Photo-graphies et un peu plus…

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La vie est faite de boucles. La Terre tourne sur elle-même en 1 jour tout en tournant autour du Soleil en 365 qui tourne sur lui-même en 27 en moyenne, et aussi autour du barycentre du système solaire, lui-même emporté par la rotation de notre galaxie, la Voie Lactée, qui n’est pas en reste en matière de mouvement.

Chaque jour de 24 heures, sur Terre, un nouveau cycle de 24h commence, avec les mêmes heures qui défilent dans le même ordre et souvent les mêmes rituels pour les occuper. Tout cela est parfaitement bien orchestré. Pendant ce temps là, les hommes, sans interruption à l’échelle macroscopique, naissent puis meurent, avant que d’autres ne naissent puis meurent à leur tour… L’Histoire se répète, malgré les espoirs de « plus jamais ça » ; les modes reviennent, elles aussi, cycliquement ; les schémas sociaux et de vie sont, génération après génération, reproduits plus ou moins consciemment…

Il y a quelque chose d’assez enivrant dans ces rotations de rotation de rotation, comme si nous étions pris dans une valse gigantesque, de la taille de l’univers. Il y a quelque chose d’assez fascinant dans ces cycles à répétition, comme si le champ gravitationnel dans lequel nous sommes pris avaient aussi une influence sur le cours de nos vies. Il y a quelque chose d’assez vertigineux dans ces boucles sans fin, comme si c’était l’ordre naturel des choses… Comme si tout nous ramenait au déjà-vu, déjà-vécu… Pourtant, à l’échelle microscopique, c’est-à-dire individuelle, le même réussit encore à créer le différent, à l’instar de cette nouvelle série de dix photonymes

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La réponse est oui, tous ces points de couleur sont des chewing-gum ! Et oui encore, ils sont bien collés sur des pans de murs entiers… Et oui enfin, c’est totalement dégoûtant ! On ne peut s’empêcher néanmoins d’être, beurk, fasciné par ces gommes mâchouillées par des centaines de milliers de dents appartenant à des bouches baveuses de visiteurs d’un jour ou de toujours, et collées les unes sur les autres, les unes à côté des autres, les unes dans les autres… Beurk bis repetita. Le Gum Wall, c’est son nom, est ainsi l’une des curiosités touristiques les plus pathogènes de Seattle. Et probablement du monde. J’étais prévenue. Même si sceptique. J’avais des instructions pour le trouver. Encore qu’un odorat un peu fin aurait probablement permis de repérer d’assez loin l’odeur artificielle si caractéristique de ces machines à produire de l’air…

On s’en doute à voir, ou plutôt, à ne plus voir le mur, la tradition ne date pas d’hier. Les petites boules s’entassent ainsi depuis 18 ans ! Nous allons bientôt pouvoir lancer des recherches archéologiques d’un nouveau genre ! Et une carotte de chewing-gum, s’il-vous-plaît, une ! « Hum, celui-ci remonte à 2002. En analysant ces poussières trouvées au milieu, je peux même affirmer qu’il a été collé sur le mur le 12 novembre… Quant à l’analyse ADN, elle nous révèle que le mâcheur était blond et qu’il n’avait probablement plus sa 2e prémolaire droite (déduction de la trace des dents laissée sur la gomme, aucun rapport avec l’ADN). » Pour la petite histoire, car on n’accroche pas son chewing-gum sur un mur, comme ça, sans raison, le dit mur appartient à un théâtre, dont on voit, beurk ter, encore, le guichet… Attention où vous posez vos affaires quand vous prenez une place ! Un jour d’attente un peu longue, un futur spectateur a eu une idée de génie (Seattle, c’est écrit noir sur blanc dans les guides, est une ville d’inventeurs de génie… Microsoft est né là, Starbucks aussi… je cite leurs exemples… reste à définir le génie… bref…)… L’idée de génie donc : « J’en ai marre d’attendre. Et si je créais un mur de chewing-gum, tiens ! Ce serait beau et tellement absurde et insensé que tout le monde me suivrait ! » Il avait raison sur la 2e partie de l’assertion… Pour la première, il faut simplement faire abstraction de la réalité, ce qui n’est pas tous les jours facile, il faut bien l’admettre. Voilà, des gens ont ainsi commencé à coller leur chewing-gum, en y coinçant une petite pièce jaune (pas d’opération de récupération pour l’instant), alors qu’ils faisaient (im)patiemment la queue devant le théâtre. Théâtre qui a nettoyé le mur à deux reprises, avant de laisser la nature masticatoire de l’homme faire son travail devant le succès grandissant de l’œuvre d’art collaborative. Et même de l’encourager en vendant lui-même des boules de gomme à mâcher bigarrées… Hé, on est en Amérique !

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