Photo-graphies et un peu plus…

Le passage à la nouvelle année à New York, au même titre que « Voir Venise et mourir » ? Je n’irai pas jusque-là, mais l’être humain, donc, moi, accessoirement, aime se dire qu’il a certaines choses à faire absolument : « c’est à faire au moins une fois dans sa vie ! ». C’est la formule consacrée, quelle que soit ladite chose. Et une fois la fois passée, il se dit ma foi, qu’il peut passer à autre chose, bon consommateur de rêve réalisé qu’il est.

Donc, dans ma liste c’est-à-faire-au-moins-une-fois-dans-ma-vie figure, ou plutôt, figurait : être à Times Square le réveillon du nouvel an, au milieu de la foule, sous les millions de confettis et les feux d’artifice, faire le décompte des dernières secondes de l’année avec des centaines de milliers d’inconnus, crier de joie au passage attendu, se sentir emporté par une vague salutaire de bonne humeur, d’exaltation et de simplicité… Vous savez, toutes ces choses que l’on voit dans les films, des comédies romantiques – je ne citerai que le cultissime Quand Harry rencontre Sally où l’on ne fait d’ailleurs qu’entendre la fête – aux films de science-fiction – un unique exemple aussi avec Strange Days qu’il serait de bon aloi de revoir aujourd’hui. Voilà comment l’on se retrouve à mettre : « Passer un réveillon du 31 à Times Square » sur notre liste CAFAMUFODAVI – un acronyme qui ne passera pas cette histoire…

La proximité aidant, 2010 était l’année indiquée pour rayer cette ligne de cette liste inventée. Envers et contre tout. D’abord, une tempête de neige sans précédent à New York quelques jours avant les festivités, puis différentes mises en garde ou tentatives de découragement : « ça fait 15 ans que je vis ici et je ne l’ai jamais fait, il y a beaucoup trop de monde », « c’est totalement inintéressant ! », « Oh la la, jamais je ne ferai ça, il y a un monde fou ! ». Croyez-vous que cela fasse changer d’avis quelqu’un qui souhaite ardemment réduire la longueur de sa liste CAFAMUFODAVI ? Non ! Bien évidemment. A peine cela ébranle-t-il sa motivation. Soit, il y aura du monde. Renoncer si près du but ne rimerait d’ailleurs à rien et il est toujours préférable de se forger sa propre opinion sur des événements aussi importants !

Après Otages de la nuit, Le tour du Cartier, que je vous invite à découvrir si ce n’est déjà fait, voici donc une nouvelle histoire photographique, La chute du mythe de Times Square ! Oui, oui, vous pouvez cliquer…

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Contrairement aux apparences, souvent trompeuses, ces images n’ont pas été volées au Musée des métiers d’antan, si jamais il existe, mais bien au présent. Pourtant, il y a à parier que rien n’a changé en ces lieux – en haut et en bas – depuis plusieurs décades. Comme si le temps s’y était posé. Du tableau accroché au mur faisant office de catalogue des coupes de cheveux officielles au vieux transistor posé sur l’étagère en coin, en passant par ces magnifiques fauteuils en fer forgé et cuir bombé et cette vieille photo du salon bien encadrée, tout respire le passé. Mais pas un passé poussiéreux, un passé heureux. Empli d’anecdotes d’un quartier autrefois ouvrier au nom tout droit sorti d’un livre d’anticipation, le Mile End. On imagine sans peine que, Tommy, celui qui taille aujourd’hui les barbes et coupe les cheveux, est l’apprenti qui, il y a 53 ans, mettait pour la première fois, les pieds dans ce Barber shop typique qui perdure en Amérique du Nord.

Signe distinctif ? Ce poteau strié aux bandes bleu-blanc-rouge qui tournoie, comme une illusion d’optique. La tradition remonterait au Moyen Age, à l’époque où la chirurgie, la coiffure, la dentisterie, c’était un peu du pareil au même… Il suffisait de savoir manier quelques objets tranchants ! Ainsi, en 1666 par exemple, lorsque vous poussiez la porte d’une de ces échoppes, le barbier chirurgien en chef pouvait vous faire une coupe bien proprette, vous raser de près, mais aussi vous faire une petite saignée et vous arracher cette dent de sagesse qui vous fait affreusement mal. Tout cela car la chirurgie a été condamnée par l’Eglise, à cause du sang répandu, et que les médecins, de mèche, ont, de fait, arrêté, de la pratiquer.

Comme souvent, les hypothèses se multiplient pour expliquer l’origine de certaines traditions. L’enseigne tricolore du barbier n’échappe pas à la règle : l’une de ces hypothèses stipule que les barbiers chirurgiens s’occupaient aussi de couper le cordon ombilical des nouveaux nés et que le poteau de barbier n’est autre que la représentation (très extrapolée) du cordon. Donc, rouge pour l’artère, bleue pour la veine et blanc pour la couleur du cordon, le tout inextricablement emmêlé… Une autre ? Le poteau bleu symboliserait le bâton à serrer par les visiteurs pour que leurs veines ressortent, le blanc, les bandages propres et le rouge, le sang évidemment. Quoiqu’il en soit, messieurs, aujourd’hui, vous pouvez aller chez Tommy sans crainte, la chirurgie a gagné ses lettres de noblesse – séparation  réussie de l’Eglise et de la science -, et les barbiers chirurgiens sont retournés à leurs premières amours : le poil !

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Les habitants de cette planète pas toujours bleue ont besoin de mystères un brin poétiques pour se soulager et oublier, temporairement, les maux, les agressions, les malentendus, enfin, tout ce qui fait que parfois, la vie est grave, du quotidien. Le mystère injecte alors dans leur sang une délicieuse petite dose de rêve et de futilité. Paradoxalement, sitôt confronté à un de ces fameux mystères, le premier réflexe d’homo sapiens sapiens est de vouloir l’élucider, de déterminer où, quoi, comment, pourquoi, par qui ce mystère existe-t-il, en somme, de rompre le charme de l’inconnu, d’interrompre au plus vite le rêve éveillé… N’est-ce pas bizarre ? Sommes-nous à ce point incapable de vivre sans chercher de réponses à nos questions ?

Ce qui est excitant dans un mystère est que tout devient de l’ordre du possible. Le temps de l’enquête, de la rationalisation, de l’explication, des centaines d’hypothèses sont formulées, autant d’histoires inventées par les personnes qui y sont confrontées. Et plus la piste est longue à remonter, plus les théories deviennent farfelues. La vérité, car « on » finit toujours par la trouver, est d’ailleurs souvent moins extravagante que ce que l’imaginaire a fait naître… C’est ce qui s’est passé avec ce vieux piano à queue de 300 kilos retrouvé un matin sur un banc de sable d’une plage de Floride, comme s’il y avait été déposé par une escouade de pélicans. Le plus étonnant est qu’il semblerait que ce ne soit pas la première fois qu’un piano est retrouvé dans un endroit totalement inapproprié. En novembre 2008, un piano droit et sa banquette, neufs, étaient en effet apparus au beau milieu d’un bois de Harwich, Massachusetts. Et quid de celui-ci, là-haut ? Exposé dans ce qui a vraisemblablement été une boutique, désormais abandonnée, flanquée d’un écriteau, invisible mais il faut me croire sur parole, sur lequel est inscrit « Espace à louer ». Une invitation qui pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. « Pianos à vendre » aurait été plus opportun.

Quoi qu’il en soit, l’image du piano aqueux a fait le tour du monde, renvoyant certains aux premières scènes du film de Jane Campion, La leçon de piano. La lumière a rapidement été faite sur cette installation inattendue et l’instrument torturé (il faut dire qu’il a d’abord été entreposé dans un garage pendant des années, gratuitement brûlé le soir du 31 décembre, puis transporté en bateau avant d’être lâchement abandonné, pour des raisons artistiques, sur une langue de sable cernée par l’océan) a même trouvé un nouvel et heureux propriétaire. Happy end oblige. Même les pianos ont droit à une seconde chance ! Y a pas de mystère, quel pays !

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Drôle de métier que celui de Monsieur Léger… Depuis 47 ans, il parcourt les villes et villages de France et de Navarre pour leur voler quelques centimètres cubes d’air qu’il emprisonne méticuleusement dans d’antiques et magnifiques bouteilles de la pluricentenaire brasserie Mapataud dont déborde son estafette bleue claire.

Chaque fois, c’est le même rituel : il se rend préférentiellement dans un parc, le poumon de la ville comme on dit, inspire un grand coup pour tester l’air, regarde autour de lui, puis décapsule la bouteille… Il la tend alors vers le ciel et au bout de 14 secondes exactement – il a toujours sur lui le vieux chronomètre, une authentique copie du premier chronomètre qui fut, celui de John Harrisson, et que lui a offert son grand-père le jour de ses 14 ans, qui lui-même le tenait de son grand-père – il referme la bouteille d’un coup sec. Il ouvre alors son modeste cartable de cuir adouci par les années et en extrait une petite étiquette sur laquelle il note le nom de la ville à qui appartient cet air captif, et qu’il colle sur la bouteille. Il range alors celle-ci dans un casier aux côtés de ses congénères.

Monsieur Léger n’a qu’une règle : ne remplir qu’une seule bouteille par ville. Le jour où il a réussi à engranger 67 bouteilles, il s’arrête en plein milieu d’un champ, sort sa carte de France  parsemée de trous puis un compas, qu’il plante exactement à l’endroit où il se trouve. Il l’ouvre de 4,8 centimètres et trace un cercle. Monsieur Léger ne voit plus tout à fait bien maintenant, aussi se sert-il d’une loupe pour trouver la ville la plus grande qu’englobe cette surface. Elle marque la dernière étape de sa tournée. Le dimanche, à 5h42 du matin, quel que soit le temps, il est le premier sur la place du marché à installer son stand et à aligner ses bouteilles les unes derrière les autres. Il a bien conscience de vendre quelque chose de différent par rapport à ses voisins maraîchers ou fromagers, mais il sait aussi d’expérience que ses bouteilles étiquetées intriguent. Alors, il attend, sur son petit fauteuil en osier, que quelqu’un ose lui poser une question. Et il y a toujours un moment où une personne lève l’index et dit :

– Excusez-moi ? Qu’y a-t-il dans ces bouteilles ?

– De l’air ! s’empresse-t-il alors de répondre, anticipant déjà ce qui va suivre…

– Juste de l’air ?

– Oui, mais de l’air de La Rochelle, de Cahors, d’Agen… Voyez, c’est écrit sur les étiquettes…

– Ah oui, lui répond l’autre, dubitatif… Mais, il a vraiment une autre odeur l’air de Cahors par rapport à celui de Colmar ?

– Evidemment, mon ami ! Sinon, pourquoi passerais-je ma vie à le récolter ?

Le curieux, pensif, se met alors à regarder les bouteilles plus précisément.

– Peut-on ouvrir celle-là ? finit-il par demander en montrant la bouteille de Biarritz (toujours avec son index). J’ai toujours rêvé d’aller à Biarritz.

– Malheureux ! Mais si vous ouvrez la bouteille, son air va se mélanger avec celui d’ici et vous ne pourrez jamais savoir en quoi il était différent !

En général, dépité, le curieux s’en retourne et l’air de rien, Monsieur Léger, est heureux.

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Assurément, cet ouvrier perché au sommet de son échafaudage particulièrement esthétique (des tiges donc, et un voilage blanc rayé de vert…), assis sur une poutre à contempler le vide, ne l’a pas. Le vertige. Il est étonnant de voir à quel point, d’un pays à l’autre, la facture de ces aides de construction diffère. Si certains, en métal, semblent inébranlables, d’autres, en bois, donnent évidemment l’impression inverse. C’est un abus de pensée bien sûr, directement imputable au confort et à la haute technicité auxquels nous habitue la vie occidentale… Si les uns, comme ici, semblent concourir pour le prix de l’échafaudage le plus original, les autres sont particulièrement laids… Ils sont si laids que de plus en plus, on voit de gigantesques bâches peinturlurées (de la pub en général) ou trompe-l’œil couvrir cette misère métallique accrochée aux bâtiments en rénovation.

Mais revenons à notre funambule… En le regardant, même si le point de vue est totalement différent, même si cette image est en couleur et l’autre est en noir et blanc, même s’il est seul alors qu’ils sont une brochette, je ne peux m’empêcher de penser à la photo de Charles Clyde Ebbets (Lunch atop a skyscraper) d’ouvriers assis sur une poutre, prenant leur pause déjeuner, les pieds dans le vide, au 69e étage de l’immeuble du Rockfeller Center alors en construction. C’était en 1932. 88 ans plus tard, les travers des ouvriers du ciel n’ont vraisemblablement pas beaucoup changé…

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J’ai longtemps cru qu’il s’agissait d’une légende, d’un conte que l’on racontait aux enfants agités pour avoir enfin la paix, tétanisés par cette peur qu’ils recherchent parfois. J’avais d’ailleurs fini par totalement oublier cette histoire ridicule jusqu’à ce que je ne tombe sur cette double empreinte ensablée, lors d’une errance banale sur un bord de lac suisse, un jour comme un autre, avec un « di » dans son nom. L’homme à la patte de chien… Je suis restée en arrêt devant pendant cinq bonnes minutes tout en cherchant, en vain, le mythe du regard.

Voilà ce dont je me souviens. Un jour d’hiver particulièrement rigoureux dans un village de montagne très isolé, un petit garçon, voulant rattraper le chiot que lui avait offert son père quelques mois plus tôt pour son anniversaire de 8 ans, avait glissé sur une plaque de verglas et dévalé un ravin rocailleux. Le choc avait été si violent qu’il en avait perdu connaissance. En se réveillant quelques heures plus tard, il était fiévreux et une affreuse douleur le lançait à sa jambe droite. Cassée en mille morceaux, plaies ouvertes… Un vrai carnage. Tandis que son père était parti chercher le médecin du village d’à côté (deux jours de marche dans la neige…), sa mère tentait de lui rendre l’attente supportable. Malheureusement, sa jambe s’était infectée de façon fulgurante et à l’arrivée du médecin, la seule option envisageable était l’amputation. Le père ne pouvant imaginer son fils unijambiste eut alors une idée un peu folle… Greffer une patte du chiot à son fils. Le médecin n’était-il pas aussi vétérinaire ? Et après tout, il lui en resterait trois, au chiot ! Passée la stupeur et n’ayant pas vraiment le choix – le père tenait une hache au-dessus de sa tête pendant toute l’opération -, le médecin s’était exécuté. Il avait greffé la patte avant droite du chien au petit. Et contre toute attente, la greffe avait pris. Tellement bien que la patte de chien, certes plus poilue, avait grandi au même rythme que la jambe gauche, humaine. Le garçon devenu homme s’était très bien accommodé de ce membre un peu particulier malgré une claudication on ne peut plus logique et son chien avait sautillé à ses côtés, avec ses trois pattes, pendant des années… Ils étaient restés dans la région, inséparables, un peu comme les deux doigts de la main, quand leur histoire l’avait quittée pour parvenir aux oreilles des parents parfois exaspérés… A vrai dire, ils n’y croyaient pas vraiment mais ils racontaient cette mésaventure avec tant de ferveur que les enfants ne bronchaient pas… Moralité : ne pas aller voir une rétrospective d’Otto Dix avant de se pencher sur le duo du jour !

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Pendant que le cinéma projette son feu d’artifice sur le macadam noir pétrole, un drame se joue. La fin d’un leurre. Que dis-je ? D’un mythe. Une légèreté. L’échange débute, autour d’un café et d’un croissant, par une question toute simple. « Il y a une école de musique à Brooklyn ? » On s’imagine tout de suite la ville, ses immeubles en briques, un peu décrépis… La musique étant souvent associée à la danse, une autre image se dessine rapidement. Un film en fait. Flashdance d’Adrian Lyne. Un classique (désopilant) des années 80, avec des coupes de cheveux ahurissantes, des tenues déconcertantes, mais une bande originale décoiffante (Maniac ou What a feeling, pour l’essentiel sur lesquelles on a toutes essayé, bien cachées dans nos chambres, d’agiter nos gambettes comme Alex) et des scènes de danse bluffantes. Le film qui a lancé Jennifer Beals.

On a tous en tête – mais si, n’ayez pas peur – cette scène finale où son personnage en met plein la vue à un jury d’abord ennuyé avant d’être emporté par le rythme de la soudeuse-danseuse. Du coup, deuxième question café-croissant : « ce n’est pas à Brooklyn qu’a été tourné ce film ? » L’antisèche universelle nous apprend en 0,3 s que non, c’est à Pittsburgh. Et en lisant un article consacré au 3e plus gros succès cinéma de l’année 1983 aux USA (moi, je m’en souviens plutôt comme de l’année de la victoire de Yannick Noah à Roland Garros, émue en direct…), je tombe dessus : Jennifer Beals était doublée pour  les scènes de danse. Premier choc ! Je croyais naïvement que c’était pour ses qualités de danseuse qu’elle avait été choisie… Deuxième choc : elle n’a pas été doublée par une mais par trois personnes : deux femmes (Marine Jahan, Sharon Shapiro), un homme (Crazy Legs, nom de scène a priori). Et dans cette fameuse scène finale au montage stroboscopique, quatre personnes sont en fait sur scène. La tête de Jennifer Beals, le corps de Marine Jahan, celui de Sharon Shapiro pour le saut de gymnaste et celui de Crazy Legs pour le passage de breakdance. Dans ce contexte, s’agit-il encore de cinéma ou de cuisine cinématographique ? Allez, pour parfaire le tableau, le nom de Marine Jahan n’était pas au générique. D’où la troisième question café-croissant : « Mais qu’a donc fait Jennifer Beals dans ce film ? » L’histoire ne dit pas si elle était aussi doublée quand son personnage faisait de la soudure. Elle portait un masque !

En revanche, ce qu’elle dit, c’est que la Paramount a proposé à David Cronenberg de réaliser ce film… Une proposition sûrement surréaliste pour celui qui vient de commettre le film d’horreur Scanners et qui, cette même année 1983, propose Videodrome et The Dead Zone. Alors, Flashdance dirigé par David Cronenberg, cela aurait donné quoi ? D’abord, Alex n’aurait pas été soudeuse, mais conceptrice de jeux vidéos très organiques. Chaque soir, une dangereuse corporation aurait pris le contrôle de son cerveau pour lui faire interpréter des danses mécaniques, accompagnée de dizaines d’hommes déguisés en mouche… A la fin, un membre du jury, sorti de plusieurs années de coma avec des pouvoirs divinatoires, lui aurait lâché qu’il était inutile qu’elle danse car elle allait rater la scène de breakdance. Alex, furieuse, quitterait les lieux en courant, grimpant dans sa voiture décapotable pour aller se planter dans un mur de béton, avant de s’envoyer en l’air avec son petit ami entièrement recouvert de tatouages et infiltré dans la mafia russe. Définitivement, cela n’aurait pas du tout été le même film. Et sinon, oui. Oui, il y a une école de musique à Brooklyn. On y enseigne aussi la danse d’ailleurs…

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Lorsque j’ai pris cette photo, alors bringuebalée à l’arrière d’une jeep en direction d’Antelope Canyon, ce que j’ai voulu voir, c’est le reflet du conducteur dans le rétroviseur ainsi que celui du paysage sur le dos du phare supplémentaire greffé à l’avant de la carlingue. Evidemment, je savais qu’il était Indien,  l’ayant vu monter dans le véhicule. Ce canyon magnifique, situé sur une réserve Navajo, est, de fait, géré par la communauté. Que le guide, dont on ne voit pas le visage, porte un T-shirt sur lequel figure un Indien était donc le détail motivant la prise de vue. Je n’étais pas allée plus loin que : « Oh, c’est amusant, il est Indien et il a un T-Shirt avec un Indien ! »

Aujourd’hui, je ne trouve plus cela très amusant en fait, mais questionnant. Quel message veut en effet faire passer un Indien portant un vêtement montrant un membre de son groupe en habit traditionnel, peut-être tel qu’on se le représente dans notre imaginaire biaisé par les westerns manichéens ? Est-ce une sorte de mise en abyme ? « Je suis cet Indien sur ce T-Shirt, mais, en même temps, je ne suis plus cet Indien sur ce T-Shirt avec son arc et ses flèches. Je conduis une voiture, j’ai une montre, je fais visiter mon canyon à des visages pâles. » Est-ce de l’auto-dérision ? Ou au contraire, une façon de montrer sa fierté d’appartenir aux premières Nations ? Une façon de dire : « je suis une icône ! » ? La question est transposée sur d’autres terres. Un Kenyan porterait-il un T-Shirt avec des Masaïs en train de faire des bonds ? Et un Français, un avec un petit vieux doté de baguette et béret ? Revendiquer de tels clichés peut-il relever d’autre chose que de l’auto-dérision ? Et pourtant, ce sont probablement ces pièces de coton que les touristes ramènent le plus de leurs périples exotiques. Car ce sont souvent ces clichés, ces images d’Epinal qu’ils viennent chercher.

Quoi qu’il en soit, cette simple photo montre que l’interprétation que l’on peut faire d’une image, même si l’on en est l’auteur, change avec le temps. Rien de plus naturel en fait, étant soi-même quelque chose en devenir. Ainsi la photographie n’est pas cette image figée à laquelle on pense parfois. C’est une image animée d’une vie, d’une histoire évoluant au gré des yeux qui la regardent…

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Baie de Port Ligat. Minuscule port de pêche paisible où règne un clément microclimat. Accroupie sur la plage, je me demande si l’esprit d’un génie – c’est en tout cas ainsi qu’il se présentait et qu’il était/est perçu – pouvait continuer à rayonner même des années après la mort, bassement terrestre, de son propriétaire. Peut-être s’est-il lui-même assis là, sur ces quelques centimètres carré que j’occupe actuellement. J’attends, quelques secondes, puis quelques minutes, que le génie me traverse l’esprit, ou plus modestement, que l’inspiration monte. Je scrute autour de moi, en quête d’un signe incontestable. C’est le calme plat sur le rivage.

Mon regard se perd à la surface de la Méditerranée venant faire une halte dans cette anse. Y ondulent des reflets de bateaux et de barques colorés. Rien de très inédit photographiquement. Je déclenche malgré tout. Des droites devenant des courbes, coulant comme du caramel mou, s’allongeant, ainsi que le temps pour les parcourir ainsi distordues. Les reflets déformés offrent un voyage dans le temps. Cela me rappelle vaguement quelque chose, cette image. Des tableaux… Si connus qu’ils font partie de la culture populaire… Des montres molles… « La persistance de la mémoire »… Peint par feu, le maître des lieux. Se pourrait-il que ces reflets anodins, mémoire de son enfance, aient inspiré Dali pour ses toiles aux lignes fuyantes ? Car, fondamentalement, comment, ou plutôt, d’où vient une idée de génie ?

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Certaines villes et/ou pays ont la chance d’avoir un emblème. Paris et sa Tour Eiffel, le Japon et le Mont Fuji, Londres et Big Ben, New York et… l’Empire State Building, le Kenya et le Kilimandjaro, Sydney et son opéra… A Montréal, il y a le Stade Olympique avec sa tour inclinée reconnaissable entre mille. Il y a aussi le Pont du Havre, rebaptisé Pont Jacques-Cartier en 1934, quatre ans après son ouverture et cela, suite à une pétition des citoyens voulant rendre hommage au découvreur du Canada.

Il en aurait fallu moins encore pour que j’en fasse… le tour.

Après Otages de la nuit, voici un deuxième reportage montréalais, Le tour du Cartier, au cours fort heureusement moins tragique que son aîné.

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