Photo-graphies et un peu plus…

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Cette photographie, prise depuis la base de l’une des rampes d’accès aux quais de la gare de Los Angeles, a été publiée, virtuellement, dans la série Photos de vacances du Journal de La Photographie. Un moment photogénique et symbolique volé avant de monter à bord du Sunset Limited et de partir pour une épopée ferroviaire de 4 jours ralliant la cité des anges à la grande pomme…

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N’avez-vous pas l’impression qu’il manque quelque chose à cette photo ? Non pas à la photo en tant que telle, mais à ce qu’elle montre ? En lieu et place de nos tourniquets doublés de claquantes portes saloon faisant passer les mâchoires de requin blanc pour de la guimauve, de simples bornes marquent l’entrée dans un territoire à tarification spéciale : les transports publics. On y scanne sa carte, on y passe son billet puis on avance, librement. Sans portique, même bas, comme c’est le cas dans de nombreux autres pays…

Alors que de hauts systèmes de sécurité sont en voie d’installation dans les gares de proche banlieue parisienne, le contraste entre nos mœurs et celles du pays du soleil levant est à nouveau saisissant. Car, plus de sécurité, il s’agit plutôt, dans nos contrées latines, d’ériger des murs anti-fraude, en tout cas, destinés à la rendre plus difficile. Et de rappeler que « transport public » n’est pas synonyme, tout du moins pas encore, de « transport gratuit » même si tel est le credo d’un autre réseau RATP (le Réseau pour l’abolition des transports payants)… Au Japon donc, on monte dans le bus par la porte arrière et on paye en sortant, par l’avant, juste à côté du chauffeur. L’idée même de filer à l’anglaise, sans payer, semble n’effleurer l’esprit de personne. Bizarre, non ? A contrario, dans notre chère capitale, a fleuri, ces dernières années, une poignée de jingles polis lancés par les chauffeurs selon leur humeur. Ainsi, lorsqu’une personne entre sans s’acquitter de son dû, ce qui arrive régulièrement, une petite musique se met en marche et une femme à la voix douce – c’est toujours une femme qui est chargée de remettre la planète sur les rails ! – prend le relais : « Nous vous rappelons qu’il est obligatoire de valider son titre de transport ! ». Ou, dans d’autres circonstances, qu' »il est interdit de monter par l’arrière du bus », qui est, de fait, une manière de ne pas valider son précieux sésame… Les étourdis, qui ne pensaient pas à mal, fouillent alors frénétiquement dans les dix huit poches avec lesquelles ils se promènent pour en extraire leur pass et aller le valider de façon assez ostensible tandis que les autres font la sourde oreille.

Cela me rappelle une petite histoire new yorkaise racontée par une Française en vacances avec son frère. Celui-ci avait manifestement été alpagué de façon assez musclée par la police – et il suffit de les croiser une fois pour comprendre que ça peut être un moment désagréable – après avoir sauté par dessus la barrière du métro, histoire de ne pas rater celui qui arrivait à quai. Comme à la maison, quoi ! Son étonnement m’avait étonnée… Même à Londres, où le ticket de métro dépasse les 4 euros, les portiques semblent là pour la forme. Je me dois toutefois de préciser qu’un agent veille à chaque entrée de métro et que cela produit sûrement son petit effet. Bref, la question demeure : le Français est-il fraudeur à ce point ? La fraude est-elle une question de prix, de principe, de nature, un acte de rébellion ou un manque de respect à l’égard des biens partagés ? La question reste en suspens mais se pose dès que je me retrouve face à des systèmes où, par défaut, on fait confiance à ceux qui les utilisent…

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Il y a quelques semaines, la Mission Cinéma de la Ville de Paris était toute fière d’annoncer que le nombre de tournages dans la ville lumière avait encore augmenté en 2011. Avec 940 tournages, soit 3 707 jours cumulés, il a même cru de 40% en 6 ans ! Il y a quelques années, six peut-être, Woody Allen, adorateur manifeste et autoproclamé de New York mais aussi de Paris, avait décidé, à regrets, de se tourner vers d’autres pays européens où les taxes étaient moins élevées. La donne a donc vraisemblablement changé, ce qui l’a conduit à revenir en terrain connu pour son cru 2011, Minuit à Paris, entièrement filmé dans la capitale, ce qui n’est pas le cas de tous les films s’y déroulant.

Parmi les derniers films « parisiens », Sherlock Holmes 2 Jeu d’ombres où l’on peut découvrir une Avenue de l’Opéra telle nous – vivants du 21e siècle – ne l’avons jamais connue. Ou encore, Hugo Cabret, le dernier opus de Martin Scorcese, légère étrangeté dans sa sombre filmographie. Lui aussi nous montre un Paris, romantique mais plus charbonneux, où nous n’avons aucun repère. Ou presque. Dans les deux cas, Paris est plus reconstruite, numériquement évidemment, que réellement dévoilée. Or, toute reconstruction s’accompagne inévitablement d’approximations urbanistiques, de raccourcis, volontaires ou pas. Lorsque, dans la fable de Scorcese, Hugo admire la Tour Eiffel depuis le sommet d’une gare qui ressemble à s’y méprendre à celle du Nord, celle-ci paraît à deux pas. Mais Paris est si petite pour un Américain… Cela ne froisse probablement personne, surtout pas ceux qui ne connaissent pas la ville ou qui ont trop abusé de Las Vegas qui arbore son mini-Paris paré de ses incontournables collés les uns aux autres justement. D’autant que cette fameuse gare parisienne, où se déroule une grande partie du film, a en fait été bâtie à l’échelle 1 dans des studios londoniens, Scorcese n’ayant pas eu l’autorisation de tourner à la Gare du Nord, pour une action qui se passait, dans l’histoire, la vraie, celle de Méliès, à la Gare Montparnasse, aujourd’hui méconnaissable… Logique !

A leur façon, les réalisateurs, pour des raisons techniques et souvent budgétaires, contribuent donc à créer une autre cité dans l’imaginaire collectif. Certes, moins que ceux qui placent leur action dans le Los Angeles ou New York d’aujourd’hui par exemple, et qui tournent, en grande partie, à Vancouver ou Toronto, les antichambres d’Hollywood. Deux villes plus des images de studios se mêlent de façon inextricable pour n’en former qu’une seule, irréelle mais cinématographiquement viable. Une ville du 7e art qui ne se visite pas « en vrai », ou alors, qui sème son explorateur, une illusion de plus…

Rien de nouveau sous le soleil : pour la première scène si saisissante de Shining, celle où l’on voit Jack Torrance dans sa petite voiture jaune serpenter les étroites routes de montag(n)e, sur la terrible Symphonie fantastique de Berlioz, et découvrir, au détour d’un sommet, l’hôtel Overlook où il va passer l’hiver, Stanley Kubrick joue avec les lieux et nos émotions. Les images liminaires de montagne ont été tournées au Glacier National Park, dans le Montana, alors que l’hôtel où arrive le personnage de Jack Nicholson se situe sur le Mont Hood, près de Portland, à des centaines de kilomètres de là. Enfin, il n’y a que la façade du Timberline Lodge qui a été utilisée. L’intérieur, copie quasi conforme d’un hôtel du Yosemite, a été reconstruit dans des studios à Londres, ainsi que le labyrinthe où se perd Torrance, posé « en face » de l’hôtel dans le film. Savante supercherie totalement transparente à l’écran et qui éclate au grand jour lorsque l’on s’aventure soi-même sur ces routes de montagne, que l’on réalise qu’elles n’ont rien à voir avec ce qui nous a été montré, qu’il n’y a pas de sommet d’où l’on puisse observer l’hôtel en plongée et que la vue sur le lodge, qui ne fait plus du tout peur, est désormais gâchée par un massif bâtiment en béton… L’ensemble a beau avoir été totalement modelé, il n’en demeure pas moins quelque chose de réel : les gérants du lodge ont en effet demandé à ce que le numéro de la dramatique chambre 217, qui y existe, soit changé en 237, qui n’y existe pas, de peur de ne plus jamais réussir à la louer…

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Un phénomène étrange se produit régulièrement lorsque je suis à l’étranger. C’est quasiment un sans faute d’ailleurs, ce qui n’est pas sans soulever certaines questions. Peut-être cela vous arrive-t-il aussi ? De reconnaître des Français alors que vous ne pouvez pas les entendre. De les reconnaître à distance. Comme ça, instinctivement. Une intuition. Même de dos, comme la paire ci-dessus. Vous les voyez et vous vous dites : « ceux-là sont Français, c’est certain ! ». Aucun indice : la grappe que vous observez ne cherche pas à s’insérer, comme si de rien était, dans une file d’attente d’un pays où elles sont scrupuleusement respectées et où l’on vous regarde de fait comme un extraterrestre si vous osez bafouer les règles locales en vigueur ; elle n’est pas non plus en train de critiquer tout ce qu’elle voit, tout ce qu’elle touche, tout ce qu’elle entend, tout ce qu’elle mange… Quand on croise ces spécimens-là, malheureusement non rares, deux voies s’ouvrent à soi : s’enfermer dans un mutisme temporaire, le temps de dépasser l’orage ; ou, au contraire, adopter un comportement diamétralement opposé en se montrant encore plus prévenant et poli que de nature pour compenser leur déficit en bonnes manières auprès de nos hôtes communs. Non, là, la grappe est neutre. Et pourtant, elle dégage un je-ne-sais-quoi incontestable de Français. Est-ce les traits du visage, les pieds, la posture, le style vestimentaire, la coupe de cheveu, la façon d’être, seul, en duo, en groupe ? Qu’a ce couple, par exemple, hormis une certaine concordance de phase dans le mouvement – même jambe d’appui, même regard légèrement tourné vers la gauche hors champ (une fontaine sculptée plutôt jolie) – totalement indépendante, a priori, de leur identité nationale, pour que je n’ai aucun doute sur leur origine ? Émettons-nous des sortes de phéromones asexuées nous permettant de détecter les êtres de notre propre patrie en territoire inconnu ? Cela reste un mystère…

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