Je l’ai réalisé tout à l’heure et j’ai bien dû recompter à deux reprises pour l’admettre : cela fait 44 jours que je ne vous ai pas amenés à la mer… La dernière fois, c’était le 28 septembre, à Hawaii, le détour joyeux. Je vous l’accorde, il y a pire. Mais 44 jours ! Une éternité en temps de coccinelle. Pour moi également. Même si elle n’existe pas, l’éternité. Cela se finit toujours un jour, on ne sait jamais trop quand. Parfois calmement, parfois avec pertes et fracas. Comme cette vague un peu mégalomaniaque, qui au lieu de s’éteindre discrètement en se laissant absorber par le sable détrempé du littoral, à l’instar de ses sœurs d’eau, a, dans un dernier sursaut d’énergie, préféré faire son show, sa star en se jetant de tout son corps sur ce rocher à fleur de plage et éclabousser sa mère nourricière de son originalité tapageuse.
Magie féérique de cette improbable nuit américaine… Je me réveille dans une sombre barque au milieu d’un fjord scandinave sans savoir comment je l’ai atteint – je ne trouve aucune rame – ni comment j’ai gagné la frêle embarcation. Tout autour est incroyablement calme, immobile et silencieux, comme si le temps qui passe s’était arrêté là où le mouvement, le bruit, sont, d’habitude, incessants. Je voudrais rejoindre ce port, au fond, dont les maigres lueurs sont autant de signes de vie rassurants mais je suis incapable de bouger. Ce ne sont pas mes muscles qui résistent, mais mon esprit irrationnel : il ne veut pas souiller l’équilibre parfait sur lequel je parais flotter et qu’un simple tressaillement de ma part briserait en une fraction de secondes, faisant à jamais disparaître ce dialogue mi-diurne mi-nocturne entre le ciel et la mer, autant sublime qu’irréel.
Il est certaines heures de la journée où chaque objet, assurément chaque être, laisse, sans qu’il n’y puisse vraiment rien, apparaître une autre facette de sa personnalité. Le dessous des choses en quelque sorte, souvent bien moins lisse que l’objet physique lui-même, à l’image de cette rampe d’escalier dont le rôle sécurisant serait largement atténué […]
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Share on FacebookA l’école, j’avais un professeur de mathématiques qui ressemblait beaucoup à Philippe Léotard et qui préférait vivre de certitudes que de doutes. Surtout en matière d’orthographe. Ainsi, lorsqu’il n’était pas sûr de celle d’un mot, sur un doublage de lettres en particulier, il préférait la tripler et être certain d’être dans le faux plutôt que […]
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