Photo-graphies et un peu plus…

Les dissociables

« Détachez-vous, détachez-vous, détachez-vous… » Je me répète ces deux mots à voix basse comme s’ils avaient le pouvoir d’une formule magique, l’oeil droit rivé derrière le viseur, l’index en position optimale pour déclencher en moins d’une seconde une fois les conditions attendues réunies. Ou, susceptibles de l’être. Mieux vaut d’ailleurs être patient car cela peut durer un certain temps… Ou comment diraient Dupont et Dupond, un temps certain.

Ainsi, sur cette plage d’Iquique plantée face à l’Océan Pacifique (mais cela aurait pu être sur celle d’Hourtin face à l’Atlantique), j’attendais que les silhouettes mouvantes et aux trajectoires erratiques donc difficilement anticipables de ces douze joueurs de football balnéaire se détachent une à une à l’horizon. Ce n’est pas que je n’apprécie pas les amas indistincts d’êtres humains, mais je préfère pouvoir les discriminer. Pour des raisons esthétiques. Pour le micro défi photomathématique. Pour le test de patience enfin.

Attention spoiler : j’ai bel et bien réussi à les capter dans cette configuration hautement improbable (cf photo ci-dessus !) ! Pour ce faire, j’avais le choix entre deux stratégies, élaborées sur la base de ma très fine expérience des Vélibs parisiens et en particulier des stations pleines : dans de telles circonstances, soit vous roulez vers une autre station après avoir vérifié au préalable qu’il lui restait des places, soit vous attendez là quelques minutes en espérant qu’une personne viendra récupérer un vélo (et libérer un emplacement dans la foulée). Mobilité versus immobilité, j’ai testé les deux options (qui en disent long sur vous par ailleurs), elles fonctionnent.

Retour à la plage : j’aurais pu choisir de bouger – courir en fait – et tenter de suivre les allées et venues des joueurs sur ce terrain bosselé pour réussir à faire cette photo, mais cela m’a paru plus complexe, plus dangereux (notamment pour l’appareil) et surtout plus fatiguant que d’enfoncer mes pieds dans le sable et d’attendre que cette conjonction de coordination nécessitant une attention sans faille, une réelle maîtrise des vitesses relatives et absolues des joueurs les uns par rapport aux autres, une vision périphérique optimisée ainsi qu’un zeste de chance se produise devant moi… Ce qui est effectivement arrivé ! Moralité, dans la vie, tout vient à qui sait attendre !

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La boîte de PandoreAvant d’aller plus loin, je dois vous avouer quelque chose : j’ai failli appeler ce duo « La boîte de Pandore ». Par acquis de conscience, j’ai malgré tout vérifié que je ne me faisais pas d’illusions à son sujet. Bien m’en a pris ! Comme cela arrive parfois avec ces expressions que l’on répète en perdant de vue leur sens originel, j’avais une idée fausse de ce à quoi renvoyait réellement, enfin « mythiquement », cette fameuse boîte de Pandore (en fait, une jarre, mais il est vrai que « la jarre de Pandore » sonne nettement moins bien). Et pas totalement fausse non plus, plutôt édulcorée… Ainsi, pour que les choses soient claires pour tout le monde, je rappelle qu’en ouvrant la boîte-jarre, Pandore, première femme terrestre déjà bien trop curieuse, libéra tous les maux de l’humanité – maladie, vieillesse, guerre, vice, folie, passion (un mal ??)… -, l’espérance, un peu plus lente, ne réussissant à s’échapper que dans un second temps (ou pas, selon certains). L’ouvrir, c’est donc s’exposer aux pires catastrophes…Dans mon esprit naïf, il ne s’agissait que de surprises, qui peuvent être bonnes ou mauvaises par ailleurs.

Alors, partiellement ignorante, ce duo devait donc commencer ainsi : « Avant que je ne la taxe de boîte de Pandore, elle n’était qu’une simple boîte ». Compte tenu de ce qui précède, je me vois dans l’obligation de tout changer. Voilà ce que je propose, pour que nous puissions passer rapidement à l’objet de ce duo : Avant que je ne la taxe de boîte de Pandore par erreur, elle n’était qu’une simple boîte. En carton. Avec un contenu. Un scanner en l’occurrence. Le révélateur de notre passé en négatif ou positif. Je parle de films. Argentiques donc. Vous souvenez-vous ? Déjà de l’archéologie pour les digital natives de la Génération Z ! Nul ne sait réellement à quoi il s’expose lorsqu’il entreprend de scanner ses archives. Une fois la méthodologie arrêtée – choisir la face par laquelle aborder cette montagne de négatifs et de diapositives ? -, le voyage peut débuter. Un voyage dans le temps en premier lieu qui illustre parfaitement l’un des multiples rôles de la photographie : celui d’être un support d’un présent destiné à devenir passé, et parfois, à être oublié. La photo souvenir… C’est le but même de cette manœuvre chronophage : avoir, au même endroit, à savoir la quasi infaillible mémoire d’un ordinateur, le récit lumineux de ces années révolues à côté de celui en cours d’écriture. Se donner ainsi l’occasion d’avoir sa vie devant soi.

Jour après jour, car l’activité devient vite une drogue, on replonge dans son passé, et subséquemment, dans sa propre vie, dans celles de ceux qui ont gravité autour – parfois encore, parfois plus depuis bien longtemps -, on voit le temps marquer les visages, on retrouve ceux qui ne sont plus, on revisite les contrées traversées, on revoit le chemin parcouru, on revit les moments forts immortalisés à bon escient même si cela reste parfois un peu flou… Il y a quelque chose d’étrange à se repasser ainsi les films de sa vie en accéléré : logiquement, on ne s’y voit pas – hormis quelques autoportraits au miroir ou autres surfaces réfléchissantes -, même si tout ce que l’on re-voit l’a été par nos yeux. Comme si tout cela, finalement, n’était qu’un rêve, qu’une construction, une expérience extra-corporelle. Autant dire que c’est plutôt décontenançant.

Et puis, il y a autre chose que révèle en filigrane cet exercice compulsif de réanimation du passé, et qui s’avère tout aussi passionnant avec le recul : l’évolution d’une pratique photographique – qui ne s’envisage pas forcément comme telle au départ – avec ses hésitations, ses maladresses de débutant mais aussi de belles surprises avec des images que l’on ne renierait pas aujourd’hui et que l’on regarde désormais avec une vraie tendresse doublée d’une certaine nostalgie – suis-je encore capable de cela ?… Parallèlement à cela, cette méta-photographie fait office de révélateur et met en évidence des tendances, des thèmes clés, voire fondateurs ou directeurs, devenant progressivement conscients donc travaillés. Elle trace ainsi la formation d’un regard, son affirmation également. En résumé, de l’auto-poïétique par excellence !

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(Pas) vu, (pas) pris

Si je ne vais pas naturellement vers le face à face lorsque je suis à l’étranger (j’ai toujours tendance à me mettre dans la peau de l’autre : apprécierais-je, moi, qu’un inconnu se poste devant moi et me tire le portrait comme si j’étais une espèce en voie de disparition ? Pas du tout, alors pourquoi l’imposer aux autres ?), les locaux, les autochtones, les hôtes, les visités, n’en sont pas moins présents dans les images que j’emporte avec moi. Des tranches de vies. Parfois, certains s’imposent plus que d’autres, involontairement et sans que je ne m’en rende forcément compte sur le moment, car cachée derrière mon viseur et concentrée sur l’ensemble. Un peu comme une autruche

Ce qui ne me rend pas invisible pour autant. Et, subséquemment, fait donc de moi une entité visible. Par-delà, ce que je suis en train de faire. En l’occurrence, des photos de Kyotoïtes traversant un passage piétons abrités sous des parapluies. Je dois en effet confesser une tendresse particulière pour les parapluies ainsi que pour les passages piétons. Imaginez donc la combinaison des deux ! De fait, au même titre que j’observe ce groupe de personnes, rien n’empêche chacune de me regarder en retour. A fortiori, que nos regards se croisent. Même si c’est à retardement. De fait, ces rencontres inattendues, pensée finalement assez naïve, me donnent parfois l’impression d’être prise la main dans le pot de miel de châtaignier, impression proportionnelle au sentiment que j’arrive à déchiffrer sur le visage de ces regardés regardant. Dans le cas présent, le léger agacement qu’affiche la dame à droite est largement compensé par le sourire franc que m’offre celle au centre !

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Sous le sable

Ces petits grains de sable qui s’insinuent sans s’annoncer dans une mécanique bien huilée, que l’on perçoit d’abord et logiquement comme des obstacles, donc négativement, avant de réaliser, en prenant un peu de recul, combien ils peuvent, au contraire, se transformer en atouts…

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Trois minutes de célébrité

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Troublante rencontre

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Du rififi dans les branches

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Spectre dansant

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Au galop !

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En chemin

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