Photo-graphies et un peu plus…

La création de l'homo numerus

Aussi étrange que celui puisse paraître, cette photographie faite sous la surface de l’eau de la Mer de Chine Orientale me renvoie, autant graphiquement que symboliquement, à la fresque de Michel Ange, « La création d’Adam », admirable en levant la tête à la Chapelle Sixtine. En lieu et place de cet interstice entre l’index de Dieu et celui d’Adam, symbolisant la vie qu’il s’apprête à lui donner, un appareil photo numérique (ici imperméable) reliant l’adulte à l’enfant, ce témoin permanent de nos vies modernes face auquel nous tentons d’apparaître sous notre meilleur profil et duquel sortira, plus simplement, une image de l’homme à son image…

Share on Facebook

Face à cette image et ce qu’elle représente, la question à se poser n’est pas : « Mais que fait-elle avec un appareil photo aux toilettes ? » mais plutôt : « Pourquoi ces espaces intimes sont-ils à ce point ouverts ? ». C’est un des grands étonnements, pas des plus confortables il faut l’admettre, des européens venant rendre visite à leurs voisins nord-américains. Au-delà de ces parois commençant à 30 cm de hauteur, il y a aussi ces portes qui se ferment en laissant un interstice de plusieurs millimètres parfois, suffisamment large pour permettre à chaque partie d’entre-apercevoir ce qui se passe de l’autre côté. Evidemment, personne ne regarde vraiment, mais, pour le (« la » serait plus juste) novice, le doute s’installe rapidement. Et tétanise. Les yeux rivés sur les pieds d’à côté, la voilà qui regrette tout aussi vite les toilettes bien fermées de l’ancien monde, où les cloisons vont du sol au plafond, les portes sont lourdes et se ferment derrière elle en la nous coupant du monde extérieur.  Etrangement, cette différence culturelle – motivée par des contraintes de sécurité peut-être ? – me renvoie à la question de la mort et aux cimetières d’ici et d’ailleurs, en particulier nord-américains. Ouverts sur le monde, sans tabou, sans barrière, comme s’il n’y avait rien à cacher car, au final, rien n’est plus naturel que mourir ou … ! Est-ce vraiment comparable ?

Share on Facebook