Photo-graphies et un peu plus…

Ah, la Nature… Quel honneur d’être témoin de ce magnifique spectacle ! Là, comme ça, simplement, sous les yeux, sous les pieds, un duo de lions de mer observant curieusement ce qui se passe de l’autre côté de la surface. De celui de ceux qui se déplacent debout et respirent de l’air… Mais s’agit-il vraiment de curiosité ? Ces regards convergeant ne disent-ils pas autre chose ? Ne ressemblent-ils pas plutôt à de la gourmandise mêlée à de l’impatience ? Comme si ces deux-là attendaient une sucrerie, qui, en l’occurrence, se révèle être des poissons… Plus précisément, une assiette de sardines crues achetée par un bipède sans nageoire à une gargote voisine et lâchées, une par une, dans les eaux paisibles d’une jolie marina connue pour ses boathouse colorées où ces deux lions de mer ont compris qu’ils n’auraient pas beaucoup d’effort à faire pour être nourris à souhait, voire plus que de raison ! Que reste-t-il alors de cette belle idée de Nature dans des circonstances si artificielles ?

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Réalisé sans trucage numérique. C’est une mention qui apparaît de temps en temps sur des portfolios de photographes aux images parfois si étonnantes et si extra-ordinaires que l’observateur pressé en déduit, presque instantanément, qu’elles ont simplement fait un petit détour par la case « logiciel de retouche ». De la correction cosmétique (un peu de lumière par ci, un peu de contraste par là) à la chirurgie esthétique lourde (et hop, on retire ce type en arrière plan qui gâche ma perspective) en passant par l’exobiologie (et si je rajoutais quelques lapins existentialistes autour de cet arbre, et deux ou trois lunes dans le ciel, et peut-être même une tornade en arrière plan), la PNM (Photo Numériquement Modifiée) revêt une multitude de formes. En théorie, à l’instar des plus connus OGM, la PNM vise à améliorer l’image originale.

Ainsi, par l’ajout de cette légende de quatre mots, l’auteur de l’image se positionne-t-il en artiste, authentifie-t-il son travail de création, sa maîtrise technique de l’outil, ainsi qu’une réelle recherche esthétique. Autrement dit, il n’a pas simplement appliqué le filtre « contours lumineux » ou « océan » à une image, au demeurant plutôt quelconque, dans l’espoir de la sublimer. Ce qui n’empêche pas à la PNM d’être un choix d’artiste et d’être, parfois, à l’origine de merveilles iconographiques. Reste que pour un photographe désireux de préserver une certaine pureté ou vérité de l’image, et ainsi, de montrer que la photographie n’est pas morte, elle est, aujourd’hui, presque un fléau contre lequel il doit se battre. Evidemment, en agissant de la sorte, il s’expose à cette question aussi classique  que le « t’es où ? » téléphonique : « comment avez-vous fait pour obtenir cet effet naturellement ? » Comme si un magicien dévoilait ses tours ! Quid de cette image alors ? Et bien, ce n’est pas une photographie ! Ce qui est donc une manipulation. De l’esprit. La seule dans ce cas puisque tout le reste est « naturel ». Comme le dit la légende.

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