Photo-graphies et un peu plus…

Cerf-volant, drôle de juxtaposition pour ce petit bout de tissu fan de haute voltige capable de virevolter magnifiquement selon la dextérité de celui qui tient les rênes. Ah, rêne, cerf… peut-être y a-t-il malgré tout un lien ? Ce serait évidemment mieux avec « renne » mais… En fait, l’origine du mot se trouverait plutôt du côté du serpent, serp… Le serp s’étant, au gré de l’évolution du français, transformé en cerf, pour leur homonymie. Dans la foulée, soucieux de conserver le son, les faiseurs de mots de l’époque en ont sacrifié le sens, même si l’objet reste fondamentalement animal.

Ceci dit, il est effectivement plus facile d’imaginer un serpent faire ce genre d’acrobaties aériennes qu’un cerf… Question de poids probablement. Et puis, les rennes, avec leurs bois, ce n’est pas très pratique. Rien de tel pour s’emmêler les fils… Et les fils, pour un cerf-volant, c’est fondamental : ils assurent la connexion entre la terre et l’air ! Pour ce classique spécimen losangique, deux suffisent. Gauche, droite. On tire, on lâche, on enroule, on recule, on avance, on écarte les bras… Mais si simples soient-ils, ils font rêver les plus petits pour lesquels l’envolée demeure magique ! Comment en effet interpréter autrement leur désarroi lorsque, faute de vent, le cerf-volant s’échoue tragiquement sur le sable, incapable de flirter à nouveau avec les nuages ?

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Ocean Beach, San Francisco. Venant du cœur de la ville par Fulton Street, c’est déjà le bout du monde. La route se termine et de l’autre côté, on se retrouve seul face à l’infini de l’océan. Une langue de sable interminable désertée en semaine, probablement bondée le week-end, fait la transition. Ocean Beach… Avant même d’y poser le pied, je suis renvoyée vers la fiction. Un film. Dark City. Et cette plage dont tout le monde est capable de dire où elle se trouve, mais qu’il est impossible d’atteindre – le train ne s’arrêtant pas à la station. Un mirage, résidu de la mémoire de l’humanité en cours de manipulation. Shell Beach. C’est son nom. Ocean Beach a cet air de Shell Beach quand on sort du bus 38. A la différence près qu’on y arrive…

Et finalement, une fois les pieds bien ancrés dans les grains de silice, l’illusion s’efface, aussitôt remplacée par une autre impression à la vue de ce couple contemplatif. Celle d’être au Japon. Voyage tout aussi fictionnel que le premier, qui l’était par nature, puisque pays demeurant pour l’heure inconnu. Cela ne tient pas à grand chose. L’origine hypothétique du duo et puis, surtout, l’ombrelle. Cette ombrelle me rappelle quelque chose. Je creuse. En direct. Une image me revient. Une vieille femme, japonaise, s’accrochant à son parapluie, que la force du vent et de la pluie a pourtant retourné. C’est une affiche de film. J’en ai conservé une reproduction pendant des années, fascinée par ce face à face entre l’homme (la femme en l’occurrence) et la nature… Rhapsodie en août d’Akira Kurosawa. Même pas vu. C’est bien cette image que réveille la vision de cette ombrelle, même si les conditions climatiques sont ici plus clémentes. Et finalement, après Dark City, la fiction aura conditionné ma découverte du lieu du début à la fin… Etrange comme toutes ces images, réelles ou imaginées, se mêlent pour ne former plus qu’un magma sans cesse alimenté de représentations du monde.

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Un spectacle quotidien qui ne se lasse pas de lui-même et dont on ne se lasse pas nous-mêmes… Coefficient : 109. Autrement dit, assez élevé. Une journée à suivre les sautes d’humeur de la mer… Projet lointain, voire cyclique. Rendez-vous pris toutes les deux heures. Je m’y tiens. Même endroit, même position. Tout le reste change. A voir…

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Et réciproquement. Pendant quelques minutes, cette baigneuse vespérale demeure là, face à l’horizon, figée, les pieds rafraîchis par le va-et-vient de la mer descendante. Autour d’elle, les vagues prennent aussi leur temps, s’allongent sur le sable, s’enroulent élégamment. Elle est seule, dans sa bulle de contemplation, enrobée par le doux mais incessant bruit du ressac. Trois mètres derrière elle à peine, un tumulte dont elle n’a, il faut l’espérer, que vaguement conscience. Une balade post-dînatoire organisée : des joggers, des familles entières ou partielles, des badauds, bavards, se croisant et se décroisant sur la digue, et s’émerveillant devant les deux trois courageux qui osent encore se mouiller à cette heure avancée et venteuse de la soirée.

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A marée basse, une population affairée en maillot de bain saillant / bottes voyantes, équipée de crochets et de seaux colonise les îlots découverts en quête des crabes cachés qui viendront agrémenter leur assiette au souper. Point de pitié dans leur regard ou leurs actes : les rochers sont renversés, les pinces sont débusquées, les crustacés sont entassés et montrés comme des trophées aux équilibristes voisins.

Car, d’équilibre, il faut en effet en être doté sur ces patinoires marines couvertes d’algues agonisant au soleil accrochées à des pierres dont on ne devine la forme qu’en posant le pied dessus… Donc, parfois trop tard. De loin, on croirait assister à un spectacle de marionnettes : des silhouettes aux positions impossibles, pliées en deux, des bras écartés témoignant de l’espoir de rétablir un équilibre momentanément perdu, des jambes en l’air juste avant une douloureuse chute sur des cailloux squattés par des milliers de petits coquillages acérés par le temps… Qui signe la rencontre avec d’étranges habitants colorés : des spaghettis aux épinards et à la betterave lovés dans de mini anfractuosités, en réalité, des anémones avachies snobées par les amateurs de crabes, mais n’attendant qu’une chose, que la mer remonte pour recouvrer un peu de quiétude et se laisser aller au gré du courant…

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… du promeneur solitaire. Partition changeante de bord de mer. La symphonie chaotique. Note grave et tenue à la poupe du navire à roues : un homme marche, seul. Un do de face. A l’horizon incliné par son poids, un grain se pointe. Coups de tambour. Avis de tempête temporaire. Lui, serein, poursuit sa route. Le fil.

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Cette nuit à 2h32 sur une plage classique… Je me promène équipée d’une lampe torche afin d’éviter soigneusement les trous creusés par les enfants et leurs pères (un rapide coup d’œil sur la blonde étendue montre effectivement que les mères ne sont pas très attirées par cette activité salissante…). Bref, j’erre sur le sable, bercée par le doux bruit du clapotis des vagues, à compter les immenses bateaux scintillant à l’horizon et attendant leur tour pour entrer au port à l’heure où tout le monde dort…

Au moment de convoquer à mon tour le marchand de sable, je crois entendre un long « oooohhh » d’étonnement. Cela vient d’en bas… Je me penche. Rien. J’entends alors une sorte de petit ricanement. Je sens que c’est tout proche mais je ne vois toujours rien. Je m’accroupis et balaye les environs avec ma lampe. Et là, progressivement, à 3h, de petites têtes apparaissent, éclairées de l’intérieur, comme des lampions. Elles sont une petite douzaine à me regarder intensément. Elles font à peine 3 cm de haut. Dans la nuit, j’ai failli les écraser. La tête de tête en est encore toute secouée… C’était notre première rencontre.

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Regarder vers la terre à marée basse, et non vers l’horizon lointain, donne souvent une toute nouvelle perspective aux bâtiments que l’on a le plus souvent l’habitude d’appréhender depuis la digue, courant à ses pieds. Des figures géométriques se détachent, se désolidarisent de la masse qu’elles composent à courte distance. Un point face à un enchaînement de carrés… Point trait. Soit A en morse.

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Petit cliché estival sur la côte atlantique… San Sebastian, une fin de mois d’août au temps mitigé. Les courageux sont à l’eau. A attendre le bon moment pour prendre la vague. Je suis sur la plage, à attendre le bon moment pour déclencher. A espérer la synchronisation de quelques éléments clés : les vagues, les surfers sur et hors de l’eau, les planches, le vent dans les drapeaux…

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Les larves inertes et suantes que nous sommes en ces jours de fortes chaleurs nous feraient presque regretter l’évolution. Si seulement nous étions encore des poissons ! Mais c’est fini depuis belle lurette, ce temps-là. Alors, à défaut, on se prend à rêver d’avoir une douche froide qui nous suit en permanence. Certes, difficilement réalisable et pas du tout développement durable. Plus simplement alors, avoir les pieds dans l’eau ? Un pédiluve privé sous le bureau ? Mieux, c’est la maison qui doit avoir les pieds humides. Une petite chaleur ? Et hop, en nage, on se jette par la fenêtre sans craindre de s’échouer sur un sol bétonné se délitant sous l’effet des rais ardents de l’astre brillant sans pitié. On se fond dans l’eau, on batifole, on s’éclabousse, on se régule, puis on se réveille, car ceci n’est pas une maison. Ceci est un ponton désaffecté déguisé en maison avec fenêtres, toit pointu et cheminée. Désillusion optique. Bon, revenons aux fondamentaux : qui a pris la bassine ?

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