Photo-graphies et un peu plus…

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C’est à Antsirabe, au cœur de Madagascar, que j’ai passé mon baptême. De pousse-pousse. Mon baptême de pousse-pousse, oui. Ne riez pas, je suis sérieuse, c’est très intimidant, même si j’en conviens, ce n’est pas aussi terrifiant qu’un premier saut en parachute, même accompagné, ou qu’une plongée à 30 mètres, ce que ne fait jamais un néophyte… Cela remonte à une petite quinzaine d’années mais je me souviens parfaitement avoir longuement hésité avant de solliciter un des nombreux tireurs de ces petites charrettes bigarrées qui patientaient sur le bord des routes. Ce qui me freinait ? Le fait d’être portée et déplacée par un être humain à la seule force de ses bras et de ses jambes.

Dans mon imaginaire, le pousse-pousse renvoyait en effet à la période de la colonisation – toujours palpable par moments – et à une certaine forme d’exploitation de l’homme par l’homme, et, malgré ma curiosité de voyageuse avide de découvertes et d’authenticité, je n’avais pas envie de m’inscrire dans cet a priori. C’est le fait de voir des Malgaches user eux-mêmes de ce mode de transport dans la capitale officielle du pousse-pousse que j’ai fini par changer d’avis et resituer les éléments dans leur contexte d’alors. En somme, un petit métier comme tant d’autres…

Le plus étonnant, même si c’est finalement complètement en phase avec cette tentative de développer des moyens de transport plus verts en Occident pour les courts trajets, qu’ils soient liés au tourisme ou aux livraisons, a été de voir émerger, ces dernières années, des cyclo-pousses ou rickshaw et autres tuk-tuk (une moto ou un scooter à la place du vélo ou des pieds) sous nos latitudes tempérées. Déclinaisons du premier que j’ai d’ailleurs testées par la suite sans – et cela me semble logique – rencontrer cette gêne qui m’avaient saisie à Madagascar. En revanche, ici, même au 21e siècle, aucun pousse-pousse traditionnel dans le paysage – charrié par l’homme – pour autant. Est-ce par souci d’efficacité, de rentabilité à une époque où tout doit aller très vite et où c’est déjà un exploit d’adopter ce rythme plus lent, ou un résidu de cette perception qui m’avait bloquée par le passé ?

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C’est étrange, on dirait que j’ai un peu le trac… Je teste virtuellement différentes deuxièmes phrases – celle-ci donc – en nettoyant nonchalamment les lettres de mon clavier comme s’il s’agissait de l’urgence du moment. C’est le trac, ça, non ? Un de ces petits gestes apparemment anodins qui nous trahissent lorsque nous sommes confrontés à des situations, des personnes qui nous déstabilisent et/ou nous mettent un tant soit peu mal à l’aise. Ainsi, dans pareilles circonstances, il paraît que je me pince aussi le bout du nez plusieurs fois de suite, tic dont je n’ai bien sûr pas conscience et que je troquerais bien, si j’avais le choix – je ne demande même pas sa disparition pure et simple -, par un geste un peu plus discret. Mettre les mains dans mes poches par exemple. Ceci dit, tout dépend du nombre de fois où je me sentirais obligée de les y plonger avant de retrouver mon calme, et avec lui, un comportement « normal ».

Donc, oui, j’ai un peu le trac. Mais, pour être tout à faire honnête, il commence à filer. Il y a quelque temps, j’ai décidé de marquer une pause dans la mise en mots de mes photos, mes « duos » comme je les ai appelés, pour me « contenter » de proposer, chaque jour, une photo titrée : je mets des guillemets car choisir une image et lui trouver un titre peut être aussi long que de l’accompagner d’un texte. Pas de fil rouge particulier si ce n’est une exigence d’évasion et d’errance ici et ailleurs, dans un monde réel ou fantasmé. Comme le temps passe toujours aussi vite, ce « quelque temps » remonte déjà à six mois. Des grandes vacances en quelque sorte ! Qui se terminent donc, ce qui est assez tendance ces jours-ci. D’où cette appréhension complètement auto-centrée : vais-je bien m’entendre avec mes nouveaux petits camarades de jeu ? Oui, ces mots que je vais assembler pour continuer à faire causer les images et réciproquement, comme je l’ai fait pendant 3 ans. Alors, dans les starting blocks, je tente de me rassurer en enfilant ma pétillante tenue de rentrée et décide que l’écriture, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas, ça se pratique ! Et qu’il est donc grand temps de se remettre en selle pour bien négocier le virage !

En attendant la suite, pour revoir ces six mois d’images, il suffit de cliquer .

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Normalement, ce jour-là, c’est-à-dire, un 24 juillet dans l’hémisphère nord, au summum de l’été donc, au sommet de Crater Lake aussi même si ça n’est pas très haut, le sol n’aurait pas dû être partiellement recouvert de neige mais massivement habillé d’un gazon vert non tondu sur lequel les visiteurs du jour auraient pu courir, s’ébattre, pique-niquer, ramasser des pâquerettes, jouer au volley, au cricket ou faire la sieste… Normalement, cela aurait dû se passer ainsi. Clairement, en ce 24 juillet, la neige est un intrus. Ce que confirment les têtes incrédules sortant de leur voiture, accompagnées de leur corps ballant et engourdi par de longues heures de route, en arrivant au point culminant du parc, par ailleurs proche de son entrée. Voilà pourtant que deux familiales arrivent sur le petit parking, hors champ, et s’y garent, laissant s’échapper deux familles indiennes sur trois générations. Comme les autres, ils sont incrédules. Mais pour une raison totalement différente : c’est en effet la première fois qu’ils peuvent toucher de la neige, marcher dessus, l’entendre crisser sous leurs pas ou encore se jeter des boules de neige ! Alors que les autres – ceux que la neige n’émerveille plus – jettent leur dévolu sur le reposant reflet de la caldeira à la surface du lac, eux profitent, logiquement, de ce qu’ils n’auraient pas dû voir, normalement. Finalement, les retards de saison peuvent avoir du bon…

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Surface plane, à peine brisée par le vent d’ouest. Personne n’a encore osé mettre le pied dans l’eau. Et pour cause : il fait froid ! Très froid même. Il n’y a qu’à regarder comment sont vêtus les spectateurs à gauche du plongeoir pour s’en persuader. Ceux qui observent la scène hors champ, légèrement incrédules, présentent les mêmes caractéristiques vestimentaires. Blouson, gants, bonnet. De fait, je, tous, nous n’avons qu’une pensée : ces deux-là sont fous ou alors se sont lancés un défi du genre on va jusqu’à la bouée ou encore, veulent se faire porter pâle lundi ! A cet instant – photographique, car depuis, de l’eau est passée sous les ponts -, le voltigeur, même s’il ne se fait pas d’illusion quant à la température du liquide dans lequel il se jette, ne peut en effet anticiper l’ampleur du choc thermique qui va l’envahir lorsque son corps va se retrouver entièrement cerné par cette eau glaciale de piscine se remplissant au gré des marées et n’étant réchauffée que par un soleil manifestement absent ce jour-là… Pourtant, je, tous, nous, saisis par l’effroi, sommes parcourus de frissons simplement à le regarder faire !

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