Photo-graphies et un peu plus…

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Le premier panneau que l’on lit si d’aventure on lève la tête en arrivant face à ce beau rideau bleu baissé, c’est forcément le rouge. C’est lui qui attire le plus l’œil, en tout cas, le mien. Ce « Fermeture pour divorce » nous fait décocher un sourire franc, car il est inattendu. Evidemment, d’un certain point de vue, c’est une triste nouvelle que lâche ainsi Monsieur Silvera sur la place publique, et on est en droit de se demander s’il s’agit d’une note d’humour ou d’une véritable annonce. Le fait qu’il ait choisi la couleur rouge pour ce message, celle de l’amour mais aussi de la colère, fait tendre vers la seconde option. Puis penser que c’est sa femme qui a demandé le divorce. Sinon, il serait toujours ouvert. Car il impute la fermeture de sa boutique à ce changement de situation maritale, qui, on le déduit, l’a plongé dans un tel état second, pour ne pas dire dépression, qu’il n’a plus été en mesure de tenir son commerce.

Mais l’analyse de trottoir se corse à la lecture des deux autres panneaux, le jaune, puis le blanc. Surtout le blanc en fait, qui vient tout chambouler. En petit, il est précisé que l’entreprise Silvera ferme définitivement pour « Retraite et maladie ». Teint pâle. Faut-il comprendre que si Monsieur Silvera n’avait pas été pas malade, il aurait continué à travailler, même en ayant atteint l’âge de la retraite ? Ou alors que la retraite est une maladie ? Et pourquoi ne s’est-il pas arrêté à « Retraite » ? Et comment, à la lecture de ces nouveaux éléments, comprendre le panneau rouge ? Est-ce une métaphore ? Le divorce est-il incarné par la retraite et la maladie ? Un divorce avec une époque heureuse où le rideau bleu était levé ?

En fait, à sa façon, Monsieur Silvera est un homme très moderne. Il a créé son propre mur – vocabulaire facebookien pour les non membres ou les résistants – réel, bleu et reconnaissable grâce à son logo étoilé. Un mur public qui plus est, sur lequel il a posté des informations personnelles, à la manière d’un fil d’actualité, livré ses états d’âme du moment de façon un peu sèche, ambiguë et parfois contradictoire, mais il a laissé un contact au cas où quelqu’un voudrait en avoir le cœur Net, ce qui nous permet d’apprendre que son fils s’appelle Bernard et qu’il perpétue dignement la tradition familiale. Manquerait plus qu’un passant dessine un pouce levé à côté d’un des messages !

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Ceci est un homme fumant une pipe. Et même mieux, c’est un agent de nettoyage de la Ville de Paris s’offrant une petite pause pour tirer sur sa pipe. Dans le Marais.

Même des années après l’avoir prise, cette photo me fait sourire. D’abord du fait de la concordance des couleurs entre sa tenue (et sa fonction) et la pharmacie devant laquelle il est posté (et sa fonction). Nettoyer nos rues des saletés et impuretés qu’on y laisse voire jette pour l’un ; nettoyer notre corps des microbes et miasmes que l’on attrape, parfois, en se promenant dans la rue, où s’accumulent toutes sortes de saletés et d’impuretés que d’aimables agents vert et jaune balayent régulièrement, parfois en faisant une pause devant une pharmacie où l’on entre, de temps en temps, pour se débarrasser des microbes et miasmes que l’on a attrapés dans la rue…

Maintenant, s’il n’avait pas eu cette pipe à la bouche, je n’aurais certainement pas déclenché. S’il n’avait pas eu cette pipe à la bouche, il aurait été un « simple » agent de la ville en charge d’une partie de notre bien-être. La pipe a donc un rôle primordial dans l’existence même de cette image. Image qui est aussi la matérialisation d’un a priori : mon étonnement de voir qu’un agent de nettoyage puisse fumer la pipe. J’avais une représentation différente de l’amateur de pipe… En tweed, à Londres avec un lévrier au bout du bras. Ou sur un banc, sur l’île de Tatihou, avec des rides profondes et un teint buriné par les années passées en mer. C’est foncièrement stupide a posteriori. Mais, c’est ça, un a priori. L’ignorance est souvent à son origine.

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Ceci est la Tour Montparnasse. Evidemment, sous cet angle, cela peut être difficile à croire. En y regardant de plus près, on distingue ses petites fenêtres éclairées. On pourrait même les compter. C’était un peu agité ce soir-là. Bref.

Je suis en bien mauvaise position pour me plaindre du fait que les lumières de la Tour et consorts soient allumées le soir, mais, les promenades nocturnes  dans quelque grande ville que ce soit peuvent faire douter de la motivation réelle des décideurs à sauver notre planète ! Il est certain que c’est plus esthétique qu’un black out urbain (et encore), mais que de watts gaspillés pour montrer que l’on existe… Une goutte d’eau, pourrait-on penser… mais une goutte plus une goutte etc. Comme cela est déjà proposé pour les voyages en avion, des petits guichets seront bientôt installés au bas de ces immeubles (La Défense en est remplie) illuminés le soir comme des sapins à Noël, pour racheter les émissions de CO2 consécutives à notre utilisation de l’ascenseur. Et dans quelques années, lorsque nous serons presque 9 milliards sur la planète, ce sont les naissances qui seront taxées…

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Est-ce que la fin du monde ressemble à ça ? Si oui, force est de constater qu’elle revêt des atours terriblement attirants… D’aucuns crieront au trucage, à la colorisation maladroite. J’avoue un traitement croisé à l’origine (sur de la vraie pellicule) : des contrastes accentués, des couleurs plus fortes, mais pas de modifications de tonalités ! L’embrasement du ciel était bien réel sur cette plage mordorée puis rougie de la rive sud du Sri Lanka… Le sentiment de petitesse qu’il a fait naître encore plus. Des photos presque oubliées, stockées, comme beaucoup d’autres, dans une quelconque boîte à chaussures, ou peut-être de papier Ilford (le summum du luxe), exhumées et scannées à l’occasion d’un départ.

Quelques années ont passé. Et pendant cet intervalle, ce qui était un spectacle à la beauté à couper le souffle s’est mu en fureur océanique. Un tsunami. Le tsunami. Celui du 26 décembre 2004. Provoqué par le 4e plus fort séisme enregistré dans l’histoire de l’humanité et atteignant jusqu’à l’Afrique du Sud. Sortir ces images de leur cachette ne ravive alors pas seulement les souvenirs vécus, cela soulève aussi une foule de questions sur ce qui ne l’a pas été : cette plage-là a été touchée, c’est certain ; les palmiers joliment balayés par un vent bienveillant ici probablement arrachés… Mais que sont devenues les personnes rencontrées, celles-là dont la maison donnait directement sur la plage ? Ces interrogations sont désormais attachées à ces images comme une abeille sur du miel. Et l’impression initiale de fin du monde prend alors une toute autre tournure…

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Parfois, la fiction et la réalité semblent étrangement connectées, comme si la seconde n’était finalement que le prolongement de la première. Ou réciproquement… Et là, concrètement, on sauterait volontiers dans la fiction pour voir où nous conduirait ce van. La portière s’ouvrirait, on s’installerait innocemment à la place du conducteur. Par chance, dans cette fiction-là, on n’aurait pas besoin de clés pour faire démarrer l’engin. Une simple pensée et le moteur se mettrait en marche… Sur la route, on prendrait trois ou quatre avides de fiction et on filerait droit ramasser du maïs dans un champ artificiel situé en bordure des studios de Georges Lucas avant de survoler le Bosphore, un parachute accroché au véhicule, pour voir les Derviches tourner… Oui, oui…

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Paris. Un classique soir d’hiver dans le 9e arrondissement. 14°C. Ou peut-être 13. Les lampadaires ont été remplacés par des ampoules géantes. La rue est ridiculement étroite. Je l’emprunte pour cette raison. J’ai des affinités non élucidées avec ce type de voie, j’en ai déjà parlé. Autant dire qu’avec la pluie, la nuit, les reflets, la silhouette et le parapluie, je suis aux anges.

Un polar ? Oui, j’ai peut-être été marquée par un polar étant petite. Ou alors, j’ai été abandonnée un soir de pluie, dans une vie antérieure, et cette image de personne s’éloignant dans la pénombre est celle que j’ai gardée de ma famille d’alors ? Cet événement tragique a laissé en moi une empreinte karmique indélébile (oui, je suis devenue bouddhiste entre temps) et, aujourd’hui, chaque fois que je me retrouve dans un tel environnement, j’ai une petite décharge… Je crois qu’il va surtout falloir creuser encore un peu.

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… sans bris de verre !

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