Photo-graphies et un peu plus…

Je profite de ne pas être en vacances avec des amis pour écrire quelques mots sur les vacances entre amis. Ainsi, personne ne se sentira visé ! Donc, les vacances entre amis peuvent être pleines de surprises, de bonnes comme de mauvaises. En théorie, tout est super. Vous savez que vous vous entendez bien puisque vous êtes amis, et puis vous avez choisi la destination ensemble, éventuellement la maison ou le gîte, enfin le toit qui vous couvrira pendant cette période festive. En pratique, c’est un peu plus complexe. Car, par définition, vos amis, vous ne vivez pas avec eux.

De fait, même si vous vous connaissez depuis de nombreuses années, vous ne savez pas tout d’eux (la réciproque n’est pas forcément vraie non plus ceci dit, mais ça aide…) et ces périodes de relaxe peuvent s’apparenter à de vrais révélateurs de personnalités. Même si vous êtes amis, vous pouvez, par exemple, avoir des conceptions totalement différentes des vacances : les uns préféreront l’option farniente – c’est les vacances, je me re-po-se ! -,  quand les autres voudront parcourir la région élue en long en large et en travers – donc, ce matin, en se levant à 6h, on peut voir le lever du soleil depuis le sommet de la montagne, descendre au village pour le marché et aller visiter le musée de la marmotte… ah, et je crois qu’il y a une randonnée qui en part et qui va jusqu’au lac, tu sais, celui des cartes postales… – ; les uns seront matinaux – t’as entendu le coq ce matin ? – quand les autres auront tendance à émerger en début d’après-midi en claironnant – bon, qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ? ; les uns voudront tout faire ensemble – on est partis entre amis quand même ! -, quand les autres seront partisans du chacun fait ce qu’il veut – ce n’est pas parce qu’on est partis ensemble que l’on doit tout faire ensemble ! -, les uns auront des enfants – 2, 3, 5, 6 et 12 ans – quand les autres n’en auront pas  – je ne comprends pas pourquoi on doit demander à Léo si on peut aller faire du canoë cet après-midi ! – tu comprends, il faut qu’ils s’amusent un peu aussi ; les uns préféreront faire la cuisine – c’est quand même plus sympa, entre amis, allez, un atelier maki ! -, quand les autres ne voudront pas s’embêter avec ça et préféreront aller au resto – quand bien même leurs amis leur ont avoué plus tôt être un peu serrés financièrement – ; les uns feront le ménage – on est 12 dans cette maison,  faut bien que quelqu’un s’en occupe -, quand les autres les regarderont faire – je me tape le ménage chez moi pendant tout l’année, je suis en vacances, je me re-po-se… j’ai déjà lu ça quelque part…  – ; les uns parleront beaucoup trop politique quand les autres n’en auront que faire ; les uns seront aussi bruyants que les autres seront calmes, surtout Pascal qui ronfle vraiment énormément et Stéphanie qui crie à travers la maison pour appeler son chat (elle a peur qu’il se perde dans cet immense jardin qu’il ne connaît pas), car oui, les uns viendront avec leurs bêtes à poils quand les autres ne supporteront pas les animaux…

Alors, au bout d’un moment, malgré la bonne volonté de chacun – ou pas d’ailleurs – toutes ces divergences entre amis pourront créer des frictions, des tensions, des remises en question… Cela n’altèrera pas forcément votre amitié, mais vous saurez à quoi vous en tenir pour la conserver : ne plus jamais partir en vacances ensemble ! Bien sûr, cela peut aussi très bien se passer. Mais, il paraît que les histoires simples, ça n’intéresse personne ! Cela donnerait : on est partis entre amis cet été en vacances ! C’était super ! On a déjà réservé pour l’année prochaine. Voilà. C’est fini. C’est quand même plus drôle quand ce n’est pas aussi rose, non ?

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Quelle question ! Couloir, bien sûr ! Mais non, hublot of course ! Je ne comprends pas que l’on puisse demander le couloir, sauf à avoir le vertige – auquel cas, prendre malgré tout l’avion reste un acte de bravoure -, ou des impatiences – il est plus facile de se lever ou de gesticuler en étant côté couloir que côté hublot… Donc, évidemment, lorsque vous arrivez à l’enregistrement à l’aéroport, vous faites de grands sourires à la personne qui réceptionne vos billets, vous vous montrez sympathiques, en vous disant que cela vous permettra peut-être d’avoir le hublot. Car le hublot, c’est un peu comme les dés, parfois on a de la chance et on l’a, parfois, il est pour celui qui vous suit ! Bien sûr, arriver tôt augmente la probabilité de se voir proposer le hublot, et encore. De plus en plus en effet, on nous permet – parfois moyennant finance, tous les moyens sont bons pour augmenter la note pour compenser les coupes sur les prix des billets du fait de la concurrence – de choisir nos sièges à l’achat même du billet. Forcément, les dés sont pipés lorsque vous arrivez à l’enregistrement ! Bref, le hublot est une sorte de récompense à un jeu dont on ne connaît pas toutes les règles. Le hublot est très subjectif. Enfin, son attribution.

Mais partons du principe que vous avez réussi à décrocher le précieux sésame, sans arriver aux aurores pour autant ni choisir vos places au préalable. Votre carte d’embarquement en main, avec votre place côté hublot – le bon, car il y a toujours un côté où c’est moins beau -, vous pensez que tout est gagné, que vous allez pouvoir profiter du paysage, découvrir la Terre vue d’en haut (y a-t-il un copyright ?) pendant tout le trajet. C’est oublier qu’à côté de vous, il y a la place du milieu et qu’à cette place, il y a probablement une personne frustrée. Une personne qui, comme vous, désirait le hublot… La place du milieu, c’est la pire. Non seulement, vous ne voyez rien. Enfin, ce que vous voyez est directement lié aux gesticulations de celui qui est au hublot et qui se tortille de bonheur sur son siège. Et vous ne pouvez pas déplier vos jambes dans le couloir non plus, puisque vous n’y êtes pas ! Non, au milieu, vous devez vous battre pour avoir vos deux accoudoirs. Toutefois, arrive parfois le moment où le milieu réalise qu’il suffit d’une toute petite phrase pour gâcher le plaisir du hublot. « Pouvez-vous baisser le volet s’il vous plaît, la lumière du soleil me gêne ! » Et comme vous êtes poli, vous acceptez de baisser ce ?:;!rgkf de rideau en pestant intérieurement tandis que votre voisin, le milieu, peut finir son vol en paix…

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La 6e génération d’Objectif_3280 est  lancée avec toutes ses branches ! Contrairement à la première édition de décembre, nous n’avons pas eu recours à un 2e écho par personne ce qui constitue une petite satisfaction… Pour cette avant-avant-dernière génération, nous devons recueillir 243 images en réponse aux 81 de la précédente… Il y a donc un paquet d’idées à proposer ! Rendez-vous donc directement sur la présentation de l’arbre écho-photographique en planche contact pour participer ! Prochaines étapes : 729 puis 2 187 échos !

Et puis, toujours, chaque jour, une rencontre avec plusieurs participants à travers « Sur une branche, perchée avec… »… De magnifiques témoignages à découvrir…

A très bientôt sur l’arbre !

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Sixth generation is launched with all its branches! And this time, we did not need to use our joker by allowing a second picture per person. So, it is really a great satisfaction… For this generation, we have to gather 243 echoes to the 81 previous images. The tree is waiting for your ideas… To participate, please go to the contact sheet presentation of the echo-photographic tree. It will be easier… For the new ones, do not hesitate to read the presentation of Objectif_3280 and its rules… Next steps: 729 then 2 187 echoes!

And still, everyday, a short interview of two or three participants through « on a branch, perched with… » (Sur une branche, perchée avec). Beautiful testimonies…

See you soon on the tree…

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Aucune ville n’est parfaite, pour la simple et bonne raison que la perfection n’existe pas. Et puis, heureusement, car si cette ville existait, tout le monde voudrait y vivre. Cela ferait monter les prix de l’immobilier, s’y loger deviendrait impossible hormis pour les plus nantis. La ville perdrait alors son qualificatif de parfaite pour le troquer par celui de ghetto. Et puis, même si la perfection existait, il faut être conscient qu’elle n’attire pas tout le monde. Bref. Certaines villes, donc, se rapprochent néanmoins de cette perfection, ce qui n’a aucune valeur universelle pour autant mais est simplement le sentiment totalement subjectif qu’une personne pourrait ressentir en vivant dans telle ou telle ville, et en réalisant qu’elle cumule un certain nombre des critères qu’elle a listés comme essentiels pour sa ville d’élection, ou du moins, rêvée.

Une des limites, connues et avérées, de Vancouver par exemple est – certes la pluie mais, comme on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs, on n’a pas une nature verdoyante sans un peu de précipitation -, son relatif désintérêt pour la culture, au profit du outdoor, des activités sportives, du plein air. C’est vrai, les premiers temps, on transpire à force de voir des gens courir, pédaler, ramer, surfer, courir, je sais, je l’ai déjà écrit, mais ils courent vraiment beaucoup… Et puis, on finit par prendre le rythme, comme si c’était contagieux. On se voit en train de courir le long de la mer alors que l’on s’était juré de ne jamais courir après rien, on s’achète un vélo et on part à la conquête de la ville. La culture donc, c’est ce qui ressort quand on compare l’est et l’ouest, Vancouver et Montréal, connue pour son dynamisme en la matière. La tête et les jambes ? Cela n’empêche pas les québécois de faire du sport, et de vouer, comme leurs lointains voisins mais néanmoins compatriotes, ou plutôt comme tout canadien/ne dès les premières heures de sa vie, un culte sans borne au… hockey. Le fameux hockey sur glace, ou sur bitume dès lors que la glace a fondu ou n’a jamais pris. Ce n’est pas un mythe.

C’est un peu comme le foot en France un soir de finale de coupe du monde qu’elle jouerait mais en dix fois plus hystérique. Les canadiens pensent, vivent, boivent, mangent, dorment, s’habillent hockey et cette adoration dépasse les classiques questions de genre, d’âge, de sexualité, d’origine… Deux exemples pris sur une liste imaginaire qui en comporterait des centaines : un récent soir de match de l’équipe locale – les Canucks -, une immense toile de probablement 4 m sur 10 m pendait côté arrivée de la tour de contrôle de l’aéroport international de la ville avec un immense : Go Go Canucks !  Vous imaginez les gars de la tour de contrôle de Roissy accrocher un énorme drapeau « Allez, allez le PSG ! » ? Non ! Ici, c’est possible. Espérons simplement qu’aucun avion n’arrivait de ce côté là ! L’autre exemple ? Temps de pique nique sur la plage, après midi qui joue les prolongations. Mais il y a match ce soir. Dilemme ? Rentrer chez soi, rester ici ? Les deux mon capitaine en installant le salon avec écran plat et sièges sur l’aire elle-même ! Comme ça, après le match, on peut reprendre la partie de volley à côté ! Ainsi, si vous trouvez que la ville est anormalement vide et silencieuse à certaines heures de la journée, c’est sûrement qu’il y a un match en cours. C’est alors le moment pour tous ceux qui n’y entendent rien – mais il n’y en a pas beaucoup il faut l’admettre et je doute qu’ils s’en vantent d’ailleurs – d’aller magasiner : il n’y aura personne aux caisses et l’affaire sera réglée en moins de 2… Evidemment, vous croiserez une espèce particulière de Vancouvérois, dont les caissiers/ières d’ailleurs, portant un T-shirt Canucks. Marketing parfait quant à lui puisqu’il y en a pour les hommes les vrais, les femmes les vraies, les enfants, les bébés et même les chiens (à vérifier, sinon, je lance le business (ça y est, je me nord-américanise !). Etant donné que c’est peut être la deuxième passion du pays, ce qui semble tout à fait logique compte tenu de l’espace, je ferais d’une pierre deux coups !)… C’est donc tout naturellement que cette sirène (oui, tout ça pour ça) accueillant les visiteurs de la ville a été habillée de la tenue officielle de l’équipe et équipée d’une crosse… Voilà comment Vancouver se réconcilie avec la culture ! Ce qui pourrait être le mot de la fin, mais non… car la sirène, au naturel, est elle-même un détournement sportif de la sculpture de la Petite sirène de Copenhague… Si vous regardez bien, vous verrez que celle-ci, en tenue de plongée (si, si) porte des palmes… Et ce que cache sa casquette n’est autre que son masque de plongée ! Cet humour, ça doit être culturel !

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(English version below >>> scroll down please)

Et voilà, c’est parti pour la 2e édition d’Objectif_3280 ! Les 300 personnes vivant dans 32 pays (si, si) ayant participé à la 1re mondiale (oui, oui) de décembre savent de quoi je parle. Pour les nouveaux, un petit récap… Objectif_3280 est une expérience artistique collaborative inédite et utopique à laquelle j’invite tout le monde à participer ! Cette ouverture est l’essence même de ce projet et la raison pour laquelle les règles de cette 2e édition ne changent pas : je souhaite que chacun se sente libre de monter à l’arbre sans être bloqué par une contrainte trop forte que je pourrais imposer. La 1re édition a généré naturellement des histoires merveilleuses – non, non, ce n’est pas démagogique ! – et je suis sûre qu’il en sera de même de celle-ci ! Qui sait comment le cerveau fonctionne ?

Bref… Je me concentre… Un peu à la manière d’un cadavre exquis, il s’agit d’ériger, sur 8 générations et en 26 jours, un arbre écho-photographique – cette formulation sied mieux au projet – à 3 280 feuilles. A chaque photo postée par l’un ou l’autre sur cette planète bleue, 3 échos sont possibles. Lors de la première édition, nous avons pu collecter 1 404 photos toutes liées les unes aux autres par des associations d’idées.

Donc, je poste la première photo (celle ci-dessus – choisie pour les nombreuses pistes sur lesquelles il est possible de rebondir), vous inventez la suite ! Nous découvrons les histoires de l’écho-munauté en direct sur www.loucamino.com !

Plus les jours avanceront, plus le nombre de photos nécessaires pour faire pousser l’arbre sera grand. Participer est une première étape nécessaire mais pas suffisante : il faut relayer l’information à vos amis, les vrais, à votre entourage, à vos « amis », vous savez, les bleus, à vos réseaux, en gros. J’écrivais plus haut que les photos sont arrivées de 32 pays différents. C’était inespéré… Et évidemment, comme nous vivons dans une société où l’on en veut toujours plus, nous visons plus large encore pour cette nouvelle édition.

Si tout cela vous semble un peu obscur, si vous êtes déjà conquis, si vous voulez en savoir plus, si vous voulez vous lancer dans l’aventure, vous êtes au bon endroit ! Les entrées sont multiples : via le cadre rouge à droite, dans le menu au-dessus, en cliquant sur la photo ou là directement.

Alors, merci d’avance pour votre collaboration ! Nous tenterons cette fois-ci de transformer l’essai en exposition !

Objectif_3280 : une idée originale de Lou Camino développée par Coralie Vincent.

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Hi everybody,

Here we are: the second edition of Objectif_3280 is now open! The 300 persons living in 32 countries (yeah, yeah) who participated to the first edition in the world (yeah, yeah…) in December know what I mean. For the beginners, here are some explanations… Objectif_3280 is an unheard-of and utopian collaborative artistic experience to which I invite everyone to participate. This is the essence of this project and the reason why the rules are unchanged: I want everybody to feel free to climb the tree without being stucked by a too strong constraint I would impose. The first edition generated naturally great stories – no, it is not demagogic! – and I am sure it will be the same thing for this edition. Who really knows how brain works?

So… Focus… In the manner of an exquisite corpse, the aim is to erect, on 8 generations and 26 days, an echo-photographic tree – I do prefer this formula – of 3 280 leaves. There are three possible echoes for each picture posted from anyplace in the world. With the first edition, we gathered 1 404 pictures all related to each other by association of ideas.

So, I post the first picture (the one above). You invent the next ones. We discover the stories of the echo-munity live on www.loucamino.com

With days – and time goes by so fast -, the need of pictures to make the tree grow increases drastically! So, your participation is great but not sufficient: you have to share the information with your friends, the real ones, with your « friends », you know, the blue ones, with your networks! I precised above that pictures of the first edition arrived from 32 different countries. That was unhoped-for. And of course, as we live in a society where we always want more, let’s dream: I want more for this second edition.

If this looks strange to you, if you are already an appreciative audience, if you want to know a little bit more, if you want to participate to the adventure, you are at the right place! Or, you can enter through the menu above, the red frame on the right, the picture itself or just here.

Thanks in advance for your collaboration! And this time, the goal is also to propose an exhibition…

Objectif_3280, an original idea of Lou Camino, developed by Coralie Vincent.

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Le Wifi de nos jours, c’est un peu comme le Coca Cola, on en trouve partout, même au milieu de nulle part et dans les endroits les plus reculés au monde. Et pourtant, cette fois-ci, au cœur de cette magnifique Olympic Peninsula bordant la côte nord américaine de l’océan Pacifique, un simple « aucun réseau disponible » s’est gentiment affiché comme si on annonçait qu’il n’y avait plus de glace à la vanille dans le congélateur. Je le savais, mais j’ai quand même vérifié, avant d’accepter – très facilement en fait – ce sevrage de trois jours, cette coupure totale du monde extérieur et finalement de profiter pleinement de cette Nature sauvageonne et intacte dont l’homme moderne n’a pas les codes et que même les mythiques Bald Eagles, partie intégrante du tableau, ne peuvent qu’admirer.

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D’un côté du monde à son autre versant, la jeunesse refuse que l’on lui dicte sa conduite. Elle défie les mêmes lois de l’apesanteur et, inlassablement, ses propres limites. Comme un rite de passage. Même scène, diurne cette fois-ci, que sur la digue malouine, même saut de l’ange, même public médusé, les adultes, stoppés dans leur élan baladeur et dodelinant de la tête à la vision de cet être perché, les camarades, prêts à lui tendre une serviette quand il remontera frigorifié.

Mais l’incroyable se produit. Après avoir bien balayé du regard l’assemblée des témoins, vérifié que les appareils sont armés et pensé mille fois qu’il s’apprête à remporter ce fichu pari qu’a osé lui lancer son binôme en cinématique (super, un pack de bières !), le garçon s’élance. Trois pas à peine. Pas la place de faire plus. Sauf qu’il s’arrête en plein vol. Indépendamment de sa volonté bien sûr ! La tête pas encore retournée, les genoux à peine recourbés, le corps prêt à se mettre en boule, les bras en chemin pour l’y aider. Autant dire, une position peu confortable à tenir. Il ne touche pas l’eau. Je reste là 18 minutes au bas mot, à attendre que quelque chose se passe, qu’il tombe enfin et éclabousse tout le monde au contact de cette surface tentante, il est vrai. Mais rien. Il reste figé. A 2 mètres de hauteur. Seules ses lèvres bougent et crient à l’aide.

Ses camarades, dont la première réaction est d’éclater de rire, réalisent ensuite la singularité de la situation dans laquelle se trouve leur ami. Ils sont surtout bien incapables de le récupérer puisque, mine de rien, avec son élan de trois pas, il a réussi à s’envoler assez loin. C’est alors que les pêcheurs chinois en bout de quai, dérangés dans leur paisible activité par le tintamarre juvénile, s’approchent. On les entend chuchoter quelques secondes, puis ils retournent tous à leur poste pour en revenir rapidement avec leur canne à pêche et leur filet… La suite se devine aisément : ils ouvrent les paris et, tour à tour, lancent leur canne vers le petit, qui, si j’ai bien compris, commence à avoir des fourmis dans les jambes, enfin, façon de parler… Le fait qu’il ne fasse pas face aux pêcheurs est une difficulté supplémentaire pour eux. D’habitude, c’est le poisson qui vient à eux, à l’appât. Là, c’est à eux d’aller au poisson ! L’appât ? Un de ces petits biscuits secs avec des pensées profondes recroquevillées à l’intérieur que l’on nous sert parfois avec l’addition dans les restaurants asiatiques. Après une douzaine de tentatives, l’un d’eux réussit à envoyer le « biscuit de fortune » directement dans la bouche du garçon et à le hisser sur le quai. Il lui faut plusieurs minutes avant de pouvoir bouger et se détendre. Et quand, enfin, il recouvre toute sa souplesse, il croque dans le petit biscuit et découvre le mot que lui adresse le destin : « Petit scarabée, il t’arrive parfois d’être un véritable crétin ! ».

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