Photo-graphies et un peu plus…

Une image vaguement approximative, nettement floue… C’est un peu ce à quoi ressemblent ces lointains souvenirs que l’on traque parfois, en réalisant qu’ils sont bien peu nombreux à avoir passé les années… Et que finalement, l’on ne se souvient pas de grand chose de cette enfance ou de telle autre période de notre existence passée. Sont-ils malgré tout enfouis quelque part, prêts à jaillir à la moindre madeleine ? Dans des cartons peut-être ? Ceux-là même qui ont été conservés, par bonté, dans un placard du fond, dans un grenier poussiéreux de la maison familiale, et qui couvent lettres, cahiers d’école, dessins, cartes postales, bracelet, tickets de cinéma, peluches, cours, entrées de musée, rêves…

Même si on finit par les oublier, on sait qu’ils sont là, quelque part, à portée de main. Plus que de simples papiers, de simples gadgets, c’est véritablement notre histoire qu’ils abritent. C’est rassurant de savoir qu’il existe un amoncellement de ces petites choses très matérielles qui nous permettent de reconstituer ce que nous avons été. Elles sont l’antisèche de notre mémoire faillible. Tout se complique quand ces cartons sont désignés persona non grata. Deux solutions : soit on les emporte avec soi, pour préserver ces tranches de vie encore quelques années ; soit on décide de s’en séparer, car, objectivement, on se dit que ces « objets » n’ont jamais servi depuis qu’ils ont été placardisés et qu’il n’y a donc aucune raison qu’ils soient plus utiles aujourd’hui. Le premier choix nécessite de trouver, concrètement, de la place ailleurs. Le second nécessite d’en trouver en nous, à moins de nous couper à jamais d’une partie de notre vie. Et c’est une étrange sensation de réaliser qu’alors, cette mémoire partielle voire partiale sera notre unique moyen de nous souvenir de tout ce que nous avons fait et été.

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« L’impossible photographie » disait l’affiche. Le défi attire l’œil… Et donne envie d’aller voir, même si, juste après, il est écrit « prisons parisiennes (1851-2010) ». Pour quelqu’un qui a soif de liberté, s’y rendre relève presque du paradoxe.

Avant de m’engouffrer dans les salles sombres du Musée Carnavalet consacrées à cette exposition inédite, documentaire  et très instructive sur le milieu carcéral dans la capitale, je me retourne, les yeux rivés vers le long couloir droit qui s’enchaîne dans mon dos. Et suis témoin du jeu de cache-cache entre l’ombre et la lumière, projetant, de temps à autre, les barreaux des fenêtres sur les petits carreaux du sol. Etrange écho… Une silhouette tronquée les piétine nonchalamment, montrant indirectement le chemin vers l’issue de secours !

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Et c’est parti pour un mois de « footcheball » ! Le mondial aura beau se tenir aux antipodes, nous en mangerons matin, midi et soir, dans les journaux, à la télé, à la radio, dans le métro, dans les bars, en terrasse, sur les trottoirs, au musée, au restaurant, dans les cours de récréation, au bureau… Chaque ville qui se respecte annonce, depuis des semaines déjà, avoir installé un écran géant sur sa belle place pour permettre à ses concitoyens amateurs de ballon rond, et les autres – ce sont des électeurs après tout – de se retrouver pour suivre, un peu en famille, les matchs en direct.

Car, ces antipodes là ont un avantage indéniable pour les diffuseurs et les villes, il n’y a pas de décalage horaire entre la France et l’Afrique du Sud… Inutile de se lever au beau milieu de la nuit pour regarder Corée du Sud – Grèce ou Nouvelle Zélande – Slovaquie ! Inutile de se bâillonner pour étouffer cris de colère, de joie, d’exaspération, tous susceptibles de réveiller la maisonnée dans une poussée d’adrénaline totalement inutile à cette heure ! Evidemment, ce n’est pas le cas de tous les pays participants. Au Chili par exemple, il y a 6 heures de décalage horaire avec le pays organisateur et les matchs du pays seront retransmis tôt le matin, entre 7h30 et 9h30, juste avant d’enchaîner avec la journée de travail. Autant dire qu’à la fin du match, une autre partie de plaisir va commencer : les embouteillages ! Conscient de ce potentiel problème, le Chili a donc décidé de reprogrammer, non pas les matchs, mais ses feux tricolores ! Quel pouvoir quand même !

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Après s’être déchaînée contre lui, la Nature fait corps avec l’Homme. Par sa partie pensante. La tête… Ainsi au fil des siècles, le vent, l’eau et l’érosion auront-ils réussi à sculpter la falaise à l’image de ceux qui l’observent depuis leurs vaisseaux, accoudés au bastingage, leurs songes emportés par les flots. Une tête fière, légèrement prognathe comme pour mieux affirmer sa puissance de roc, sa force de caractère. Mais un sourire surtout, un très long sourire qui semble annoncer au voyageur une chaleureuse bienvenue…

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… et savoureux. Mais un combat contre quoi ? contre qui ? Contre l’enchaînement des événements ? Contre le déchaînement des éléments ? Contre le temps, finalement, encore et toujours… On a beau voir les vagues venir, s’avancer inlassablement vers la côte avec la houle comme un escadron de fantassins bien remontés, on ne sait jamais quel spectacle elles vont offrir en se heurtant à la digue. Il y a, en théorie, tout un protocole à respecter lorsque l’on s’attaque aux eaux internationales se mouvant avec des idées pacifistes clamées haut et fort… Le regard choisit une vague, décide qu’elle a un fort potentiel explosif et la suit seconde après seconde avec une excitation certaine. Car, soyons clair, par jour de grande marée, ce que le regard attend, ce que le corps attend, c’est la puissance, la force de l’eau contre la terre, la bataille de la Nature contre les murs que l’homme a érigés pour s’en protéger. Quand il devient certain que la vague élue fera bien ce que l’on attend d’elle, commence alors la négociation, celle de la distance à garder entre toutes choses pour que chacune soit respectée… La marge de manœuvre est ténue, regard et corps s’approchent de la frontière, l’apprivoisent pas à pas, car ce qu’ils veulent sentir, voir, saisir au plus près, c’est le contact, la confrontation, la dispersion, ce moment où l’eau est arrêtée net dans sa course par la pierre solidaire et se mue instantanément en main de fer pour aller s’échouer dans un sublime fracas sur le sol…

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D’où nous vient cette habitude de regarder les bateaux passer, en particulier sous les ponts ? Combien de promeneurs, en en voyant un s’approcher, interrompent leur marche, s’arriment à la balustrade, penchent légèrement la tête et filent, sans s’en rendre compte, vers une rêverie solitaire inspirée par le seul glissement cahoteux du vaisseau sur l’eau et les conduisant de l’autre côté du rivage ? Il n’y a pourtant rien, de prime abord, d’extraordinaire dans la scène.

Réminiscence de la petite enfance peut-être ? Dès le plus jeune âge en effet, les parents prennent soin de s’arrêter net dès qu’un bateau passe : « oh, regarde le bateau sur l’eau! » disent-ils à leur progéniture en suivant le bateau du doigt. Même initiative dès qu’un train passe : « oh, regarde le train qui arrive ! » en le suivant du doigt ou dès qu’un avion passe : « oh, regarde l’avion là-haut » en le suivant aussi du doigt… C’est très important de savoir suivre du doigt un objet qui bouge ! Bref, un apprentissage méthodique de la spatialisation et de la richesse des modes de transport ! Vraisemblablement quelque chose qui s’inscrit dans notre cerveau reptilien (oui, oui, c’est exagéré) puisque, des années après, on se retrouve, parfois très pressés pourtant, à faire une pause sur les ponts afin de voir parader des inconnus bienheureux. On imagine alors leur vie, on se demande d’où ils viennent, et puis on finit par penser que l’on aimerait bien, aussi, être dans un bateau, un train, un avion pour rendre visite à l’ailleurs…

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Pris en flagrant délit de production de bulles de pensées et d’idées en pleine descente d’escalier ! Ce n’est pas chose courante, et quand cela nous arrive, évidemment, impossible de s’en rendre compte ! On ne peut pas voir son dos en se regardant dans le miroir… il y a, normalement, quelque chose qui cloche. Avec les bulles, c’est pareil ! Quand on bulle, souvent, on ne voit rien passer. Essayez de le souffler au « bulleur » et elles disparaissent automatiquement ! La photographie est le seul moyen de les capturer, ce qui oblige l’opérateur à adopter une certaine discrétion, car ces bulles éclatent dès qu’elles se sentent observées… Je dois avouer que cet homme à rayures est un beau spécimen, il phosphore plutôt bien, probablement inspiré par les toiles du musée : regardez les, ces bulles en essaim, elles réussissent même à atteindre le plafond tant ses pensées sont légères… C’est fascinant !

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Il aurait en effet été dommage de risquer de prendre un coup de soleil

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Il y a toujours une étrange fascination à se trouver en des lieux connus sans qu’ils le soient vraiment. Être sur le Brooklyn Bridge pour la première fois, emblème new-yorkais par excellence, relève de ce sentiment. Le parcourir dans les deux sens devient un objectif en soi. Et l’objectif justement ? Le photographe est un peu perdu. Cette image, il l’a vue des milliers de fois. Ce sont mêmes elles qui l’ont mené ici. Comment alors, proposer un angle nouveau, une approche originale ? Comment s’approprier la scène ? Est-ce d’ailleurs le but du photographe, comme de l’écrivain, de proposer autre chose que ce qui est déjà dans l’histoire ? Quel poids s’il fallait raisonner ainsi, mais qui résonne forcément dans les esprits face au déjà-vu ! Oublions donc tout cela et essayons, tout d’abord, de créer une image avec laquelle on soit en accord !

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Provoquées par une œuvre lumineuse exposée au Centre Pompidou. Le petit est en émoi. Passe une première fois dans la salle obscure, son père au bout de la main. Il s’arrête net devant cette boîte mystérieuse qui lance des vagues de couleurs régulièrement. Les tonalités changent, le rythme aussi. Boîte de nuit ? Qu’importe, le petit est subjugué. Bientôt, son père se baisse pour être à sa hauteur. On devine que le petit lui dit : « C’est beau » d’un beau enfantin qui traîne en longueur… La découverte artistique se transforme en moment de partage. D’émotion.

Les minutes passent. Vraiment. Le père veut poursuivre la visite, le petit résiste mais pour l’heure, il est encore moins fort que son paternel. Ils disparaissent par l’autre porte. Pour mieux réapparaître une minute plus tard, le petit en premier, toujours avec son père à bout de bras. La traversée de la pièce de 5 mètres de long est une véritable épopée. Comment la faire durer le plus longtemps possible ? Les yeux rivés à la boîte magique, le petit se laisse traîner vers l’autre sortie. Depuis le banc, le spectacle est burlesque… Et le devient encore plus, quand, quelques secondes après, déboule dans la pièce le petit garçon accompagné de sa mère cette fois-ci. On imagine aisément les tractations qui se sont jouées à l’extérieur. Jamais vu un intérêt si vif pour une œuvre d’art, certes très attrayante pour les yeux, de la part d’un enfant de cet âge ! Au final, je ne sais plus ce qui est le plus beau.

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