Photo-graphies et un peu plus…

… Bir Hakeim, on y danse, on y danse… Sur le pont Bir Hakeim, on y danse et puis voilà ! Ce soir-là, j’y mettais les pieds pour la première fois. Je me demande encore comment cette omission a pu être possible autant d’années, tout en ayant conscience, qu’au fil des jours, finissent par s’auto-élire quelques quartiers de prédilection au sein desquels on dérive…

C’est d’abord la symétrie de la structure qui m’a attirée, les poteaux magnifiés par l’éclairage, la piste cyclable bien scindée en deux, les routes de part et d’autre et les filets des phares blancs et rouges de voitures, les immeubles au loin et leurs petites cases éclairées. Cette symétrie a déterminé ma position. Puis, les lumières se sont imposées. Avec elles, l’envie de donner vie à cette scène a priori figée. Et la vie, c’est le mouvement. Un petit mouvement maîtrisé de l’appareil, une petite pause et la ville se transforme en forêt d’arbres de lumière. Reflet d’une réalité déformée et enchanteresse.

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Navigation portuaire… D’immenses paquebots, de gigantesques blocs de tôle baignent dans les eaux limpides du port de Senglea aux côtés des bras articulés, de conteneurs empilés, de tas de ferraille emmêlés… Pas âme qui vive sur les quais ou si peu. Et puis, là, comme par enchantement, une petite tâche de couleur se détache de la coque perforée d’un navire à câbles voire accablé… Un homme,  en rouge de travail, est paisiblement assis sur une barre, un livre posé entre les mains. Un sursaut d’humanité. Une fenêtre sur le monde extérieur. La mécanique démantelée. Il est bon de pouvoir trouver un endroit à soi, où que l’on soit, pour pouvoir respirer et se ressourcer loin du regard des autres. Enfin loin, pas toujours…

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Prenez un feu tricolore en position neutre, des néons de bistrot cardinal, un ou deux réverbères éphémères, quelques barres métalliques réfléchissantes et autant d’ombres absorbantes… Ajoutez-y un zeste d’enseigne hôtelière et un reflet de panneau publicitaire ! Mettez le tout dans un bus de nuit agitée en phase d’extinction. Laissez prendre l’ensemble quelques secondes pour que les matières s’imprègnent bien des couleurs ! Démoulez le tout assez rapidement : vous obtenez une image que vous ne pouviez absolument pas anticiper ! Malgré tout, vous êtes même potentiellement étonné et ravi de ce que vous voyez !

Ce qui, finalement, est le fruit totalement inverse d’une recette, qui, par définition, se veut reproductible à l’envi et donc au résultat prévisible. Le preneur d’images n’en développe pas moins sa petite cuisine, en s’inventant des cadres, en rassemblant ses lignes, en casant les uns ici et les autres là, en fait, en pré-voyant ses icônes, cédant ainsi à quelques automatismes voire facilités. C’est que de clic en clac, il a déterminé les ingrédients qui allaient créer une « belle » image ou une image « réussie » dans son système de valeur. Il est même presque capable de la fabriquer les yeux fermés ! D’une certaine manière, c’est le début de la fin… Ces moments-là, laissez la main à la boîte, n’être qu’un index pousseur peut être une bonne résolution : elle rappelle que l’incertitude et le flou peuvent avoir du sens !

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Un samedi après-midi. Entre deux rendez-vous. Pause photographique au cœur de ce pouls financier altoséquanais répondant au curieux nom de La Défense… La défense de quoi ? De ses intérêts ? Ce nom rend en fait hommage à une statue, La Défense de Paris, qui rend elle-même hommage aux soldats ayant défendu la capitale pendant la guerre de 1870… Donc, d’une certaine manière, de ses intérêts, même si la nature de ceux-ci a dérivé avec les années. Bref, il est tout à fait possible de traverser l’esplanade sans penser à tout cela, et d’être saisi par la beauté architecturale de cet espace en mutation constante. Si triste voire glauque les fades journées d’hiver, l’ensemble rehaussé par ces éclats vespéraux en devient presque surréaliste.

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Absolument pas ! Authentique relique britannique en plein cœur de la Méditerranée, sur une île anciennement annexée par l’Empire qui y a laissé quelques habitudes… Ses très symboliques cabines rouges donc, ses petits déjeuners bacon-œuf-haricots rouges, mais aussi sa conduite à gauche, sans le flegme qui lui est, sous d’autres latitudes, attaché.

Le duo subtilement éclairé formé par cette cabine, posée au beau milieu de la placette devant le tronc d’un arbre aux branches protectrices, et ce banc vert en fer forgé fraîchement repeint, accueillant, semble tout droit sorti d’un musée à ciel ouvert… On tourne autour sans vraiment pouvoir l’approcher. Une certaine solitude s’en dégage. Nostalgie peut-être. La cabine, qui permet de garder un lien avec des personnes éloignées ; le banc, qui, à l’inverse, unit les êtres déjà proches. Aujourd’hui, on les dirait abandonnés. Leurs couleurs vives les inscrivent encore dans le présent, mais la distance qui nous sépare d’eux transforme le tableau en photographie tirée d’une époque ancienne…

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Le ponton, mobilier typique de la ville en bordure de mer. Un lieu de pèlerinage où se pressent les promeneurs du dimanche pour lesquels le phare parfois posé en son extrémité devient un objectif de visite. On le parcourt dans un sens, en regardant l’eau osciller entre les lattes de bois qui le constitue tout en ayant l’illusion d’avancer sur l’eau. Puis, arrivé au bout, on n’a d’autre choix que de rebrousser chemin et de voir se rapprocher la cité temporairement délaissée. A moins de changer de point de vue et d’aller arpenter les dessous de cet enchevêtrement organisé de poutres et de planches verdies par les algues amenées par les marées. Ambiance. Les voix et bruits de pas sur les planches sont remplacées par le clapotis de l’eau sur le bois, l’horizon lointain se transforme en un point où convergent tous les regards, le monde se transforme en solitude, le vide se meut en une forme abstraite de lignes qui se croisent et occupent tout l’espace… Un tout autre univers à quelques centimètres…

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48° 50’ 22” N 2° 19’ 12” E, 750 logements, 3 000 habitants, 88 000 m2 habitables, 64 000 m2 de parking (ils avaient prévu la congestion automobile du siècle suivant à l’époque), 16 étages (sans les parkings), 5 ans de construction, occupation des lieux dès 1966 par de jeunes cadres dynamiques (déjà), de hauts fonctionnaires (aux étages élevés) et des intellectuels (ça, c’est étrange)… A l’époque, il faut « déjà » être pistonné pour avoir la chance de poser ses valises dans l’un des appartements de l’ensemble, des 3, 4, 5 pièces traversants exclusivement avec de larges baies vitrées allant du sol au plafond, qui laissent entrer la lumière mais aussi les regards. De l’autre côté du trottoir, l’ensemble imposant se meut en un immense aquarium humain

Dans son histoire, le lieu est connu pour être devenu un « bastion du militantisme culturel, social et politique ». Les mouchottiens se rassemblent en association de locataires. C’est à elle que nous devons les Jardins de l’Atlantique, posés sur la Gare Montparnasse et que les locataires voient chaque jour en se penchant à leur fenêtre… Et la Fête des Voisins, « fête de Mouchotte » pour les intimes, ils l’avaient déjà initiée à l’époque… On parlait alors du Village Mouchotte. Mais avec les années, le collectif s’est effacé au profit de l’individuel. La solidarité inter-voisins s’est évanouie, évaporée. Les locataires ont été remplacés par des propriétaires-bailleurs. Aujourd’hui, les grenouilles disparaissent des terrasses ! D’étranges rituels ont aussi été relevés dernièrement par des espions bien placés : des perchoirs à pigeons sont apparus du jour au lendemain, des mégots ont été dispersés et disposés en rond autour du cendrier qui les accueillait. Du vaudou ? L’enquête est lancée. Mais force est de constater que la modernité a peut-être eu raison de l’osmose qui faisait l’identité et la force du site… Sommes-nous si différents de nos anciens ?

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C’est la troisième utilisation totalement différente que je fais de cette image, prise à New York il y a 4, 5 ans peut-être, la première étant dans le cadre de Viva Cites. A chaque fois, l’image revêt une nouvelle signification. Aujourd’hui, radiographie d’une cité, jadis radieuse, irradiée par une explosion solaire intense, promise par tous les films apocalyptiques qui inondent les salles obscures ces derniers temps et qui donnent l’occasion aux cinéastes de nous éblouir par leur capacité à utiliser sans compter les effets spéciaux. Pour s’en persuader, voir ou revoir la comédie de Roland Emmerich, 2012. Heureusement, ils ne sont pas tous ainsi : voir ou revoir La Route par exemple, dont la sobriété de l’image et du propos sont justement facteurs d’angoisse.

Bref,  le cinéma s’inspire de la vie réelle, en ayant un avantage indéniable sur cette dernière, celui de pouvoir mettre en images l’irréel. Ainsi la perte de repères, la sensation d’être dans un monde insensé, aux valeurs perdues (dans ce cas, le passe est toujours meilleur…), s’accélérant un peu plus chaque jour et donc, mettant dans le même temps un peu plus de monde de côté, dont nous nous nourrissons inlassablement comme si c’était une fatalité, donne envie à certains de tout raser, de tout annihiler pour tout reprendre à zéro. Comme si l’homme apprenait de ses erreurs…

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Aujourd’hui, je ne pourrais plus faire cette photo… Ce n’est pas une question de condition météo, de disponibilité ou d’envie, mais une simple question de faisabilité. Un mur de béton anti-bruit (et donc anti-photo) a été déposé entre la rue et le chantier de ce parking souterrain dont j’ai déjà dévoilé les mystères il y a quelques jours, de telle sorte que les machines sont désormais tronquées aux deux-tiers. Aucun intérêt. La succession de dalles sera bientôt recouverte d’une « fresque urbaine », histoire de transformer le gris brut en couleurs vives. C’est sûrement préférable pour les voisins dont les murs doivent, malgré tout, jouer la samba, comme certains rétroviseurs de Vespa… Bref, il ne s’est écoulé qu’une poignée de jours entre le moment où je me suis décidée à photographier ce chantier – après être passée un certain nombre de fois devant en me disant, « la prochaine fois, je m’arrête » -, et celui où il est devenu invisible pour le curieux rivé au trottoir… Cela aurait été fâcheux, à mes yeux, que je me réveille trop tard, que je me heurte à un mur et passe à côté de cette image que j’ai eu plaisir à retravailler ensuite pour lui faire dire ce qu’elle n’avouait pas spontanément. Ce n’est qu’une photo, pourtant. Mais toute photo n’est-elle pas une opportunité que l’on saisit ou pas ?

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Perspective heureuse… Oui, oui, c’est facile… un brin romantique, voire fleur bleue pour rester polie, mais assumons ! Toujours est-il que ces deux-là se sont bien trouvés. Etonnant d’ailleurs que les propriétaires du premier n’aient pas voulu mettre l’accent sur le nom de leur hôtel, et, qu’au contraire, ceux du second aient choisi d’occulter le fait que leur bien soit un hôtel ! Etonnant aussi qu’ils aient choisi des couleurs aussi stéréotypées que le bleu pour l’hôtel et le rose pour l’amour… Comme si le lieu était masculin et le sentiment, féminin. Ce genre de correspondance met systématiquement mes capteurs, sensoriels comme électroniques, en émoi…

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