes rambardes brillent comme des miroirs. Aux alouettes. Car cette image du luxe, associée à une dose certaine de devises, n’est plus. Elle est même totalement dépassée.

Aujourd’hui, le luxe serait plutôt un pays où parfois il ne fait pas beau sans que cela soit grave ; où parfois, il n’y a rien d’affriolant à l’horizon sans que cela soit décevant ; où parfois, les piscines sont fermées sans que cela soit une catastrophe ; où parfois, il faut patienter pour avoir une table, sans que cela soit angoissant et où les rambardes insignifiantes sont parfois réellement insignifiantes sans que l’on se sente obligé de porter plainte auprès du décorateur. Aujourd’hui, le luxe serait plutôt du côté du temps. De ces moments de solitude (ou de partage) que chacun essaye de sauver chaque jour du maelström ambiant qui l’aspire et dans lequel il s’enfonce sans toujours s’en rendre compte, en réalisant, tel un saumon sauvage cherchant à remonter le courant tout en évitant les griffes acérées des ours bruns affamés, que la tâche est bien plus difficile qu’il n’y paraît. A tel point que parfois, on en vient à se dire que c’est peine perdue, que c’est l’époque qui veut ça, donc que « c’est comme ça », voire normal, et on se laisse emporter par le tourbillon. S’asseoir devant une horloge et regarder le temps passer seconde après seconde sans ressentir la moindre once de culpabilité, un défi contemporain. Aujourd’hui, le luxe, c’est avoir le temps de respirer (pas une respiration saccadée pour essayer encore de gagner du temps, de vraies inspirations et expirations, celles-là même qui font se bomber et se rétracter notre thorax, et nous font sentir que nous avons des côtes sous notre peau), de vivre (pas d’être spectateur de notre vie), de penser (pas uniquement à la liste des courses ou des choses à faire avant 17h32), d’errer (pas pour chercher une place de parking), de s’arrêter (pas parce que l’on est malade), de recommencer, de se tromper, de partager son temps… Mais, contrairement au luxe ancienne version (qui a toujours ses adeptes), le temps ne s’achète pas, il se prend. Ce qui a évidemment un prix…

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