Photo-graphies et un peu plus…

Trouble de la vue publique

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Ce n’est pas l’image que nous avons habituellement des photos de couples fraîchement mariés… L’image que nous avons tous en tête, pour l’avoir vécue ou vue de près ou de loin, c’est celle un peu kitsch – si, si, quand même un peu – d’un homme et d’une femme se mettant dans des positions qu’ils ne reproduiront probablement jamais, devant une fontaine à se regarder amoureusement sur commande, assis sur une herbe bien verte à s’échanger quelques pétunias, ou rejouant la scène du prince faisant sa demande en mariage, un genou à terre, sur une plage de sable fin… Les combinaisons ne manquent pas, contrairement au naturel. Il est malgré tout une constante dans l’immortalisation du supposé plus-beau-jour-de-sa-vie, c’est le choix de l’environnement, du fond. Beau. Et au cœur de la nature, même si ce n’est qu’une reconstruction. La photo de mariage a lieu dans un endroit remarquable idéalement proche de la mairie et/ou de l’église.

Evidemment, tout le monde ne peut pas se marier en été et se dire oui avec l’astre solaire pour témoin. Ceux-là s’unissent à New York, ce qui suffirait à beaucoup. Malheureusement, le ciel est gris, les nuages sont bas, une tempête de neige est passée par là quelques jours auparavant laissant quelques congères ça et là, le pont de Brooklyn – qui, on l’imagine sans peine, a sûrement été l' »endroit remarquable » de milliers de jeunes mariés – est en travaux, la promenade est en chantier à ses pieds, gâchant une partie de la vue sur la skyline de Manhattan, le sol est jonché de rochers recouverts d’algues noirâtres, l’eau est marronnasse… Ainsi, pour une fois, New York n’est pas photogénique. Et pour une fois, une photo de mariage, dans sa quête d’alternative – se prendre finalement devant l’outsider, le Pont de Manhattan – en devient touchante…

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Je me souviens. Lors de mon premier passage à New York, le Flatiron Building portait une jupe. Que dis-je, une robe ! On ne le voyait pas. Travaux de rénovation. C’est évidemment une bonne initiative pour des bâtiments si prestigieux que de bénéficier d’une cure de jouvence, mais c’est toujours décevant quand les ravalements ont cours lorsque l’on est là. La fête est un peu gâchée, malgré tout. On aimerait, égoïstement, que la ville, quelle qu’elle soit, ne soit pas un chantier de rajeunissement permanent. Les sites internet des centres touristiques devraient d’ailleurs tenir une liste exhaustive des monuments historiques ou symboliques en travaux et donc, partiellement visibles. Il est en effet des  voyageurs qui ne traversent l’océan que pour pouvoir flâner sur le Pont de Brooklyn en admirant la Skyline de la grosse pomme et le bleu pétrole du pont de Manhattan, quand bien même la ville a mille autres charmes. Se retrouver avec des œillères dès la moitié du Pont peut alors devenir rageant. D’ailleurs, nombreux sont les promeneurs qui rebroussent chemin en cours. Par chance, je l’ai déjà vu nu. La présence de ces parois métalliques occultantes m’offre alors l’occasion de créer ma propre image…

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Il y a toujours une étrange fascination à se trouver en des lieux connus sans qu’ils le soient vraiment. Être sur le Brooklyn Bridge pour la première fois, emblème new-yorkais par excellence, relève de ce sentiment. Le parcourir dans les deux sens devient un objectif en soi. Et l’objectif justement ? Le photographe est un peu perdu. Cette image, il l’a vue des milliers de fois. Ce sont mêmes elles qui l’ont mené ici. Comment alors, proposer un angle nouveau, une approche originale ? Comment s’approprier la scène ? Est-ce d’ailleurs le but du photographe, comme de l’écrivain, de proposer autre chose que ce qui est déjà dans l’histoire ? Quel poids s’il fallait raisonner ainsi, mais qui résonne forcément dans les esprits face au déjà-vu ! Oublions donc tout cela et essayons, tout d’abord, de créer une image avec laquelle on soit en accord !

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