Photo-graphies et un peu plus…

Baie de Port Ligat. Minuscule port de pêche paisible où règne un clément microclimat. Accroupie sur la plage, je me demande si l’esprit d’un génie – c’est en tout cas ainsi qu’il se présentait et qu’il était/est perçu – pouvait continuer à rayonner même des années après la mort, bassement terrestre, de son propriétaire. Peut-être s’est-il lui-même assis là, sur ces quelques centimètres carré que j’occupe actuellement. J’attends, quelques secondes, puis quelques minutes, que le génie me traverse l’esprit, ou plus modestement, que l’inspiration monte. Je scrute autour de moi, en quête d’un signe incontestable. C’est le calme plat sur le rivage.

Mon regard se perd à la surface de la Méditerranée venant faire une halte dans cette anse. Y ondulent des reflets de bateaux et de barques colorés. Rien de très inédit photographiquement. Je déclenche malgré tout. Des droites devenant des courbes, coulant comme du caramel mou, s’allongeant, ainsi que le temps pour les parcourir ainsi distordues. Les reflets déformés offrent un voyage dans le temps. Cela me rappelle vaguement quelque chose, cette image. Des tableaux… Si connus qu’ils font partie de la culture populaire… Des montres molles… « La persistance de la mémoire »… Peint par feu, le maître des lieux. Se pourrait-il que ces reflets anodins, mémoire de son enfance, aient inspiré Dali pour ses toiles aux lignes fuyantes ? Car, fondamentalement, comment, ou plutôt, d’où vient une idée de génie ?

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La chaleur peut-elle être telle qu’elle fait transpirer les ombres ?

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C’est ce que ne cesse de répéter le prof d’aquaphilojogging chaque lundi soir : « Allez plus vite ! Sortez de votre zone de confort ! C’est à partir de là que vous commencez à travailler… » Alors, je pédale, virtuellement, de plus en plus fort, espérant m’extraire de cette fameuse zone de confort, celle-là même qui fait battre mon cœur, mais pas assez vite encore, tout en pensant que l’expression est tout de même très bien trouvée et peut avoir une vie en dehors des bassins d’eau chlorée…

D’abord, la zone de confort. Cette zone que l’on se créé bon an mal an, où l’on vit le plus clair de notre temps, où l’on se cale comme dans un fauteuil suffisamment molletonné pour amortir les coups, cette zone où l’on se sent bien car on sait tout y faire. C’est rassurant, dans ce monde qui n’accepte pas l’échec, que l’on finit soi-même par craindre comme la peste, de croire que l’on sait tout faire. Un leurre évidemment, puisque nous sommes dans notre zone de confort. Celle où l’on transpire, un peu (cela ne se voit pas dans l’eau, de toute manière), mais pas vraiment. Celle où l’on mesure nos efforts.

Donc, sortir de sa zone de confort. Plus vite, plus vite ! Les bras, les jambes ! Repousser ses limites, ses connaissances, ses efforts. Aller vers l’inconnu. Vers son inconnu. Vers ce terrain vague que pourrait être notre vie si l’on ne s’évertuait pas autant à en faire un jardin à la française. Notre société n’accepte plus le risque, entend-on régulièrement. Elle ne l’accepte plus généralement, mais aussi à titre individuel. Parfois, conscient de l’existence de cette frontière imperceptible que l’on aimerait franchir, on se met à la limite de notre zone de confort. A la limite du danger, tout en prenant soin, inconsciemment, de s’en préserver. Comme sur cette photo prise au milieu d’une arène. Aucun taureau à l’horizon. Donc, aucun risque à l’horizon non plus, hormis peut-être une angine blanche. Ciel bleu, palmier solide, soleil brillant, couleurs vives, la vie est belle… Allez, c’est plus simple comme ça !

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Certaines villes et/ou pays ont la chance d’avoir un emblème. Paris et sa Tour Eiffel, le Japon et le Mont Fuji, Londres et Big Ben, New York et… l’Empire State Building, le Kenya et le Kilimandjaro, Sydney et son opéra… A Montréal, il y a le Stade Olympique avec sa tour inclinée reconnaissable entre mille. Il y a aussi le Pont du Havre, rebaptisé Pont Jacques-Cartier en 1934, quatre ans après son ouverture et cela, suite à une pétition des citoyens voulant rendre hommage au découvreur du Canada.

Il en aurait fallu moins encore pour que j’en fasse… le tour.

Après Otages de la nuit, voici un deuxième reportage montréalais, Le tour du Cartier, au cours fort heureusement moins tragique que son aîné.

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Vision totalement surréaliste pour la parisienne que je suis ! Des étals entiers de citrouilles de tailles variables – les plus grosses font 100 kilos ! -, aux couleurs multiples – orange, jaune, blanche, grise – ; de cucurbitacées en tous genres – potiron, courge musquée, courge patidou, courge galeuse d’Eysine, allongées, biscornues, boutonneuses… Les Montréalais ne sont pas tant amateur de soupe à la citrouille que ça ! Non, d’autant que toutes ne sont pas comestibles ! En revanche, ce qu’ils prennent très au sérieux, et particulièrement les enfants pour qui c’est LA fête de l’année devant Noël, c’est Halloween !

Dans un mois, lanceront les plus avertis. Certes. Mais le 31 octobre, c’est déjà demain. Donc, les citrouilles commencent à envahir la ville en des lieux stratégiques comme les marchés ; les premières décorations sont accrochées dans les rues, comme ce sera bientôt le cas pour celles de Noël à Paris ; les boutiques de costumes ont lancé leurs promos sur les derniers modèles de squelette phosphorescent ; les places dans les soirées déguisées les plus farfelues se réservent dès aujourd’hui ; les sacs de bonbons acidulés en forme d’araignées, de fantômes et de sorcières se remplissent en prévision du « Trick or treat » à venir…

La tradition a atteint les côtes françaises il y a quelques années (grâce, notamment, au téléphone orange Olaween d’Orange il semblerait (gros, gros esprit créatif sur le nom…). Fin octobre, toute la ville se transformait en orange et noir. Même débauche dans les vitrines. Même frénésie dans les cours d’école. Même folie dans les partys. Mais, la supercherie commerciale ayant retiré son masque – nouvel exemple de la globaméricanisation des cultures -, elle est tombée en désuétude aussi vite qu’elle avait été propulsée au 3e rang des fêtes commerciales à succès dans l’hexagone. Autre raison moins connue, le 31 octobre est la veille du 1er novembre. Toussaint, puis Fête des morts. Une juxtaposition jugée peu heureuse pour certains esprits pieux. Que ces considérations semblent lointaines de ce côté de l’atlantique. Rendez-vous donc dans quelques semaines pour la suite de l’événement !

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Je suis passée sous cet immeuble parisien sans prétention des jours, des mois, des années avant de le photographier enfin. Cette avancée pointue sur le trottoir, légèrement agressive, me fascine. L’idée de vivre dans le vide, d’une certaine manière, tout autant. Même si tout est relatif. Comme à mon habitude, le cadrage me prend un certain temps. Ce qui m’a valu quelques ratés mémorables… Cette fois-ci, aucun problème de ce genre. En revanche, une fois la photo faite et déjà sur mon chemin, une petite phrase arrive lentement mais sûrement à mes oreilles. Très courte.

« T’es moche ! »

Cela vient de l’ombre de l’immeuble, d’une petite fenêtre ouverte que je distingue à peine dans les bas étages. Des jeunes. Qui se marrent de leur coup. Je poursuis ma route, pas vexée pour un sou, et vingt mètres plus loin, une réplique me vient (c’est donc que ça me tracasse quand même un petit peu) : « Tu ne dois pas être très beau toi non plus si tu as besoin de te cacher pour me parler ! » Mais pourquoi n’est-ce pas arrivé deux minutes plus tôt ? Parfois, les phrases que l’on voudrait être capables d’émettre à l’instant t, pour une raison ou pour une autre, face à une personne aimée, méprisée, fraîchement rencontrée…, arrivent avec un métro de retard. Donc, trop tard…

Ces phrases que l’on finit par se répéter à l’envi une fois qu’on les a trouvées – elles commencent toutes par : « j’aurais dû dire » – deviennent totalement obsolètes, inutiles dès lors que le moment est passé. On ne le sait que trop bien, ce qui ne nous empêche pas d’imaginer la suite de chaque scène manquée, avec des changements primordiaux dans le script… Coupez ! On la refait ! Mais non, ça ne marche pas comme ça, dans la vraie vie… Cela s’apprend, la répartie ?

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J’ai visiblement une relation particulière avec les chaussures, étant donné leur fréquence sur ce site (Les miraculées, Après la bataille et Les chaussures électriques récemment). Ou, en tout cas, avec les pieds. Ceux là même qui nous conduisent où notre tête le désire. Bien, plein feux sur ces trois spécimens, l’un étant un piège. Pour tout avouer, je croyais avoir perdu le troisième. Un collector pourtant. Un concept en soi ! Ce ne sont pas des bottines permettant d’avoir les pieds au sec lorsqu’il pleut, non, ce sont des bottines volontairement tronquées comme des chaussures d’été. En voyant ces petits orteils décorés en liberté, on ne s’attend effectivement pas à ce que la cheville soit, au contraire, bien encadrée. Enfin, pas moi. Mais je ne suis pas une référence en la matière. D’un certain point de vue, on dirait des pieds de biche, bien que je ne sois pas certaine que les biches soient des adeptes du rouge à ongles… On y est très bien, m’assure-t-on. C’est l’essentiel.

Et c’est aussi ce que m’assure la propriétaire de la paire amphibie en tête de gondole ! Une chaussure qui épouse non seulement la forme du pied, mais aussi celle des orteils. Des chaussures à orteils séparés en somme. Et ça, c’est plus rare. Enfin, il existe des chaussettes dans cet esprit, mais on ne les porte pas en public, ou alors restreint. La Five fingers s’enfile comme un gant, offre une liberté sans pareille aux pieds et en particulier aux orteils, qui, d’habitude, sont  tranquillement installés au fond de nos chaussures jusqu’à la fin de la journée. Travailler plus pour marcher mieux ! Semelle fine, le sol n’a jamais été autant ressenti ! Ce qui peut avoir ses limites pour les chatouilleux. Passé son propre étonnement (finalement, ce ne sont que des chaussures !), le plus amusant est d’observer celui des autres. Dans la rue, dans leurs voitures, sur leurs vélos. D’un geste brusque, ils baissent la tête et s’y reprennent à deux trois fois pour s’assurer qu’ils ont bien vu. Et, en général, dans la seconde qui suit, ils en parlent à leur voisin(e), qui tourne, se retourne, se contorsionne pour voir les bêtes. Qui marchent, elles, comme si de rien était. Elles sont habituées à être regardées.

Enfin, le piège de la deuxième photo prise sur un étal des Puces du design. Belles couleurs, n’est-ce-pas ? Ces couleurs et cette transparence ont tellement focalisé mon attention que je n’ai pas réalisé, sur le moment, que ces chaussures n’en étaient pas. En tout cas, qu’en l’état, il était impossible de marcher avec, n’étant dotées d’aucun dispositif de fixation aux pieds. Les talons compris, l’anti-fivefingers par excellence !

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De prime abord, une variation sur le même thème. Une fois n’est pas coutume, une illusion. Visuelle donc. Et même, chromatique. En même temps, une expérience scientifique à petite échelle (celle de mon lectorat…). Par exemple, dans cette composition de quatre images, si vous avez l’impression qu’il n’y en a, en réalité, que deux différentes, c’est que vous êtes potentiellement atteints de dyschromatopsie. Plus communément appelée daltonisme.

Cette anomalie, souvent génétique, m’intrigue depuis un certain temps, ayant beaucoup de mal à concevoir que les couleurs telles que je les vois puissent être différentes pour quelqu’un d’autre. Certes, nous sommes tous plus ou moins sensibles aux nuances de couleurs, comme le sont certains aux notes de musique, et ces désaccords peuvent faire l’objet de vifs échanges. Mais, dans ce cas-là, ce sont des différences fondamentales… De celles qui font voir la vie sous un angle, forcément, totalement différent.

Pour la petite histoire, il y en a toujours une, c’est à John Dalton que nous devons cette découverte. Première publication en 1774. Titre : faits extraordinaires à propos de la vision des couleurs. Le pauvre homme, chimiste de son état, et botaniste à ses heures, ne percevait pas les couleurs des fleurs de la même manière que ses collègues. Lui était atteint de la forme la plus classique de daltonisme, la deutéranotopie (en haut à droite) : il ne différenciait pas le rouge du vert. Cela a été confirmé, en 1995, suite à une analyse ADN réalisée sur un prélèvement de son œil qui avait voyagé dans le temps. Dans la protanopie (en bas à gauche), ce sont les récepteurs de la rétine au rouge qui sont déficients. Incapacité à voir le rouge… Et enfin, pour la tritanopie (en bas à droite), c’est le bleu. C’est si difficile à imaginer quand on a la chance de percevoir les couleurs « normalement », ce qui est le cas de 92% des hommes français et de la quasi totalité des femmes. Des plants de tomates, un ciel bleu, une forêt d’arbres verdoyants… Quel drame ! Ceci dit, une bagatelle pour les personnes qui ne voient le monde que dans un dégradé de gris ! Inconcevable pour mon esprit qui pense en couleurs !

Suite des poupées russes… Direction l’atoll de Pingelap, en Micronésie. 1775, un an donc après la première publication de John Dalton, un typhon s’abat sur la région et décime littéralement sa population. Une poignée, à peine une vingtaine sur mille, survit. Beaucoup de femmes, très peu d’hommes. Dont le roi. Face à un harem. La vie reprend son chemin dans la consanguinité. Malheureusement, le roi est achromate et photophobe. L’anomalie se transmet de générations en générations, à tel point qu’aujourd’hui, sur cet îlot de verdure cerné par des eaux bleues turquoises où le soleil brille sauf la nuit, 8,5% des habitants ont gardé ce souvenir de leur ancêtre contre 1 personne sur 30 000 dans la population générale…

Bref, voilà comment d’une simple photo de Charly au pays des marinières prise sur un marché hebdomadaire madrilène, on en arrive à une étrangeté génétique en Micronésie. Autant le dire, un voyage haut en couleurs !!

Sequence Production Lab (SPL)
Stewart Biology Building
1205 Dr Penfield Avenue

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… L’imaginaire. Nous passons une bonne partie de notre temps à imaginer le monde qui nous entoure. Surtout, le lointain. Ainsi avance-t-on avec des idées et des images pré-fabriquées et factices de tel ou tel endroit. Des projections. Des images d’Epinal. Paris et sa Tour Eiffel ; le Japon et le Mont Fuji ; l’Inde et le Taj Mahal ; la Namibie et les dunes de Sossusvlei… Des clichés, certes. Parfois, il nous est impossible de faire autre chose que de s’offrir l’opportunité d’organiser une confrontation entre imaginaire et réalité, et ainsi de risquer de ternir l’image irréelle par la vraie.

Ainsi en est-il avec la fameuse « cabane au Canada ». Et sa version de luxe : « la cabane au Canada en plein été indien ». Une image persistante, très vivace dans de nombreux esprits rêveurs et avides de calme et de liberté. On l’a tous en tête : un lac où se reflètent toutes sortes d’arbres aux couleurs mordorées, et sur le bord, une petite cabane avec son ponton. L’image que l’on ne trouve que dans les guides de voyage. Presque faite pour ne pas être réelle mais plutôt pour faire rêver. Aussi, lorsqu’au détour d’un virage comme un autre, cette scène s’offre à vous, c’est comme si, enfin, vous aviez réussi à trouver le trésor promis à la base d’un arc-en-ciel…

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Une drôle de nouvelle ce matin dans le journal : une rafle de nains ! Cela s’est passé ce matin à 6h30 dans une banlieue quelconque. Il faisait encore nuit… Seuls les grands-pères étaient réveillés. Crissement de pneus, phares allumés. Hauts les mains ! Impossible soit dit entre nous… « Nous avons reçu des plaintes de passants ne supportant plus de vous voir traîner comme ça dans les quartiers, à faire des rassemblements béats dans les jardins, tout en faisant semblant de travailler ! C’est fini tout ça maintenant ! On vous embarque ! ». En moins de 10 minutes, les jardins étaient nus comme des verts (euh, vers), les petites huttes renversées, les mini-nains (?) en pleurs ! La nouvelle s’est vite propagée dans le quartier et sur Internet via Twitter et Facebook. Et est vite arrivée aux oreilles électroniques de l’association protectrice des nains de jardin. Quand même, quelle honte ! Ce matin, des images terribles de nains en cage circulaient un peu partout. Avouons-le quand même, un grand soulagement pour toute une partie de la population…

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