Photo-graphies et un peu plus…
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Un ours en peluche jouant à cache-cache en pleine rue, avouons-le, ce n’est pas très courant. Et je ne parle pas du film d’animation qui sévit actuellement dans les salles obscures et fait pleurer, de rire aussi, les grands enfants nostalgiques. Ainsi blotti derrière un volet replié de fenêtre de rez-de-chaussée, j’ai d’ailleurs bien failli ne pas le voir, ce petit ours attendant patiemment que l’on vienne le chercher. Comme s’il était au coin… Peut-être est-il puni ? Ou alors, il monte la garde !

Reste que sa présence à cet endroit intrigue, encore aujourd’hui… L’hypothèse anthropomorphique rapidement abandonnée, les questions arrivent : comment est-il arrivé là ? A-t-il été abandonné, lâché par mégarde par un enfant en poussette, puis ramassé par un badaud, passant par là aussi, mais un peu plus tard, pour être posé sur le rebord de la fenêtre au cas où parent et enfant retraceraient leur chemin en sens inverse ? Si tel est le cas, pourquoi l’avoir mis derrière le volet, à l’abri des regards ? Et était-il déjà installé lorsque les propriétaires du volet l’ont replié sur lui-même ? Probablement, puisque ce dernier n’est pas totalement ouvert. En le dépliant, ils ont bien dû se rendre compte que quelque chose bloquait.  En tendant la main, ils ont touché quelque chose de doux et de triste. Mais, dans ce cas, comment expliquer qu’ils l’aient laissé là au lieu de le faire trôner au milieu de leur fenêtre, pour qu’il soit repéré de loin par son jeune propriétaire désespéré ? Après réflexion, la partie de cache-cache me semble bien plus simple et logique !

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A certaines heures de la journée, à certaines périodes de l’année, à certains instants de ciel dégagé, le macadam se peuple de formes difformes, allongées et parfois tronquées… Le spectacle ne dure que quelques minutes durant lesquelles la surface supplante le volume. La valse des ombres a sonné, indiquant toutes la même direction, celle du coucher.

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… Bir Hakeim, on y danse, on y danse… Sur le pont Bir Hakeim, on y danse et puis voilà ! Ce soir-là, j’y mettais les pieds pour la première fois. Je me demande encore comment cette omission a pu être possible autant d’années, tout en ayant conscience, qu’au fil des jours, finissent par s’auto-élire quelques quartiers de prédilection au sein desquels on dérive…

C’est d’abord la symétrie de la structure qui m’a attirée, les poteaux magnifiés par l’éclairage, la piste cyclable bien scindée en deux, les routes de part et d’autre et les filets des phares blancs et rouges de voitures, les immeubles au loin et leurs petites cases éclairées. Cette symétrie a déterminé ma position. Puis, les lumières se sont imposées. Avec elles, l’envie de donner vie à cette scène a priori figée. Et la vie, c’est le mouvement. Un petit mouvement maîtrisé de l’appareil, une petite pause et la ville se transforme en forêt d’arbres de lumière. Reflet d’une réalité déformée et enchanteresse.

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Les promenades dominicales à vélocipède peuvent conduire à une conclusion heureuse : il existe bel et bien un Paris bucolique. Le gris et le crème sont remplacés par le vert et le bleu, les saules viennent pleurer à la surface de l’eau d’où émergent des algues sans fin, les chemins de terre conduisent à des jardins faussement abandonnés, les péniches bien ancrées au rivage sont bercés par le soleil, le ronronnement des moteurs cède sa place au pépiement des oiseaux, les maisons de bois occupent les rives assorties de hamacs. Inspiration. Expiration.

Enfin, Paris. Rectifions. Sa petite couronne. Il n’empêche, de vrais îlots de fraîcheur. D’ailleurs, ce sont des îles… Ile de la Jatte, Ile Saint Germain… Pas les plus modestes ni les plus accessibles, financièrement parlant, car pour le reste, les ponts jouent très bien leur rôle. On traverse d’ailleurs souvent ces bouts de terre entourés d’eau sans se rendre compte de leurs trésors, partiellement cachés ; et donc, sans prendre le temps de s’y arrêter. Car, ces îles-là sont, par définition, de parfaites zones de transit pour les travailleurs motorisés. Sûrement salutaire pour leurs habitants privilégiés. Je me souviens d’un exercice d’école mené sur l’île Saint Louis, autre île inaccessible, mais vraie parisienne pour le coup. L’idée, très facilement concrétisée ? Interroger quelques iliens et les amener à dire que lorsqu’ils franchissaient l’un des six ponts rattachés à leur île, ils allaient textuellement « sur le continent », comme si l’île Saint Louis était perdue en plein milieu de l’océan, comme s’ils vivaient sur… Belle Ile en Mer.

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Mystère matinal post-canicule : les hommes, tout du moins, leurs cages métalliques, ont disparu de la circulation ! Je ne vois que deux solutions : soit elles ont pris leur indépendance, profitant de la nuit pour s’évader silencieusement au point mort ; soit les hommes les ont emportées loin de toute civilisation… pour la recréer ailleurs. L’une comme l’autre, désertion totale synchronisée. Il y a peu d’occasion pour l’urbain de voir une chaussée aussi nue ! En temps normal, un vrai paradis pour le travailleur exténué et ayant encore une épreuve à remporter pour achever sa journée, trouver une place où caser sa boite à roulettes.

Mais, le travailleur exténué faisant lui-même partie de ces déserteurs estivaux, il ne pourra goûter au bonheur typiquement francilien de n’avoir que l’embarras du choix pour se garer. En échange, en revanche, il restera piégé des heures durant, avec famille, chat et peluches, sur des routes congestionnées, comme si tout le monde s’était téléphoné pour partir au même moment. La ville ne se laisse pas abandonner ainsi ! S’ouvre alors une période de grâce pour les non motorisés, piétons, cyclistes et autres libérés : la rue est à eux. Les exaspérés du trop-de – bruit, monde, monoxyde de carbone – vont enfin pouvoir retrouver la ville qu’ils aiment, une ville où l’on peut respirer sans craindre l’infection pulmonaire ; une ville animée, mais pas par la fatigue et l’impatience qui en découle ; une ville au pouls rapide, mais qui laisse à chacun le soin de vivre au sien ; finalement, une ville où l’homme n’est pas qu’un morceau quelconque de masse humaine mais où il a sa place en tant que personne.

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Nouveau duo pris en flagrant délit de mimétisme sur un stand de fripes concluant les Puces du Design ! Celui-ci est sans doute même plus impressionnant que le cas des cosmonautes en tenue blanche que d’aucuns ont déjà baptisé de frères Bogdanov… Ces deux dames ne se connaissent pas. Séparées par un mur de robes, vestes, cravates et chapeaux d’un autre temps, elles ne se voient pas non plus. Elles ne parlent d’ailleurs même pas la même langue, ce qui ne transparaît pas ici mais permet de couper court à toute hypothèse de transmission de pensée.

Malgré tout ce qui les sépare, tout finit par les rapprocher. En premier lieu, ce goût des fripes, les portant à se vêtir d’ensembles légèrement surannés, mais bizarrement, tous deux tachetés (et non à jeter, pour les lecteurs rapides), l’une étant ancienne dompteuse de fauves, l’autre ancienne hôtesse de l’air. Peut-être ont-elles d’ailleurs partagé un vol vers le Kenya sans le savoir ! Bref… Ensuite, la synchronisation de leur mode de pensée et d’action face aux reliques présentées. D’abord, jeter un rapide coup d’œil à l’étal ; ensuite, repérer l’objet convoité et s’en approcher ; enfin, le saisir entre les mains en baissant légèrement la tête pour voir comment il s’accorde avec le reste. La suite n’a pas beaucoup d’importance (la dompteuse de fauves reposera le collier de perles et l’hôtesse de l’air sera rejointe par une collègue), mais la boite a enregistré ces quelques secondes de connexion involontaire entre ces deux inconnues, les unissant à jamais malgré une probabilité quasi nulle qu’elles échangent un jour volontairement. Comme quoi, nous ne sommes jamais vraiment très différents de nos voisins…

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Notre mode de vie occidental pris entre quatre murs sur les boulevards intérieurs : interdiction formelle de s’arrêter sinon on vous le fait payer, chantier, rétrécissement de chaussée répétés à l’envi, comme si nous n’avions pas compris que ce monde allait vite, que cette vitesse faisait de notre vie un véritable chantier, et que ce chantier – en plus de nous mettre constamment en retard – nous conduisait inéluctablement à occulter un certain nombre d’envies, de besoins, de rêves…

Fort heureusement, ce n’est pas une fatalité : certaines personnes réussissent à vivre hors de ce modèle et ne s’en portent pas plus mal, bien au contraire ! On les voit, de temps en temps, traverser la rue sereinement, le pas léger, les bras ballants, la tête haute, protégées par leur cocon triangulaire et entourées d’un bleu réconfortant. Les passerelles entre les deux modèles existent-elles ou les hommes sont-ils définitivement scindés en deux catégories ?

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Prenez un feu tricolore en position neutre, des néons de bistrot cardinal, un ou deux réverbères éphémères, quelques barres métalliques réfléchissantes et autant d’ombres absorbantes… Ajoutez-y un zeste d’enseigne hôtelière et un reflet de panneau publicitaire ! Mettez le tout dans un bus de nuit agitée en phase d’extinction. Laissez prendre l’ensemble quelques secondes pour que les matières s’imprègnent bien des couleurs ! Démoulez le tout assez rapidement : vous obtenez une image que vous ne pouviez absolument pas anticiper ! Malgré tout, vous êtes même potentiellement étonné et ravi de ce que vous voyez !

Ce qui, finalement, est le fruit totalement inverse d’une recette, qui, par définition, se veut reproductible à l’envi et donc au résultat prévisible. Le preneur d’images n’en développe pas moins sa petite cuisine, en s’inventant des cadres, en rassemblant ses lignes, en casant les uns ici et les autres là, en fait, en pré-voyant ses icônes, cédant ainsi à quelques automatismes voire facilités. C’est que de clic en clac, il a déterminé les ingrédients qui allaient créer une « belle » image ou une image « réussie » dans son système de valeur. Il est même presque capable de la fabriquer les yeux fermés ! D’une certaine manière, c’est le début de la fin… Ces moments-là, laissez la main à la boîte, n’être qu’un index pousseur peut être une bonne résolution : elle rappelle que l’incertitude et le flou peuvent avoir du sens !

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« L’impossible photographie » disait l’affiche. Le défi attire l’œil… Et donne envie d’aller voir, même si, juste après, il est écrit « prisons parisiennes (1851-2010) ». Pour quelqu’un qui a soif de liberté, s’y rendre relève presque du paradoxe.

Avant de m’engouffrer dans les salles sombres du Musée Carnavalet consacrées à cette exposition inédite, documentaire  et très instructive sur le milieu carcéral dans la capitale, je me retourne, les yeux rivés vers le long couloir droit qui s’enchaîne dans mon dos. Et suis témoin du jeu de cache-cache entre l’ombre et la lumière, projetant, de temps à autre, les barreaux des fenêtres sur les petits carreaux du sol. Etrange écho… Une silhouette tronquée les piétine nonchalamment, montrant indirectement le chemin vers l’issue de secours !

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Un samedi après-midi. Entre deux rendez-vous. Pause photographique au cœur de ce pouls financier altoséquanais répondant au curieux nom de La Défense… La défense de quoi ? De ses intérêts ? Ce nom rend en fait hommage à une statue, La Défense de Paris, qui rend elle-même hommage aux soldats ayant défendu la capitale pendant la guerre de 1870… Donc, d’une certaine manière, de ses intérêts, même si la nature de ceux-ci a dérivé avec les années. Bref, il est tout à fait possible de traverser l’esplanade sans penser à tout cela, et d’être saisi par la beauté architecturale de cet espace en mutation constante. Si triste voire glauque les fades journées d’hiver, l’ensemble rehaussé par ces éclats vespéraux en devient presque surréaliste.

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