Photo-graphies et un peu plus…

Elle avait son charme cette petite buée sur la vitre de la voiture, l’objectif de l’appareil photo, les verres de binocles branchées, qui donnait à notre perception du monde un charmant côté approximatif et suranné. J’écris « avait » car des chercheurs québécois – c’est vrai que nous n’en entendons pas souvent parler en France, mais ils existent – ont mis au point un revêtement anti-buée permanent à base d’alcool polyvinylique (oui, oui, le même vinyle que nos vieux disques noirs à microsillon). L’information est passée à la radio, j’étais en voiture, il pleuvait et il y en avait un peu sur le pare-brise. De la buée. Que j’ai, de fait, regardée avec une certaine nostalgie anticipée.

Tout porteur de lunettes a, en effet, un jour, espéré qu’une personne bien inspirée inventerait le revêtement anti-buée. Il y a même fort à parier que cette pensée lui a traversé l’esprit à chaque fois qu’il a été soumis à une basse température, qu’il  est entré dans un lieu normalement tempéré et que, dans l’instant, ses verres se sont parés d’une micro couche de fines gouttelettes d’eau tellement serrées les unes contre les autres que cela lui a donné la désagréable sensation de se retrouver face à un mur. Ecran gris instantané provoquant souvent l’hilarité d’un éventuel voisin non appareillé, quand bien même il a déjà vu cent fois le même sketch. Comme quoi, le comique de répétition a encore de l’avenir. « Bientôt », ce ne sera plus qu’un souvenir ! Le bigleux n’aura plus à retirer ses lunettes pour re-voir plus rapidement, ni à chercher une matière absorbante pour essuyer les verres, ni à pester car forcément, cela laissera des traces et le gênera pendant quelques minutes encore… Bientôt, le flou thermique n’existera plus pour le bigleux. Ni pour le photographe…

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Dans la labyrinthique et mythique médina de Marrakech. A errer de ruelles en venelles. Entre les murs ocres et la terre rouge. Le regard s’égare. Il scanne. Se heurte à des murs, des détours, des contours. Cherche le ciel. Bleu. La sortie. Des repères là où tout le monde semble savoir exactement où il est. Où la vie va piano. Là, peut-être. A l’Est de cet étal de fruits et légumes d’un marché improvisé. De l’autre côté de cette porte ouverte. Comme un œil au milieu du visage. Eclairé de l’intérieur. Une lumière vive. Blanche. Empoussiérée. Mystérieuse. Extra-ordinaire, voire extra-terrestre, dans cette ambiance étroite et haute. L’appel du fond. Comme un aimant.  Cinq notes sur un piano aux touches colorées. Une folle envie d’aller voir ce qui lui vaut cet éclat. Le chemin vers la sortie, la délivrance ? Comme dans un cliché. Un leurre, plutôt. Un patio, certes enveloppé de lueur, mais ne donnant que sur lui-même. Un clin d’œil du soleil zénithal, au passage, avant d’aller attraper d’autres regards fuyants…

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Si loin, et pourtant si proches ainsi juxtaposés, comme ils l’étaient déjà, superposés, dans Paradoxe auditif…. Abysse de glace bleue turquoise dont le fond, insondable, nous appelle tel un champ gravitationnel neptunien. A l’aplomb, juste avant la crevasse, une épaisse couche de neige nous sauve de la dégringolade fatale. Elle craque sous les pas, nous prévient. Dans cette atmosphère bleue et blanche qui amortit les sons et donne à chacun l’impression d’être dans une chambre sourde ou un monde déserté par la vie, on n’entend que cela, ce bruit inimitable du crissement des flocons délicatement posés les uns sur les autres, cet air glacial coincé entre les cristaux expulsé brutalement par la pression. Le chant des glaces…

Dans l’autre hémisphère, celui où l’on a la tête en haut, dans le sable, le sans fin, c’est à la fois une autre histoire et la même ritournelle. Il n’est d’ailleurs pas si lointain le temps où l’on m’a appris la nouvelle. Les dunes chantent. A leur manière. Un mythe comme pourrait l’être le tintement induit par l’éclatement de gouttes de rosée à l’heure bleue ? Non, une réalité. Des sons graves, vibrants, d’une puissance assourdissante pouvant atteindre 100 dB selon la taille des grains, provoqués par de grandes avalanches de sable et ressemblant, par moments, à un vol de bourdons. Un pas un peu appuyé sur le rebord d’une dune bien choisie. Elle se fissure. Lentement, la dune se met en branle. Roulement de tambours. Le grondement monte. Tout, autour, s’emplit d’un profond silence, tout s’éteint. Puis les étoiles s’allument, scintillant comme des cristaux de glace. Ce soir, c’est concert à ciel ouvert ! Ou comment le plus insignifiant des grains de sable peut être à l’origine d’un moment dune indicible volupté…

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(English version below >>> scroll down please)

Et voilà, la 3e génération d’Objectif_3280 est déjà complète ! Comme son aînée, elle s’est remplie extrêmement vite… Et nous sortons de la France et du Canada avec un écho provenant du Maroc ! J’espère que ce n’est qu’un début. En attendant, compte tenu de la réactivité de l’écho-munauté, nous avons décidé d’avancer la date d’ouverture de la 4e génération. Initialement prévue mercredi 8 décembre, elle aura lieu mardi 7 décembre. Il y aura alors 27 échos à proposer. De nouveaux voyages en perspective ! Rendez-vous donc sur l’arbre écho-photographique pour cultiver votre imaginaire.

Et grande nouvelle : on parle déjà d’Objectif_3280 sur la toile ! Voir le blog de Laurence Serfaty.

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There we are! The third generation of Objectif_3280 is already complete! As its elder, it was filled very quickly… And we get out of France and Canada with an echo coming from Morocco! I hope it is just the beginning. In the meantime, taking into account to the echo-munauty reactivity, we have decided to bring foward the opening of the 4th generation. Iniatially intended to start on wednesday, it will start tuesday. There will be 27 echoes to suggest. New journeys in prospect! Go to the echo-photographic tree to cultivate your imagination!

And great news: there is an article about Objectif_3280 on Laurence Serfaty‘s blog.

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En exhumant cette image de mes archives, une seule question me vient à l’esprit : qu’est-ce qu’une photo ratée ? Et une photo intentionnellement ratée (selon des critères à préciser), est-elle, une photo réussie ? La scène se déroule en juin dans le Chinatown de Big Apple. Une ville dans la ville où tout est écrit en chinois, où la langue officielle est le mandarin, où les durians viennent titiller nos narines douillettes d’occidentaux, où les baguettes se vendent comme des petits pains, où les massages se font à même la rue… Bref, Chinatown.

Je prends quelques photos. Les trottoirs sont bondés, de curieux avec leur guide sous le bras, d’habitants du quartier vivant leur vie de résidents. On joue un peu des coudes pour avancer. Difficile, dans ces conditions, de garder le cap pour le cadrage. Si ce n’est pas une voiture qui déboule à l’angle de la rue, c’est un groupe de personnes. Cela peut être agaçant. Au temps pour moi. La contrainte est intégrée dans le système d’équations à plusieurs inconnues que constitue parfois une prise de vue. Grand angle. Œil rivé derrière le viseur (cela donne plus de consistance que de tendre les bras avec son appareil-écran…). Attente. Quelques secondes. Mon œil gauche voit arriver un homme. 3, 2, 1, dans la boîte. Il est passé à 50 cm de l’objectif. A tourné la tête avant de traverser. Il est tout flou. A cause du mouvement, mais surtout de la mise au point à l’infini. Premier plan flou donc, et arrière plan qui semble être le sujet photographique initial, net. Photo ratée ? Dans mon système de valeurs, non. En d’autres mains, cette image serait peut-être allée directement au panier. Cela me fait penser à un commentaire que l’on m’avait fait sur une photo prise au Maroc. « Cette photo est belle, mais c’est quand même dommage que la tour soit penchée. » Moi derrière l’appareil photo, cette tour n’aurait pas pu être placée au milieu de l’image. Non. Voilà donc, comment avec des objectifs, nous ne faisons que du subjectif !

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