Photo-graphies et un peu plus…
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Alors qu’elles sont péniblement en train de lutter derrière un chalut pour récupérer les quelques bouts de poissons frais jetés à l’eau par les pêcheurs rentrant au port, deux mouettes, à l’âme plus épicurienne que guerrière, battent soudainement en retraite.

– Nous ne sommes pas de sauvages tout de même !

– Venez très chère ! Allons au bistro du Rocher ! C’est l’happy hour : vers et crustacés à volonté !

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Tout était pourtant extrêmement bien préparé… J’avais les bonnes chaussures, les bonnes chaussettes aussi – c’est important quand on s’apprête à marcher 5 heures – ; j’avais prévu le pique-nique à mi-parcours sur la plage à mâter les surfers défiant, non pas des vagues géantes, mais les basses températures du Pacifique nord ; j’avais aussi la bouteille d’eau additionnelle pour les petites soifs pendant la rando qui comptait quelques belles montées et d’aussi belles descentes ; j’avais des barres de céréales revigorantes à dévorer à l’arrivée pour repartir du bon pied et la certitude que ma batterie serait encore pleine à ce moment, car le point de vue d’en haut se devait d’être splendide. Enfin, c’est pour cette promesse de beauté que je m’étais engagée sur ce chemin serpentant entre vues plongeantes sur un océan bleu intense, à quelques dizaines de mètres en contrebas, brillant de mille éclats, à l’immensité aussi subjuguante qu’irréelle et forêt pluviale sombre où les rais forts du soleil arrivaient toutefois à se frayer subtilement un passage, éclairant intensément fougères ou autres plantes vertes tapissant un sol idéalement meuble pour la colonne, vertébrale, comme la poursuite, l’auteur d’un one man show sur une scène de théâtre.

Le dernier kilomètre se faisait d’ailleurs sous cette chape un brin humide, maintenant, jusqu’au bout, le plus grand secret sur l’horizon. Cet horizon même où il devait se détacher. Ce petit phare en avant poste sur un rocher à quelques encablures de la côte. Une curiosité dans cette région. L’objectif de cette marche. Plus que quelques mètres, satisfaction, le chemin s’ouvrait sur le bleu de l’océan, palpitations, et à l’horizon, point de phare mais une bande de brume épaisse ne laissant rien deviner de ce qui se tramait derrière. Il était là pourtant, je le cherchais du regard, scrutais la cime des arbres en espérant une rafale qui balayerait toute cette ouate, je croquais une barre de céréales pour lui donner le temps de filer, vidais ma bouteille, piétinais, faisais même quelques étirements, et comme si je n’étais pas là pour ça, mais rien. Rien ne s’était passé. Le brouillard s’était installé et le phare ne s’était pas montré. Il ne me restait plus qu’une chose à faire, demi tour. A ruminer cette ironique déconvenue, cette rencontre avortée. Ce pied de nez météorologique, ce contretemps, ce temps contre moi, pire, qui se joue de moi : arrivée en bas, la brume s’était dissipée et le phare, des plus classiques, s’était dévoilé…  Prouvant, une nouvelle fois, qu’il est important d’apprendre à vivre avec cette idée que le point que l’on atteindra à l’issue du chemin ne sera pas forcément celui que l’on attendait, ou espérait, malgré les jalons, malgré les efforts, malgré les certitudes. Et ainsi d’apprendre à vivre sur le chemin et à l’apprécier tel qu’il est. Car, en toute honnêteté, elle est plutôt belle cette vue tri-bandes et même plus énigmatique et originale que celle que j’étais venue voir.

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Le trottoir est étroit, ils ne se connaissent pas, il a une sacoche en bandoulière et le regard vitreux, elle, l’âme curieuse et une sardine dotée d’un flash. La combinaison attire l’attention voire la tension. Il s’approche, elle apprivoise une autre boîte à images, il parle, elle le remarque enfin. Ce n’est pas ce qu’il dit vraiment, mais il lui dit en substance, tel un théorème mathématique en guise de bonjour, que, si elle n’a pas de pare-soleil – ce qui est le cas -, alors elle n’est pas une vraie photographe. CQFD. La potence est là, voici la corde ! Non mais, de quel droit se permet-il, ce zouave du mercredi, d’asséner de telles âneries avec une telle arrogance ?

Je n’écris pas cela car je n’utilise jamais de pare-soleil – j’adore pointer volontairement l’astre brillant et découvrir mes images zébrées par des tâches colorées organisées en guirlandes de lumière – mais simplement parce qu’il y a des millions voire des milliards de façons de faire de la photographie, et que je vois difficilement comment on peut se prétendre preneur d’images en s’imposant des règles aussi réductrices pour retranscrire le monde, qui plus est, dans ses atours les plus festifs. Malheureusement, le donneur de leçons, si doué soit-il dans son art, a souvent bien peu de … flair !

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J’aime la Bretagne. Je ne connais pas tous les Bretons, mais tous les Bretons que je connais – et je ne parle pas que de ceux qui inscrivent Bretagne dans la case Pays de leurs formulaires administratifs -, où que l’on soit, ne peuvent s’empêcher, à un moment, de lâcher fièrement un « On a la même chose en Bretagne ! ». C’est un cran au-dessus du « ça ressemble à » du voyageur, qui, lui, fait des connexions entre les différents endroits qu’il a déjà visités sans les faire converger vers une destination précise. Que vous soyez à la montagne, au soleil (ah, ah…), au bord d’une mer chaude, le Breton trouvera toujours le petit mètre carré qui le ramènera en une micro-seconde à sa terre natale ou d’adoption, chez lui. C’est charmant voire, amusant. Ceci-dit, parfois, le Breton a raison, comme ici, à Bandon, sur la côte sud de l’Oregon. On se croirait sur un chemin des douaniers finistérien ! Voilà que je m’y mets aussi !

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… est un photographe solitaire, ou plutôt qui admet que son plaisir est un plaisir solitaire qu’il n’a à imposer à personne. L’accompagner dans ses virées photographiques n’est donc pas forcément un plaisir partagé… Car, le chasseur d’images, comme tout chasseur qui se respecte (ou pas), est à l’affût. Et être à l’affût du détail, de la perspective, de l’inattendu prend du temps. Un temps passant vite pour l’appareillé mais devenant infini pour vous qui avez cru que c’était une bonne idée de répondre par l’affirmative quand l’autre vous a lancé : « je vais me promener sur la plage, tu viens ? ». Premier conseil : ne jamais répondre « oui » quand un photographe vous pose une telle question. Car, la balade sur la plage ou sous un pont, vous savez quand elle commence ; quant à savoir combien de temps elle durera, sachez que c’est une affaire qui vous échappera totalement et sera entièrement dépendante de la pêche iconique du jour. Seul le pêcheur est en effet habilité à décider quand il faut rentrer au port… Cette échappée temporelle peut donner lieu à de poétiques sarcasmes : « je ne pensais pas que l’on pouvait mettre aussi longtemps à parcourir si peu de chemin ! ». Et si ! Car le photographe peut rester une heure perché sur un rocher habité, sous un pont abandonné, ou à tourner autour d’une brindille striant le sable au gré des coups de vent. Le photographe est ainsi.

En plus de piétiner, d’attendre en vous demandant ce que l’autre a bien pu trouver à ce caillou et à cette tige asséchée – attention, je ne sous-entends pas que l’accompagnant du photographe manque d’imagination -, vous devrez répondre au quart de tour à des injections servies plus ou moins aimablement et faire le caddie : « Tu me passes le 50 s’il te plaît ? » (Euh, c’est quoi le 50 ?) « Le flash, vite ! » Il y a ainsi quelques formules dont il faut se méfier. En voici quelques unes : « Je vais sur le rocher là-bas, je reviens. » Phrase très très ambiguë : Terminator l’a aussi prononcée et il n’est revenu qu’au bout de plusieurs années ! Il y a aussi « Tiens, ça a l’air sympa là-bas, on y va ? » C’est « sympa » photographiquement parlant, ce qui peut être sympa objectivement (ah, ah) mais ce n’est pas une garantie ! Sans parler du « La lumière n’est pas bonne, il faudrait attendre un peu… » Et vous de tenter un « Mais le coucher de soleil n’est que dans 3 heures ! » « Oui, je sais ! On peut aller vers ces rochers en attendant, il y a des anémones ! » « Chouette ! »

Parfois, il vous faudra même poser. Un rôle 100% ingrat car, souvent, ce ne sera même pas pour vous prendre en photo vous particulièrement, mais simplement pour avoir une silhouette en contre-jour sur l’image. Non, vraiment, accompagner un photographe n’est pas une partie de plaisir, sauf à être vous-même un accompagnant avisé et à vous équiper d’un livre dont la lecture hachée n’altèrera pas la compréhension de l’histoire…

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