Photo-graphies et un peu plus…
Ho ho ho !
 
J’élargis la proposition lancée mercredi dans le cadre d’une opération Hans Lucas, en ajoutant 4 autres photos à ma petite boutique de Noël…
 
Ces tirages sont proposés au prix unique de 50€ au format maximum de 15x21cm, avec marges, sans encadrement. Ce prix s’entend hors frais d’expédition (mais nous pouvons aussi nous croiser sur Paris). Chaque tirage est numéroté, signé, et limité à 30 exemplaires.
 
Pour toute commande de l’une ou l’autre de ces photos, vous pouvez m’écrire à : contact
 
Pour être certains d’avoir votre commande dans les temps, merci de me contacter avant mercredi 14 au soir.
 
Bon we à tous,
 
Lou
Shop Noël catchthewave_loucamino_72_lc dscn1059-72_lc dscf1367-72_lc _dsc2200-1_72

Share on Facebook

Je me souviens de mes premiers voyages loin d’ici… Je revenais toujours avec un sac rempli de cadeaux, bibelots, souvenirs plus ou moins utiles, souvent plus que moins d’ailleurs. Enfin, à mes yeux. Mais en la matière, tout est subjectif… Parmi ces achats, il y avait d’ailleurs souvent un sac pour les contenir tous. De retour, je débarquais donc avec ma hotte flanquée sur le dos et distribuais ces petits présents rapportés de l’autre bout du monde. Il y avait, à cette époque pas si lointaine, une réelle surprise à découvrir ces portions d’ailleurs. La séance de déballage, un peu comme un matin de Noël pour les enfants – car ensuite, ça se gâte ! -, baignait dans un émerveillement naïf de nomade fraîchement rentré. Chaque objet offert était l’occasion de raconter une histoire, celle du lieu où il avait été acquis, de la manière dont ce lieu avait été atteint, des personnes éventuellement rencontrées à cette occasion, des risques auxquels il avait été exposé dès lors qu’il avait été entre mes mains – en particulier lorsqu’il s’agissait d’objets fragiles – et ainsi de suite jusqu’à, finalement, atteindre ce désagréable instant où une charmante hôtesse de l’air me demandait, ainsi qu’à tous mes voisins, de ne pas me lever tant que l’appareil n’était pas complètement arrêté, ce qui signait la fin de mon évasion. La distribution faite, c’était à mon tour de trouver une place à ces souvenirs protéiformes sur mes étagères, mes murs, dans mes penderies, mes placards… Deux semaines, six mois, quatre ans après, il me suffisait alors de les regarder quelques secondes pour refaire, virtuellement, le voyage vers leur pays d’origine.

Petit à petit, j’ai arrêté d’encombrer mes armoires de nouveaux sacs. Tout simplement parce que j’ai arrêté de revenir avec les poches pleines de souvenirs, de babioles et de cadeaux palpables. En tout cas, pour moi. Pourquoi ? Plus de place sur les étagères, les murs ou ailleurs ; relativité de l’intérêt pérenne dudit souvenir une fois revenu à la « vie normale » (combien sont désormais dans des boîtes à chaussures, oubliés au fond d’une cave servant de foyer aux araignées ou perchés dans des greniers squattés par des pigeons unijambistes ?) ; incompatibilité esthétique entre les diverses incarnations de l’altérité… Il y a aussi le fait qu’aujourd’hui, l’ailleurs est venu jusqu’ici. Vous désirez donner une petite touche d’Asie, d’Afrique ou d’Amérique Latine à votre intérieur, goûter une spécialité culinaire bien de là-bas ? Où que vous soyez, les Pages Jaunes sauront rapidement satisfaire votre envie sans vous faire prendre l’avion. Certes, c’est un brin moins charmant et surtout moins authentique mais cela fait partie des affres de la globalisation, de son rouleau compresseur uniformisant et de son corollaire agaçant que le monde est un village. Mais alors, plus de madeleine vers laquelle se retourner pour revivre nos errements géographiques ? Bien sûr que si : les photos, dont c’était déjà partiellement le rôle, ont, pour ma part, plus que jamais, cette fonction. Nettement moins gourmandes en place réelle, peu regardantes face aux fautes de goût de la juxtaposition, introuvables sur les pages jaunes, elles sont mes propres souvenirs que je me construis en temps réel pour anticiper l’oubli et cultiver ma mémoire d’un ailleurs résistant…

Share on Facebook


L’histoire d’une photographie ne s’arrête pas à ce que disent les éléments qui la composent. Une fois faite, la photo est soigneusement rangée dans un sous-dossier, lui-même inclus dans un dossier, à son tour sous-partie d’un méta dossier. Idéalement, quelques mots clés lui sont accolés pour pouvoir la retrouver sans avoir à organiser une partie de Memory (ce que j’aime beaucoup pour ma part). Passées ces louables attentions liminaires, la photo coule des jours heureux et paisibles avec ses camarades de sous-dossier avec lesquelles, peut-être elles s’échangent des points de vue très argumentés sur la perception qu’elles ont, à la fois d’elle-même mais aussi des autres ; sur la manière dont elles ont été capturées : « oh, elle a totalement raté son cadrage ! » ou « C’est joli ce petit reflet qu’elle m’a collé en haut là ! » ou encore « Moi, je suis contente, je sens que je vais en faire rire plusieurs… » puis enfin « Rigolez bien car vous êtes condamnées à passer le reste de votre vie ici ! Elle vous a prises en photo, c’est sûr, mais maintenant, elle vous a oubliées ! Mettez vous bien ça dans le pixel ! »

Cette photo communarde exagère un peu la situation mais n’a pas tort sur le fait que beaucoup de photos ont déjà vécu leur heure de gloire par le seul fait de leur existence. Ce n’est pas une fatalité et certaines échapperont à cet apparent triste sort. Sélectionnées sur des critères changeant chaque jour, certaines seront imprimées pour intégrer un album ou livre photo. Ce qui reste une présentation intimiste, réservée à quelques élus mais cela fait toujours plaisir. D’autres se retrouveront sur des sites internet, des blogs, des réseaux sociaux pour une exposition certes virtuelle mais potentiellement mondiale. Dans des cas exceptionnels, une sélection d’entre elles fera l’objet d’une véritable exposition. J’entends « réelle » avec tirages, cadres et vernissage. C’est l’euphorie sur les murs pour ces images qui se pavanent, toutes émoustillées de l’intérêt que leur portent de parfaits inconnus. Mais il peut encore arriver mieux : qu’une personne ait un coup de cœur, qu’une autre se dise que cette image plaira à tel ou telle, et décide de se la procurer, généralement en l’achetant. Ce sont des choses qui arrivent…

Voilà donc l’heureuse élue comblée de l’être, choisie, mais déjà nostalgique à l’idée de quitter ses camarades à jamais. Une toute nouvelle vie commence alors pour elle, dans un tout nouvel environnement. Une vie a priori sans histoire puisqu’elle devrait être accrochée à un nouveau mur, idéalement vu de tous. Ce n’est pas toujours le cas. La photographie ci-dessus, dont la vie n’a pas été un long fleuve tranquille jusqu’à présent, pourrait aisément le confirmer. Cette photo, tronquée pour les besoins de la démonstration, est un cadeau rapporté d’une ville dévastée par des crises successives à l’allure, aujourd’hui, apocalyptique : Detroit. Une fois achetée, elle a traversé la frontière américaine en direction de Montréal où elle a passé quelques mois à quelques centimètres de moi. De là, dans l’obscurité la plus totale d’une valise bien remplie, elle a parcouru le pays d’est en ouest, s’arrêtant même là où personne ne va – Winnipeg – avant de filer à Vancouver. Elle a alors repris l’air pendant quelques semaines sur un rebord de fenêtre la mettant à son avantage. Et puis, nouveau black out. Retour anticipé à Paris par valise à coque solide. Avec escale. Et malencontreux échange de valide à l’aéroport de Toronto. On croit que cela n’arrive jamais ou, à la rigueur, qu’aux autres, mais c’est possible. Un personne peut vraiment confondre sa valise avec la vôtre et l’embarquer comme si de rien était. Un type a donc confondu une valise noire avec une autre mais identique valise noire. Cela peut s’entendre. Une valise d’une bonne vingtaine de kilos avec une autre d’une dizaine à peine. Là, le doute s’installe : a-t-il vraiment porté sa valise à un moment ? Une valise extrêmement bien rangée, sans perte d’espace donc, avec une valise où tout est en fouillis, vêtements et ours en peluche. Ok, on ne peut pas deviner l’intérieur de l’extérieur…

Après trois jours d’angoisse iconographique, la compagnie aérienne a réussi à négocier l’échange pas standard. La Gare de Detroit est arrivée à bon port. A l’ombre pour quelques mois encore, mais saine et sauve. Les pérégrinations achevées, la valise s’est ouverte et la photo est passée d’une table à une étagère à un mur à une desserte, toujours non encadrée (parce qu’elle se mesure en inches et que nous naviguons dans le système métrique, mais ce n’est qu’une excuse…). Tranquille et vue par tous. Jusqu’à ce terrible matin de juin où j’ai bien cru que c’en était fini pour elle. Tout d’un coup, j’ai entendu un grand « boum » venant d’ailleurs. C’était mon iceberg ! Il venait de tomber du mur de tout son poids… sans pour autant atteindre le sol, ce qui est pourtant la suite logique de tout objet en chute libre… Deux corps ont en effet fait blocage : la desserte, juste en dessous et sur laquelle il a vraisemblablement rebondi – je ne peux que reconstituer la scène n’y ayant pas assisté -, avant de basculer – tel un morceau d’iceberg arraché de la masse mère par le dérèglement climatique et s’écrasant, avec fracas, dans un lac, une mer, un océan – sur un fauteuil courageux, annihilant en une micro-seconde ses envies de destruction glaciaire. Pas un éclat, rien. L’iceberg, une œuvre d’art bidimensionnelle, n’avait rien. Malheureusement, la gare de Detroit se trouvait justement sur le chemin de l’iceberg… En glissant le long du mur, il est donc arrivé au sommet de la Gare, faisant plier puis déchirant la Marie-Louise sous la violence du choc, cassant la photographie dans la foulée et envoyant l’ensemble valser à terre dans un silence de photo blessée. KO en un décroché d’iceberg. Et une nouvelle ligne à ajouter à la biographie de cette gare à la vie haute en couleurs !

Share on Facebook

Fin de vacances rime souvent avec recherche de cadeaux pour ceux qui sont restés là-bas, au pays. Une petite attention, pas grand chose, juste pour montrer que vous avez pensé à eux quand vous sirotiez votre cocktail de fruits frais tout en regardant le soleil se coucher sur l’horizon ou derrière les montagnes aux sommets blanchis par les neiges éternelles…  Autant le dire tout de suite, la recherche de la petite babiole qui fera plaisir n’est pas toujours une partie de plaisir. Non que, au fond de vous, vous n’ayez pas envie de ramener de spécialités locales et que ce soit par pure convention ou politesse que vous cédiez à cette tradition (c’est aussi possible, il ne faut pas se leurrer), mais plutôt parce que le petit souvenir anodin relève souvent d’un tel kitsch que vous n’oseriez même pas vous l’offrir ! A moins d’avoir des amis très ouverts d’esprit, vous savez en effet pertinemment qu’après vos retrouvailles et la transmission du dit « oh, ce n’est pas grand chose mais bon », la première question qu’ils se poseront sera : « Mais que va-t-on faire de ce truc ? Même sur e-bay, personne n’en voudra ! ». Bon, vous me direz, à ce stade, ce n’est plus votre affaire. Et ramener l’objet le plus immonde possible pourrait même être un jeu amusant – une joie que vous seriez seul à savourer évidemment – s’il n’était d’abord stupide et inutile…

Share on Facebook