Photo-graphies et un peu plus…

Tapis vert

Face à ce quatuor de marches a priori banales si ce n’est qu’elles sont recouvertes d’algues fraîches que vous identifiez assez rapidement comme potentiellement dangereuses car glissantes, ce qui les rend, dans l’instant, singulières, vous allez prendre une décision qui en dit long sur votre relation au risque… Cela va se passer extrêmement vite, et avec un peu de chance, vous ne vous rendrez absolument compte de rien. Mais moi, si.

Certains prendront donc leur élan, synthétisant en 6 microsecondes leurs lointains cours de triple saut et de saut en hauteur, pour se hisser de la dernière marche saine (en bas) à la première à peu près exempte d’algues (ici, la 5e), en croisant tout ce qu’ils peuvent pour ne pas tomber à la renverse en l’atteignant (ou pas). Les inconscients pour qui rien n’est impossible jusqu’à preuve du contraire. D’autres contourneront soigneusement le tapis vert en empruntant le chemin de pierres découvert à sa gauche, assez pentu, sans prise et nécessitant, à défaut de ventouses de geckos, des semelles anti-dérapantes et des mollets de cycliste. Les téméraires avertis enclins à remplacer un risque par un autre, modéré. Certains encore affronteront courageusement autant que prudemment l’obstacle en posant lentement et à plat chacun de leurs deux pieds sur les marches, un peu à la manière d’un enfant face à ses premiers escaliers, mais en allant un peu plus vite à chaque pas. Les pragmatiques qui pèseront toujours le pour et le contre avant d’agir, à la recherche d’un compromis satisfaisant. Quant aux fans du principe de précaution, que d’aucuns voient plutôt comme un principe de stagnation, ils balanceront la tête à gauche puis à droite (ou inversement, cela n’a pas de réelle importance dans le cas présent) et se dirigeront vers un escalier voisin, parfois lointain, dénué d’algues et donc, sans risque… Rien ne dit toutefois, qu’en chemin, le cœur léger et les yeux rivés vers l’horizon, ils ne tomberont pas dans un trou creusé dans le sable par une marmaille partie sans prendre le temps de le reboucher…

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Il ne fait pas bon être un nuage ces derniers jours… Ou comment l’éruption d’un volcan en Islande est capable de paralyser en quelques heures les déplacements aériens de toute une partie de la planète ! La Nature imprévisible aura toujours le dessus sur les anticipations des hommes, malgré les outils, les technologies de plus en plus pointues, l’accumulation des connaissances… Alors, pour se donner bonne tenue et se convaincre qu’ils maîtrisent malgré tout la situation (aveu de faiblesse et de ses limites en réalité), certains hommes ont créé le principe de précaution.

Celui qui dit que l’on ne doit engager aucune action sans être absolument certain que leurs conséquences n’auront pas un effet négatif sur l’homme et sur l’environnement. C’est dans la Constitution depuis 2004. Résultat : 63 000 vols annulés, 7 millions de passagers cloués au sol… Vacances forcées, voyages d’Etat annulés, malentendus en chaîne, économie malmenée, c’est l’effet mondialisation des cendres… L’éruption pourrait durer quelques semaines, voire quelques mois. Les polémiques gonflent déjà du côté des compagnies aériennes, qui veulent éviter la chute libre… de leurs résultats, et qui ont fait des tests en vol ce wek-end pour le prouver. L’application du principe de précaution est toujours suivie d’une poussée de grognements… Réjouissons-nous pour les riverains des aéroports, qui, depuis quelques jours, bénéficient d’un ciel clair et d’un environnement calme ; réjouissons-nous pour les peintres et photographes qui, pourraient, dans les prochains jours et semaines, être inspirés par de magnifiques couchers du soleil mis en beauté par cette intempestive et inopinée colère combinée de la terre et du ciel…

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